Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

66 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
tention scientifique. Les premiers hommes, qui out
dessine sur les rochers des figures plus ou moins
grossieres, temoignaient deja de ce sentiment par
leur seul desir de faire ressemblant, semblable par
consequent, sans conserver les dimensions 4. Vous
sentez bien la distance qui sdpare un pareil sentiment
d'une theorie quelconque de la similitude, et vous conviendrez avec moi que les questions geometriques du
papyrus de Rhind ne t6moignent pas de preoccupations
d'ordre moins terre a terre que le resle du manuel.
N avons-nous pas d'autres indices certains des connaissances geometriques de l'Egypte?
Clement d'Alexandrie 2 nous a conserve un mot de
Democrite, qui semble tres instructif, et d'autant plus
significatif que D6mocrite a voyage en Egypte vers le
milieu du ve siecle. ( Pour la combinaison des lignes
avec demonstration, dit Democrite, personne ne m'a
surpasse, pas mnme ceux qu'on nomme en Egypte
'A^8r:oairTcci )). Zeller, dans son Histoire de la philosophic des Grecs, dit que le sens de ce mot 'AlTr:o,i~0cnat
est tres controverse. J'ai trouve le mot traduit ainsi:
( ceux qui attachent le cordeau ) par I. Tannery et
M. Cantor, et, ayant cherche moi-mmee a comprendre
a l'aide d'un dictionnaire grec-francais, j'ai trouve pour
rEpd.S,~': *cordeau, cordon tir6; et pour nrlT~: atta1. II est 6vident d'ailleurs que ce sentiment de similitude ou de
proportionnalite ne se montre pas seulement, dans le papyrus de
Rhind, a l'occasion des problemes de g6ometrie, dont nous venous
de parler. Ainsi que M. Rodet l'a fait remarquer, - et suivant
une interpretation que confirme le papyrus d'Aklilim, - ce sentiment se retrouve a la base meme de la methode de calcul par
laquelle l'auteur egyptien substitue des entiers aux fractions, sauf
a corriger a la fin, - m6thode qui fournira d'ailleurs peqdant de
longs si6cles la r6gle dite de fausse posilion.
2. Clement d'Alexandrie, 6d. Potter, 357.