Les œuvres libertines de Cyrano de Bergerae ... / précédées d'une notice biographique par Frédéric Lachèvre.

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LETTRES SATYRIQUES

a propos, car il est a tellement ennenry des pens6es que s'il attrape ma lettre, il dira b que je l'auray mal conclu lorsqu'il trouvera que je n'auray
pas mis [L la fin] sans y bien penser, [je suis] Monsieur, vostre serviteur.
Voici le paragraphe sur Mazarin ajoute dans l'imprime de
1654, c'est un eloge dithyrambique du Cardinal. Cet eloge,
posterieur a 1651 ou tout au nioins aux derniers mois de 1650,
etant donne la date du manuscrit de la Bibliotheque nationale,
est en contradiction absolue avec les mazarinades ecrites par
Cyrano au debut de 1648, et confirme notre hypothese, appuyee
sur sa Lettre contre les Frondeurs, que notre libertin est passe
dans le courant de 1651 (ou en 1652) aux gages de Mazarin:, Luy (Scarron) qui, persecute de trois fleaux, ne reste sur la terre
que pour estre aux hommes un spectacle continuel de la vengeance de
Dieu; luy dont la calomnie et la rage ont ose repandre leur escume sur la
pourpre d'un Prince de l'Eglise (Mazarih) et tasche d'en fairc rejaillir la
honte sur la face d'un Heros qui conduit heureusement sous les auspices
de Louys le premier Estat de la Chrestiente I Enfin tout ce qui est noble,
auguste, grand, et sacr6, irrite a tel point ce monstre que, semblable ou
Codinde aussi bien en sa difformite qu'en son courroux, il ne peut supporter
la vue d'un Chapeau d'escarlate sans entrer en fureur, quoy que sous ce
Chapeau la France glorieuse repose a couvert de ses ennemis.,
A UN COMTE DE BAS ALOY(1)
(Charles Griveau, sieur de Luroy)
Monsieur, je ne scay quelle bonne humeur de la Fortune ait voulu
qu'au mesme temps que vous lisiez mes informations, on me faisoit voir
les vostres, ou il est aver6, par tesmoins irreprochables, que Charles Griveau, sieur de Luroy d, Comte depuis trois jours, Comte fait I plaisir,
Comte pour rire, enfin si petit Comte qu'il ne l'est point du tout, vouloit
s'6riger en brave, malgre les salutaires conseils de son temperament pacifique; qu'il s'estoit si fort aguerry a la bataille des manchettes que, s'estant
imagin6 qu'un duel n'aboutissoit au plus qu'i la consommation d'une
demie-aulne de toile, il croyoit avoir trouve dans le linge de sa femme la
matiere de mille combats; qu'il n'avoit jamais est6 sur le pr6 que pour
paistre; [et enfin] qu'il n'avoit reul le baptesme qu'en consequence de celuy
que l'on donne aux cloches. Et ia fin d'exprimer en deux mots les conclusions du proces-verbal de Charles Griveau, qu'il estoit un faquin, -un sot et
un lasche. Sus done, efforcez-vous, mon pauvre petit monsieur e, grincez les
a) 1654: parce qu'il est. - b) si quelque jour cette lettre tomboit entre ses mains,
il prescheroit partout. - c) si apris qu'il auroit trouv6. - d) qu'un. - e) Sus done,
*fforces-vons, beau Damoisel, aux armes fdes.
(1) Ms., f. 198' CEuvres diverses, 1654. Lettres satyriques, XY (pour XYI), p. 191.