Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.

LA PHYSIQUE ET LA BIOLOGIE ' 574
voir que la mathématique déborde effectivement le domaine de
la quantity, pour comprendre diverses formes d'ordre, et, en
particulier, cette ordination spatiale qui permet de constituer
l'univers conmme un vaste réseau de relations et de fonctioins.
En fait, la mathématique représente l'effort le plus puissant
peut-6tre et le plus solide du génie humain. On:n'a pas le droit
d'affirmer a priori que l'efficacité en sera limritée au:'domaine
physicochimique, Même,, à proplrment parler, on n'a pas le
moyen de dire avec.certitude à quel degré de la réalite s'asrrte
le domaine:physioochimique; l'unité- des sciences thysiques
consiste avant tout dtans la determination des procedes experimentaux dont elles font. usage. Que la vie, onsid'rce dans a
donnée immédiatQ, répugne a se laisser saisir tout entiere par
ces prqcédés, nul ne le conteste;.mais le rôle.de -'investigatton
scientifique est de passer par-desus -l'apparence immnédiate, et
ce que nous enseigne le pass de la biologie, c'est qu'aucune
solution n'a jamais été regardée comme definitive qu'à la condition d'avoir été obtenue par les- méthodes phy sicochimîiques.
D'autre part, si nous supposons que l'explication physicochimique ne suffise pas à rendre compte de la viem il faru ailors
puisque tout ce qui peut être atteint du dehors est matitrei q.e
ta biologie fasseo appel à une autre rméthode que l'analyse., et
cherc'e à se donner l'intuition inierne du tout organique. 0,
d'où pour a lui veniru une telle intuitison? Encore une lois, ce ne
sera pas de la psychologie; l'apport-de la psychologie e borne
à la conscience que 'i ndividu prend de luin-mme, en approfonndissant ce qui le carac'térise comme tel en. s'isoani d-a- s so a
irréductible originaite.- 'L animisme, je -vitalisme, q1ui cherchent
dans l'être pris. par- de l'univers le. principe,,r es oantCions.
origaniques, se sont, montrés s.cientlfiquement et phxiosophiq'uement stériles. En faith, la bioogie s'est engage dans 'un eO tout
autire voie; elle a cherche à concevoir dans son unité. le jeu
d'actions et de réactions qui relie le d'éveloppement des fon-etions
organiques au champ immense: des fores naturelles'.la solidarity'
intime de -lindivdidu et de 'univers. Cette liaison peeut,s'éclairer
la laumière de la pensée, non de la pensée enter idul come ' n
perpétuel repliement sur soi et destinée à perdre jusqu'a'u
sentiment de sa propre existence, mais de la pensée capabled'expansion au:dehOrs;: déployant les -ressources de l'imagination' et de la réflexidl' pour s'assimiler l'univers et le rendre
immanent au moi. Or une telle pensée, c'est, avant; tout, la
mathématique, en tant qu'elle lance à travers le monde un
vaste courant d'intellectualité, qu'elle- prépare le:réeau des