Les œuvres libertines de Cyrano de Bergerae ... / précédées d'une notice biographique par Frédéric Lachèvre.

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62 LE PEDANT JOUE, COMEDIE

CRASTEAUFORT
Vous voyez, Docteur, pour ne vous pas enveloper dans le d6sastre de
ce coquin, j'ay pfi me r~soudre & luy pardonner..
SCENE III
MANON, GRANGER, [PAQUIER], LA TREMBLAYE,
CHASTEAUFORT
MANON4
Ah I Monsieur de La Tremblaye, mo~n Cher Monsieur, donnez la vie
i mon Pore, et je me donne & vous. Bon Dieu, j'"estois dans, le Collige
attendant qu'iI fust arriYe pour fermer les portes de nostre logis ", lors que
j'ay entendu un grand bruit dans la rue. Le Coeur aussi-tost- m'a dit qu'indubitablement ii avait eu quelque mauvaise rencontre. H61as!I mon bon
Ange ne m'avertit point AL faux. Ii est vray, Monsieur, qu'i'l a mt~ritO la
mort d'avoir est4 surpris en volant vostre mai'son; mais je sgay bien aussi
que tous les gentilshommes sont g~n~reux, et tous les g~n~reux, pitoyables. Vous m'avez autrefois tant aim6e. Ne puis-je, en devenant vostre
Femme, obtenir de vous la grace de -mon PoreP Si vous c'royez que cecy
soit [dit] seulement pour vous amuser,' saisissez-pous de nzoy tout 'a' l'heure,
et tout, Ii 'heure allons consommer nostre mariage, pourveu qu'auparavant
vous me juriez de ne point egorger mon pauvre Pere-: Encore qu'il ne
t~moigne pas d'y consentir; excusez-le, Monsieur, c'est qu'il a le Coeur un
peu haut, et tout homme courageux ne fl*~chi't [pas], comme Vous s~avez,
que par contrainte,Y Mais pour luy sauver la vie, je ferois bien pis qu'une
d46sob~ssance
GRANGER
0 Dieux!I quelle fourbe!I Sans doute la miserable est d'intelligence
avec son traistre d'Amoureux. Non, non, ma Fille, non, vous ne 1'45pouserez
jamais.
MANON
Ah I Monsieur de La Tremblaye, arrestez. Je connoy, A vos yeux, que
vous l'allez tuer. Bon Dieu! faut-il voir massacrer mon P~re devant moy
ou mourir ignominieusement par les mains de la Justice pour un vol, alors
qu' il navoit pas acheve"? Done i l'Age oii je suis, il faut que je perde mon
P~re? Hi I pour I'amour de Dieu, mon P~re, mon pauvre P~re, sauvez,
en vous 11sauvant, la vie Let] l'honneur Avos enfants.- Vous voyez que La
Tremblaye est un brutal qui ne vous pardonnera jamais Isi vous ne devenez son beau-p~re. Pensez-vous que vostre mort ne me touche point I 0
dame, si est. Sgachez que je ne vous survivrois gu~res, et que mesme pour
vous sauver d'un p~ril encore moindre que celui-cy, je ne balancerois,a) 1654:montde. - b) promettiez de luy donner, la vie. -c) facilement. -
d) quo do lui ddsob~ir.,- e) vous.