Letters written by Sir W. Temple, Bart., and other ministers of state, both at home and abroad containing an account of the most important transactions that pass'd in Christendom from 1665-1672 : in two volumes / review'd by Sir W. Temple sometime before his death ; and published by Jonathan Swift ...

TO The Marquis OF Castel-Rodrigo.

Aix, April 28. S. N. 1668.

My Lord,

I Arrived yesterday in this City. This Afternoon I received a Visit from the Baron de Bargeyck, and another from Monsieur Colbert. I treated them both equally; upon a Mes∣sage by a Gentleman sent from the Baron to inform me, that he was already qualified, Ambassador of Spain by the Letters and Powers of the Queen her self. Monsieur Beverning vi∣sited me this morning Incognito; And, all that a great Indisposition will suffer me to tell you at present, is this; that it is not possible to make any other

Paces for saving the Netherlands, but by im∣mediately signing the Project sent to the Ba∣ron de Bargeyck: For every body expected the signing of it upon my arrival. The French Ambassador declares e∣very where, as he has already done to me, that he is ready to sign this very Evening, and in all Points as they have been couched by our own Ministers at Paris. And if the Baron makes any Exceptions or Difficulties, he is ready to give answer thereupon, according to his Instructions, and as he shall think conve∣nient: But, that Spain must impute to it self whatever may happen by this loss of Time. I see plainly, he is ready to second and assist the Baron de Bargeyck in any Delays that may be given to the Affair; And foreseeing that is must at length pass in the words of this Pro∣ject,

since we and Holland are already en∣gaged about it at Paris; He hopes either to see the Affair break, or have the Honour to make Spain yield at last upon all Difficul∣ties they first raised. In the mean while, Monsieur Beverning pre∣tends to think, that after the Orders given to the Baron de Bargeyck, and the Copies of them sent into Holland, no Difficulties can arise upon the Signing: And for me, I cannot re∣fuse to carry the Or∣ders, and am in the greatest pain imagina∣ble, to see the Baron still make a Difficulty to Sign without ano∣ther Order from your Excellency. There∣fore I desire you in the name of all those who wish well to the Affairs of Spain and of Christendom, to dispatch an express Command to the Baron, to Sign without further Tri∣fling,

and to send him Instructions for any thing that your Excel∣lency shall find conve∣nient to have negotia∣ted afterwards; in which I shall have Mon∣sieur Beverning's Assist∣ance, but not at all before the Project is signed.

If your Excellency will not think fit to comply with this; I discharge my self at least of all the fatal Effects that may arrive upon it. I desire your Excellency yet once more, to grant this Dispatch to the Instan∣ces of one who had sounded the Bottom of this Affair with all possible Attention, and all the Reflexions I am capable of making; and who forms a Judg∣ment of it, without o∣ther Passion than that I have for the preser∣vation of Flanders.

I am, &c.

Au Marquis DE CASTEL-RODRIGO.

A Aix le 28. Aur. S. N. 1668.

Monsieur,

I'Arrivay hier en cette ville. I'ay reçû cette aprés-dinée une visite de la part du Baron de Bar∣geyck, et une autre de la part de Monsieur Colbert. Je les ay traité tous deux egalement, sur la parole que le gentilhomme envoyé de la part du Baron m' a donne, que son Maitre etoit déja revetu du titre d' Ambassadeur, et qu'il etoit munides lettres et de pleins pouvoirs de la Reine elle même. Monsieur Be∣verning m'a aussi visité incognito ce matin; et tout ce qu'une grande in∣disposition qui me retient á present permet que je dise á V. E. c'est, qu'il ne reste plus d'autre demarche á

faire pour sauver les Païs bas, que de signer inces∣samment le projet envoyé au Baron de Bargeyck; cela est si vray que meme á mon arrivée tout le monde en attendoit la signature. Celuy de France declare par tout aprés avoir de∣claré á moy meme, qu'il est prêt de signer des ce soir même tous les points, tels qu'ils ont eté couchez par nos Ministres á Paris. Que si le Baron de Bar∣geyck fait ou des difficul∣tez, ou des exceptions, il donnera ses reponses con∣formement á ces instructi∣ons, et selon l'exigence des choses; et qu' aprés tout, l' Espagne ne doit attri∣buer qu' á elle seule les malheurs quipeuvent nai∣tre de tant de delais et de tems perdu. Je vois fort bien, qu'il est prêt á suivre et á aider le Baron de Bargeyck dans tous les re∣tardemens qu'on pourra ap∣porter á la conclusionde cet∣te affaire; et que prevoyant que l' Espagne doit enfin s' accommoder des conditi∣ons et des termes du traité,

veu l'engagement ou la Hollande et nous sommes dêja entrés par nos Mini∣stres á Paris; il se pro∣met ou de voir l'affaire se rompre, ou d'avoir la gloire de faire ceder l' Es∣pagne sur toutes les diffi∣cultez qu'elle aura mise en avant: Cependant, Monsieur Beverning ne s' attend point á voir sus∣citer de nouveaux ob∣stacles, et de nouvelles difficultez touchant cette signature, aprés des ordres donnez au Baron de Bar∣geyck, et dont les copies ont eté envoyées en Hol∣lande. Pour moy, aprés l'avoir promis, je n'ay pû reculer á porter les ordres, et je suis dans la plus grande peine du monde de voir que le Baron de Bargeyck fait difficultè de signer avant que d'avoir recçû un autre ordre de V. E. C'est pourquoy, je la supplie au nom de tous ceux qui souhaitent le bien des Affaires d' Espagne, et de la Chretienté, d'ordon∣ner par un commandement exprés, que l'ordre soit

signé, et qu'on n'y mar∣chande plus. V. E. donnera aussi ses avis au Baron de Bargeyck touchant ce qu'elle trouvera bon qui soit negotié dans la suite; cela fait, je pourray con∣ter sur le secours et l'••ide de Monsieur Beverning, du quel je n' attens rien, tandis que la chose sera comme elle est. En cas que V. E. suive d'autres voyes, je me decharge par avance de toutes les suites funestes qui en pourront arriver. Je supplis en∣core une fois V. E. de donner cela aux instan∣ces d'une personne qui á approfondi cette affaire, avec toute l'attention et la reflexion dont je suis capable; et qui en porte un jugement exempt de Passion, excepte celle qu'il á pour la conservation des Païs-bas.

Je Suis, &c.