Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.

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Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.
Author
Eliot, John.
Publication
London :: Printed by [Richard Field for] Iohn VVolfe,
1593.
Rights/Permissions

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Subject terms
French language -- Conversation and phrase books -- English -- Early works to 1800.
Cite this Item
"Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A21218.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 15, 2024.

Pages

Le Banquet des Yvrongnes. Chap. 6.

HO que ie suis bien ayse!

Il faut rire & faire ripaille. Faisons bonne chere.

Laissons toute melancholie.

ça qu'on face bon feu.

Rince les verres.

Chasse les chiens.

Taille les souppes.

Perce vne nouuelle piece du vin.

Enuoye les pauures.

Baille leur ce qu'ils deman∣dent.

Mette des chaires.

Boute la nappe.

Couure la Table.

Tourne la broche.

Apporte des seruiettes blan∣ches.

Arrouse le rosti.

Le disner est il prest?

Voyci noz hostes qui vien∣nent.

Monsieur vous venez fort at∣tendu: en bonnè heure.

Oui mais i'ay fait comme vn vilain: car i'estoye inuité à dis∣ner,

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& non point pour vous faire attendre.

Soyez tous les bien venuz messieurs.

Entrez, s'il vous plait Mada∣moyselle, ma soeur, ma tente, ma grandmere, ma niepce.

Entrez, entrez, ces femmes sont ceremonieuses: bien ve∣nues certes.

Entrez de par Dieu ma cou∣sine.

Pourquoy n'auez vous pas ap∣porté mon petit cousin auec vous?

Ma belle-soeur monstrez le chemin, les autres vous sui∣vront.

Ne me poulsez pas: ie suis en∣ceincte.

Isabeau, Ieanne, Sibille, attain∣dez icy à vostre vncle vn bas∣sin d'eaue & vn essuoir. Lauons trestous ensemble

ça messieurs a Table. Asseoyez vous mes damoiselles magni∣ficques.

O petit garzon dites nous la benediction.

Dieu nous doint sa grace:

Et en son Paradis place.

Desguainez voz cousteaux.

Aidez ceste dame. Mettez là le pasté de Venaison.

De quelles chairs sent ces pastez?

Cestuy-ci est de chair de cerf.

Cestuy-ci est de chair de dain.

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Et cestuy-là comme ie pense est venaison de sanglier.

La la! commencez où il vous plairra.

Vous voyez vostie chere. Bien venus trestous.

Apportez le rosti: ceste piece de boeuf est crude. Ostez la.

Que n'apportez vous autre chose de la cuisine? vous nous faites icy bien attendre.

Aidez vous mesmes cependant.

Entamez ce liepure.

Mangez de ce coq d'Inde. Des∣couurez ce pasté de Pigeons.

Coupez de ceste espaule de mouton.

Desmembrez ce Chappon. De∣peschez ces lappins.

Mets par ordre sur table les Poulets, perdrix, connils, les Gruës, Phaisans, Alouëttes & Beccasses.

Quelle saulse aurons nous à ces mets?

Voyla des Orenges, Citrons, & des Oliues gardeés en saumu∣re.

Que fera lon de ces grandes be∣stes, l'oye, le cigne & le paon? Il n'y a plu s de place pour les y mettre.

Monstre les seulement & les rapporte à la cuisine.

Ho vn Paon! Où est Quintus Hortensius qui l'aimoit tant?

Taille moy vn morceau ou

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deux de ce iambon, afin que ie boiue plus alaigrement ce pre∣mier voirre. O le bon iambon! Cù est il? Il est inuisible. Ie ne le voy pas. C'est vn iambon de Maience.

Tens icy le plat aux Oliues: I'ay veu vn quidam qui deuoroit les noyaux d'oliues comme vne Austruche le fer.

Asteure ie boy à trestous & soyez les tres-bien venuz.

Où sont noz voirres de Chry∣stal? Voulez vous boire à la Grecque dans ce grand goblet?

Ie veux boire à la Françoise dans vn voirre. Et moy à l'An∣glose d'vnhanap d'argent. Apporte moy dedans ceste phiole de terre de Samos vn peu de ceruoise, laquelle i'estime estre fort profitable en ceste challeur pour rafreschir le corps.

De quelle ceruoise donc? De la plus simple que soit: car les au∣tres rēdent les esprits plus gros, pesants & lourds, & font en∣graissir le corps.

Versez ceste tasse pleine. A vous ma cousine Geneuiefue. Ceste fille se hontist: elle fait la nimphe ou la dame des nopces. Il ne vous desplairra monsieur, ie boy à vous.

Ie vous y feray raison icy.

Quel vin vous plaist il boyre monsieur?

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En voulez vous boire du vin de Gascongne?

D'ou vient ce vin tant rouge & noir? C'est vin d'Orleans. Ie vouldroye plustot boire de ce petit vin de la Rochelle.

Voyla d'vn fort bon claret: qui fait tourner le molinet.

Que vin buuez vous ma cousi∣ne? D'vn sec d'Espaigne: qui bien mouille & baigne.

I'aymeroye plustost le vin de Rhin: car il fait bien parler La∣tin.

Il n'y a chose plus griefue que mourir de soif en vn banquet.

Du vin ho! Dernierement que 'estoye à Rome, ie beu chez le Cardinal Caraffa des vins fort excellents en sa caue. Ie beu de Romanesque, de Grec, de la larme de Christ: du vin doux, du piquant, d'amiable & du brusque car i'estoye fort priué du Sommelier.

Le muscadel me plaist grande∣ment.

Aussi fait-il aux dames Angloi∣ses.

Ce vin commence à se decliner, à s'enaigrir & à moisir.

Les vins d'Espagne & d'Italie portent bien l'eauë, & si sont de garde.

Verses moy de l'eau iusques à mi-verre.

Vous baptisez vostre vin & le faites bon

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Chrestien.

Cela n'est pas mal fait.

Vous gastez le vin y mettant trop de l'eauë: Ie ne boyray pas auec vous. Ie l'aime quand il est simple pur, & net, non pas brouillé comme on fait en plu∣sieurs endroits du monde pour faire d'vn tonneau deux.

C'est peu de cas cela.

Pis font les Tauerniers de Lon∣dres qui mettent de la chaux, du soulphre, de miel, de l'alun, & autres choses plus laides à dire, & n'y a rien plus dommageable aux corps humains: lesquels on deuvroit chastier publiquement comme larrons & meurdriers: car de là viennent infinies mala∣dies & principallement les gouttes.

Messieurs vous ne mangez rien. Ie vous prie de boire & me faire rayson d'autant.

Beuuons amis: il fait certes hui beau boire: aussi fait il tous les iours.

Beuuons, ie boy de bien bon coeur à vous & soyez les tresbien venus.

N'ayez pas peur que vin & viures icy faillent: car quand le ciel seroit d'airain & la terre de fer, encores le vin ne nous fandroit pas, fust-ce pour sept voire huict ans, plus long temps que ne dura la famine en Aegypte.

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Beuuons donc ensemble par bon accord en charité.

Ie suis à vous. Vous estes à moy. Ie boy à vous, vous me ferez raison, s'il vous plaist.

Hem, ehem!

Il est bon & frais assez, comme vous diriez sur le commence∣ment du second degré:

A chacun n'est octroyé de boire de si bon:

A chacun n'est octroyé d'habiter Corinthe.

〈 in non-Latin alphabet 〉〈 in non-Latin alphabet 〉, c'est à dire, En vin verité.

Escoutez mon amy, ie te diray vne chose à l'oreille: Ne le dy à personne, si tu m'aimes: Il demeurèra secret entre nous deux: c'est▪ que ie trouue le vin meilleur & plus à mon goust sauoureux que ne soulois: plus que ne soulois ie crains la rencontre du mau∣uais vin: & pour vous en dire la pure verité l'odeur du vin combien plus est friant, riant, priant, tant plus celeste & delicieux est il que l'huile.

C'est parlé en clerc cela. Ie vous en conteray bien d'autres. Attendez vn peu que ie hume quelque traict de ceste bouteille: voyci mon vray & seul Helicon. Voyci ma fontaine Caballine. C'est icy mon vnique Enthusiasme.

Icy beuuant ie delibere,

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ie discours, ie resouls & concluds. Apres l'Epilogue ie ry, i'escry, ie compose, ie boy.

Ennius le pere des Poëtes latins beuuant escriuoit, escriuant beuuoit.

Aeschylus (si à Plutarque foy auez in Symposiacis) beuuoit composant, composoit beuuant.

Homere iamais n'escriuist à ieusne.

Caton iamais n'escriuist qu' apres boire. Afin que ne me dites ainsi viure sans exemple des bien louëz & mieux prisez.

Ya il quelq'un qui veut disputer auec moy de ces problemes insolubles de la soif & beuueríe: Ie n'ay moins estudié la Magíe, la Negromancíe, l'Alchimíe, la Caballe, & la Geomancïe que la Philosophie d'Hermes Trismegiste.

Ces sont haultes matieres & sciences profondes.

Sainte Dame il faut rire: Tire, baille page, vin, boutte, de par le Diable boutte, ie veux boire pour ma part plus de vingt cinq ou trente trois muis deuant que mourir.

N'y a il plus vin? Nous sommes donc au sec: & aux desertes de l'Arabíe.

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Il fait chaud. O que suis alteré. Sicut terra sine aquae.

Ie croy que personne de vous autres Beuueurs n'en doubte.

Y a il force vins en Gascogne stannée?

I'espere donc que nous autres Anglois trouuerons remedes infallibles contre toutes alterations & soifs.

Ie boy à tous. Vous me semblez vrays Chrestiens: car ie ne boy point à ces chiens des Turcs, Maho∣metains, ie les renie & renonce pour des villains.

La raison pourquoy?

Ie vous conteray comment ces diables des Turcs sont bien malheureux de ne boire goutte du vin. Si autre mal n'estoit en l'Alcoran de Mahomet, encores ne me mettrois-ie point de sa loy.

Digne d'eternelle memoire & louange sempiternelle fut le saint homme Noah (auquel sommes obligez & tenuz dece qu'il nous planta la vigne, dont nous vient ceste nectarique, delicieuse, celeste, ioyeuse, deïfique liqueur. (Le pauure homme estoit trompé en le beuuant, car il ignoroit la vertu & puissance d'iceluy.) Auez

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vous bien le tout e tendu?

Beuuez donc vn bon coup sans eau: car si ne le croyez, non fay-ie sit-elle.

Où sont ces diables des Gregeois qui au temps d'A∣lexandre furent beuueurs tres-illustres? O les pauures haires sont morts.

Nous lisons que ces gentils demons Italiens ont bien beu autre fois: & principalement au temps de Iules Cesar quand ilz firent leurs cheuaux, muletz, & iuments boire d'autant.

Ie suis, croyez moy, bon gautier, & bon compagnon.

I'ayme boire net, & ie mange volontiers salé, & si i'ayme boire du meilleur, si fait tout homme de bien dea.

Iamais homme noble ne hait le bon vin.

Beuuons, beuuōs donc, comme font les chameaux & droma∣daires en la Carauane, beuuants pour la soif passée, pour la soif presente, & pour la soif future.

Ainsi feist Hercules.

Treues de soif, treues de faim.

Ie ne suis plus fasché Dieu mercy & vous. Ie suis gay comme vn Papegay, ioyeux comme vn esmerillon, alaigre comme vn Papillon.

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Veritablement il est escrit par vostre beau Euripides, & Silenus beuueur memorable le dit:

Furieux est & de bon sens ne iouist: Qu conque boit & ne s'en resiouist.

Veu qu'il y a long temps que i'ay versé à l'eschole d'Apollon, & du font Cabalin beu à plein godet entre les ioyeuses Muses: depuis ce temps là ie trouue ce nectar diuin, ce vin precieux, ce muscadet delicat.

Compere tout beau, vous faites rage de humer.

Ie donne au diable: tu n'as pas trouué tes petits beuuereaux de Londres qui ne beuuent en plus qu' vn poinçon.

Vous auez bon gosier pour bien aualler.

O compagnon si ie montasse aussi bien que i'aualle, ie fusse desia au dessus la sphere de la Lune auec Empedocles.

Mais ie ne sçay que Diable cecy veut dire: Ce vin est si fort bon & delicieux. Plus i'en boy, plus i'ay soif.

Ie croy que l'ombre de ces hanaps engendre les alterez comme la Lune fait les catarreux, Ceste teste de leuraut, est bonne pour les goutteux.

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Nous ne mangerons guere d'oisons ceste année.

I'auois bien desieusné: mais pource ne mangeray-ie point moins. Car i'ay vn estomac paué & creux comme la botte saint Benoist.

Ha mon amy, baille de ce cochon.

Diauol, il n'y a plus de moust, ie renie ma vie, ie meurs de soif.

Tire, baille, tourne, brouille, boute à moy sans eauë, ainsi mon amy, fouettez moy ce verre gallantement. Ha fausse fiebvre, ne t'en iras-tu pas?

Par my fy commere ie ne puis entrer en mes bettes.

Vous estes morfonduë, mamíe. Voire. Parlons dè boire. Ie ne boy qu' à mes heures, comme la mule du Pape I'ay grand foif.

Qui fut le premier, soif ou beuueríe? Beuueríe. Car Priuatio praesupponit habitum.

Ie suis clerc, vous di-ie.

Foecundi calices quem non fecêre disertum?

Chantons, beuuons, entonnons, où est mon entonnoir?

Quoy? ie ne boy que par procuration.

Mouïllez vous pour seicher, ou seichez vous pour mouïller?

Par ma foy, ie n'entends pas la

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Rhetorique. De la prattique ie m'en aide quelque peu.

Baste, ie mouille, ie humecte, ie boy & tout de peur de mourir.

Beuuez tous-iours vous ne mourrez iamais.

Si ie ne boy, me voyla mort.

Pour conclusion de mon harangue ie vous diray, que quant à moy ie cuide que soye descendu de quelque riche Roy ou Prince au temps iadis. Car onques ne veistes homme qui eust plus graude affection d'estre Roy & riche que moy, afin de faire grande chere, pas ne trauailler, point me soucier & bien enrichir mes amis & tous gens de bien & sçauoir.

C'est assez beu pour vne fois. Mangeons, mangeons, estendez les bras, ne craig∣niez pas le boucon de Lombard Nous auons assez mangè pour vne fois certes.

Vous auez fait vn banquet fort sumptueux.

On n'a pas touché ces chappons rostis.

Ne mangez vous pas d'un faisandeau▪ messires?

Ma grand-mere n'ayme vous pas ceste teste de leuraut? Que ferons nous de ces Pigeonneaux?

Ces lappins & lappereaux

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ne sont pas trop mauuaise viande. Goustez de ce cigoigneau. Ie croy queces cailles & cailleteaux vous offensent l'estomac.

Personne ne trinchera ces Perdriaux, ie vouldroye qu'ilz fussent aux champs & forests derechef.

Mets icy cest esturgeon: ouurez ce pasté de Saumon. Tastez ces gouions frits: ceste escreuice de mer est vne viande tres-exquise.

Ah! des poissons & de la chair en vne mesme table! La mer se meslera par mi la terre, les medecins le defendent.

Mais les medecins le veuillent.

I'ay failli, ie deuoye dire que la medecine le defend, & non pas les medecins.

Quant à moy ie parleray des poissons, ie n'en mangeray pas.

Deseruez la table, ho: & apportez le fruit, Il y a vne merueilleuse varieté en la nature des pais. L'Indie enuoye l'yuoire (dit Virgile) & les Sabéens leur encens.

Voyla vn pesche coing.

Voyci certes des belles pommes & des poires delicates.

Faites bonne chere messieurs, & soyez allaigres & ioyeux.

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Seruez vous mesmes, car ie ne sers personne.

Aions de fromage.

Il faut que ie mange vn peu de fromage.

En voyla de fort bon. cestuy-ci est de iument.

C'est du laict d'Asnesse Phrygienne ou Sicilienne.

Ce fromage combien qu'il soit d'Angleterre est plein des troux & vermineux.

Il serabon aux Flamands donc.

Ce Parmesan est bien amassé & plus frais que cestuy-la d'Ollande, qui est creux aussi.

Il n'est pas de Parme, ains de Plaisance.

O que ce fromage donne bien l'appetit à boyre.

Buvons donc pour gaigner les pardons.

Messieurs si i'eusse esté seur de vostre venuë. Vous auez fait trop de despens.

Le meilleur est que vous estes trestous les tres-bien venuz, & ie vous remercie de ce qu'auez prins la peine de me venir veoir.

ça qu'on oste la table: apporte icy vne ay guiere d'eauë nette: vous plaist il lauer messires?

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Loué soit le bon Dieu de Ciel, pour ses graces. Bon prou vous face messieurs à trestous. Ayons des cartes & des detz pour nous esbatre icy vne heure ou deux aupres du feu.

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