Les erreurs de l'Eglise Romaine refutees en un sermon préché le 5 de Juiller, 1674 ... traduit en Francois par un ame de l'autheur par Andre Sall.

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Title
Les erreurs de l'Eglise Romaine refutees en un sermon préché le 5 de Juiller, 1674 ... traduit en Francois par un ame de l'autheur par Andre Sall.
Author
Sall, Andrew, 1612-1682.
Publication
Londres :: Imprimé ... par T. Newcomb pour Samuel Lowns,
1675.
Rights/Permissions

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Subject terms
Catholic Church -- Apologetic works.
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"Les erreurs de l'Eglise Romaine refutees en un sermon préché le 5 de Juiller, 1674 ... traduit en Francois par un ame de l'autheur par Andre Sall." In the digital collection Early English Books Online 2. https://name.umdl.umich.edu/A60308.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 4, 2024.

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Des Prieres publiques en langage in∣connu.

Je conclueray cette Reveuë des Opinions Romaine par le 7. & dernier point que je me suis propose, qui est de leur Messe latine, & de la defense qu'ils font a leurs troupe aux de lire la Saincte Escriture. Et quant au premier, qui est d'avoir les prieres publiques en une langue generalle∣ment inconnuë au peuple, certainement tout le 14. Chap. de Saint Paul en sa pre∣miere Epistre an Corinth. est clairement a l'encontre. Car quoy qu'on puisse chi∣caner touchant l'object de son discours, ses

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raisons concluent evidenment a nostre des∣sein. Car il montre per des arguments ad∣mirables & des exemples tres propres, com∣bien absur & mal a propos il est d'entre∣prendre de parler a un peuple, pour les enseigner & edifier en une langue qu'ils n'entendent point.

L'intention de Nature au Parler est de communiquer le sentiment de celuy qui parle a celuy qui l'ouit. Mais comment se fera cela si celuy qui escoute n'entend point le sens des parolles qui sont dites. Mesmes les choses qui sont sans ame (dit le grand Apo∣stre) qui donnent leur son soit haut bois, soit harpe, si elles ne donnent quelque di∣stinction en leurs tons, comment connnoi∣stra on ce qui est sonné sur le haut bois, ou sur la harpe? Car si la trompette donne un son qu'on n'entende point, qui se pre∣parera a la battaille? Pareillement aussi vous si vous ne prononcez par vostre language parole qui puisse estre entenduë, comment entendra on ce qui se dit? Car vous serez parlans en l'air. S'il nous faloir dresser nous mesmes une raison pour esclarar nostre Doctrine, quelle autre pourions nous in∣venter plus propre, pour ce que nous pre∣tendons que celle cy! La priere n'est elle pas ordonnée pour eslever nos esprits a Dieu. Cest la la Definition qu'en en don∣ne.

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Elevatio mentis in Deum, une ele∣vation de nos esprits a Dieu, pour le lou∣er, ou pour lui demander fauveurs, ne se∣ra il pas donc utile, & necessaire a cette fin d'entendre la signification des pseaumes & prieres sagement ordonnez pour cela? Dire Amen a une priere que vous n'enten∣dex point est comme si vous mettiez vostre sein a un escrit dont vous ne scavez point le contenu. Si un Juif ou autre Ministre im∣pie prononcoit une priere remplie de blas∣phemes contre Christ on de maledictions contre le peuple Chrestien qui seroit pre∣sent, diront ils Amen a tout?

Si un Persan, ou quelqu'autre qui n'au∣roit jamais ou telles procedures entroit en une Eglise, & entendroit la congregation parlant haut, & faisant des gestes, & qu'on luy diroit que nul d'eux n'entendoit ce que l'autre disoit, n'auroit il pas subject de croire qu'ils seroyent hors du sens, & que les bastisseurs de la tour de Babel seroyent ressuscitez? St. Paul appelle cela estre hors du sens, posant cecy pour fondement. Qu'en l'Eglise tout se doit faire a edificati∣on. Et quelle edification peuvent les Ames recevoir par le bruit des parolles qu'ils n'en∣tendent point, plus qu'ils ne font du son des cloches. St. Augustin declare combi∣en absurd il est de parler en un language

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que les auditeurs n'entendent point, en ces termes, Quid prodest locutionum integritas quam non sequitur intellectus audientis, cum loquendi nulla sit causa; si quod loquimur non intelligunt, propter quos, ut intelligunt, loqui∣mur? A quoy sert l'excellence du Parler, sil n'est entendu par les auditeurs: veu qu'il n'y a nulle cause de parler, si ce qui est dit n'est entendu par ceux la pour l'amour desquels nous parlons, afin qu'ils entendent. Et a ce propos nouspouvons pareillement demander que profite l'admirable providence & bon ordre de l'Eglise a distribuer le chois & la substance de la Sancte Escriture a tous les offices qui se doivent lire dans les Eglises tout le long de l'an si le peuple dont on pre∣tend l'edification par tels offices n'en en∣tend point le contenu? Je prie ceux qui n'ont pas fait resolution de se rendre aveug∣les, & de fermer les yeux contre la lumie∣re, & boucher les oreilles a la raison, de considerer quelle advantage le peuple Pro∣testanta, a edifier leurs ames en ce parti∣culier ils ont tous les jours les oreilles ba∣tuës de la parole de Dieu, clairement & intelligiblement recitée dans leur liturgie. Les Pseaumes, les Prieres, les Epistres, les Evangilles, & les Lessons du Vieux & du Nouveau Testament tres exactement di∣stribuées a chaque jour & feste contiennent

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tant de celeste Sagesse & Piete que cela seul pouroit suffire a rendre une Ame bi∣en disposé & Sainte & sage: & ce coeur la doit estre bien dure qui estant conti∣nuellement arosé d'une telle celeste doc∣trine ne sera pas amoli a la pieté & a la crainte de Dieu. Cependant que ces pu∣issants aides a la pieté & vertu manquent au pauvre simple troupeau qui suit les pre∣stres de Rome, tout leur exercise de re∣ligion, (j'entends du vulgaire qui est de beaucoup la plus grande partie) consiste a ouir quelque fois une Messe, sans en en∣tendre un mot, & sans en ouir aucune de∣claration que bien rarement, & ainsi s'en retournent a leurs maisons aussi sages co∣me ils estoyent venue. Jay veu souvent quelques personnes pieuses exalter le bon heur de quelques uns d'entreux qui avoy∣ent la connoissance de la langue latine, par le moyen de quoy ils pouvoyent en∣tendre la parole de Dieu qui leur estoit leuë, & ainsi eslever leurs Esprits, pour∣quoy ne considerent ils pas le bon heur de ceux de l'Eglise Protestante en ce point, comme en plusieurs autres, & n'ouvrent ils les yeux pour voir leur erreur.

Leurs conducteurs aleguent l'Antiquité pour la pratique du service divin en Latin, mais l'Antiquité va de cette sorte. Dans

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l'Empire d'Orient, la Liturgie estoit en Grec, parce que cestoit la la langue ma∣ternelle en Constantinople, la Cour, & ville capitale de cet Empire la. Et les provinces inferieures doivent tascher de se conformer dans l'exercise public de l'Egli∣se & de l'Estat, au language de la Cour. Dans l'Empire de l'Occident la Liturgie estoit en Latin, parce que c'estoit la la lan∣gue maternelle a Rome, qui estoit la Cour, & la Capitalle de cette partie oc∣cidentale. Et Rome sous les Papes preten∣dant autant de pouvoir dans les provinces de l'Europe, comme elle avoit sous les Empereurs les force toutes a se conformer a son language dans le service public. Dieu exige une plus grande obeissance en ce point, que les Empereurs. Car ce n'esto∣it pas pour aucun privilege de plus grande Sainteté, es langues Greque & Latine que les Liturgies ont este composées en ces lan∣gues la, mais parce que cestoyent les lan∣gues qui estoyent plus universellement en∣tenduës dans les deux Empires. Et par∣tant en ottroya des exceptions de cette reg∣le la aux Provinces qui ne la pouvoyent pas commodement observir. Ainsi le Pape Jean VIII. ottroya au Prince de Moranie la Liturgie en langue Sclavonienne, parce que St. Paul dit que toute langue louë le

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Seigneur, qui fut la raison donnée per le Pape en sa letre ainsi que raporte Baro∣nius, Et Walefridius Strabo dit qu'en son temps l'Office Divin se faisoit parmi les Scythes en langue Alemane qui leur estoit commune avec les Alemans. Qui plus est Origine afferme que dans les Eglises primi∣tives tous les offices de Religion se fai∣soyent au language propre a chaque pa∣is.

Notes

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