Nouvelles études sur l'histoire de la pensée scientifique, par G. Milhaud.

128 ETUDES SUR LA PENSEE SCIENTIFIQUE
'etaient decidement plus importants et plus riches qu'on
ne le soupconnait encore generalement il y a une
dizaine d'annees.
Quoiqueles Sulvasutras d'Apastamba aient ete ecrits
cent ou cent cinquante ans apres que vivait Pythagore,
il est fort douteux, nous l'avons deja dit, qu'ils se ressentent de l'influence grecque. Faut-il admettre qu'il y
ait eu s6parement dans l'Inde et en Grande Grece developpements simultanes et paralleles de la geometrie?
Tel n'est pas mon sentiment. Si nous devons penser
desormais que les connaissances dont temoigne le traite
hindou ne venaient pas des Grecs, il n'y a plus de
raison pour les dater du temps ou 6crivait Apastamba
et pour ne pas admettre que ces connaissances 6taient
deja anciennes, sinon toujours dans l'Inde, au moins
quelque part en Orient ou en Egypte, ou Cantor nous
a montr6, deux mille ans avant J.-C., la mention de
triangles se d6duisant par similitude du triangle 3-4-5.
Le meme Cantor, d'ailleurs, a suffisamment justifi -
comme essayait dejai de le faire Bailly, pour son hypothese du peuple primitif disparu, mais avec beaucoup
plus de documents positifs - des communications
fort anciennes, sur le terrain scientifique, entre Egyptiens, Chaldeens, Hindous et Chinois. D'Egypte le
passage en Ionie et en Grande Grece nous parait naturel, et nous comprenons mieux que l'oeuvre des pythagoriciens se presente comnre la suite destravaux que
le traite d'Apastamba lui-nieme nous aide a connaitre.
Reste a faire voir alors quelle idee nouvelle et desormais plus exacte il nous donne de l'heritage transinis
par l'Orient a la Grece, et le mieux pour cela est de
montreren germe, dans les richesses qu'il contient,
quelques-unes des idees directrices fondamentales de
la mathematique future.