¶ En toi je me veux réjouïr,
D'autre soulas ne veux joiiir,
O Tres-haut, je veux en cantique,
Celebrer ton Nom authentique:
¶ Parce que par ta grand' vertu
Mon ennemi s'enfuit batu,
Déconfit de corps & courage
Au seul regard de ton visage.
¶ Car tu m'as esté si humain.
Que tu as pris ma cause en main,
Et t'es assis pour mon refuge
En chaire comme juste Juge.
¶ Tu as défait mes ennemis,
Le méchant en ruïne mis:
Pour tout jamais leur renommée
Tu as éteinte & cohsumée.
{inverted ⁂} 1 ¶ Or ça ennemi caut & fin,
As-tu mis ton entreprise à fin?
As-tu rasé nos citez belles?
Leur nom est-il mort avec elles?
¶ Non, non: le Dieu qui est là haut
En regne qui jamais ne faut,
Son trône a dressé tout propice
Pour faire raison & justice.
¶ Là jugera-t'il justement
La terre ronde entierement,
$esant les causes en droiture
$e toute humaine creature.
¶ Et Dieu la retraite sera
Du pauvre qu'on pourchassera,
Voire sa retraite & adresse
Au plus dur temps de sa détresse.
¶ Dont ceux qui ton Nom connolstront,
Leur asseurance en toi mettront:
$ar, Seigneur, qui à toi s'adonne,
Ta bonte point ne l'abandonne.
{inverted ⁂} 2 ¶ Chantez en exultation
Au Dieu qui habite en Sion,
Preschez à gens de toutes guises
Ses oeuvres grandes & exquises.
¶ Car du sang du juste il s'enquiert,
Lui en souvient & le requiert,
Et jamais-la clameür n'oublie
De l'affligé qui le supplie.
¶ Seigneur Dieu (ce disoit-je en moi)
Voi par pitié que j'ai d'émoi
Par mes ennemis remplis d'ire,
Et du pas de mort me retire:
¶ Afin qu'au milieu de l'enclos
De Sion j'annonce ton los,
En démenant rejouïssance
D'estre recoux par ta puissance.
¶ Incontinent les malheureux
Sont cheus au piege fait par eux:
Leur pied mesme s'est venu prendre
Au filé qu'ils ont osé tendre.
{inverted ⁂} 3 ¶ Ainsi est connu l'Immortel,
D'avoir fait un jugement tel,
Que l'inique a senti l'outrage
Et le mal de son propre ouvrage.
¶ Croyez que toûjours les méchans
S'en iront en bas trébuchans,
Et toutes ces gens insensées,
Qui n'ont point Dieu en leurs pensées.
¶ Mais l'homme pauvre humilié
Ne sera jamais oublié:
Jamais de l'humble estant en peine
L'esperance ne sera vain.
¶ Vien, Seigneur, montre ton essort,
Que l'homme ne soit le plus sort:
Ton pouvoir les gens venir face
En jugement devant ta face.
¶ Seigneur Dieu, qui Immortel es,
Tressaillir de crainte fai-les,
Donne leur à connoistre comme
Pas un d'entr'eux n'est rien fors qu'homme.
PSEAUME X.
C. M.
Pseaume de consolation & priere. Ut quid, Domine, recessisli.
〈♫〉〈♫〉 D'Où vient cela, Seigneur, je te suppli',
〈♫〉〈♫〉 Que loin de nous te tiens les veux couverts?
〈♫〉〈♫〉 Te caches-tu pour nous mettre en oubli,
〈♫〉〈♫〉 Mesmes au temps qui est dur & divers?
〈♫〉〈♫〉 Par leur orgueil sont ardens les pervers
〈♫〉〈♫〉 A tourmenter l'hum∣ble qui peu se prise,
〈♫〉〈♫〉 Fai que sur eux tombe leur entreprise.
¶ Car le malin se vante & se fait seur
Qu'en ses desirs n'aura aucun defaut:
Ne prisant rien que l'avare amasseur,
Et méprisant l'Eternel, le Tres-haut.
Tant il est fier, que de Dieu ne lui chaut:
Mais tout cela qu'il pense en sa memoire,
C'est, Dieu n'est point, & si ne le veut croire.
¶ Tout ce qu'il fait tend à mal sans cesser,
De sa pensée est loin ton jugement:
Tant est enfle, qu'il pense renverser
Ses ennemis à soussler seulement.
En son coeur dit, De branler nullement
Garde je n'ai: car je sçal qu'en nul age
Ne peùt tomber sur moi aucun dommage.
¶ D'un parler feint, plein de deception
Le faux perjure est toûjours embouché:
Dessous sa langue avec oppression
Desir de nuire est toûjours embusché: