Memoirs presented to the Cambridge philosophical society on the occasion of the jubilee of Sir George Gabriel Stokes, bart., Hon. LL. D., Hon. SC. D., Lucasian professor.

xxiv ALFRED CORNU, LA THÉORIE DES ONDES LUMINEUSES: La théorie des ondes retombait donc encore une fois dans l'obscurité des controverses, et le terrible argument de la propagation rectiligne se dressait de nouveau contre elle. Les plus habiles géomètres de l'époque, Laplace, Biot, Poisson, s'étaient naturellement rangés à l'opinion newtonienne: Laplace en particulier, le célèbre auteur de la Mécanique céleste, avait même pris l'offensive; il était allé attaquer la théorie des ondes jusque dans le plus solide de ses retranchements, celui qui avait été élevé par l'illustre Huyghens. Huyghens, en effet, dans son Traité de la Lumière, avait résolu un problème devant lequel la théorie de l'émission était restée muette, à savoir, l'explication de la biréfringence du cristal d'Islande; la théorie des ondes, au contraire, ramenait à une construction géométrique des plus simples la marche des deux rayons, ordinaire et extraordinaire; l'expérience confirmait en tous points ces résultats. Laplace réussit, à son tour, à l'aide d'hypothèses sur la constitution des particules lumineuses, à expliquer la marche de ces étranges rayons. La victoire de la théorie particulaire paraissait donc complète: un nouveau phénomène arrivait même tout à point pour la rendre éclatante. Malus découvrait qu'un rayon de lumière naturelle, réfléchi sous un certain angle, acquiert des propriétés dissymétriques semblables à celles des rayons du cristal d'Islande; il expliqua ce phénomène par une orientation de la molécule lumineuse, et, en conséquence, nomma cette lumière, lumière polarisée; c'était un nouveau succès pour l'émission. Le triomphe ne fut pas de longue durée; en 1816, un jeune ingénieur, à peine sorti de l'École Polytechnique, Augustin Fresnel, confiait à Arago ses doutes sur la théorie en faveur et lui indiquait les expériences qui tendaient à la renverser; s'appuyant sur les idées d'Huyghens, il avait attaqué la redoutable question des rayons et des ombres et l'avait résolue; tous les phénomènes de diffraction étaient ramenés a un problème d'analyse et l'observation vérifiait merveilleusement le calcul. Il avait, sans les connaître, retrouvé les raisonnements de Young, ainsi que le principe des interférences; mais, plus heureux que lui, il apportait l'experimentzum crucis, l'expérience des deux miroirs; là, deux rayons issus d'une même source, purs de toute altération, produisent par leur concours, tantôt de la lumière, tantôt de l'obscurité. L'illustre Young fut le premier à applaudir au succès de son jeune émule et lui témoigna une bienveillance qui ne se démentit jamais. Ainsi, grâce à l'expérience des deux miroirs, la théorie du D' Young, c'est-à-dire l'analogie complète du rayon lumineux et de l'onde sonore, est solidement établie. En outre, la théorie de la diffraction de Fresnel montre la cause de leur dissemblance; la lumière se propage en ligne droite parce que les ondes lumineuses sont extrêmement petites; au contraire, le son se diffuse parce que les longueurs des ondes sonores sont relativement très grandes. Ainsi s'évanouit la terrible objection qui avait tant tourmenté l'esprit du grand Newton. Mais il restait encore à expliquer une autre différence essentielle entre l'onde lumineuse et l'onde sonore; celle-ci ne se polarise pas, comment se fait-il que l'onde lumineuse se polarise? La réponse à cette question paraissait si difficile que Young déclara renoncer à

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Title
Memoirs presented to the Cambridge philosophical society on the occasion of the jubilee of Sir George Gabriel Stokes, bart., Hon. LL. D., Hon. SC. D., Lucasian professor.
Author
Cambridge Philosophical Society.
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Page XVI
Publication
Cambridge,: The University press,
1900.
Subject terms
Physics.
Mathematics.
Stokes, George Gabriel, -- Sir, -- 1819-1903.

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"Memoirs presented to the Cambridge philosophical society on the occasion of the jubilee of Sir George Gabriel Stokes, bart., Hon. LL. D., Hon. SC. D., Lucasian professor." In the digital collection University of Michigan Historical Math Collection. https://name.umdl.umich.edu/abn6101.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 24, 2025.
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