Les hommes de révolution Aguinaldo et les Philippins / par Henri Turot; préface par Jean Jaures.

LA DOMINATION ESPAGNOLE 35
le moment, maintenant, d'y insister davantage.
Au retour d'un voyage aux Philippines, le docteur Ponto de Guimaraes fit de Fadministration
espagnole un tableau saisissant, qui montre jusqu'a
quel point ataient cyniquement pressures les malheureux indig6nes. L'auteur s'exprime ainsi:
Les rouages du gouvernement espagnol aux Philippines sont des plas conpliquus. Le gouvernement central, dont le si6ge est a Manille, a a sa
t6te un gouverneur g6ndral nomm6 pour trois ans,
aux appointements de 200,000 francs par an. Ce
gouverneur est assiste d'un nombreux 6tat-major et
de deux assembldes appeldes: Direction gr6ndrale de
'Administration civile et Conseil administratif.
Quant a la division du pays, elle est tout ce qu'il y
a de plus baroque, au moins en apparence, car des
mesures ont 6t6 prises en vue de comprimer, sans
etre incessamment g6nO par les lois, jusqu'a la
moindre velldite d'ind6pendance de la part des
habitants. La colonie comprend des provinces
civiles, des provinces militaires et des provinces
mixtes participant A la fois des deux regimes.
Chaque province est administrde par un gouverneur, dont le traitement varie de 7,500 a 10,000
francs par an. II va sans dire que chaque gouverneur s'offre, tout comme le gouverneur gdndral,
le luxe d'un v6ritable etat-major, payD naturellement par les contribuables. On comprend les avantages d'un pareil syst6me pour pressurer les