Memoirs presented to the Cambridge philosophical society on the occasion of the jubilee of Sir George Gabriel Stokes, bart., Hon. LL. D., Hon. SC. D., Lucasian professor.

LA THÉORIE DES ONDES LUMINEUSES:
SON INFLUENCE SUR LA PHYSIQUE MODERNE*.
PAR ALFRED CORNU,
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES ET DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES,
PROFESSEUR A L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE.
THE REDE LECTURE (1er JUIN 1899).
Notre époque se distingue des âges précédents par une merveilleuse utilisation des
forces naturelles; l'homme, cet être faible et sans défense, a su, par son génie, acquérir
une puissance extraordinaire et plier à son service des agents subtils ou redoutables, dont
ses ancêtres ignoraient même l'existence.
Cet admirable accroissement de la puissance matérielle de l'homme dans les temps
modernes est dû tout entier à l'étude patiente et approfondie des phénomènes de la
Nature, à la connaissance précise des lois qui les régissent et à la savante combinaison
de leurs effets.
Mais ce qui est particulièrement instructif, c'est la disproportion qui existe entre le
phénomène primitif et la grandeur des effets que l'industrie en a fait jaillir. Ainsi, ces
formidables engins fondés sur l'électricité ou la vapeur ne dérivent ni de la foudre, ni
des volcans; ils tirent leur origine de phénomènes presque imperceptibles qui seraient
* En dehors de l'intérêt que présente un coup d'ceil se borne à décrire les faits, puis les résume dans un énoncé
d'ensemble sur les progrès et l'influence de l'Optique, cette empirique, sans explications hypothétiques. Il se défend
lecture offre les conclusions d'une étude approfondie du même de faire aucune théorie, quoique l'intervention des
Traité d'Optique de Newton. On verra que la pensée du ondes excitées dans l'éther lui apparaisse comme fort progrand physicien a été singulièrement altérée par une sorte bable. De sorte que l'impression générale résultant de la
de légende répandue dans les traités élémentaires où la lecture du Traité d'Optique, et surtout des "Questions" du
théorie de l'émission est exposée. Pour rendre plus claire troisième livre, peut se résumer en disant que Newton,
la théorie des accès, les commentateurs ont imaginé de loin d'être l'adversaire du système de Descartes, comme on
matérialiser la molécule lumineuse, sous la forme d'une le représente généralement, est, au contraire, très favoflèche rotative se présentant alternativement par la pointe rable aux principes de ce système: frappé des ressources
et par le travers. Ce mode d'exposition a contribué à qu'offrait l'hypothèse ondulatoire pour l'explication des
faire croire que toute la théorie newtonienne de l'émission phénomènes lumineux, il l'aurait sans doute adoptée, si
était renfermée dans cette image un peu enfantine; il n'en l'objection grave relative à la propagation rectiligne de la
est rien. Nulle part, dans son Traité, Newton ne donne lumière, résolue seulement de nos jours par Fresnel, ne
une représentation mécanique de la molécule lumineuse: il l'en avait détourné.