Ode de Mr. Boileau sur la prise de Namur avec une parodie de la mesme ode / par le Sieur P. Motteux ; et une parodie d'une seene du Cid, sur ce sujet par messieurs D'A. & H.

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Ode de Mr. Boileau sur la prise de Namur avec une parodie de la mesme ode / par le Sieur P. Motteux ; et une parodie d'une seene du Cid, sur ce sujet par messieurs D'A. & H.
Author
Boileau Despréaux, Nicolas, 1636-1711.
Publication
A Londres :: Chez R. Bentley Libraire ..., R. Parker ..., & tous les libraires francois,
[1695]
Rights/Permissions

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"Ode de Mr. Boileau sur la prise de Namur avec une parodie de la mesme ode / par le Sieur P. Motteux ; et une parodie d'une seene du Cid, sur ce sujet par messieurs D'A. & H." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A28573.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 2, 2024.

Pages

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ODE SUR LA PRISE DE NAMUR.

QUelle docte & fainte yvresse Aujourd'hui me fait la loy? Chastes Nymphes du Permesse, N'est-ce pas vous que je voy? Accourez, Troupe scavante, Des sons que ma Lyre enfante Ces arbres sont réjouïs. Marquez-en bien la cadence; Et vous, Vents, faites silence: Je vais parler de LOURS.
Dans ses chansons immorteles, Comme un Aigle audacieux, Pindare estendant ses aisles, Fuit loin des vulgaires yeux. Mais, ô ma fidele Lyre, Si, dans l'ardeur qui m'inspire, Tu peux suivre mes transports; Les chesnes des monts de Thrace N'ont rien ouï que n'efface La douceur de tes accords.
Est-ce Apollon, & Neptune Qui sur ces Rocs sourcilleux, Ont, compagnons de fortune, Basti ces murs orgueilleux?

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De leur enceinte fameuse La Sambre unie à la Meuse Deffend le fatal abord, Et par cent bouches horribles L'airain sur ces monts terribles Vômit le fer, & la mort.
Dix mille vaillans Alcides Les bordant de toutes parts, D'éclairs au Ioin homicides Font petiller leurs ramparts: Et dans son sein infidele Par tout la terre y recele Un feu prest à s'élancer Qui soudain percant son goufre, Ouvre un sepulchre de soufre A quiconque ose avancer.
Namur, devant tes murailles Jadis la Grece eust vingt ans San fruit veu les funerailles De ses plus fiers Combattans. Quelle effroiable Puissance Aujour d'hui pourtant s'avance Preste à foudroyer tes monts! Quel bruit, quel feu l'environne; C'est Jupiter en personne, Ou c'est le Vainqueur de Mons.
N'en doute point, c'est Lui-mesme. Tout brille en Lui, Tout est Roy. Dans Bruxelles Nassau blême Commence à trembler pour toy.

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En vain il void le Batâve Deformais docile esclâve Rangé sous ses étendars: En vain au Lion Belgique Il void l' Aigle Germanique Um sous les Leopards.
Plein de la frayeur nouvelle Dont ses sens agités, A son secours il appelle Les Peuples les plus vantés. Ceux-là vtennent du rivage Où s'énorgueillit le Tage De l'or qu'il roulé en ses éaux: Ceux-ci des champs où la nege Des marais de la Norvege Neuf mois couvre les roseaux.
Mais qui fait enfler la Sambre? Sous les Jumeaux effrayés, Des froids torrens de Decembre Les champs par tout sont noyés. Cerés s'enfuit éplorée De voir en proye à Borée Ses guerets d'épics chargés, Et sous les urnes fangeuses Des Hyades orageuses Tous ses trésors submergés.
Déployez toutes vos rages Princes, Vents, Peuples, Frimat. Ramassez tous vos nuages; Rassemblez tous vos Soldats.

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Malgré vous Namur en poudre S'en va tomber sous la foudre Qui dompta l'Isle, Courtray, Gand, la superbe Espagnole, Saint Omer, Bezancon, Dole, Ypres, Mastrich, & Cambray.
Mes présages s'accomplissent: Il commence à chanceler. Sous les coups qui retentissent Ses murs s'en vont s'écrouler. Mars en feu qui les domine Soufle à grand bruit leur ruine, Et les bombes dans les airs Allant chercher le tonnerre, Semblent, tombant sur la Terre, Vouloir s'ouvrir les Enfers.
Accourez, Nassau, Baviere, De ces murs l'unique espoir: A couvert d'une riviere Venez, vous pouvez tout voir. Considerez ces approches: Voyez grimper sur ces roches Ces Athletes belliqueux; Et dans les eaux, dans la flâme, LOUIS à tout donnant l'ame, Marcher, courir avecque eux.
Contemplez, dans la tempeste Qui sort de ces Boulevars, La plume qui sur sa teste Attire tous les regards.

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A cet Astre redoutable Toûjours un sort favorable S'attache dans les combats: Et toûjours avec la Gloire Mars amenant la Victoire, Vôle, & le suit à grands pas.
Grands Deffenseurs de l'Espagne, Monstrez-vous, il en est temps. Courage, vers la Mehagne Voila vos drapeaux flottans. Jamais ses ondes craintives N'ont veu sur leurs foibles rives Tant de guerriers s'amasser. Courez donc. Qui vous retarde? Tout l'Univers vous regarde. N'osez-vous la traverser?
Loin de fermer le passage A vos nombreux bataillons, Luxembourg a du rivage Reculé ses pavillons. Quoy? leur seul aspect vous glace? Ou sont ces Chefs pleins d'audace Jadis si prompts à marcher, Qui devoient de la Tamise, Et de la Drâve soûmise, Jufqu'à Paris nous chercher?
Cependant l'effroy redouble Sur les remparts de Namur, Son Gouverneur qui se trouble S'enfuit sous son dernier mur.

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Déja jusques à ses portes Je voy monter nos cohortes La flâme & le fer en main: Et sur les monceaux de piques, De corps morts, de rocs, de briques, S'ouvrir un large chemin.
C'en est fait. Je viens d'entendre Sur ces rochers èperdus Battre un signal pour se rendre: Le feu cesse. Ils sont rendus. Dépoüillez vostre arrogance, Fiers Ennemis de la France, Et deformais gracieux, Allez à Liege, à Bruxelles, Porter les humbles nouvelles De Namur pris à vos yeux.
Pour moy, que Phebus animé De ses transports les plus doux, Rempli de ce Dieu sublime, Je vais, plus hardi que vous, Montrer que sur le Parnasse, Des bois frequentés d'Horace Ma Muse dans son declin, Scait encor les avenuës, Et des sources inconnuës A l'Auteur du Saint Paulin.

Poeme Heroique du Sieur P**

Fin de l' Ode.
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