Les hommes de révolution Aguinaldo et les Philippins / par Henri Turot; préface par Jean Jaures.

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AGrUINALDO ET LES PHILIPPINS

trompe, une des victimes surv6cut et s'6chappa de
cet enfer: c'est elle-meme que nous allons entendre raconter les details de cet horrible episode.
( En aouft, dit Tung-Tao', je faisais A cheval,
avec un d6tachement d'ane centaine de mes m6tis,
une reconnaissance dans la forkt aux abords de
Manille. J'avais pr6s de moi mes freres Tung-Illin
et Tung-Dow. Nous nous heurtames A un d6tachement de cavalerie espagnole plus nombreux que
le n6tre et duimes battre en retraite. Elle nous etait
coup6e par une colonne d'infanterie. Nous luttion s
corps a corps, buttant sur les blesses, aveugles par
la fumde, quand je perdis connaissance, frapp6 d'un
coup de sabre A la tote. Lorsque je revins a moi,
nombre de mes hommes gisaient morts; les autres
d6chiraient leurs vdtements en lanibres pour panser
leurs blessures. En face, assis sur le cadavre d'un
cheval, quatre Espagnols famaient. Je leur demandai un peu d'eau a boire. Ils me refuserent avec des
rires insultants, et l'un d'eux, se levant, vint a moi
et me rejeta par terre d'un coup de poing au visage.
Je ne dis rien... Un m6tis se tait, mais se venge.
) Les freres 6taient garrotths A mes co6ts. En
tout, nous dtions soixante-dix prisonniers. Les plus
grievement blesses furent achevds sur place a
coups de bAton. On ne me tua pas parce que, etant
un chef, les inquisiteurs me r6servaient une mort
1. Ce rdcit est emprunte a l'ouvrage de M. Tarrida del Marmol,
Les ln2uisiteurs d'Esvagne, Paris, 1897.