Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

74 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
Egypte, au IIe siecle avant J.-C., avait dejai atteint
nn prodigieux d6veloppement; elle etait glorieuse et
toute triomphante, et les pretres 6gyptiens furent trop
tentes de la revendiquer comme leur propre bien, pour
que nous puissions ajouter foi ai leurs assertions. II y
eut la quelque chose de comparable au d6sir des Juifs
d'Alexandrie de s'attribuer la paternite de la philosophie socratique, et de voir dans Platon un adepte du
mosaisme. Nous ne devons prendre au serieux que les
temoignages qui datent d'avant la conquete d'Alexandre.
Or, si nousremontons jusque-la, les temoignages favorables i la science orientale sont tr&s vagues.
D'apres Hlrodote, la geometrie est nee en Egypte,
1'arithmetique vient des Pheniciens; et c'est cette tradition qui arrive jusqu'a Platon et Aristote. Mais
quelle geometrie? Quelle arithmetique? L'Hisioire des
mathematiques d'Eudeme, disciple d'Aristote, aurait
peut-etre pu nous donner quelques renseignements
precis si elle nous eut ete conservee. Malheureusement, nous ne trouvons quelques fragments d'Eude.me
que dans Proclus, du ve si&cle apres J.-C., qui d'ailleurs, M. Tannery l'a prouve, les tirait d'un ouvrage de
Geminus, auteur du Ier siecle de notre ere. Ces fragments sont a la fois suspects etinsuffisants. - Reste,
pour nous eclairer, deux temoignages dont vous apprecierez l'importance. D'une part, Platon, voyageant en
Egypte, refuse aux habitants de ce pays la qualite de
4?o?0a6Es. Je reviendrai dans ma prochaine lecon sur
ce jugementde Platon, qui nous eclaire sur le caractere g6enral de la science egyptienne. Pour le moment, j'en degage ce qui se rapporte aux mathematiques
pures, et je passe au second temoignage, celui de Democrite, que je vous ai deja cite a propos des harpedonaptes. Vous vous le rappelez, Democrite pretend que