Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

82 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
Assurement les Egyptiens et les Chald6ens ont use
du levier: l'enfant, qui veut soulever une pierre un peu
lourde, se servira instinctivement de son baton, s'il
peut trouver un point d'appui; l'ingeniosite meme ici
n'a pas besoin d'etre bien grande. Ils ont tres probablement utilis6 le plan incline et quelques appareils peutetre inconnus de nous. Mais, en tous cas, les inscriptions de l Egypte et de la Chaldee nous ont r6evle
aujourd'hui le plus puissant des moyens dont ils disposaient.
A El-Bercheh, en Egypte, on a trouve une peinture
datant de la XIIP dynastie, qui montre 172 hommes,
dispos6s deux a deux sur quatre rangs, tirant avec des
cables un traineau sur lequel on a fix6 une enorme
statue: l'ing6nieur qui dirige le travail est debout sur
les genoux du colosse et marque la mesure en frappant
des mains 4. - L'epitaphe d'un haut personnage de la
VIe dynastie mentionne, parmi les services rendus
par le mort, le transport a Memnphis d'un monolithe,
pour lequel 3.000 hommes ont ete employ6s. M. Perrot
nous dit encore que 2.000 hommes ont ete occupes pendant trois ans a transporter, pour Amasis, une chapelle monolithe qui devait peser 4.800 kilogr. En Chaldee et en Assyrie, nous trouvons des exemples analogues. Tout au plus faut-il remarquer l'emploi du levier, nettement indique, pour mettre en branle la piece
a transporter, la pr6sence de rouleaux huiles sur lesquels elle glisse, et enfin un usage plus judicieux de la
force humaine: ainsi les hommes tirent sur les cables
a l'aide de cordes qui leur sont attachees aux epaules,
au lieu de tenir, comme en IEgypte, le cable dans les
mains. Vous pourrez voir dans le II volume de l'ou

1. Histoire de l'Art, Perrot et Chipiez, t. I. Les materiaux.