Les œuvres libertines de Cyrano de Bergerae ... / précédées d'une notice biographique par Frédéric Lachèvre.

LE MINISTRE D'ETAT FLAMBE

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Pretendoient ici quelque place,
Et vous esleviez ces magots
Pour nous en laisser de la race.
Elles avoient fait leurs adieux
A leurs parens de gueuserie,
Pour s'accoupler a qui mieux mieux
Aux Candales, aux Richelieux,
Aux grands maistres d'artillerie,
Ravis de voir en d'autres lieux
Les singes et la singerie.
Vous n'avez point encore jeusnd
Ny'Vendredy-sainct ny Vigile;
L'innocent par vous condamne
A bien plus souffert qu'un damn6,
Que dis-je, un damne? plus que mille.
Ou, pour n'estre pas malmene,
11 a fallu qu'il ait fait gille'.
Vous avez cr6e des imposts
Sur les plus simples marchandises;
Vous avez fait mal A propos
Enchdrir la liqueur des pots
Pour qui je vendrois mes chemises,
Et prenez de nostre repos
Les usures et les remises.
Vous voyez nos maux sans blesmir;
Ils frappent en vain vostre oreille,
Vostre cr6dit veut s'affermir
Sur des taxes qui font frOmir;
Et si vostre fureur sommeille,
Pour nous empescher de dormir
Le Moine-bourru la resveille'.
Par vous le Conseil infecte'
N'a plus rien de bon que la mine;
II se porte A l'extrmmit6,
Pour nous oster la liberte
D'avoir icy quelque farine,
Et vous nous avez tout oste,
Hors la crainte de la famine.
(1) Disparattre, s'enfuir. -(2) On appelait ainsi un fant6me habilld en moine qui
courait les rues pendant la nuit et maltraitait les passants. - (3) Le Conseil de regence
qui siegeaita Saint-Germain oi dtait la Cour. - (4) Pendant le siege et le blocus de Paris.

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