Les œuvres libertines de Cyrano de Bergerae ... / précédées d'une notice biographique par Frédéric Lachèvre.

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LETTRES SATYRIQUES

sa mort a une bibliotheque de papier blanc. Je trouve pourtant qu'il prouve
mal la noblesse b de ses pens6es de n'en tirer l'antiquit6 que d'un homme
qui vit encore; mais possible veut-il par l1t conclure a la Metempsicose, et
montrer que quaud il se serviroit des imaginations de Socrate, il ne les
voleroit point pour ce qu'il a este ce Socrate qui les imagina; et puis n'at-il pas assez de memoire pour estre riche de ce bien-la seul? Comment! il
l'a si grande qu'il se souvient de ce qu'on a dit trente siecles auparavant
qu'il fut au monde. Quant I moy qui suis un peu moins souffrant que les
morts, obtenez de luy qu'il me permette de dater mes pensees, afin que
ma postdritW ne soit point dourteuse. II y eut jadis une Deesse Echo, mais
je crois qu'il en est le Dieu, car c il ne dit comme elle d que ce que les autres
ont dit et le r6epte si mot 'a mot, que transcrivant [l'autre jour] une de
mes Lettres [il appelle cela composer], il a de la peine' de mettre vostre
serviteur de La Mothe f, parce qu'il y void g au bas, Vostre Serviteur, de
Bergerac.
CONTRE SCARRON, POETE BURLESQUE (1)
Monsieur. Vous me demandez ce que je pense de ce poete Renard, qui
trouve les mures trop vertes oui il ne scauroit atteindre, je vous reponds h que
je n'ay jamais veu de ridicule plus serieux, ny de serieux plus ridicule que
le sien. Le peuple l'approuve; apres cela, concluez! Ce n'est pas [toutefois] que je n'estime son jugement d'avoir choisi pour escrire un style
mocqueur, puisqu'en verite escrire comme il fait, c'est se mocquer du
monde, car de m'objecter i qu'il travaille d'une facon ou il n'a personne
pour guide, je vous l'advoue, mais aussi, par vostre foy J, n'est-il pas plus
ays6 de faire e( L'En6ide ) de Virgile comme Scarron, que de faire
e L'Endide )) de Scarron comme Virgile? A la verite,je n'ayjamais entendu
grenouille mieux coasser dans les Marais. Je scay bien que k vous me reproa) 1654: apres la mort, on inventorie le Cabinet de ses Livres, c'est-a-dire de
ceux qui sont sortia de son genie, tous ses ouvrages ensemble, ostant ce qui n'est
pas de luy, composeront. - b) II he laisse pas de vouloir s'attribuer les depouilles
des mqrts, et de croire inventer ce dont il se souvient; mais de cette fagon il prouve
mal la noble extraction. -c) celuy-cy sans doute en doit estre le Dieu, car de mesme
qu'elle,. - d) jamais. -) il eut toutes les peines du monde a s'empescher. -/) Beaulieu. - g) avoit. - h) quel jugement je fais de ce Renard, ia qui semblent trop
vertes les mdres ofu il ne peut atteindre; je pense que, comme on arrive i la connoissance d'une cause par ses effets, qu'ainsi pour connoistre la force ou la foiblesse de
l'esprit de ce personnage, il ne faut que jetter la veu8 sur ses productions: Mais je
parle fort mal de dire ses productions, il n'a jamais sceu que d6truire, tesmoin le
Dieu des Poetes de Rome qu'il fait encore aujourd'huy radoter. Je vous advoiieray
donec, au sujet sur lequel vous desirez avoir mon sentiment. - i) Ses Partisans ont beau
crier pour eslever sa gloire. - j) leur confesse; mais qu'ils mettent la main sur leur
conscience! En vnrite. - A) Pour moy, je m'imagine, quand il se mesle de profaner
le sainct art d'Apollon, entendre une grenoiiille faschde coasser au. pied du' Parnasse.
(1) Ms., f. 191. - (Euvres diverses, 1654. Lettres satyriques, X (pour XI), p. 160.
Dans les dditions postdrieures: Contre Ronscar.