Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

204 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
quart (qui est le carre de 50 et demi), ce qui vaut autant que s'ils avaient la force d'elever une livre a 5.100
et demi, au lieu qu'avant le choc il y avait la force
d'elever une livre a 10.001 pouces. Ainsi presque la
moiti6 de la force sera perdue en vertu de cette
regle sans aucune raison et sans etre employee a rien.
Ce qui est aussi peu possible que ce que nous avons
montr6 auparavant dans un autre cas, oui en vertu du
mmeeprincipe cartesien general, on pourrait gagner le
triple de la force sans aucune raison t. )
Cette discussion avec l'abbe de Conti nous fait passer de la critique de la loi cart6sienne elle-meme a
celle des regles qui avaient ele formulees pour les diff6rents cas du choc de deux corps, et qui se trouvaient
etre aux yeux de Descartes de simples applications de
cette loi. Elles sont assez souvent dans les 6crits de
Leibniz l'objet de vives attaques Outre qu'elles
rappellent constamment un principe dont la faussete a
ete demontree, et encourent par consequent des reproches analogues aux precedents, il est un argument
que Leibniz invoque frequemment contre elles, c'est
qu'elles impliquent une discontinuite flagrante dans
la suite des phenomenes. Exemple: si deux corps B
et C vont Fun vers l'autre avec des vitesses egales, B,
etant plus grand que C, Descartes veut que C se reflechisse en gardant sa vitesse, sans querien soit change au
mouvement de B; tandis que si B et C etaient egaux
ils se r6flechiraient tous deux d'apres Descartes
(comme aussi d'ailleurs d'apres Leibniz) dans des directions opposees a celles qu'ils avaient d'abord. Des
lors imaginons que dans le cas ou B et C sont in6gaux,
nous fassions d6croitre peu a peu leur diffdrence de

1. Replique a l'cibbe de Conii. III, p 197.