Les hommes de révolution Aguinaldo et les Philippins / par Henri Turot; préface par Jean Jaures.

56 AGUINALDO ET LES PIIILIPPINS
cains l'obligeaient A& d~clarer que la terre dtait
immobile; c'est aussi la devise du progr~s humnain. On violentera quelques volont~s, on sacrifiera
quelques individus, qu'importe: le progr~s poursuivra sa. route et le sang de ceux qui sont tonbeds
fertilisera le sol d'oh' s'016veront de nouveaux re.jetons. Voyez I la presse, si r6trograde qu'elle
veuille Mtre, fait aussi sans le vouloir un pas en
avant; les dominicains eux-m~mes n'6chappent.
pas ai cette loi; ils imitent les j~suites, leurs irr&
conciliables ennemis, ils donnent des fetes dans
leurs couvents, 6b16vent de petits thdatres, cornposent des po6sies, parce que, comme Us ne
manquent pas d'intelligence bien que se croyant au
Xye sikcle, ils comprennent que les jdsuites ont
raison slils veulent encore prencire part 'a Favenir
des peuples jeunes qu'ils ont instruits.
-Selon vous, les je'suites vont avec le progr~s?
demanda ktonn6 D. Filipo, pourquoi' done les combat-on en Europe?
-Je vous r~pondrai comme le fit un eccl~siastique ancien, r~pliqua, en reposant sa tPte sur
I'oreiller, le Philosophe dont la physionomie reprit
son air moqueur. II y a trois mani4~res de marcher
avec le proor~s:devant, 'a c6td et derri~re; les
premiers le guident, les seconds le suivent, les derfliers sont entrain~s:c'est de ceux-la' que sont lesjd&
suites. Ils auraient bien Youlu diriger le mouvement,
inais comme ius le voient puissant, anim6 de ten