Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

170 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
cartes atant de beaux resultats, n'est autre que l'analyse
des anciens'.
III
Au surplus, il est temps de se demander qui done
a raison des hommes du xvIIC siecle ou de ceux du XIXe.
Ceux-la ont-ils exagere l'importance du lien qui les
rattachait aux anciens? Ou est-ce nous qui avons decidement oublie ce que leur doivent les mathematiciens
modernes? Je ne crois pas qu'une hesitation soit possible. Si nous faisons abstraction des progres realises
dans l expression, dans la forme du langage quantitatif, progres auxquels les geometres du xvIe et du
xvIIe siecle,notammentViete et Descartes, out tant contribue, la geometrie analytique, la definition et l'etude
des courbes d'apres les relations quantitatives qui lient
les coordonnees d un point, la recherche et le maniement des lieux correspondant aux egalites ou entrent
des combinaisons de longueurs et de surfaces, en particulier l'application de ces lieux a la construction de
certaines longueurs inconnues, tout cela a ete manifestement l'oeuvre des Grecs.
Et d'abord il n'est pas necessaire, je crois, d'insister
sur lerreur de cette formule dont on a abuse, et qui
montre dans la Geometrie de Descartes la premiere
substitution de la quantit6 a la forme pour l'6tude des
courbes. II n'est pas une courbe, pas meme le cercle,
dont la definition et l'etude geom6trique ne s'accompa1. Descartes d'ailleurs, quand il ne s'agit plus de lui, mais de
ses contemporains, comme Fermat, de qui il a lu au moins, ace
moment, le traite de Maximis et Minimis, declare que ( aucun n'a
rien sceu faire que les Anciens aient ignore ). (Lettre a Mersenne,
t. I, p. 479.)