Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.

LE RÉALISME SPATIAL 233 ~ Mes méditations fondamentales, écrit-ilà ' llectrice. Sophie, roulent sur deux choses, savoir sur l'unité et sur l'infini. Les ames sont des unités, et les corps sont des multitudes'. ~ Or, l'âme unit n'est pas l'é61ment du corps multitude; au contraire, la multitude étalée dans l'étendue est relative à l'unité du sujet qui est le centre de la perception. La logique de l'idéal, en tant qu'elle contredit l'ordre des sens et de la matière, en tant qu'elle va de la multitude a l'unité, non de l'unité à la multitude, est donc impliquée dans la solution que Leibniz donne au problème fondamental des rapports entre le corps et lâme. Elle permet à la fois de fonder la théorie de la monade sur la continuity de la vie intérieure, et d'égaler cette vie intérieure à la vie universelle. L'espace, au lieu d'être intellectuel, mais réel, cormme le voulait Descartes, devient chose ~ veritable mais idéale' ~. Il ne peut plus prétendre à la dignité de la substance; il est un ~ ordre de simultanéité ~, extrait par la réflexion de l'ensemtble dès perceptions, relatif à l'existence originelle de la monade en qui l'univers est compris. Au r6alisme de Newton, qu'il soupçonne de favoriser les tendances matérialistes, Leibniz opposera l'idgalité de l'espace, et l'idéalité corrélative du temps, comme les bases de l'affirmation spiritualiste: (( La source de nos embarras sur la composition du continu vient de ce que nous concevons la matière et l'espace comme des substances, au lieu que les choses matérielles en elles-mêmes ne sont que des phénomènes bien réglés: Spalium nihil aliud est precise quam ordo coexisfendi, ut Tenipus est ordo existendi, sed non simul. Les parties autant qu'elles ne sont point marques dans l'étendue par des phéinomènes effectifs, ne consistent que dans la possibilité, et ne sont dans la ligne que comme les fractions sont dans l'unité.t'. ~ LE RÉALISME SPATIAL 137.'- Ainsi la logique de l'idéal correspond non pas seulement à un idéalisme mathématique, mais à-Un idéalisme métaphysique, dont Leibniz aperçoit les consequences avec autant de netteté que les principes. Le bienfait' de l'idéalisme, c'est d'écarter, dès leur énoncé même, les problèmes insolubles aux1. Lettre du 4 novembre 1696, G, vII, 542. 2. Cf. Apostille eune lettre à l'abbé de Conti, Biefwechsel, éd. Gerhardt,,,265. L'espace et le temps ~ sont des choses véritables, mais idéales, commune es nombres ~. 3. Lettre à emrond, du 14 mars 1714, G, I11, 612.

/ 603
Pages

Actions

file_download Download Options Download this page PDF - Pages 230-249 Image - Page 230 Plain Text - Page 230

About this Item

Title
Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.
Author
Brunschvicg, Léon, 1869-1944.
Canvas
Page 230
Publication
Paris,: F. Alcan,
1922.
Subject terms
Mathematics -- Philosophy

Technical Details

Link to this Item
https://name.umdl.umich.edu/aan8827.0001.001
Link to this scan
https://quod.lib.umich.edu/u/umhistmath/aan8827.0001.001/244

Rights and Permissions

The University of Michigan Library provides access to these materials for educational and research purposes. These materials are in the public domain in the United States. If you have questions about the collection, please contact Historical Mathematics Digital Collection Help at [email protected]. If you have concerns about the inclusion of an item in this collection, please contact Library Information Technology at [email protected].

DPLA Rights Statement: No Copyright - United States

Manifest
https://quod.lib.umich.edu/cgi/t/text/api/manifest/umhistmath:aan8827.0001.001

Cite this Item

Full citation
"Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg." In the digital collection University of Michigan Historical Math Collection. https://name.umdl.umich.edu/aan8827.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed April 29, 2025.
Do you have questions about this content? Need to report a problem? Please contact us.