Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.

L'ALGÈBRE ET L'ANALYSE 207 analyse remarquable et différant en cela de l'algèbre que l'algèbre... considère comme connue la quantité inconnue, et part de là pour l'égaler avec les connues, et en chercher la valeur; au contraire l'aalyse, procédant uniquemnent à l'aide de quantités connues, obtient directement l'inconnue. Ce qui, ajoute Leibniz, est d'un grand usage: lorsqu'il est impossible d'obtenir par l'aigèbre la valeur rationnelle de l'inconnue, on peut y arriver néanmoins grace à cette méthode, en faisant intervenir une série infinie. )) Ces réflexions suffisent à mettre déjà dans un relief saisissant la différence du malthmacisme leibnizien et du mathémalisme cartésien. La raison, chez Descartes repose sur un fond d'évidence et de simplicité. Le philosophe définit ce qui est absolument clair en soi, ce qui présente le maximum de simplicité; il pose le type de la relation intelligible: mesure des dimensions analogues aux dimensions spatiales, ou transformation des équations algébriques; il constitue la science par la combinaison de ces relations intelligibles. Les problèmes qui ne rentrent pas dans les cadres de ces relations échappent aux prises de la raison humaine; Descartes n'hésite guère, on l'a vu, à 'les croire à jamais insolubles. Une telle conception rappelle le dogmatisme de l'antiquité; c'est ainsi que la spécllation pythagoricienne avait commencé par identifier la raison universelle avec la pensée proprement arithmétique, au risque de se heurter aux paradoxes et aux contradictions nées de la découverte des irrationnelles. C'est ainsi qu'avec le système classique de Ptolémée l'astronomie hellénique procède du principe que tout mouvement céleste est nécessairement circulaire, jusqu'à ce qu'elle se perde dans l'enchevêtrement des cycles et des epicycles. Les embarras qui ont entraîné l'échec, ou tout au moins limits la portée, de ces diverses doctrines décèlent la faiblesse du préjugé dogmatique. La meilleure méthode pour l'intelligence inathématique de l'univers n'est nullement celle qui, dans certains cas élémentaires, présente l'application la plus facile; car cette facility même., de nature à séduire le 'philosoph.e, paralyse le savant eni présence des problèmes complexes que la r6alité ne peut manqucr de poser. C'est celle qui dans l'apparence du simple sait déjà discerner la complexité, 1' immense subtilité ~, caractéristique du réel; les principes n'y sont plus des formes déterminées et closes, destinées à opérer la cristal1. M, VIt, 129. 1

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Title
Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.
Author
Brunschvicg, Léon, 1869-1944.
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Page 190
Publication
Paris,: F. Alcan,
1922.
Subject terms
Mathematics -- Philosophy

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"Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg." In the digital collection University of Michigan Historical Math Collection. https://name.umdl.umich.edu/aan8827.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed April 29, 2025.
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