The wise and ingenious companion, French and English, or, A collection of the wit of the illustrious persons, both ancient and modern containing their wise sayings, noble sentiments, witty repartees, jests and pleasant stories : calculated for the improvement and pleasure of the English and foreigners / by Mr. Boyer ...

About this Item

Title
The wise and ingenious companion, French and English, or, A collection of the wit of the illustrious persons, both ancient and modern containing their wise sayings, noble sentiments, witty repartees, jests and pleasant stories : calculated for the improvement and pleasure of the English and foreigners / by Mr. Boyer ...
Author
Boyer, Abel, 1667-1729.
Publication
London :: Printed by G.C. for Tho. Newborough ... and J. Nicholson ...,
1700.
Rights/Permissions

To the extent possible under law, the Text Creation Partnership has waived all copyright and related or neighboring rights to this keyboarded and encoded edition of the work described above, according to the terms of the CC0 1.0 Public Domain Dedication (http://creativecommons.org/publicdomain/zero/1.0/). This waiver does not extend to any page images or other supplementary files associated with this work, which may be protected by copyright or other license restrictions. Please go to http://www.textcreationpartnership.org/ for more information.

Subject terms
Wit and humor.
Anecdotes.
Cite this Item
"The wise and ingenious companion, French and English, or, A collection of the wit of the illustrious persons, both ancient and modern containing their wise sayings, noble sentiments, witty repartees, jests and pleasant stories : calculated for the improvement and pleasure of the English and foreigners / by Mr. Boyer ..." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A28932.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 4, 2024.

Pages

Conte tiré de l'Ane d'Or d'Apulée.

193

UN Ouvrier qui gagnoit sa vie à travailler au•…•… Forges, avoit une Femme fort belle, mais qui n'ètoit pas des plus vertueuses. Ce pauvre malheureux ètant un jour sorti de bon matin, selon sa coûtume, donna occasion à un jeune Gaillard de se glisser dans sa Maison, où êtant aux prises avec sa femme, le Mari survint contre leur attente, mais trouvant la porte fermée, il ne se douta guere de ce qui s'ètoit passé en son absence▪ La dessus il loüa en soi même la chasteté dé sa Fémme, & avec un siflet l'avertit de son arrivéc

Page 114

Elle, qui en pareilles occasions ne manquoit pas de Po∣litique, se degagea bient•…•…t des bras de son Amant, & sans s'émouvoir le cacha dans un vieux cuvier vuide, qui ètoit dans un coin de la chambre: cela fait, ouvrant la porte avec furie, elle parla à son mari de cette mani∣ere.

Est-ce ainsi, sot lendore, que tu pourvois aux besoins de ta famille? Et que pendant que tu vas de la sorte les bras croisez il faut que je travaille jour & nuit pour supléer aux besoins où nous sommes reduits par ta pa∣resse? Oh! combien plus heureuse que moy, est ma Voisine Daphné, qui n'a autre chose à faire qu'à se di∣vertir avec ses Amans.

A quoi le mari tout craintif repliqua: & quel grand mal y a-t-il, m'Amie? quoi que mon Maître n'ait point d'ouvrage pour moy d'aujourd'huy, je ne laisse pas d'avoir pourveu à ton Diner. Vois-tu ce vieux cuvier, qui ne sert à rien qu'à embarrasser la chambre? je viens, ma poupone, de le vendre pour quinze Sols & l'homme qui l'a ache•…•…é, va venir ici tout presentement pour l'empor∣ter. Allons, laisse là un peu ton ouvrage, & aide moi à le nettoyer, car je ne voudrois pas pour quoi que ce soit, le lui livrer avant qn'il soit net & en bon état.

Là dessus la Femme se mit à rire de bon appetit, &c l'occasion lui fournissant un Stratageme, elle s'écria Misericorde! voilà un rare Marchand que mon mari▪ qui a seu vendre pour quinze Sols, une chose dont j'ai eu un demi-écu, quoy que je ne sois qu'une femme qui ne sors jamais du logis.

Le mari ravi du marché de sa Femme, lui demanda d'abord qui ètoit le sot qui en avoit tant offert; quel∣que Benet comme vous pouvez croire, reprit la Femme, & pour preuve de cela, c'est qu'il vient de s'y fourrer pour voir le profit qu'il lui en reviendra. A ces Mo•…•…s,

Page 116

le Galand, voyant qu'il ètoit tems qu'il joüât son Rolle mit la tête dehors, & dit: Bonne Femme, voulez vous que je vous parle franchement, ce cuvier est fort vieux & pl•…•…in de fentes, & vous ne deve•…•… pas en Conscience en avoir ce que je vous en ai offert: Ensuite se tour∣nant du côté du mari, il lui dit finement, & vous, mon ami, qui que vous soyez, je vous prie, donnez moy un peu une Chandelle, afin que je racle les ordures, & que je voye s'il fait pour moy, avant que j'en paye l'Argent, à moins que vous ne croyez que je l'aye derobé. Là des∣sus nôtre adroit Vulcain, ne songeant guere à ce qu'on meditoit contre lui, alla vîte chercher une Chandelle, & s'ètant approché de lui, il lui dit: Mon ami, ôte toi un peu de la, je te prie, & laisse moy voir ce que j'y puis faire, car il n'est que trop juste que tu l'ayes aussi net qu'il se pourra: ensuite ôtant son habit, & donnant la Chandelle à tenir à sa Femme, il entra dans le Cu∣vier, & se mit à travailler de toute sa force sur la lie seche, pendant que le rusé Galand en faisoit autant sur sa Femme, qu'il avoit couchée sur le cuvier.

Cependant la bonne Femme, baissant la tête pour éclairer son mari, amusoit le pauvre homme en lui mon∣trant plusieurs endroits qui avoit besoin d'être nettoyez. Mais enfin le travail de l'un & de l'autre étant fini, le cocu content, après avoir receu le demi écu, se crut encore obligé de charger le cuvier sur son dos, & de le porter chez son Ami.

Do you have questions about this content? Need to report a problem? Please contact us.