Le Sergeant. Chap. 12.
IE vous arreste de par la Royne: de par le Roy.
Monsieur le Sergeant (car il est gentilhomme par son office) ie vous prie faites, moy ce faueur de venir auec moy icy pres à la prochaine ruë, iusques à la maison d'vn marchant mien amy, qui demeurera pleige pour moy.
Depeschez donc: baillez moy vn demy-escu de vous.
Tenez, voyla deux solz.
Allons y donc à la tauerne pour boire vne quarte du vin: & nous enuoyerons ce pendant pour vostre amy.
Escoutez monsieur, vostre homme ne vient pas.
Mon amy, il est vray, que ie vous puisse constituer prisonier.
Vous auez prins mon argent pour vne heure.
Ie perds quarente solz en vn autre endroit, i'ay des autres affaires plus vrgens, que voulez vous que ie face? Baillez moy cinq solz & ie vous y meneray par la ville iusques à cinq heures du soir.
Monsieur, ie suis pauure homme chargé de femme & enfans.
C'est tout vn pour cela. Baillez moy encore pour ma peine, autrement vous verrez bien tost Page 100 ce que ie veux faire.*
Mon Dieu que feray-ie?
Ie suis mangé tout vif.
Quelz oiseaux de proie! quelz cor beaux sont ceux-cy?
Quelle rayson ou conscience auez vous de prendre vn escu d'auantage?
Vertu Dieu, demandez vous cela? Allons, allons, allons: par Dieu monsieur vous entrerez en cour pour voir vostre proces: ie ne puis moins faire par mon office & serment.
O vous voyla en Cappadoce asteure: adieu homme de bien adieu. Il faut que chantiez vn peu là parmy les oyseaux Canariens.