Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.

O)iDF^lNATON IDU MIL:EUl DE I.ACT{ON., '
rnal pose. Nous ne rnussissions pas, en effet; à nons représenter,
sojt des données tactiles, soit des données visuelles; qui seraient
tei)ne.dues, ou plus, géné;raemenit même, à imagine un élément
d'expérience qui serait en dehors de l'espace. tl n'y a pas plis
de contraire à l'idée d'espace qu'à lidée d'expérience; il ne peut
y avYoir de contraire quà a certaines déterminations- de l'étendlue.
En fait, lorsqu'on pretendait que lees donese la
c.onsienc-e sensible étaient inétendues, on voulait dire seulement
qu'elles n'étaient pas d'elles-mêmes ordonnées dans un milieu
lhomogène et continu; et, nne fois explicitéeè, la tihe est a peu
près évidente. Seulement, elle cesse d exclude ce que l'on prenait
pour la thèse oppose, I s<avoir que les sensations de tact ou
de couleur sont étendues a leur manière
Les cou!eurs sont des teaches s ans form définie, sans orientation, sans place fixe. Nous les concevons par comparaison
avec les phosphènes errant devant les yeux qui se sont laissés
éblouir par le soleil; il ne nous est pourtant pas possible de nous
représenter des taches qui n'aient pas un rudiment d'étendue, pas
plus qu'itl ne nous est possible de nous représenter des sensations tactiles qui n^offriraient pas une sorte d'intensité massive,
inseparable de l'étendue.
Sans doute, puisque ces sensations n'apportent avec elles
aucune juxtapositionl, aucun ordre de connexion, nous ne pourions, semhbe-t-il, pour les relier entre elles, recourir qu'aux
formes d'association entre images, et nous les verrons défiler
dans ce tourbillon sinterne qui s'appelle confinu psychologique,
Mais ce contilu psycholoogique 3n'existe, à vrai dire, que pour
le psychologue lui-même; il nait de l'attitude abstraite qu'il
adopte en efftaant un à un les divers objets de sa pensée et en
évoquant par une sorte de divination l'image d'une conesthésie
primitive. En fait, les variations de la vie consciente sont inséparablees des efforts musculaires et des mouvements que l'être
accomplit. Or l'action d'un être intelligent corstitue naturellement une série de moments qui présentent un rapport nécessaire de subordination: s'arm-er purIOU l.a chasse, <ourir en plaine,
tirer sur le gibier, le ramasser ei le ramener. Les notions de
connexion logique, d'ordre irréversible, sont donc inpliquées
dans la notion de Faction. C'est note action qui sous-tend aux
états -de conscience uin ri:.ceauJ d'objectivité: la donnée visuelle
con:stituie 'objet lorsqu',lle s'accompagne de la donnee tactile,
lorsqu'au iite-tre du movement pourlt s'('mparer de l^objet les
muscles des 'eu:x amn neni ia convergence it ae i'aco0mmodaftiot i
das rayons vi.ueas, et nous fournissent ainsi des images en cor