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¶ Ensin voila que nos beaux jours deviēnent
Par ton courroux, & la vie s'envole
Aussi soudain qu'en l'air fait la parole.
Ainsi nos jours volontiers ne reviennent
Qu'à septante ans, ou quatre-vingts pour ceux
Qui ont le corps plus fort & vigoureux.
¶ Encor la fleur de cette vie est telle,
Qu'on est toûjours on peine & en martyre:
Elle s'en fuït, & nous aveques elle.
Et qui connoist la force de ton ire?
Car mesme au pris qu'on connoist ton pouvoir,
Ton ire aussi se fait appercevoir.
¶ Or donc, Seigneur, appren-nous à com∣prendre
Combien est court le cours de nostre vie:
A celle sin que nous n'ayons envie
De l'employer qu'à ta sagesse apprendre.
Retourne, helas! combien languirons-nous?
Et sur tes serss appaise ton courroux.
¶ Dés le matin ta bonté nous remplisse,
A celle fin qu'en liesse en joye
Le cours entier de nos jours s'accomplisse:
Et tout plaisir maintenant nous ottroye,
Au lieu des ans & jours tant douloureux,
Qu'avons senti ton courroux rigoureux.
¶ En tes servans soit ton oeuvre apparente,
Et ta grandeur en leurs enfans reluise:
Autour de nous soit la gloire excellente
De nostre Dieu, & nos oeuvres conduise:
Voire, Seigneur, de nous pauvres humains
Condui toûjours & l'ouvrage & les mains.