Letters written by Sir W. Temple, Bart., and other ministers of state, both at home and abroad containing an account of the most important transactions that pass'd in Christendom from 1665-1672 : in two volumes / review'd by Sir W. Temple sometime before his death ; and published by Jonathan Swift ...

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Letters written by Sir W. Temple, Bart., and other ministers of state, both at home and abroad containing an account of the most important transactions that pass'd in Christendom from 1665-1672 : in two volumes / review'd by Sir W. Temple sometime before his death ; and published by Jonathan Swift ...
Author
Temple, William, Sir, 1628-1699.
Publication
London :: Printed for J. Tonson ... and A. and J. Churchil ... and R. Simpson ...,
1700.
Rights/Permissions

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Subject terms
Europe -- History -- 1648-1715.
Great Britain -- History -- Charles II, 1660-1685.
Great Britain -- Foreign relations -- Netherlands.
Netherlands -- Foreign relations -- Great Britain.
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"Letters written by Sir W. Temple, Bart., and other ministers of state, both at home and abroad containing an account of the most important transactions that pass'd in Christendom from 1665-1672 : in two volumes / review'd by Sir W. Temple sometime before his death ; and published by Jonathan Swift ..." In the digital collection Early English Books Online 2. https://name.umdl.umich.edu/A64311.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed June 14, 2024.

Pages

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A Monsieur de Witt.

Anvers. le 27 Fevr. S. N. 1668.

Monsieur,

J'AY eprouvé beau∣coup de Satisfaction, & reçeu beaucoup d'Hon∣nour par vôtre Lettre du 25 de ce mois; & je suis fort aise de remarquer une aussi grande Confor∣mité de Sentimens entre nous, depuis que nous nous sommes separez, qu'∣il y en a toujours eu pen∣dant mon sejour à la Haye. Je vous ecriray â present de mon propre encre, car c'est de celle de Monsieur le Marquis que je vous ecrivis dernierement: Il ne voulut point paroître satisfait, que je n'eusse consenti à me charger du soin de vous ecrire, & par la je me vis contraint à luy montrer ma lettre a∣vant que de la fermer; car il falloit qu'il jugeat si elle êtoit conforme à ce

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qu'il m'avoit prié de vous mander sur l'affaire qui en faisoit le sujet.

Dans ma premiere audience je l'avois si fort pressé de se declarer sur l'alternative, & j'avois êté si habile a lever tou∣tes ses difficultez, & à m'opposer a ses delais qui etoient fondez sur son manque de Pouvoirs; mes instances êtoient si fortes & si redoublées; qu'il me dit enfin qu'il se disposeroit à faire ce que j'exigois de luy, pour û qu'on pût porter la France à faire verifier, dans les formes sa renonciation dans le Parlement de Pa∣ris; à se contenter d'un equivalent pour les Villes prises, lesquelles sont si∣tuées si avant dans le païs, & presque au coeur de l'Etat, & enfin qu'en cas de refus de la part de la France, il seroit as∣sûré du secours de L'An∣gleterre & de la Hollan∣de, & que les deux Nati∣ons armeroient de concert. Au reste, voicy par ou je reüssis à vaincre sa re∣pugnance,

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& à obtenir ma demande; je luy dis qu'en attendant l'arrivée de pleinpouvoirs, il fit sous le bon plaisir de la Reine d'Espagne, & ad ra∣tificandum, la declaration sur laquelle je le pressois.

A l'egard de conditi∣ons qu'il propose, voicy ce que je luy ay repondu; que pour les deux premi∣eres, savoir la Renuncia∣tion & l'Equivalent, qu'il se pouvoit promettre de nos soins & de nos offices mutuels tout ce que nous pourrions obtenir de la France en faveur de l'E∣spagne; à quoy j'ay ajou∣té, qu'à l'egard de l'E∣quivalent, nôtre interêt commun demandoit qu'on pressât cet Article, & qu'il fust accordé, afin qu'une plus forte barriere fust laissée entre la Fran∣ce & la Hollande. Que pour ce qui regardoit la Renonciation, nous la de∣sirions aussi; mais que nous ne croyons pas que ce fût une chose sur la∣quelle l'Espagne dût s'opi∣niâtrer; puisque nôtre

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Guarantie êtoit l'unique seureté & la seule solide Renonciation, sur laquelle il fût seur de se reposer en cette occasion. Qu' à l'egard de l'assurance qu' il vouloit avoir d'un se∣cours, en cas que la France refusât les Conditions; je ne doutois point qu'il n'eût êté instruit, du moins en substance, du contenu de nos Articles secrets touchant ce point là; que l'Ambassadeur d'Espagne à la Haye m'∣avoit même dit, qu'un Juif d'Amsterdam luy en avoit fait tenir la co∣pie, par où il devoit être assez instruit de nos enga∣gemens mutuels, aussi bien que de nos Intentions pour l'Espagne; qui ê∣toient, non seulement de l'assister en cas d'un re∣fus de la part de la France, mais de nous engager dans sa querelle, par la de∣claration d'une guerre ou∣verte en tournant toutes nos forces contre la France.

Aprés beaucoup de dis∣cours sur cetté matiére, j'ay trouvé à propos, afin

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de le satisfaire pleinement sur l'Article de secours, pour luy faire evidem∣ment sentir jusqu'ou il pouvoit conter sur nous, dans l'affaire de Renonci∣ation, aussi bien que pour luy ôter la pensêe que Don Estavan de Gamarra luy avoit donnée de ma part, que peut être y avoit il quelque chose dans les Ar∣ticles par laquelle il paroî∣troit que nous ne voulions forcer l'Espagne en cas d'un refus: Pour toutes ces raisons dis je, j'ay jugé a propos de luy lire nos trois Articles separéz, sans luy en laisser la co∣pie; car il me declara, qu'il ne les avoit point reçeus de son Juif, mais qu'il en avoit vû la sub∣stance, & que c'êtoit par le canal de ce Juif & du Baron de Bargeyck. Je ne say pas si j'ay bien fait en les luy montrant; mais en cas que vous jugiez le contraire, j'espere que vous m'excuserez toujours en faveur de mes bonnes In∣tentions, qui m'ont tou∣jours porté à declarer

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ouvertement à ceux avec qui je traite, tous les su∣jets qu'ils ont à craindre & d'esperer. Le Mar∣quis ne se formalisa pas de nos deux premiers Ar∣ticles; il dit seulement, qu'il ne peut comprendre pourquoy les Etats qui etoient n'agueres ennemis de Portugal, & à qui il reste encore des chose à demeler avec luy, souhai∣toient fi fort de voir accroi∣tre leurs forces par une paix avec l'Espagne: Je luy dit que ma pensée e∣toit, qu'ils pressoient cet∣te affaire, parce qu'ils croy∣oient que sans la paix a∣vec le Portugal, l'Espagne ne se verroit jamais en e∣tat de faire tête à la France, & de donner par ce moyen aux affaires de la Chretienté le juste equi∣libre qu'elles doivent avo∣ir. Il se contenta de ce∣la, & ne parla plus de l'affaire de la Renoncia∣tion. Mais à l'egard de secours que nous promet∣tons, il me dit, que les termes de l'Article troisi∣eme etoient assez forts,

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mais trop generaux; & qu'apres qu'ils auroient accepter l'Alternative, la France pourroit encore pendant les Mois de Mars & d'Avril, faire quel∣ques tentatives sur les Villes du Païs bas; que les nouvelles levées ne pourroient encore etre sur pied; & que la Flandre se verroit enlever quelqu' une de ses places, si elle n'etoit munie de trois ou quatre mille Hommes de Pied, & qu'il etoit faci∣le à la Hollande de les fournir. Quoy que j'aye pris le soin de luy repeter, que nous ne pouvions en∣trer en aucune Negotia∣tion avec luy, avant qu' il eut accepté l'Alterna∣tive, que par là le refus retomberoit sur la France, & que par consequent el∣le s'attireroit toutes nos forces sur les bras en cas de guerre; qu'enfin ces forces ne pouvoient faire de demarches jusqu'a ce qu'on eut sçû de quel côté seroit le refus. Tout ce∣la ne le satisfit pas, & il ne parut point content que

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je ne vous eusse ecrit la Lettre qui a precedé celle cy, de laquelle pourtant je n'attendois pas d'autre effet que de luy faire voir par vôtre propre Plume, ce qu'il avoit deja assez appris par ma bouche.

Le Dimanche au ma∣tin Messieurs vos Depu∣tez arriverent, & nous eûmes conjointement nô∣tre audience du Marquis; c'est de quoy ils vous ren∣dront conte; je vous di∣ray seulement, que comme nous l'avons fort pressé sur l'Alternative, & que luy au contraire, ne nous a parlé & n'a insisté que sur un Concert pour sa defense, nous proposant de faire tous nos prepara∣tifs pour la guerre en at∣tendant; je luy ay parlé de ceux que le Roy mon Maitre faisoit deja, & de ceux que les etats fai∣soient aussi de leur côté: Je l'ay prié de nous ap∣prendre en se declarant sur l'Alternative, contre le quel de deux parties il faudroit employer de si grands preparatifs. Je

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laisse à Messieurs vos Deputez le soin de vous entretenir du Detail de la Conference, qui fut longue, & dans laquelle le Marquis parla sou∣vent & long tems, mais toujours d'une maniere assez moderée, & qui ne paroissoit point s'eloigner de nos communes Intenti∣ons. Notre audience s'est conclue par la Presenta∣tion d'un memoire que nous luy avons remis, & qui contenoit en substance les choses que nous etions charge de luy dire. No∣tre memoire ayant êté re∣pondu hier au soir, nous avons envoyé ce matin la reponse aux Ministres qui sont a Paris, & cela dans la veue de faire reüs∣sir, s'il est possible, la suspension d'Armes; qui selon toutes les apparen∣ces ne sera pas long tems differée, des qu'on aura appris en France, que la treve qu'elle a proposee jusqu'a la fin de Mars vient d'etre acceptee.

Il arriva hier des Let∣tres d'Espagne, & quoy

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que je n'ay pas vû le Marquis depuis qu'il a reçeu ses depeches (car il à parti ce matin des la pointe de jour pour Brus∣selles) j'ay pourtant lieu de conclure de tout ce que j'ay appris d'ailleurs, que Don Juan est enfin par∣ti, & même deja embar∣que pour se rendre en ce païs-cy, & qu'il a mené avec luy des secours con∣siderables & d'Hommes & d'Argent; le bruit court, que les Troupes con∣sistent en 8000 Espag∣nols, que l'Argent se monte a 600000 ecus en especes, & en 800000 ecus de remises. Mais en vous ecrivant ces par∣ticularitez je ne pretens vous apprendre encore ri∣en de certain. J'ay dit dans un plus grand de∣tail, à Messieurs vos Deputez, ce que j'a∣vois appris touchant Don Juan; & à l'ave∣nir je seray toujours prest à leur declarer toutes lès choses que je croiray que vous serez bien aise que vous soient mandées d'i∣cy.

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Je me flate qu'ils vous diront qu'il n'est pas necessaire de me prier de me communiquer, & de m'ouvrir a eux avec toute sorte de confiance, puisque je leur en ay deja donne des preuves depuis que nous nous sommes rassemblez icy. Leur entretien & leurs person∣nes me seront d'autant plus agreables, que je vois qu'avec votre estime ils ont aussi l'estime & la confiance de Messieurs les Etats; c'est une ju∣stice rendue a leur meri∣te & a leurs qualitez per∣sonnelles.

M'accorderez vous la liberte de vous prier d'envoyer une copie de cette Lettre aux Ambas∣sadeurs d'Hollande a Londres, avec ordre de la faire voir a Milord Arlington; car je me defie extremement du courier de Nieuport, trop expose a la rencontre des François; & je ne suis pas encore assez grand Maître dans mon chif∣fre, pour m'en servir

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dans les affaires d'un aussi long detail.

Je vous prie de m'ai∣der a me conserver dans le souvenir de mes amis de la Haye, & de me croire toujours, & autant que personne du monde,

Monsieur,

Vôtre tres humble & tres affectionne Ser∣viteur.

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