Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.

LES SÉRIES INFINIES 183 infinitésimal, celle mlême o on a cru voir quelquefois le secret de la découverte de Newton et de Leibniz. Le rapport entre ce qui sera le calcul différentiel et ce qui sera le calcul integral est marqué par la recherche d'une ~ converse ~ pour la règle des tangentes. Et ainsi, quoique les operations équivalentes à l'intégration eussent été pratiquées dans l'antiquité, c'est la voie tenant de la différenciation à l'intégration qui a été reconnue la premiere. Il est vrai que les mathématiciens français n'ont pas réussi à parcourir effectivement cette voie. 11 leur eût fallu pour cela poser sur le terrain de l'analyse abstraite les problèrmes qui jusqu'ici avaient été résolus par les méthodes mécaniques ou géométriques d'intégration. Or cela dépassait les ressources des savants de la premiere moitié du xvIIe siècle; ils ne soupçonnaient pas, en effet, que la connaissance des fonctions transcendantes était en réalité acquise à la science depuis la découverte des logarithmes; ils ne voyaient dans les tables de Neper ou de Briggs qu'un travail de praticien, une technique utilitaire, comparable à ce qu'était au temps de Pythagore la logistique pour les théoriciens de l'arithmétique, destinée à demeurer dans l'ombré alors même qu'elle a été utilisée pour la découverte ou la vErification. Voilà pourquoi l'étude des séries infinies se trouva décisive pour la découverte du calcul infinitesimal. Non que la sommation d'une sêrte infinie constitue déjà une intégration. - ~J'ai observé, écrit Leibniz à Fontenelle, qu'il y a deux manières de venir aux sommes des aires ou aux rectifications des courbes par l'infini: l'une par les infiniment petits, ou quantités élémentaires, dont on clherche la somme; l'autre par une progression des termes ordinaires dont on cherche ou la somme ou la terminaison lorsqu'elle se termine enfin dans ce qui enveloppe l'infini..., et cette méthode diffère toto genere de notre calcul des differences, des sommes2. ~ - Mais la méthode par les séries apportait aux mathématiciens la certitude que l'infini était susceptible d'être manié sans qu'on eût à passer par le détour de l'image spatiale (~ Nous pouvons certainement concevoir aujourd'hui, dit Paul Tannery, la notation de Leibniz développée et applique sans l'emploi des series; mais au xvil siècle la chose n'était pas possible, parce que le concept général de fonction.. Loc. cit. AT, 1I, 5i4, 2. Lettre du 12 juillet 1702. Lettres et opuscules inddits, publiés par Foucher de Careil, 1854. p. 213.

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Title
Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg.
Author
Brunschvicg, Léon, 1869-1944.
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Publication
Paris,: F. Alcan,
1922.
Subject terms
Mathematics -- Philosophy

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"Les étapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschvicg." In the digital collection University of Michigan Historical Math Collection. https://name.umdl.umich.edu/aan8827.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed April 29, 2025.
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