Panegyrique a tres-grand et tres-puissant prince, Charles Prince de Galles, &c. Par Gilbert Primerose, pasteur de l'Eglise françoise de Londres

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Title
Panegyrique a tres-grand et tres-puissant prince, Charles Prince de Galles, &c. Par Gilbert Primerose, pasteur de l'Eglise françoise de Londres
Author
Primrose, Gilbert, ca. 1580-1642.
Publication
A Paris :: Chez Pierre Auvray, en l'Isle du Palais à la Fleur de Lys,
M.DC.XXIIII. [1624]
Rights/Permissions

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Subject terms
Charles -- I, -- King of England, 1600-1649.
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"Panegyrique a tres-grand et tres-puissant prince, Charles Prince de Galles, &c. Par Gilbert Primerose, pasteur de l'Eglise françoise de Londres." In the digital collection Early English Books Online 2. https://name.umdl.umich.edu/B12032.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 2, 2024.

Pages

CHAP. VI.
L'Vnion inesperée de trois Royau∣mes soubs luy, est le fruict & recompense de sa Pieté.

IL est certain que la Pieté est la liquide de toutes autres Vertus, & le vray ornement du Prince, sans lequel le pourpre & le Diademe qui donnent dans les yeux du monde, perdent leur lustre, & toutes les vertus des plus grands personnages ne sont que pechez splendides. L'Apostre aux Hebrieux escrit, que c'est par foy que Barūc, que Gedeon, que Iephthé, que Samson, que Dauid, que Samuel, & autres Saincts hom∣mes qui ont vescu soubs la loy, ont combatu les Royaumes, ont exercé Iustice, & ont fait & souffert des choses, que sans icelle aucun hom∣me n'eust peu faire.

C'est cette Foy qui sou stient le Roy en la cō∣duite de trois grands & puislants Royaumes,

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qu'il regit auec plus de facilité & d'aisance que ses predecesseurs ne faisoient le moindre d'i∣ceux, lors qu'ils estoient separez. C'est aussi à cette foy que Dieu a conferé la grande benedi∣ction qu'il auoit jadis promise à Israel & à luda que la fausse religiō auoit diuisez, disant, que le bois d'Ephraim & le bois de Juda ne seroient qu'vn bois: Qu'ils seroient vne seule nation, & eux tous n'auroient qu'vn Roy pour leur Roy, & ne seroient plus deux natiōs & ne seroient plus diuisez en deux Royaumes. Hé que de sang les deux Royaumes D'ANGLETERRE & D'ESCOSSE ont cy deuāt es∣pādull'vn pour faire des deux l'vn, l'autre pour empescher que les deux ne fussent vn! Ce que le glaiue & la superstitiō n'ōt peu faire, le droit de successiō appuyé & soustenu de la droite foy l'a faitsans sang, sans armes, sans resistance, sans apparence de contradiction. Maintenant les deux bois sont vn seul bois: Maintenant deux nations jadis ennemies sont vne seule nation, vn corps & vn coeur ayans vne mesme Loy & vne mesme Foy, n'estans plus diuisées en deux noms marques de desvnion, mais s'estans vnies par vn mesme nom de LA GRANDE BRETA∣GNE, soubs les heureux auspices, soubs le regne pacifique & benit du Ciel, du Roy IACQVES I. mis à part dés le ventre pour estre l'autheur, le chef, le consommateur de cette vnion, soubs vn seul Dieu qui est le Pere, & vn seul Sei∣gneur & Sauueur Iesus-Christ.

Qui eust peu il y a vingt ans esperer cette v∣niontant estroite? Et nous la voyons. Les estrā∣gers ouírent dire que IACQVES VI. Roy d'Escosse auoit esté couronné & proclamé

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IACQVES I. Roy d'Angleterre, deuant qu'ils sceussent que la Reine Elizabeth luy eust par la mort resigné la Couronne qu'elle auoit si lon∣guement & heureusement portée en la terre, pour aller recueillir celle que le Roy des Roys & Seigneur des Seigneurs luy gardoit au Ciel. Lors il leur estoit aduis qu'on leur contoit des songes; Lors l'Enuie se creua de regret; Lors l'homme de peché jetta vn grand souspir de se voir décheu de ses esperances: Lors la premie∣re nouuelle que l'Angleterre ouït de la mort de sa bien-aimèe & magnifique Reyne, fut quand les trompettes d'argent sonnoient en triomphe, & les Herauts d'armes marchants deuantles Officiers de la Couronne crioyent de joye par les ruës, VIVE IACQVES I. Roy d'Angleterre, d'Escosse, & d'Irlande.

Lors on eust veu deux passions violentes combattre en vn chacun, la tristesse & la joye. La tristesse gemissoit & enuoyoit vn ruisseau de larmes aux yeux pour pleurer la mort de la plus courageuse, saincte & heureuse Reyne qui ait iamais esté entre les femmes. En mesme tēps la joye s'espanouïssoit, & essuyant les larmes des yeux, enuoyoit la liesse au visage, & le ris a la bouche auec mille benedictions & canti∣ques pour jetter cris d'essouïssance, & s'esgayer en Dieu qui recompensoit leurs pertes par la succession presente d'vn Prince autant sage, re∣ligieux & magnifique, qu'il y en ait iamais eu entre les hōmes. Lors on eust oüy les vns sous∣pirans & disans, Nous auons perdu la perle des femmes; & les autres leur respondants, Ne soyons pointingrats, mais benissons Dieu qui

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nous a donné en sa place la perle des hommes. L'vn ne se pouuant saouler de se ramenteuoir les vertus de celle qui auoit seruy au Conseil de Dieu en son temps, crioit auec larmes, la Reyne de S••••ba n'estoit pas à comparer en sagesse à no∣stre Reyne: l'autre admirant les vertus de son successeur, luy repliquoit auec joye, Consolōs & resiouïssons-nous de ce que les benedictiōs de Dieu enuers nous croissent & se multipliēt: Cr nostre Salomon est plus sage qu'elle. Sous ELIZABETH nous viuions en paix, mais nous craigniōs la guerre auec la nation voisine: Sous IACQVES I. qui des deux nations a fait vne, il n'y a rien à craindre, & beaucoup à esperer. Tels & semblables furent lors les discours des fidelles du païs: Lors fut accomply en toutes les Eglises reformées de l'Europe, ce qui auoit estè predit és Pseaumes, Iacob s'esgayera, Israel s'esiouyra. Lors le Roy se vid inopinément ap∣pellé à la successiō de celle, pour la vie & pros∣perité de laquelle il prioit sans cesse, & vn nou∣ueau Royaume luy estre offert deuant qu'il eust enuie d'y regner. Lors on eust ouy chan∣ter par toutes les Eglises le Pseaume du Roy, Eternel, le Roy s'esiouyra de ta force: Car tu l'as preuenu de benediction de biens, & as mis sur son chef vne Couronne de fin or, &c.

Notes

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