Les Pseaumes de David mis en rime Françoise par Clem. Marot & Theodore De Beze.

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Title
Les Pseaumes de David mis en rime Françoise par Clem. Marot & Theodore De Beze.
Author
Marot, Clément, 1495?-1544.
Publication
A Londres :: Imprimé par R. Everingham, & se vend chez R. Bentley ... et chez J. Hindmarsh ...,
M.DC.LXXXVI [1686]
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Subject terms
Bible. -- O.T. -- Psalms -- Paraphrases, French.
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"Les Pseaumes de David mis en rime Françoise par Clem. Marot & Theodore De Beze." In the digital collection Early English Books Online 2. https://name.umdl.umich.edu/A28038.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 10, 2025.

Pages

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LES PSEAUMES DE DAVID.

PSEAUME I.

Pseaume de doctrine.
Beatus vir qui non abiit in consilio.

〈♫〉〈♫〉 QUi au conseil des malins n'a esté, 〈♫〉〈♫〉 Qui n'est au train des pecheurs arresté, 〈♫〉〈♫〉 Qui des moqueurs au banc place n'a prise,
〈♫〉〈♫〉 Mais nuict & jour la Loi contemple & prise 〈♫〉〈♫〉 De l'Eternel, & en est desireux: 〈♫〉〈♫〉 Certainment celui-là est heureux.
¶ Et semblera un arbre grand & beau, Planté au long d'un clair courant ruisseau, Et qui son fruit en sa saison apporte,
Duquel aussi la fueille ne chet morte. Si qu'un tel homme & tout ce qu'il fera, Toüjours heureux & prospere sera.
¶ Mais les pervers n'auront telles vertus, Ains ils seront semblables aux festus, Et à la poudre au gré du vent chassëe.
Partant sera leur cause renversée En jugement, & tous ces reprouvez Au rang des bons ne seront point trouve$.
¶ Car l'Eternel les justes connoit b$$$$$ Et est soigneux & d'eux & de leur $word$ Pourtant auront felicité qui dure.
Quant aux méchans qui n'ont ni soin ni cure De s'amender, le chemin qu'ils tiendront, Eux & leurs faits en ruïne viendront.

PSEAUME II.

Pseaume de prophetie
Quare fremuerunt gentes.

〈♫〉〈♫〉 POurquoi sont bruit & s'assemblent les gens? 〈♫〉〈♫〉 Qu'elle folie a murmurer les meine? 〈♫〉〈♫〉 Pourquoi sont tant les peuples diligens 〈♫〉〈♫〉 A mettre sus une entreprise vaine?
〈♫〉〈♫〉 Bandez se sont les grands Rois de la terre, 〈♫〉〈♫〉 Et les Primats ont bien tant presumé, 〈♫〉〈♫〉 De conspirer & vouloir faire guerre 〈♫〉〈♫〉 Tous contre Dieu & son Roi bien-aimē.

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¶ Disans entr'eux, Dérompons & brisons Tous les liens dont lier nous pretendent: Au loin de nous jettons & méprisons Le joug lequel mettre sur nous s'attendent:
Mais celui là qui les hauts cieux habite Ne s'en fera que rire de là haut: Le Tout-puissant de leur façon dépite Se moquera, car d'eux il ne lui chaut.
¶ Lors s'il lui plaist, parler à eux viendra En son courroux plus qu'autre épouventable, Et tous ensemble estonnez les reudra En sa fureur terrible & redoutable.
Rois, dira-t'il, d'où vient cette entreprise? De mon vray Roi j'ai fait élection, Je l'ai sacre, sa couronne il a prise Sur mon tres-sainct & haut mont de Sion.
¶ Verge de fer en ta main porteras Pour les dompter & les tenir en serre: Et s'il te plaist, menu les briseras, Aussi aisé comme un vaisseau de terre.
Maintenant done, ô vous & Rois & Prin∣ces, Plus entendus & sages devenez: Juges aussi de terres & provinces, Instruction à cette heure prenez.
¶ Du Seigneur Dieu serviteurs rendez-vous, Craignez son ire, & lui vueillez complaires Et d'estre à lui vous réjouïssez tous, Ayans toûiours crainte de lui déplaire.
Faites hōmage au Fils qu'il vous envoye, Que courroucé ne soit amerement: Afin aussi que de vie & de voye Ne perissiez trop malheureusement.
¶ Car tout à coup son courroux rigoureux S'embrasera qu'on ne s'en donra garde. O combien lors ceux-là seront heureux Qui se seront mis en sa sauvegarde.

PSEAUME III.

Pseaume de doctrine.
Domine, quid multiplicati sunt qui.

〈♫〉〈♫〉 O Seigneur, que de gens 〈♫〉〈♫〉 A nuire diligens, 〈♫〉〈♫〉 Qui me troublent & grevent! 〈♫〉〈♫〉 Mon Dieu, que d'ennemis 〈♫〉〈♫〉 Qui au champs se sont mis 〈♫〉〈♫〉 Et contre moy s'élevent!
〈♫〉〈♫〉 Certes plusieurs j'en voi 〈♫〉〈♫〉 Qui vont disans de moy, 〈♫〉〈♫〉 Sa force est a bo lie, 〈♫〉〈♫〉 Plus ne trouve en son Dieu 〈♫〉〈♫〉 Secours en aucun lieu: 〈♫〉〈♫〉 Mais c'est à eux fo lie.
¶ Car tu es mon tres-seur Bouclier & defenseur, Et ma gloire éprouvée: C'est toi, à br$$ parler, Qui fais que puis aller Haut la teste levée.
J'ay crié de ma voix Au Seigneur mainte fois, Lui faisant ma complainte: Et ne m'a repousse, Mais toûjours exaucé De sa montagne sainte.
¶ Dont coucher m'en irai, En seurté dormirai, Sans craindre de mégarde: Puis me réveillerai, Et sans peur veillerai, Ayant Dieu pour ma garde.
Cent mille hommes de front Craindre ne me feront, Encor' qu'ils l'entreprinssent: Et que pour m'etonner, Clorre & environner De tous costez me vinffent.
¶ Vien done, declare toi Pour moi, mon Dieu, mon Roi: Qui de busses renverses Mes ennemis mordents, Et qui leur romps les dents En leurs gueules perverses.
C'est de toi, Dieu tres haut, De qui attendre faut Vrai secours & defense: Car sur ton peuple estens Toûjours en lieu & temps Ta grand' beneficence.

PSEAUME IV.

Pseaume de priere.
Cum invocarem exaudivit me Deus.

〈♫〉〈♫〉 QUand jo d'invoque, helas! écoute, 〈♫〉〈♫〉 O Diou de ma cause & raison: 〈♫〉〈♫〉 Mon

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coeur serré au large boute, 〈♫〉〈♫〉 De ta pitié ne me reboute, 〈♫〉〈♫〉 Mais exauce mon orai∣son.
〈♫〉〈♫〉 Jusques à quand, gens inhumaines, 〈♫〉〈♫〉 Ma gloire abbattre tacherez? 〈♫〉〈♫〉 Jusqu'à quand entreprises vaines, 〈♫〉〈♫〉 Sans fruict, & d'a busi on pleines, 〈♫〉〈♫〉 Aimerez-vous & chercherez?
¶ Saeachez, puis qu'il le convient dire Que Dieu pnur son Roi gracieux Entre tous m'a voulu élire: Et si à lui crie & soûpire; Il m'entendra de ses hauts cieux.
Tremblez donques de telle chose, Sans plus contre son vueil pecher: Pensez en vous ce que propose, Dessus vos licts en chambre close, Et cessez de plus me fascher,
¶ Puis offrez juste sacrifice De coeur contrit, bien humblement, Pour repentance d'un tel vice: Mettans au Seigneur Dieu propice Vos fiances entierement.
Plusieurs gens disent, Qui sera-ce Qui nous fera voir force biens? O Seigneur, par ta sainte grace, Vueilles la clarté de ta sace Elever sur moi & les miens.
¶ Car plus de joye m'est donnée, Par ce moyen, ô Dieu tres-haut, Que n'ont ceux qui ont grand' année De froment, & bonne vinée, D'huiles, & tout ce qu'il leur faut.
Si qu'en paix & en seurté bonne, Coucherai & reposerai: Car, Seigneur, ta bonté Pordonne, Et elle seule espoir me donne Que seur & seul regnant serai.

PSEAUME V.

Pseaume de priere.
Verba mea auribus percipe, Domine, &c.

〈♫〉〈♫〉 AUx paroles que je veux dire 〈♫〉〈♫〉 Vueilles ton oreille prester, 〈♫〉〈♫〉 Et à connoistre t'arrester, 〈♫〉〈♫〉 Pourquoi mon coeur pense & soûpire, 〈♫〉〈♫〉 Souverain Sire.
¶ Enten à la voix tres-ardente De ma clameur, mon Dieu, mon Roi, Veu que tant seulement à toi Ma supplication presente J'offre & presente.
¶ Matin devant que jour il face, S'il te plaist, tu m'exauceras, Car bien matin prié seras De moi, levant au ciel la face, Attendant grace.
¶ Tu es le vrai Dieu qui méchance N'aimes point, ni malignité: Et avec qui, en verité, Mal-faicteurs n'auront accointance, Ni demeurance.
¶ Jamais le fol & temeraire N'ose apparoir devant tes yeux: Car toûjours te sont odieux Ceux qui prennent plaisir à faire Mauvais aflaire.
{inverted ⁂} ¶ Ta fureur perd & extermine Finalement tous les menteurs: Quant aux meurtriers & decepteurs, Celui qui terre & ciel domine Les abomine.
¶ Mais moi en la grand' bonté mainte, Laquelle m'as fait favourer, J'irai encore t'adorer En ton temple, en ta maison sainte, Dessous ta crainte.
¶ Mon Dieu, guide moi & convoye Par ta bonté, que ne sois mis Sous la main de mes ennemis: Et dresse devant moi ta voix, Que ne fourvoye.
¶ Leur bouche rien de vrai n'ameine, Leur coeur est feint, faux & couvert: Leur gosier, un sepulcre ouvert: De flaterie fausse & vaine Leur langue est pleine.
¶ O Dieu, montre leur qu'ils mépren∣nent:

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Ce qu'ils pensent faire défais: Chasse les pour leurs grands méfaits: Par c'est contre toi qu'ils se prennent, Tant entreprennent.
¶ Et que tous ceux se réjouïssent Qui en toi ont espoir & foi: $oye auront sans fin dessous toi, Avec ceux qui ton Nom cherissent, Et te benissent.
¶ Car de bien faire tu es large A l'homme juste, ô vrai Sauveur, Et le couvres de ta faveur. Tout ainsi comme d'une targe Epaisse & large.

PSEAUME VI.

Pseaume de prlere.
Dominé, ne in furore tuo arguas me.

〈♫〉〈♫〉 NE vueilles pas, ô Si╌re, 〈♫〉〈♫〉 Me reprendre en ton ire, 〈♫〉〈♫〉 Moi qui t'ai irrité:
〈♫〉〈♫〉 N'en ta fureur terrible 〈♫〉〈♫〉 Me punir de l'horrible 〈♫〉〈♫〉 Tourment qu'ai merité.
¶ Mais, Seigneur, vien étendre Sur moy ta pitié tendre, Car malade me sens:
Santé donques me donne: Car mon grand mal étonne Tous mes os & mes sens.
¶ Et mon esprit se trouble Grandement & au double, En extréme souci.
O Seigneur plein de grace, Jusques a quand sera-ce Que me lairras ainsi?
¶ Helas, Sire, retourne, D'entour de moi détourne Ce merveilleux émoi
Certes grande est ma foute, Mais par ta bonté haute Je te pri' sauve moi.
¶ Car en la mort cruelle Il n'est de toi nouvelle, Memoire ni renom:
Qui penses-tu qui die, Qui louë & psalmodie En la fosse ton Nom?
{inverted ⁂} ¶ Toute nuit tant travaille, Que lict, chalit & paille $word$ pleurs je fais noyer:
Et en eau goutte à goutte $word$ S'en va ma couche toute Par si fort larmoyer.
¶ Mon oeil pleurant sans cesse De dépit & détresse En un grand trouble est mis:
Il est envieilli d'ire. De voir entour moi rire Mes plus grands ennemis.
¶ Sus, sus, arriere iniques, Deslogez tyranniques, De moi tout à la sois:
Car le Dieu debonnaire De ma plainte ordinaire A bien ouï la voix.
¶ Le Seigneur en arriere N'a point mis ma priere, Exaucé m'a des cieux:
Receu a ma demande, Et ce que lui demande Accorde m'a & mieux.
¶ Donques honteux deviennent, Et pour vaincus se tiennent Mes adversaires tous:
Que chacun d'eux s'éloigne Subit en grand' vergogne. Puis que Dieu m'est si doux.

PSEAUME VII.

Pseaume de priere.
Domine, Deus meus, in te speravi.

〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu, j'ai en toi es perance, 〈♫〉〈♫〉 Donne moi donc sauve asseurance 〈♫〉〈♫〉 De tant d'ennemis inhumains, 〈♫〉〈♫〉 Et fai que ne tombe en leurs mains:
〈♫〉〈♫〉 A sin que leur chef ne me grippe, 〈♫〉〈♫〉 Et ne me dérompe & dissippe, 〈♫〉〈♫〉 Ainsi qu'un lion devo∣ant, 〈♫〉〈♫〉 Sans que nul me soit secourant,

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¶ Mon Dieu, sur qui je me repose, Si j'ai commis ce qu'il propose, Si de lui faire ai projetté De ma main tour de lascheté:
Si mal pour mal j'ai voulu faire A cét ingrat: mais au contraire, Si fait ne lui ai tour d'ami, Quoi qu'à tort me soit ennemi:
¶ Je veux qu'il me poursuive en guerre, Qu'il m'atteigne & porte par terre, Soit de ma vie ruïneur Et mette à neant mon honneur.
Leve-toi donc, leve-toi, Sire, Sur mes ennemis en ton ire: Veille pour moi, que je sois mis Au droit lequel tu m'as promis.
¶ A grands troupeaux le peuple vienne Autour de la Majesté tienne: Sois pour la cause de nous deux Haut élevé au milieu d'eux.
Là des peuples Dieu sera Juge: Et alors, mon Dieu, mon resuge, Juge moi en mon équité: Et selon mon integrité.
{inverted ⁂} ¶ Le mal des méchans se consomme, Et soûtien le droit & juste homme, Toi Juste Dieu, qui jusqu'au fonds Sondes les coeurs mauvais & bons.
C'est Dieu qui est mon asseurance, Et mon pavois: j'ai esperance En lui, qui garde & fait vainqueur Un chacun qui est droit de coeur.
¶ Dieu est le Juge veritable De celui qui est équitable, Et de celui semblablement Qui l'irrite journellement.
Si l'homme qui tasche à me nuire Ne se veut changer & reduire, Dieu viendra son glaive aiguiser, Et bander son arc pour viser.
¶ Déja le grand Dieu des alarmes Lui prepare mortelles armes: Il fait dards propres & servans A poursuivre mes poursuivans.
Et l'autre engendre chose vaine, Ne conçoit que travail & peine. Pour enfanter, quoi qu'il en soit, Le rebours de ce qu'il pensoit.
¶ A caver une grande fosse Il met sollicitude grosse: Mais en la fosse qu'il fera Lui mesmes il trébuchera.
Le mal qu'il me forge & appresse Retournera dessus sa teste: Bref, je voi le mal qu'il commet Lui descendre sur le sommet.
¶ Dont loüange au Seigneur je donne Pour sa justice droite & bonne: Et tant que terre hanterai, Le Nom du Tres-haut chanterai.

PSEAUME VIII.

Pseaume d'action de graces.
Domine, Dominus noster.

〈♫〉〈♫〉 O Nostre Dieu, & Seigneur amiable, 〈♫〉〈♫〉 Combien ton Nom est grand & ad∣mirable 〈♫〉〈♫〉 Par tout ce val terrestre spacieux 〈♫〉〈♫〉 Qui ta puissance éleve sur les cieux!
¶ En tout ce voit ta grand' vertu parfaite, Jusqu'à la bouche aux enfans qu'on allaite: Et rens par là confus & abatu Tout ennemi qui nie ta vertu.
¶ Mais quand je voi & contemple en cou∣rage Les cieux qui sont de tes doigts haut ouvra∣ge, Essoilles, Lune, & Signes differens Que tu as fait & assis en leurs rangs.
¶ Alors je dis à part moi ainsi comme Tout ébahi: Et qu'est-ce que de l'homme, D'avoir daigné de lui te souvenir, Et de vouloir en ton soin le tenir?
{inverted ⁂} ¶ Tu l'as fait tel que plus il ne lui reste Fors estre un Ange en l'ayant quant au reste Abondamment de gloire environné, Rempli de biens & d'honneur couronné.
¶ Regner le fais sur les oeuvres tant belles De tes deux mains, cōme seigneur d'icelles. Tu as de vrai, sans nulle exception, Mis sous ses pieds tout en sujettion.
¶ Brebis & borufs, & leurs peaux & leurs laines Tour les troupeaux des hauts monts & des En general toutes bestes cherchans A pasturer & par bois & par champs: plaines,
¶ Oiseaux de l'air qui volent & qui chantent, Poissons de mer ceux qui nagent & hantent Par les sentiers de mer grands & petits, Tu les as tous à l'homme assuiettis.
¶ O nostre Dieu & Seigneur amiable, Cōme à bon droit est grand & admirable L'excellent bruit de ton Nom precieux Par tout ce val terrestre & spacieux!

PSEAUME IX.

Pseaume d'action de graces.
Confitebor tibi, Domine.

〈♫〉〈♫〉 DE tout mon coeur t'exalterai, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, & si raconterai 〈♫〉〈♫〉 Toutes tes oeuvres nompareilles, 〈♫〉〈♫〉 Qui sont dignes de grand's merveilles.

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¶ En toi je me veux réjouïr, D'autre soulas ne veux joiiir, O Tres-haut, je veux en cantique, Celebrer ton Nom authentique:
¶ Parce que par ta grand' vertu Mon ennemi s'enfuit batu, Déconfit de corps & courage Au seul regard de ton visage.
¶ Car tu m'as esté si humain. Que tu as pris ma cause en main, Et t'es assis pour mon refuge En chaire comme juste Juge.
¶ Tu as défait mes ennemis, Le méchant en ruïne mis: Pour tout jamais leur renommée Tu as éteinte & cohsumée.
{inverted ⁂} 1 ¶ Or ça ennemi caut & fin, As-tu mis ton entreprise à fin? As-tu rasé nos citez belles? Leur nom est-il mort avec elles?
¶ Non, non: le Dieu qui est là haut En regne qui jamais ne faut, Son trône a dressé tout propice Pour faire raison & justice.
¶ Là jugera-t'il justement La terre ronde entierement, $esant les causes en droiture $e toute humaine creature.
¶ Et Dieu la retraite sera Du pauvre qu'on pourchassera, Voire sa retraite & adresse Au plus dur temps de sa détresse.
¶ Dont ceux qui ton Nom connolstront, Leur asseurance en toi mettront: $ar, Seigneur, qui à toi s'adonne, Ta bonte point ne l'abandonne.
{inverted ⁂} 2 ¶ Chantez en exultation Au Dieu qui habite en Sion, Preschez à gens de toutes guises Ses oeuvres grandes & exquises.
¶ Car du sang du juste il s'enquiert, Lui en souvient & le requiert, Et jamais-la clameür n'oublie De l'affligé qui le supplie.
¶ Seigneur Dieu (ce disoit-je en moi) Voi par pitié que j'ai d'émoi Par mes ennemis remplis d'ire, Et du pas de mort me retire:
¶ Afin qu'au milieu de l'enclos De Sion j'annonce ton los, En démenant rejouïssance D'estre recoux par ta puissance.
¶ Incontinent les malheureux Sont cheus au piege fait par eux: Leur pied mesme s'est venu prendre Au filé qu'ils ont osé tendre.
{inverted ⁂} 3 ¶ Ainsi est connu l'Immortel, D'avoir fait un jugement tel, Que l'inique a senti l'outrage Et le mal de son propre ouvrage.
¶ Croyez que toûjours les méchans S'en iront en bas trébuchans, Et toutes ces gens insensées, Qui n'ont point Dieu en leurs pensées.
¶ Mais l'homme pauvre humilié Ne sera jamais oublié: Jamais de l'humble estant en peine L'esperance ne sera vain.
¶ Vien, Seigneur, montre ton essort, Que l'homme ne soit le plus sort: Ton pouvoir les gens venir face En jugement devant ta face.
¶ Seigneur Dieu, qui Immortel es, Tressaillir de crainte fai-les, Donne leur à connoistre comme Pas un d'entr'eux n'est rien fors qu'homme.

PSEAUME X.

Pseaume de consolation & priere.
Ut quid, Domine, recessisli.

〈♫〉〈♫〉 D'Où vient cela, Seigneur, je te suppli', 〈♫〉〈♫〉 Que loin de nous te tiens les veux couverts? 〈♫〉〈♫〉 Te caches-tu pour nous mettre en oubli, 〈♫〉〈♫〉 Mesmes au temps qui est dur & divers?
〈♫〉〈♫〉 Par leur orgueil sont ardens les pervers 〈♫〉〈♫〉 A tourmenter l'hum∣ble qui peu se prise, 〈♫〉〈♫〉 Fai que sur eux tombe leur entreprise.
¶ Car le malin se vante & se fait seur Qu'en ses desirs n'aura aucun defaut: Ne prisant rien que l'avare amasseur, Et méprisant l'Eternel, le Tres-haut.
Tant il est fier, que de Dieu ne lui chaut: Mais tout cela qu'il pense en sa memoire, C'est, Dieu n'est point, & si ne le veut croire.
¶ Tout ce qu'il fait tend à mal sans cesser, De sa pensée est loin ton jugement: Tant est enfle, qu'il pense renverser Ses ennemis à soussler seulement.
En son coeur dit, De branler nullement Garde je n'ai: car je sçal qu'en nul age Ne peùt tomber sur moi aucun dommage.
¶ D'un parler feint, plein de deception Le faux perjure est toûjours embouché: Dessous sa langue avec oppression Desir de nuire est toûjours embusché:

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Semble au brigand, qui sur les champs ca∣ché $innocent tuë en caverne secrette, $word$ de qui l'oeil pauvres passans aguette.
{inverted ⁂} ¶ Aulli l'inique use du tour secret $u lion caut en sa taniere, helas! $our attraper l'homme simple & pauvret, $t l'engloutir quand l'a pris en ses laqs.
Il fait le doux, le marmiteux, le las: Mais sous cela par sa force perverse Grand' quantité de pauvres gens renverse.
¶ Et dit encor en son coeur vicieux, Que Dieu ne veut la souvenance avoir De tout cèla, & qu'il couvre ses yeux, A celle sin de jamais n'en rien voir.
Leve-toi donc, Seigneur, pour y pourvoir, Hausse ta main dessus, je te supplie, Et ceux qui sont persecutez n'oublie.
¶ Pourquoi irrite & méprise en ses faits L'hōme méchant, le Seigneur tant humain? En son coeur dit, qu'enqueste tu n'en fais: Mais tu vois bien son méfait inhumain:
Et voyant tout, prens les causes en main, Voila pourquoi s'appuye le debile Sur toi qui es le support du pupille.
¶ Brise la force & le bras plein d'excez Du mal-faicteur inique & reprouvé: Fai de ses maux l'enqueste & le procez, Plus n'en sera par toi un seul trouvé.
Lors à jamais Roi de tous approuvé Regnera Dieu, quand en sa terre sainte De ces méchans sera la race éteinte.
¶ O Seigneur donc, s'il te plaist tu orras Ton pauvre peuple en cette aspre saison: Et bon courage & espoir lui donras, Prestant l'oreille à son humble oraison:
Qui est de faire aux plus petits raison, Droit aux foulez, si que l'homme de terre Ne vienne plus leur faire peur ni guerre.

PSEAUME XI.

Pseaume de consolation.
In Domino confido, quomodo.

〈♫〉〈♫〉 VEu que de tout en Dieu mon coeur s'appuye, 〈♫〉〈♫〉 Je m'ébahis comment de vostre mont 〈♫〉〈♫〉 Plûtost qu'oiseau dites que je m'enfuye.
〈♫〉〈♫〉 Vrai est que l'arc les ma∣lins tendu m'ont, 〈♫〉〈♫〉 Et sur la corde ont assis leurs sagettes, 〈♫〉〈♫〉 Pour contre ceux qui de coeur justes sont 〈♫〉〈♫〉 Les décocher jusques en leurs cachettes.
¶ Mais on verra bien tost à neant mise L'intention de tels malicieux: Cat quelle faute a le juste commise?
Scachez que Dieu a son palais aux cieux, Dessus son trône est l'Eternel Monarque: La haut assis il voit tout de ses yeux, Et son regard les humains note & marque.
¶ Tout il éprouve, & le juste il approuve, Mais son coeur hait qui aime extorsion, Et l'homme en qui violence se trouve.
Pleuvoir fera feu de punition Sur les malins, soulphre chaud, slamme ardente, Vent foudroyant: voilà la portion De leur breuvage, & leur paye evidente.
¶ Car il est juste, & pour ce aime justice, Tournant toûjours par douce affection Vers l'hōme droit son oeil doux & propice.

PSEAUME XII.

Pseaume de priere.
Salvum me fac, Domine, quoniam.

〈♫〉〈♫〉 DOnne secours, Seigneur, il en est heure, 〈♫〉〈♫〉 Car d'hommes droits sommes tous dénuez. 〈♫〉〈♫〉 Entre les fils des hommes ne demeuré 〈♫〉〈♫〉 Un qui ait foi, tant sont diminuez.

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¶ Certes chacun vanité, menteries, A son prochain dit ordi nairement: Aux levres n'a l'homme que flateries, Quand il dit d'un, son coeur pense autremēt.
¶ Dieu vueille donc ces levres blandissantes Tout à travers pour jamais inciser: Pareillement ces langues arrogantes, Qui bravement ne font que deviser.
¶ Qui mesmement entr'eux ce propos tiennent, Nous serons grands par nos langues sur tous: A nous de droict nos levres appartiennent, Flatons, mentons, qui est maistre sur nous?
¶ Pour l'assligé, pour les petits qui crient, (Dit le Seigneur) ores me leverai: Loin les mettral des langues qui varient, Et de leurs laqs chacun d'eux sauverai.
¶ Certes de Dieu la parole se treuve Parole nette, & tres-pure est sa voix: Ce n'est qu'argent affiné à l'epreuve, Argent au feu épuré par sept fois.
¶ Or done, Seigneur, que ton peuple & tes hommes Soient maintenus par ta gratuïté: Et de ces gens, dont tant molestez sommes, Delivre nous à perpetuïté:
¶ Car les malins à grand's troupes chemi∣ner$ Deçà, delà, tout est plein d'inhumains: Lors que d'iceux lesplus méchans dominent, Et qu'élevez sont entre les humains.

PSEAUME XIII.

Pseaume de priere.
Usquequo, Domine, oblivisceris me.

〈♫〉〈♫〉 JUsques ä quand as établi, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, de me mettre en oubli? 〈♫〉〈♫〉 Est-ce à jamais? 〈♫〉〈♫〉 par combien d'âge 〈♫〉〈♫〉 Détourneras-tu ton vi 〈♫〉〈♫〉 sa ge De moi, las! d'an∣goisse rempli?
¶ Jusques à quand sera mon coeur Veillant, conseillant, pratiqueur, Et plein de souci ordinaire? Jusques à quand mon adversaire Sera-t'il dessus moi vainqueur?
¶ Regarde moi, mon Dien puissant, Répon à mon coeur gemissant, Et mes yeux troublez illumine, Que mortel dormir ne domine Dessus moi quasi perissant.
¶ Que celui qui guerre me fait Ne die point, Je Pai défait: Et que tous ceux qui tant me troublent Le plaisir qu'ils ont ne redoublent, Par me voir trébucher de fait.
¶ En toi gist tout espoir de moi, Par ton secours fai que l'émoi De mon coeur en plaisir se ehange: Lors à Dieu chanterai lo$$ange, Car de chanter j'aurai dequoi.

PSEAME XIV.

Pseaume de doctrine.
Dixit insipiens in corde suo, Non est Deus.

〈♫〉〈♫〉 LE fol malin en son coeur dit & croit, 〈♫〉〈♫〉 Que Dieu n'est point, & corrompt & renverse 〈♫〉〈♫〉 Ses moeurs, sa vie, horribles faits exerce: 〈♫〉〈♫〉 Pas un tout seul ne fait rien bon ni droit, 〈♫〉〈♫〉 Ni ne voudroit.
¶ Dieu du haut Ciel a regardé ici Sur les humains avecques diligence, S'il en verroit quelqu'un d'intelligence, Qui d''invoquer la divine merci Fust en souci.
¶ Mais tout bien yeu, a trouvé que chacun A fourvoyé, tenant chemins damnables: Ensemble tous sont faits abominables: Et n'est celui qui face bien aucun, Non jusqu'à un.
¶ N'ont-ils nul sens tous ces pernicieux, Qui font tout mal, & jamais ne se changent? Qui cōme pain mon pauvre peuple mangent, Et d'invoquer ne sont point soucieux Le Dieu des Cieux.
¶ Certainement tous ébahis seront, Que sur le champ ils trembleront de crain∣te: Car l'Eternel par sa faveur tres-sainte Tiendra pour ceux qui droits se trouveront, Et l'aimeront.

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¶ Ha! mal-heureux, vous vous étudiez A vous moquer de l'intention bonne Que l'Immor tel au pauvre affligé donne, Parce qu'ils sont sur lui tous appuyez, Et en riez.
¶ O qui, & quand de Sion sortira Pour Israël secours en sa souffrance! Quand Dieu mettra son peuple à delivrance De joye alors Israël jouïra, Jacob rira.

PSEAUME XV.

Pseaume de doctrine.
Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo?

〈♫〉〈♫〉 QUi est-ce qui conversera, 〈♫〉〈♫〉 O Seigneur, en ton tabernacle? 〈♫〉〈♫〉 Et qui est ce∣lui qui sera 〈♫〉〈♫〉 Si heureux, que par grace aura 〈♫〉〈♫〉 Sur ton sainct mont seur habitacle.
¶ Ce sera celui droitement Qui va rondement en besogne: Qui ne fait rien que justement, Et dont la bouche ouvertement Verité en son coeur témoigne.
¶ Qui par sa langue point ne fait Rapport, qui los d'autrui efface: Qui à son prochain ne méfait, Qui anssi ne soussre de fait Qui opprobre à son voisin on face.
¶ Ce sera l'homme contemnant Les vicieux, aussi qui prise Ceux qui craignent le Dieu regnant: Ce sera l'homme bien tenant (Fust-ce à son dam) la foi promise.
¶ Qui à usure n'entendra, Et qui si bien justice exerce, Que le droict d'autrui ne vendra: Qui charier ainsi voudra, Craindre ne faut que jamais verse.

PSEAUME XVI.

Pseaume d'action de graces & de prophetie.
Conserva me, Domine.

〈♫〉〈♫〉 SOis moi, Seigneur, ma garde & mon appui: 〈♫〉〈♫〉 Car en toi gist toute mon es∣perance. 〈♫〉〈♫〉 Sus donc aussi, ô mon ame, di lui, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, tu as sur moi toute puis∣sance: 〈♫〉〈♫〉 Et toutesfois point n'y a d'oeuvre mienne, 〈♫〉〈♫〉 Dont jusqu'à toi quelque profit revienne.
¶ Mon vouloir est d'aider aux vertueux, Qui de bien vivre ont acquis les loiianges: Mais mal sur mal s'entaffera sur ceux Qui vont courans apres ces dieux estranges. A leurs sanglans sacrifices ne touche: Voire leurs noms je n'ai point en la bouche.
¶ Le Seigneur est le fond qui m'entretient, Sur toi, mon Dieu, ma rente est affeurée: Certainement la part qui m'appartient En plus beau lieu n'eust peu m'estre livrée: Bref, le plus beau qui soft en l'heritage Est de bon-heur écheu en mon partage.
{inverted ⁂} ¶ Loiié soit Dieu, par qui si sagement Se suis instruit à prendre cette adresse: Car (qui plus est) je n'ai nul pensement, Qui toute nuict ne m'enseigne & redresse. Sans cesse donc à mon Dieu je regarde, Aussi est-il à ma dextre & me garde.
¶ Voila pourquoi mon coeur est si joyeux, Ma langue en rit, & mon corps s'en affeures Sachant pour vrai que dans le tōbeau creux Ne souffriras que ma vie demeure: Et ne voudrois aucunement permettre Que pourriture en ton Saint se vint mettre.
¶ Plûtost, Seigneur, me mettras au senti$$ Qui me conduise à vie plus heureuse: Car, à vrai dire, on n'a plaisir entier, Qu'en regardant ta face glorieuse: Et dans ta main est & sera sans cesse Le comble vrai de joye & de lieffe.

PSEAUME XVII.

Pseaume de priere.
Exaudi, Domine, justitiam meam.

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, enten à mon bon droit, 〈♫〉〈♫〉 Enten, helas! ce que je crie: 〈♫〉〈♫〉 Vuelle$

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ouïr ce que je prie 〈♫〉〈♫〉 Et de bouche & de coeur tout droit.
〈♫〉〈♫〉 De toi qui connois toute chose 〈♫〉〈♫〉 Je veux jugement recevoir. 〈♫〉〈♫〉 Je te pri' toi-mesme de voir 〈♫〉〈♫〉 Le droit de ce que je propose.
¶ De nuict mon coeur as éprouvé, Tu l'as sondé, mis sur la touche: Jamais ne démentit ma bouche, Tu l'as toûjours ainsi trouvé.
Quoi qu'on me face ou qu'on me die, J'ai à ton dire regardé, Et d'ensuivre me suis gardé Des pillards la méchante vie.
¶ Plaise toi d'asseurer mes pas En tes sentiers où je chemine: Fai tant que point je ne decline, Et que mon pied ne glisse pas.
Mon oraison soit entenduë, Quand je té prie en mon méchef: Las! je te prie derechef, Ton oreille me soit tenduë.
¶ Ren admirable ta bonté, O Dieu, qui es la sousténance De ceux qui ont en toi fiance, Contre ceux qui t'ont resisté.
Vueilles sous l'ombre de ton aile Me cacher bien & seurement, Et tenir aussi cherement Qu'on tient de son oeil la prunelle:
{inverted ⁂} ¶ Afin que je puisse échapper De ceux qui tant de maux me donnen$, De mes haineux qui m'environnent, Afin de ma vie attraper.
Ils sont si gras que plus n'en peuvent, Fiers en propos & orgueilleux: Suivent mes pas, visent des yeux, Pour me ruïner, s'ils me treuvent.
¶ Sur tout l'un d'entr'eux le plus fier Semble un lion qui est en queste, Un lionceaux guettant la beste Au plus couvert de son hallier.
Marche au devant, mets le par terre, Arrache mon ame au méchant Aveques le glave trenchant, Dont aux méchans tu fais la guerre.
¶ D'entre ceux me sauve ton bras Qui sont de si long-temps au monde, Et dont le coeur ici se fonde, Pour y vivre & devenir gras.
Seigneur, tu leur remplis la pance De tes biens plus delicieux: Leurs sils-sont-souls, & apres eux Laissent aux leurs toute abondance.
¶ Mais quant à moi, je te verrai Aveques ma vie innocente, Et de ta Maiesté presente M'éveillant je me soulerai.

PSEAUME XVIII.

Pseaume d'action de graces & de prophetie.
Diligam te, Domine.

〈♫〉〈♫〉 JE t'aimerai en toute obeïssance 〈♫〉〈♫〉 Tant que vivrai, ô mon Dieu, ma puis∣sance. 〈♫〉〈♫〉 Dieu est mon roc, mon rempart haut & seur, 〈♫〉〈♫〉 C'est ma rançon, c'est mon fort defenseur.
〈♫〉〈♫〉 En lui seul gist ma fiance parfaite, 〈♫〉〈♫〉 C'est mon pavois, mes armes, ma re∣traitte. 〈♫〉〈♫〉 Quand je l'exalte & prie en ferme foi, 〈♫〉〈♫〉 Soudain recoux des ennemis me voi.
〈♫〉〈♫〉 Dangers de mort un jour m'environnerent, 〈♫〉〈♫〉 Et grands torrens de ma∣lins

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m'estonnerent, 〈♫〉〈♫〉 J'estois bien prés du sepulcre venu, 〈♫〉〈♫〉 Et des silets de la mort prevenu.
¶ Ainsi pressé foudain j'invoque & prie Le Tout-puissant, haut à mon Dieu je crie: Mon cri au ciel jusqu'à lui penetra, Si que ma voix en son oreille entra.
Incontinent tremblerent les campagnes, Les fondemens des plus hautes montagnes, Tous ébran'ez s'emeurent grandement, Car il estoit courroucé ardumment.
¶ En ses narreaux lui monta la fumée, Feu aspre issoit de sa bouche allumée: Si enssambé en son courage estoit, Qu'ardans charbons de toutes parts jettoit.
Baissa le ciel, de descendre prit cure, Ayant sous pieds une broiiée obscure: Monté estoit sur Cherubins mouvans, Voloit guindé sur les ailes des vents.
{inverted ⁂} 1 ¶ Et se cachoit dedans les noires nuës, Pour tabernacle untour de lui tenctuës: Enfin rendit par sa grande clarté Ce gros amas, de nuës écarté.
Gresse jettant, & charbons vifs en terre, Au ciel menoit l'Eternel grand tonnerre, L'Altitonnant sa grosse voix hors mit, Et gresse & feu sur la terre transmit.
¶ Lança ses dards, rompit toutes leurs ban∣des, Doubla l'éclair, leur dōna frayeurs grandes: A ta menace, & du fort vent poussé Par toi, Seigneur, en ce poinct courroucé,
Furent canaux dénuez de leur onde, Et découverts les fondemens du monde: Sa main d'enhaut ici bas me tendit, Et hors des eaux sain & faus me rendit.
¶ Me recourut des puissans & haussaires, Et plus que moi renforcez adversaires: A mes dangers il preveut & prevint: Quād il fut temps, secours de Dieu me vint.
Me mit au large, & si fit entreprise De me garder, car il me favorise. Or m'a rendu selon mon équité, Et de mes mains selon la pureté.
¶ Car du Seigneur j'avois suivi la voye, Et revolté mon coeur de lui n'avoye: Mais toûjours eu devant l'oeil tous ses dits, Sans rejetter un seul de ses edicts.
Si qu'envers lui entier en tout assaire Me suis montré, me gardant de mal faire. Or m'a rendu selon mon équité, Et de mes mains selon la pureté.
{inverted ⁂} 2
¶ Certes, Seigneur qui sçais telles mes oeuvres, Au bon tres-bon, pur au pur te décoeuvres: Tu es entier à qui entier sera, Et defaillant à qui failli aura.
Les humbles vivre en ta garde tu laisses, Et les sourcils des braves tu rabaisses: Aussi, mon Dieu, ma lanterne allumas Et éclairé en tenebres tu m'as.
¶ Par toi donnai à travers la bataille: Mon Dieu devant, je sautai la muraille: C'est l'Eternel qui entier est trouvé, Son parler est comme un feu éprouvé.
C'est un bouclier de forte resistance Pour tous ceux-là qui ont en toi fiance: Mais qui est Dieu, sinon le Supernel? Ou qui est fort si ce n'est l'Eternel?
¶ De hardiesse & force il m'environne, Et seure voye à mes deffeins il donne: Mes pieds à ceux des chevreux fait égaux, Pour monter lieux dissiciles & hauts.
Ma main par lui aux armes est apprise, Si que du bras un are d'acier je brise. De ton secours l'ecu m'as apporté, Et m'a ta dextre au besoin supporté.
¶ Ta grand' bonté, où mon espoir mettoye, M'a fait plus grand encor que je n'estoye: Preparer vins mon chemin sous mes pas, Dont mes talons glissans ne furent pas:
Car ennemis seus poursuivre & atteindre, Et ne revins sans du tout les esteindre, Durer n'ont peu, tant bien les ai secous, Mais à mes pieds trébuscherent de coups.
{inverted ⁂} 3
¶ Circuï m'as de belliqueuse force, Ployant sous moi qui m'envahir s'efforce: Tu me montras le dos des ennemis, Et mes haineux j'ai en ruïne mis.
Ils ont crié, n'ont eu secours quelconques, Mesmes à Dieu, qui ne les ouït onques: Comme la poudre au vent les ai rendus, Et comme fange en la place estendus.
¶ Delivré m'as du mutin populaire, Et t'a pleu chef des nations me faire: Voire le peuple, à moi peuple inconnu, Sous mon renom obeïr m'est venu.
Maints estrangers, par servile contrainte, M'ont fait honneur d'obeïssance feinte: Maints estrangers redoutans mes efforts Epouvantez ont tremblé en leurs forts.
¶ Vive mon Dieu à mon Sauveur soit gloire, Exalté soit le Dieu de ma victoire, Qui m'a donné pouvoir de me venger, Et qui sous moi les peuples fait ranger.
Me garantit qu'ennemis ne me grevent, M'éleve haut sur tous ceux qui s'élevent Encontre moi, me delivrant à plein De l'homme ayant le coeur d'outrage plein.
¶ Partāt mon Dieu, parmi les gens estrāges Te benirai, en chantant tes loiianges: Ce Dieu, je dis, qui magnifiquement Sauva son Roi, & qui uniquement David son Oinct traite en grande clemēce, Traittant de mesme à jamais sa semence.

PSEAUME XIX.

Pseaume de doctrine.
Coeli enarrant gloriam Dei, & opera.

〈♫〉〈♫〉 LEs cieux en chacun lièu 〈♫〉〈♫〉 La puissance de Dieu 〈♫〉〈♫〉 Racontent aux humains:

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〈♫〉〈♫〉 Ce grand entour épars 〈♫〉〈♫〉 Publie en toutes parts 〈♫〉〈♫〉 L'ouvrage de ses mains.
〈♫〉〈♫〉 Jour apres jour coulant 〈♫〉〈♫〉 Du Seigneur va parlant 〈♫〉〈♫〉 Par longue experience. 〈♫〉〈♫〉 La nuict suivant la nuict 〈♫〉〈♫〉 Nous presche & nous instruict 〈♫〉〈♫〉 De sa grand' sapience.
¶ Et n'y a nation, Langue, prolation, Tant soit d'estranges lieux, Qui n'oye bien le son, La maniere & façon Ou langage des cieux.
Leur tour par tout s'estend, Et leur propos s'entend Jusques au bous du monde: Dieu en eux a posé Palais bien composé Au Soleil clair & munde.
¶ Dont il sort ainsi beau Comme un espoux nouveau De son paré pourpris: Semble un grand prince à voir, S'égayant pour avoir D'une course le prix.
D'un bout des cieux il part, Et atteint l'autre part En un jour, tant est viste: Outre plus n'y a rien En ce val terrien Qui sa chaleur évite.
{inverted ⁂}
¶ La tres-entiere Loi De Dieu souverain Roi Vient l'ame restaurant: Son témoignage seur Sapience en douceur Montre à l'humble ignorant.
D'icelui Roi des Rois Les mandemens sont droits, Et joye au coeur assignent: Les commandemens faincts De Dieu sont purs & sains, Et les yeux illuminent.
¶ L'obeïssance à lui Est un tres-sainct appui A perpetuité: Dieu ne fait jugement Qui veritablement Ne soit plein d'équité.
Ces choses sont encor Plus desirable qu'or, Fust-ce fin or de touche: Et en un coeur sans fiel Sont plus douces que miel, Ni pain de miel en bouche.
¶ Qui servir te voudra, Par ces points apprendra A ne se fourvoyer: Et en les observant, En aura le servant Grand & riche loyer.
Mais où se trouvera Qui ses fautes fçaura Nombrer, penser, ni dire? Las! de tant de pechez Qui me sont tous cachez, l'urge moi, tres-cher Sire.
¶ Aussi de grands forfaits Temerairement faits Soit ton serf relasché: Qu'ils ne regnent en moi, Si serai hors d'émoi, Et net de grand peché.
Ma bouche prononcer, Et mon coeur rien penser Ne puiffe, qui ne plaise A toi, mon defendeur, Sauveur & amendeur De ma vie mauvaise.

PSEAUME XX.

Pseaume de priere.
Exaudiat te Dominus.

〈♫〉〈♫〉 LE Seigneur ta priere entende 〈♫〉〈♫〉 En ta necessité, 〈♫〉〈♫〉 Le Dieu de Jacob te de∣fende 〈♫〉〈♫〉 En ton adversité.
〈♫〉〈♫〉 De son lieu sainct en ta complainte 〈♫〉〈♫〉 A tes maux il subvienne: 〈♫〉〈♫〉 De Sion sa montagne saincte 〈♫〉〈♫〉 Il te garde & soustienne.
¶ De tes offertes & services Se vueille souvenir, Et faire tous tes sactifices En cendre devenir.
Te donne issuë en ton affaire Telle que tu demandes: Vueille tes emprises parfaire, Et petites & grandes.

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¶ Dieu vueille accomplir tes prieres, Afin que tous joyeux Dressions enseignes & bannieres En son Nom glorieux:
Disans, Dieu de sa saincte place A son Roi amiable A répondu, lui faisant grace Par sa main secourable.
¶ Nos ennemis avoient fiance En leurs chars & chevaux, Et nous invoquions la puissance Du Seigneur en nos maux.
Aussi est-elle renversée Leur puissance tant fiere: Et nostre force est redressée Plus que jamais entiere.
¶ Seigneur, plaise toi nous defendre, Et faire que le Roi Puisse nos requestes entendre Encontre tout effroi

PSEAUME XXI.

Pseaume d'action de graces.
Domine, in virtute tua laetabitur Rex.

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, le Roi s'ejou ïra 〈♫〉〈♫〉 D'avoir eu delivrance 〈♫〉〈♫〉 Par ta grande puissance.
〈♫〉〈♫〉 O combien joyeux il sera 〈♫〉〈♫〉 D'ainsi soudain se voir 〈♫〉〈♫〉 Recoux par ton pouvoir.
¶ L'issuë de tout son souhait, Telle qu'a demandée, Tu lui as accordée:
Et de sa bouche quoi qu'il ait Seulement prononcé, Toûjours l'as exaucé.
¶ Mesme avant qu'en estre requis Tes biens lui viens épandre, Sans sa priere attendre.
Un diademe fort exquis De fin or composé, Sur son chef as posé.
¶ Il te demandoit seulement Que lui fisses la grace De vivre quelque espace:
Et là dessus bien longuement Durer tu lui permets, Voire pour tout jamais.
¶ Par le moyen de ta bonté On voit par tout semée Ta bonne renommée.
Can tu lui as toûjours esté Et de gloire & d'honneur Tres-liberal donneur.
¶ Tu l'as fait tel, qu'à l'avenir Il servira d'exemple Où ta gloire on contemple.
Tu l'as fuit joyeux devenir, Jettant sur lui tes yeux D'un regard graçieux.
¶ Car le Roi met en cét assaut, Pour sa pleine asseurance, En Dieu son esperance.
Il attend secours du Tres-haut, Dont se pout affeurer De ferme demeurer.
{inverted ⁂}
¶ Ta main suffit bien pour fraper, Voire de tout défaire Quiconque t'est contraire.
Ta main sçaura bien attraper Ceux qui ton los & pris Auront eu à mépris.
¶ Ton courroux les embrasera Ainsi qu'une fournaise Toute rouge de braise.
Ton ire les engloutira: En tes feux allumez Tost seront consumez.
¶ Raclez seront entierement De cette terre basse, Eux & toute leur race.
Il ne sera aucunement Rien dit ni recité De leur posterité.
¶ Pour autant qu'ils ont entrepris, O Roi, pour te méfaire, Chose méchante à faire.
Contre toi le conseil ont pris, Mais leur pouvoir trop bas Ne l'accomplira pas.
¶ La bande des ces envieux, Qui ton honneur rebute, Tu te mettras en bute.
Et pour les fraper droit aux yeux, Ton traict sera couché, Et sur eux décoché.
¶ Or donques leve toi, Seigneur, Et demontre t'efforce La grandeur de ta force:
A celle fin qu'en ton honneur Toûjours allions chantans, Et tes faits racontans.

PSEAUME XXII.

Pseaume de priere & de prophetie.
Deus, Deus meus, respice.

〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu laissé 〈♫〉〈♫〉 Loin de secours, d'ennui tant oppressé, 〈♫〉〈♫〉 Et loin du cri quo je t'ui adrossé 〈♫〉〈♫〉 En ma complainte?
〈♫〉〈♫〉 De jour,

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mon Dieu, je t'invoque sans feinte, 〈♫〉〈♫〉 Et toutefois ne répond ta voix saincte: 〈♫〉〈♫〉 De nuict aussi, & n'ai dequoi esteinte 〈♫〉〈♫〉 Soit ma clameur.
¶ Helas! tu es le Sainct & la tremeur, Et d'Israël le resident bon-heur, Où il t'a pleu que los & honneur On chante & prise.
Nos peres ont leur fiance en toi mise, Leur confiance ils ont sur toi assise, Et tu les as toûjours mis en franchise Et rachetez.
¶ A toi crians d'ennui furent ostez: Esperé ont en tes sainctes bontez, Et ont receu, sans estre rebutez, Ta grace prompte.
Mais moi, je suis un ver qui rien ne monte, Et non plus hōme, ains des hōmes la honte, Et je ne sers que de fable & de conte Au peuple bas.
{inverted ⁂} 1 ¶ Chacun qui voit comme ainsi tu m'abas, De moi se moque, & y prend ses ébas: Me sont la mouë, & puis haut & puis bas Hochent la teste.
Puis vont disans, Il s'appuye & s'arreste Du tout sur Dieu, & lui fait sa requeste: Dont qu'il le sauve, & que secours lui prest, S'il aime tant.
¶ Si m'as-tu mis hors du ventre pourtant, Cause d'espoir tu me fus apportant. Dés que j'estois les mammelles tettant De ma nourrice.
Et qui plus, fortant de la matrice, Me recueillit ta saincte main tutrice, Et te montras estre mon Dieu propice Dés que fut né.
¶ Ne te tien donc de moi si destourné, Car le peril m'a de prés adjourné, Et n'est aucun par quoi me soit donné Secour ni grace.
Maint gros taureau m'environne & me∣nace, Les gros taureaux de Basan terre grasse, Pour m'assieger m'ont suivi à la trace, En me pressant.
¶ Et tout ainsi qu'un lion ravissant, Apres la proye en fureur rugissant, Ils ont ouvert dessus moi languissant Leur gueule gloute.
Las! ma vertu cōme eau s'écoule toute: De tous mes os la jointure dissoute: Et comme cire en moi fond goute à goute Mon coeur fasché.
{inverted ⁂} 2
¶ D'humeur je suis cōme tuille asseché, Mon palais est à ma langue attaché: Tu m'as fait prest d'estre au tōbeau couché, Reduit en cendre.
Car circuï m'ont les chiens pour me pendre, La fausse troupe est venuë m'offendre, Venuë est elle me transpercer & fendre Mes pieds & mains.
¶ Conter je puis mes os du plus au moins: Ce que voyans les cruels inhumains, Tous réjouïs me jettent regards maints Avec risée.
Ja ma dépoiiille entr'eux ont divisée, Entr'eux déja ma robe deposée Ils ont au sort hazardeux exposée, A qui l'aura.
¶ Seigneur, ta main donc ne s'éloignera, Mais par pitié secours me donnera: Et s'il te plaist, elle se hastera, Mon Dieu, ma force.
Sauve de glaive & de mortelle étorce Mon ame, helas! que de perdre on s'efforce: Delivre la, que du chien ne soit morse, Chien enragé.
¶ D'un leonin gosier encouragé Delivre moi: répon à l'asslige, Qui est par grand's licornes assiegé Des cornes d'elles.
Je conterai à mes freres fideles Ton Nom tres-haut: tes vertus immortelles Dirai parmi les assemblées belles, Parlant ainsi:
{inverted ⁂} 3 ¶ Vous craignans Dieu, loiiez-le en ce lieu-ci: Fils de Jacob, exaltez sa merci: Crain le toûjours, toi d'Israël aussi La race entiere.
Car rebuté n'a l'humble en sa priere, Ni destourné de lui sa face arriere: S'il a crié, sa bonté finguliere L'a exaucé.
¶ Ainsi ton los par moi sera haussé En grande troupe, & mon voeu ja dressé Rendrai devant le bon peuple amassé Qui te craint, Sire.
Là mangeront les pauvres à suffire: Benira Dieu, qui Dieu craint & desire: O vous ceux-là, sans fin je le puis dire, Vos coeurs vivront.
¶ Cela pensans, tous se convertiront Des bouts du monde, & à Dieu serviront: Bref, toutes gens leurs genoux flechiront En ta presence.
Car ils scauront qu'à la divine Essence Seule appartient regne & magnificence: Dont sur les gens seras par excellence Roi conquerant.
¶ Gras & repeus te viendront adorant: Voire le maigre à la fosse courant, Et dont la vie est hors de restaurant, Te donra gloire.
Puis leurs enfans à te servir & croire S'enclineront: & en tout territoire De fils en fils il sera fait memoire Du Tout-puissant.
¶ Toûjours viendra quelqu'un d'entr'eux di∣sant, Lequel au peuple à l'avenir naissant Ira par tout ta bonté annonçant, Sur moi notoire.

PSEAUME XXIII.

Pseaume d'action de graces.
Dominus regit me, & nihil.

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〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu me paist, sous sa puissance haute, 〈♫〉〈♫〉 C'est mon berger, de rien je n'aurai faute. 〈♫〉〈♫〉 En toict bien seur, joignant les beaux herbages, 〈♫〉〈♫〉 Coucher me fait, me mene aux clairs rivages, 〈♫〉〈♫〉 Traitte ma vie en douceur tres-humaine, 〈♫〉〈♫〉 Et pour son Nom par droits sentiers me mene.
¶ Si seurement, que quand au val viendroye D'ombre de mort rien de mal ne crain∣droye: Car avec moi tu es à chacune heure, Puis ta houlette & conduite m'asseure: Tu enrichis de vivres necessaires Ma table aux yeux de tous mes adversaires.
¶ Tu oings mon chef d'huiles & senteurs bonnes, Et jusqu'aux bords pleine tasse me donnes: Voire & feras que cette faveur tienne Tant que vivrai compagnie me tienne: Si que toûjours de faire ai esperance En la maison du Seigneur demeurance.

PSEAUME XXIV.

Pseaume de doctrine.
Domini est terra, & plenitudo ejus.

〈♫〉〈♫〉 LA terre au Seigneur appartient, 〈♫〉〈♫〉 Tout ce que sa rondeur contient, 〈♫〉〈♫〉 Et ceux qui habitent en elle:
〈♫〉〈♫〉 Sur mer fondement lui donna, 〈♫〉〈♫〉 L'enrichit & l'environna 〈♫〉〈♫〉 De mainte riviere tres-belle.
¶ Mais sa montagne est un sainct lieu: Qui viendra donc au mont de Dieu? Qui est-ce qui là tiendra place?
L'homme de mains & coeur lave, En vanité non élevé, Et qui n'a juré en fallace.
¶ L'homme tel Dieu le benira, Dieu son Sauveur le munira De misericorde & clemence.
Telle & la generation Cherchant, cherchant d'affection, O Dieu de Jacob, ta presence.
¶ Haussez vos testes grands porteaux, Huis eternels tenez-vous hauts, Si entrera le Roi de gloire.
Qui est ce Roi tant glorieux? C'est le fort Dieu victorieux, Le plus fort qu'en guerre on peut croire,
¶ Haussez vos testes grands porteaux, Huis eternels tenez-vous hauts, Si entrera le Roi de gloire.
Qui est ce Roi tant glorieux? Le Dieu d'armes victorieux, C'est lui qui est le Roi de gloire.

PSEAUME XXV.

Pseaume de priere.
Ad te, Domine, levavi, &c.

〈♫〉〈♫〉 A Toi, mon Dieu, mon coeur monte, 〈♫〉〈♫〉 En toi mon espoir ai mis: 〈♫〉〈♫〉 Fai que le ne tombe à honte 〈♫〉〈♫〉 Au gré de mes ennemis.
〈♫〉〈♫〉 Honte n'auront voirement 〈♫〉〈♫〉 Ceux

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qui dessus toi s'appuyent: 〈♫〉〈♫〉 Mais bien ceux qui durement 〈♫〉〈♫〉 Et sans cause les en∣nuyent.
¶ Le chemin que tu nous dresses Fai moi connoistre, Seigneur: De tes sentes & adresses Vueilles moi estre enseigneur.
Achemine moi au cours De ta verité patente, Comme Dieu de mon secours, Où j'ai chacun jour attente.
¶ De tes bontez te recorde, Mets en memoire & estens Cette grand' misericorde Dont usé as de tout temps.
Oublie ma mauvaistié Dés ma premiere jeunesse: Do moi, selon ta pitié, Te souvienne en ma destresse.
¶ Dieu est bon & veritable, L'a esté, & le sera: Parquoi en voye équitable Les pecheurs radressera:
Les pauvres fera venir A vie juste & decente: Aux pauvres fera tenir L'Eternel sa droite sente.
{inverted ⁂}
¶ Bonté, verité, clemence, Sont du Seigneur les sentiers A ceux qui son alliance Gardent bien & voiontiers.
Helas! Seigneur tout parfait, Pour l'amour de ton Nom mesme, Pardonne moi mon forfait, Car c'est un forfait extréme.
¶ Qui sera I'honune, à vrai dire, Qui son Dieu desirera: Du chemin qu'il doit élire L'Eternel l'avertira.
A repos parmi ses biens Vivra son coeur en grand age, Puis auront les ensans siens La terre pour heritage.
¶ Dieu fait son secret paroistre A ceux qui l'ont en honneur, Et leur montre & fait connoistre De son contract la teneur.
Quant a moi yeux & esprits, En tout temps à Dien je tourne: Car mes pieds quand ils sont pris, Du filé tire & destourne.
¶ Jette done sur moi ta veuë, Pren de moi compassion: Personne suis dépourveue, Seule & en affliction.
Je sens mon corps empirer Et augmenter ses destresses: Las! vueille moi retirer De ces miennes grandes oppresses,
¶ Tourne à mon tourment ta face, Voi ma peine & mon souci, Et tous mes pechez essace, Qui sont cause de ceci.
Voi mes ennemis qui sont Non seulement grosse bande, Mais qui sur moi certes ont Haine furieuse & grande.
¶ Preserve de leur embusche Ma vie, & delivre moi, Qu'à honte je ne trébuche, Puis que j'ai espoir en toi.
Que ma simple integrité Comme à l'un des tiens me serve, Et de toute adversité Israël tire & conserve.

PSEAUME XXVI.

Pseaume de priere.
Judica me, Domine.

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, garde mon droit, 〈♫〉〈♫〉 Car j'ai en cét endroit 〈♫〉〈♫〉 Cheminé droit & rondement.
〈♫〉〈♫〉 J'ai én Dieu esperance, 〈♫〉〈♫〉 Qui me donne asseurance 〈♫〉〈♫〉 Que choir ne pourrai nullement.
¶ Seigneur, essaye moi, Je requiers que de toi Sondé je sois & éprouvé.
Mes reins & mes pensées Dans le feu foient lancées, Pour voir quel je serai trouvé.
¶ Pour autant que l'$$il mien Toûjours fiché je tien Sur ta pitié & grand' bonté:
Ma vie je conforme Au plus prés de la forme Que nous enjoint ta verité.
¶ Un tas de mensongers Inconstans & legers

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Ga$dé me suis de frequenter:
Et tout homme qui use De cautelle & de ruse N'ai voulu ni ne veux hanter.
¶ Le complot des pervers Et leur coeur de travers Mon coeur a toûjours detesté:
Méchantes compagnies J'ai tellement haies, Que ne m'en suis point accointé.
{inverted ⁂} ¶ Mes mains nettes tiendrai, A tout bien les duirai: Puis apres quand je serai tel,
Seigneur, a tes services Et divins sacrifices J'entendrai prés de ton autel:
¶ Afin que ton honneur Et ta gloire, Seigneur. A pleine voix j'aille chantant:
Et toutes tes merveilles Grandes & nompareilles Par tout on m'oye racontant.
¶ Le sainct & sacré lieu Où tu te tiens, mon Dieu, M'est precieux jusques au bout:
Ce divin tabernacle, De ta gloire habitacle, J'estime & prise dessus tout.
¶ Or donc ne me compren, Et point ne me repren, Quand des méchans te vengeras:
Soit mon ame innocente De ta fureur exempte, Quand les meurtriers tu jugeras.
¶ Car les traistres qu'ils sont En leurs mains toûjours ont Quelque fausse accusation.
Bref, ils ne seauroient estre Qu'ils n'ayent pleine dextre Des presens de corruption.
¶ Mais je veux aller droit, D'un coeur entier & droit. En rondeur & toute équité.
Fai moi misericorde, O mon Dieu; & m'accorde Que par toi je sois racheté,
¶ Or me voi-je remis, Et mes pieds affermis Au chemin uni & entier:
Dont ta gloire immortelle En la troupe fidele De chanter je ferai métier.

PSEAME XXVII.

Pseaume d'action de graces.
Dominus illuminatio mea.

〈♫〉〈♫〉 LE Seigneur est la clarté qui m'adresse, 〈♫〉〈♫〉 Et mon salut, que dois-je redou∣ter? 〈♫〉〈♫〉 Le Seigneur est l'appui qui me redresse, 〈♫〉〈♫〉 Où est celui qui peut m'épou∣vanter?
〈♫〉〈♫〉 Quand les malins m'ont dressé leurs combats, 〈♫〉〈♫〉 Pour me penser man∣ger a belles dents, 〈♫〉〈♫〉 Tous ces haineux, ces ennemis mordents 〈♫〉〈♫〉 J'ai veu bron∣cher & trébucher en bas.
¶ Tout un camp viēne & moi seul envirōne, Jamais pourtant mon coeur n'en tremblera Vienne assaillir qui voudra ma personne, Dessus cela mon coeur s'asseuera.
A l'Eternel J'ai requis un seul poinct, Et veux encore lui requerir toûjours, Que si long-temps que dureront mes jours De sa maison je ne m'eloigne point.
¶ A celle fin que je voye & contemple De son Palais l'excellente beauté, Et que je puisse estant dedans son Temple Le visiter d'un & d'autre costé.
Car au dur temps quand je serai pressé, Caché serai en sa tente à l'écart, En quelque coin & plus secrete part, Puis derechef au plus haut redressé.
{inverted ⁂}
¶ Aller me fait déja sans nulle crainte, Haussant la teste entre tous mes haineux: Parquoi austi dedans sa maison saincte Chanter, offrir, sacrifier lui veux.
Puis que je viens, ô Seigneur, te prier, Soit ma requste entendue de toi: Puis qu'au besoin tu m'entens écrier, Je te supplie avoir pitié de moi.
¶ J'ai dedans moi apperceu mon courage Comme en ton Nom m'avertissant ainst: Employe toi à chercher mon visage: Tu vois, Seigneur, que je le cherche aussi.
De moi helas! ta face ne soit loin: Ton serf ne chasse en fureur, ô mon Dieu: Tu m'as esté favorable en maint lieu, Dieu mon Sauveur, ne me laisse au besoin.
¶ Quand je n'aurois pour moi pere ni mere, Mon Dieu sera pour moi, quoi qu'il en soit:

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Je suis pressé: partant, ô Dieu mon Pere, Enseigne moi ton, chemin bon & droit.
Aguetté suis par plusieurs ennemis, Et saux témoins, qui en leur bouché n'ont Sinon l'outrage & le tort qu'ils me sont: Las! ne permets qu'a leur plaisir sois mis.
¶ Certainement n'eust esté l'asteurance Qu'ici bas mesme avant que voir lemort, Des biens de Dieu J'aurai la jouissance, Sous un tél fais pieça je fusse mort:
Or donc atten toûjours patiemment Le Seigneur Dieu: soustien jusques au bout, Dieu te viendra asseurer contre tout: Or donc atten de Dieu l'avenment.

PSEAUME XXVIII.

Pseaume de priere.
Ad te, Domine, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, qui es ma forteresse, 〈♫〉〈♫〉 C'est à toi que mon cri s'adresse: 〈♫〉〈♫〉 Ne vueilles maintenant te taire: 〈♫〉〈♫〉 Autrement je ne sçai que faire, 〈♫〉〈♫〉 Sinon à ceux me comparer, 〈♫〉〈♫〉 Qu'on veut au sepulere enterrer.
¶ Vueilles ouïr ce que je crie, Quand à mains jointes je te prie, Venant en ton sainct lieu me rendre: Mon Dieu, ne vueilles me comprendre Parmi tant de méchans qui n'ont Aueun plaisir qu'au mal qu'ils sont.
¶ En la bouche ils n'ont que concorde, Mais leur coeur à tout mal s'accorde. Pave les suivant leus merites, Et leurs intentions maudites: Selon le train qu'ils ont mené, Salaire ausli leur soit donné.
¶ D'autant qu'ils n'ont en leur courage Consideré ses haurs ouvrages, Ni tasché d'avoir connoissance Des hauts effets de sa puissance: Au lieu de les vouloir hausser, Dieu les fera tous renverser.
¶ Loiié soit Dieu, qui ma priere N'a point voulu mettre en arriere. Dicu est ma force & ma rondelle, Espoir n'ai ni secours que d'elle: Dont mon coeur se résouïra, Ma bouche son los chantera.
¶ A mes gens toutes forces il donne, Gardant de son Roi la couronne. Sauve ton peuple & en tout âge Fai du bien à ton heritage: Vueilles le repaistre, Seigneur, Et sans fin le croistre en honneur.

PSEAUME XXIX.

Pseaume de doctrine.
Asserte Domino, &c.

〈♫〉〈♫〉 VOus tous Princes & Seigneurs, 〈♫〉〈♫〉 Remplis de gloire & d'honneurs, 〈♫〉〈♫〉 Ren∣dez, rendez au Seigneur 〈♫〉〈♫〉 Toute force & tout honneur.
〈♫〉〈♫〉 Faites lui reconnois∣sance 〈♫〉〈♫〉 Qui réponde à sa puissance: 〈♫〉〈♫〉 En sa demeure tres-sainte 〈♫〉〈♫〉 Ployez les genoux en crainte.
La voix du Seigneur tonnant Va sur les eaux resonnant: Parmi les nuës des cieux S'entend le Dieu glorieux.
La voix du Seigneur témoigne De quelle force il besogne: La voix du Seigneur hautaine De hautesse est toute pleine.
¶ La voix du Seigneur abat Les grands cedres tout à plat, Brise les plus hauts montez Au mont du Liban plantez:
Les faisant sauter en sorte, Eux & Liban qui les porte, Qu'on voit sauter és boscages Fans de licornes sauvages.

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¶ La voix du Seigneur épart Flammes d'une & d'autre part, Et les grands deserts profonds Fait trembler jusques au fonds.
Oyant cette voix si forte, La biche craintive avorte: Mainte forest toute verte En est soudain découverte.
¶ Mais au Temple cependant Chacun à Dieu va rendant, Au lieu de trembler de peur Gloire de bouche & de coeur.
Dieu preside comme juge Dessus les eaux du deluge, Et sans aucun jour ni terme Dure son Royaume serme.
¶ Partant le Seigneur tout fort Des siens sera le support: Puis en paix les nourrira Des biens qu'il leur donnera.

PSEAUME XXX.

Pseaume d'action de graces.
Exaltabo te, Domine,

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, puis que m'as retiré, 〈♫〉〈♫〉 Puis que n'as jamais enduré 〈♫〉〈♫〉 Que mes haineux eussent dequoi 〈♫〉〈♫〉 Se rire & se moquer de moi, 〈♫〉〈♫〉 La gloire qu'en as meri∣té e 〈♫〉〈♫〉 Par mes vers te sera chan té e.
¶ Quand j'ai prié ta Majesté, Seigneur mon Dieu, J'ai eu santé: J'estois aux enfers devalé, Seigneur, quand tu m'as rappellé: Ma vie presques enterrée Tu as du tombeau retirée.
¶ Vous qui sa bonté connoissez, Chantez sa, gloire & accroissez Son renom plein de sainteté: Car jamais il n'est irrité Qu'en moins d'une petite espace Toute sa fureur ne se passe.
¶ Mais son vouloir benin & doux Demeure à vie dessus nous: Voila d'où souvent il avient, Que dueil au soir, chez nous se tient, Puis si tost que le jour se montre, Matiere de joye on rencontre.
{inverted ⁂} ¶ Lors que j'avois tout à souhait, J'allois disant. Voila, c'est fait, Je suis pour jamais asseuré: Ta bonté m'avoit remparé, Seigneur, ma forteresse haute, Si que de rien je n'avois faute.
¶ Mais ton visage estant tourné, Soudain mon coeur s'est estonné: Alors au Seigneur j'ai crié, Alors j'ai le Seigneur prié, Disant, Si je suis mis en terre, Qu'y peux-tu gagner ni acquerre?
¶ Estant mis en poudre, Seigneur, Pourrai-je avancer ton honneur, Ou tes veritez annoncer? Plaise toi ma voix exaucer, Seigneur, ta pitié me regarde, Seigneur Dieu, sois ma sauvegarde.
¶ Alors mon dueil to convertis En pure joye, & me vestis Au lieu d'un sac de plaisir vrai: Dont sans fin ton los chanterai, Par tout publiant ta puissance, Seigneur Dieu de ma delivrance.

PSEAUME XXXI.

Psedume de priere.
In te, Domine, speravi.

〈♫〉〈♫〉 JAi mis en toi mon esperance, 〈♫〉〈♫〉 Garde moi donc, Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 D'eternel des∣honneur.
〈♫〉〈♫〉 Ottroye moi ma delivrance, 〈♫〉〈♫〉 Par ta grand' bonté 〈♫〉〈♫〉 haute Qui jamais ne fit faute.
¶ Ten l'oreille à moi miserable, Et pour me secourir Vien soudain accourir.
Montre toi mon roc imprenable. Et ma place tres-seure, Où ma vie s'asseure.
¶ Tu es ma tour & forteresse, Pour Phonneur haut de toi,

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Condui & mene moi:
Et de ces filés qu'on me dresse Garde qu'on ne m'ossense, Car tu es ma desense.
¶ Mon ame en tes mains je viens rendre, Car tu m'as rachete, O Dieu de verité.
Au seul Seigneur je veux m'attendre Je hais la menterie, Et toute tromperie.
{inverted ⁂} 1
¶ Un jour avec toute liesse Par moi sera chanté Le los de ta bonté:
Quand sur mon ame en sa détresse Auras jetté la veue, Et l'auras apperceue.
¶ N'ayant permis que je tombasse En la cruelle main De ce faux inhumain:
Ainçois me faisant faire place, Quand j'ai veu par surprise Ma jambe quasi prise.
¶ Fai que ta pitié me consorte. O mon Dieu, car je suis Tout accablé d'ennuis:
J'en ai la veuë toute morte, Mon ventre s'en retire, Mon ame en est martyre.
¶ Douleurs ont miné ma personne: En mes soûpirs cuisans J'ai passe tous mes ans.
Des travaux qu'a tort on me donne Mes forces me delaiffent.
{inverted ⁂} 2
¶ Entre tous ceux- là qui me hayent, Mes voisins j'apperçoi Avoir honte de moi:
Il semble que mes amis ayent Horreur de ma rencontre Quand dehors je me montre.
¶ Je suis hors de leur souvenance Ainsi qu'un trépassé: Je suis un pot cassé.
Je m'entens blasmer à outrance: Ma personne est de crainte De toutes parts estreinte.
¶ Car tout leur conseil delibere, Et fait tout son effort De me mettre à la mort.
Mais, Seigneur Dieu, en toi j'espere, Mon coeur dit en soi-mesme, Tu es mon Dieu supréme.
¶ Ta main tient le cours de ma vie, Fai que des ennemis En la main ne sois mis.
Garanti moi contre l'envie De la bande traistresse Qui me poursuit sans ceffe.
¶ Dessus ton servant fai reluire Ta face, & ta bonté Me mette à sauveté.
O Dieu, ne vueilles m'éconduire, Afin qu'on ne s'en moque: Car c'est toi que j'invoque.
{inverted ⁂} 3
¶ Honte ces méchans endommage, Au tombeau soient enclos, Et leur faux gosier clos:
Car au juste ils ont dit outrage, Voire avec moquerie Et grand' gaudisserie.
¶ O combien est grand à merveilles Le bien qu'as preparé A qui t'a reveré!
Combien de graces nompareilles Publiquement tú donnes Aux sideles personnes!
¶ Devant toi en ton habitacle Maintenir tu les veux Contre tous orgueilleux.
Tu les tiens en ton tabernacle Arriere de tous blasmes De ces langues infames.
¶ Loiiange au Seigneur soit donnée, Lequel m'est entre tous Si bien & si doux:
Et m'a telle garde ordonnée, Qu'il n'est place en la terre Plus seure en temps de guerre.
¶ Durant ma peur precipitée J'ai dit, Tu m'as laissé, Et loin de toi chassé:
Mais tu as ma voix écoutée Lors qu'en détresse grande Je t'ai fait ma demande.
¶ Aimez Dieu vous ses debonnaires, Dieu qui garde les bons, Rend le double aux felons:
Soustenez contre vos contraires, Car lui seul fortisie Quiconque en lui se fie.

PSEAUME XXXII.

Pseaume de prophetie.
Beati quorum remissae sunt.

〈♫〉〈♫〉 O Bien-heureux celui dont les commises 〈♫〉〈♫〉 Transgressions sont par grace re∣mises! 〈♫〉〈♫〉 O bien-heureux celui dont les pechez 〈♫〉〈♫〉 Devant son Dieu sont couverts & cachez!
〈♫〉〈♫〉 O combien plein de bon-heur je repute 〈♫〉〈♫〉 L'homme à qui Dieu son pe∣ché point n'impute. 〈♫〉〈♫〉 Et en l'esprit duquel n'habite point 〈♫〉〈♫〉 D'hypocrisie & de

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fraude un seul poinct.
¶ Durant mon mal, soit que vinsse à me taire, I as de crier, soit que me prise à braire Et à gemir tout le jour sans cesser, Mes os n'ont fait que fondre & s'abaisser:
Car jour & nuict ta main dure ai sentie Par mon peché fur moi appesantie: Si que l'humeur de moi ainsi traitté Sembloit du tout secheresse d'esté.
¶ Mais mon peché je t'ai declaré, Sire, Caché ne l'ai: & n'ai sçeu si tost dire, Il faut à Dieu confesser mon mésait, Que ta bonté vrai pardon ne m'ait fait.
Pour cette cause à heure propre & bōne Te requerra toute saincte personne: Et quand de maux un deluge courroit, D'icelle alors approcher ne pourroit.
{inverted ⁂}
¶ C'est toi qui es mon fort & ma re∣traite, C'est toi qui sais qu'ennui mal ne me traite: C'est toi par qui à tous coups m'est livré Dequoi chanter, par me voir delivré.
Vien ça, chacun, je te veux faire entendre Et te montrer la voye où tu dois tendre, En ayant l'oeil droit dessus toi planté, Pour t'adresser comme experimenté.
¶ Ne sois semblable à cheval ni à mule, Qui n'ont en eux intelligence nulle: Pour les garder de mordre tu resrains Leurs dents & gueule avecques mords & freins.
L'hōme endurci sera dompté de mesmes, Par maux sans nombre & par douleurs ex∣trémes: Mais qui en Dieu son espoir asserra, Fnvironné de merci se verra.
¶ Or ayez done de plaisir jouïssance, Et tous en Dieu prenez rejouïssance, Justes chantez de joye en tont endroit Chacun de vous qui avez le coeur droit.

PSEAUME XXXIII.

Pseaume de doctrine.
Exultate justi in Domino, &c.

〈♫〉〈♫〉 REveillez-vous peuple sidelle, 〈♫〉〈♫〉 Chantez à Dien en tous endroits: 〈♫〉〈♫〉 Loii∣ange est tres-seante & belle 〈♫〉〈♫〉 En la bouche des hommes droits.
〈♫〉〈♫〉 Sur la douce harpe 〈♫〉〈♫〉 Penduë en écharpe 〈♫〉〈♫〉 Le Seigneur loiiez: 〈♫〉〈♫〉 De luts, d'épinettes, 〈♫〉〈♫〉 Sainctes chansonnettes 〈♫〉〈♫〉 A son Nom joiies.
¶ Chantez de lui par melodie Nouveau vers, nouvelle chanson: Et que bien on la psalmodie A haute voix & plaisant son:
Car ce que Dieu mande, Qu'il dit & commandè, Est juste & parfait: Tout ce qu'il propose, Qu'il fait & dispose, A fiance est fait.
¶ Il aime d'amour souveraine Que droit regne & justice ait lieu: Quand tout est dit, la terre est pleine De la grande bonté de Dieu.
Dieu par sa parole forma chacun pole It ciel precieux: Du vent de sa bouche Il fit ce qui touche It orne les cieux.
{inverted ⁂} 1
¶ Il a les grand's eaux amassées $n la mer comme en un vaisseaux: $$ abysmes les a mussées, $mme un tresor en un monceau.
Que la terre toute Ce grand Dieu redente Qui fit tout de rien: Qu'il n'y ait personne Qui ne s'en estonne Au val terrien.
¶ Car toute chose qu'il a dite A esté faite promptement: L'obeissance aussi subite A esté que le mandement.
Toute l'entreprise Des peuples il brise Et met a l'envers: Vaines & cassées Il rend les pensées Des peuples divers.
¶ Mais la divine providence Son conseil fait perpetuer: Ce que son coeur une sois peose, Dure à jamais sans se m$$r.
O gent bien heurée, Qui toute asseurée Pour son Dieu le tient! Heureux le lignage

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Que Dieu en partage Choisit & retient!
{inverted ⁂} 2
¶ Le Seigneur Eternel regarde Ici bas du plus haut des cieux: Dessus les humains il prend garde, Et les voit tous devant ses yeux.
De son trône stable, Paisible, équitable, Ses clairs yeux aussi Jusqu'au sond visitent Tous ceux qui habitent En ce monde ici.
¶ Car lui seul sans autre puissance Fit les coeurs de tous tant qu'ils sont: C'est lui seul qui a connoissance Quelles sont les oeuvres qu'ils font.
Nombre de gendarmes En assauts, n'alarmes Ne sauve le Roi: Bras ni haledarde L'homme fort ne garde De mortel arroi.
¶ Celui se trompe qui pense estre Sauvé par cheval bon & fort: Ce n'est point par sa force adextre Que l'homme échappe un dur essort.
Mais l'oeil de Dieu veille Sur ceux à merveille Qui de volonté Craintifs le reverent, Qui aussi esperent En sa grand' bonté:
{inverted ⁂} 3
¶ Asin que leur vie il delivre Quand la mort les menacera, Ft qu'il leur donne dequoi vivre Au temps que famine sera.
Que donques nostre ame L'Eternel reclame, S'attendant à lui: Il est nostre adresse, Nostre forteresse, l'avois & appui.
¶ Et par lui grand' réjouïssance Dedans nos coeurs toûjours aurons, Pendant qu'en la haute puissance De son sainct Nom nous esperons.
Que ta bonté grande Dessus nous s'épande, Nostre Dieu & Roi: Toute ainsi qu'entente, Espoir & attente Nous avons en toi.

PSEAUME XXXIV.

Pseaume de doctrine.
Benedicam Dominum.

〈♫〉〈♫〉 JAmais ne cesserai 〈♫〉〈♫〉 De ma gni fi er le Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 En ma bouche aurai son honneur 〈♫〉〈♫〉 Tant que vivant serai.
〈♫〉〈♫〉 Mon coeur plaisir n'aura 〈♫〉〈♫〉 Qu'à voir son Dieu glorifié, 〈♫〉〈♫〉 Dont maint bon coeur humilié 〈♫〉〈♫〉 L'oyant s'éjou ïra.
¶ Sus donc, chantons de Dieu Nous tous le renom precieux: Loiions son Nom à qui mieux mieux, Tous en ce mesme lieu.
Mon Dieu m'a entendu Quand de bon coeur je l'ai cherché: Des peurs qui m'ont le plus fasché Delivré m'a rendu.
¶ Qui le regardera S'en trouvera tout éclairé, Jamais son front deshonoré Rougir on ne verra.
Le pauvre à son besoin A crié & Dieu l'exauçant L'a sauvé par son bras puissant, Jettant ses maux au loin.
{inverted ⁂} 1
¶ Les Anges ont planté Leur camp tout à l'entour de ceux Qui craignent Dieu, veillans pour eux Et pour leur seureté.
Goustez donc d'icelui, Et connoissez sa grand' douceur, O combien est heureux & seur Qui s'appuye sur lui!
¶ Craignez le Dieu tres-haut, Vous dont le coeur est pur & saint: Car à tout homme qui le craint Jamais rien ne defaut.
Le lion assamé Bien souvent ne trouvera rien: Mais ceux-là sont remplis de bien Qui ont Dieu reclamé.
¶ Sus ensans bien-heureux, Venez m'écouter en ce lieu: Car le moyen de craindre Dieu Apprendre je vous veux.
Qui est-ce d'entre vous Qui veut long-temps estre dispos: Qui veut longuement en repos Passer le temps tout doux?
¶ Garde que blasme aucun De ta langue on n'oye sortir: Garde tes levres de mentir, Ni decevoir quelqu'un.
Fui le mal, fai le bien: Cherche la paix & la poursui: Car Dieu voit & entend celui Qui tasche à faire bien.
{inverted ⁂} 2
¶ Dieu tien son oeil fiché Sur les méchans & sur leurs faits, Afin que du monde à jamais Leur nom soit arraché.
Les justes en leurs maux Crient aux Seigneur qui les oit.

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Et tost en seureté les reçoit, Gueris de leurs travaux.
¶ Prés des coeurs desolez Le Seigneur volontiers se tient: A ceux volontiers il subvient Qui sont les plus soulez.
Quiconques ira droit Sujet a mille maux sera: Mais le Seigneur l'en tirera, Quelque mal que ce soit.
¶ De Dieu sont garantis Tous ses os, voire tellement, Qu'on n'en peut casser seulement Un seul des plus petits.
Mais toûjours le méchant Est ruïné par son forfait: Et quiconque au juste méfait Va toûjours trebachant.
¶ L'Eternel sauvera Tout bon coeur qui le va servant: Quiconque espere au Dieu vivant, Jamais ne perira.

PSEAUME XXXV.

Pseaume de priere.
Judica, Domine, nocentes.

〈♫〉〈♫〉 DEba contre mes debateurs, 〈♫〉〈♫〉 Comba, Seigneur, mes combateurs, 〈♫〉〈♫〉 Em∣polgne moi bouelier & lance, 〈♫〉〈♫〉 Et pour me sceourir t'avance.
〈♫〉〈♫〉 Charge les, & marche au devant, 〈♫〉〈♫〉 Garde-les d'aller plus avant: 〈♫〉〈♫〉 Di à mon ame, Ame le suis 〈♫〉〈♫〉 Celui qui garantir te puis.
¶ De honte soient tous éperdus, Solent renversez & confondus Tous ceux qui pourchassent ma vie, Et de m'outrager ont envie.
Soient comme la poudre qui est Du vent jettée où il lui plaist: L'Ange du Seigneur Tout-puissant Par tout les aille pourchassant.
¶ Tous chemins soient glissans pour eux: Par chemins noirs & tenebreux L'Ange de Dieu de place en place Toûjours les poursuive & chasse:
D'autant qu'à tort ils m'ont dressé Leur piege dedans un fosié: Leur piege, dis-je, ils ont à tort Appresté pour me mettre à mort.
¶ Solt le méchant à dépourven Surpris du mal qu'il n'ait preven: Au piege qu'il m'a voulu tendre Son pied mesme se vienne prendre.
Tombe lui-mesme, & soit froissé Au plus prosond de son fossé. Mon ame alors s'cjouïra En Dieu, qui gardée l'aura.
{inverted ⁂} 1
¶ Lors diront tous les os de moi, Seigneur, qui est pareil à toi, Oardant du soible l'impuissance Contre le fort & sa puissance?
Gardant que le pauvre assligé Des méchans ne sont outragé. Faux témoins ont sur moi failli, De faux propos m'ont assailli.
¶ Le mal pour le bien m'ont rendu, D'avoir ma vie ont pretendu: $outefois en leur temps contraire $ai jeusné, j'ai porté la haire.
Pour eux en mon sein j'ai versé. Mainte priere à chef baissé: Bref, en tel point je me suls mis, Que pour mes sreres & amis.
¶ J'allois courbé comme seroit Un qui sa mere pleureroit: Mais eux connoissans mon martyre Se sont assemblez pour en rire.
Les plus maraux à mon deseeu M'ont machiné ce qu'lls ont peu: A pleine gorge ils m'ont blasmé, He tant qu'ils ont peu diss$$é.
¶ Contre moi ont grincé les dents, Un tas de slatereaux mordents, Avec ces plaisans venerables, Qui vont suivans les bonnes tables.
Seigneur, que veux tu plus tarder? Plaise toi mon ame garder, Qui est seulette és maux qu'elle a, Et des lions delivre la.
{inverted ⁂} 2
¶ Sus, je te benirai, mon Dieu, De tout ce grand peuple au millieu, Pt parmi la troupe amassée Sera ta grandenr annoncée,
Fai que de rire n'ait dequoi Quiconque à tort en veux a moi, Et ne permets ces envieux A tort me guigner de leurs yeux.
¶ Car de noise ils parlent to ijours: Et rien ne pensent tous les jours Qu'á decevoir, s'il est possible, Le pauvre assligé tout paisible.
Pour mieux se moquer, ces pervers Ont sur moi leurs gosiers ouverts: Chacun d'eux a crié sur moi, Ha, ha, le méchant je le voi.
¶ Seigneur tu les as veus ausli Ne laisse point passer ceci:

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Seigneur, de loin ne m'abandonne, Mais pour juger ma cause bonne.
Mon Dieu, mon Seigneur, leve toi. Mon Dieu, mon Seigneur, juge moi Par ta juste bonté, asin Qu'ils n'en soient joyeux à la sin:
¶ Et qu'ils n'aillent disans entr'eux, Sus, sus, c'est fait, soyons joyeux, Il est destruit. Tels personnages Prenans plaisir à mes dommages,
Soient t$us consus & dissamez: Ceux qui sur moi sont animez Ayent pour tout leur parement Honte & vergogne senlement.
¶ Mais tout plaisir puisse avenir A qui vent mon droit soustenir: Chanter toûjours d'ejouïssance, Benite soit la grand' puissance
De toi, ô Seigneur Dieu, qui sais Vivre ton serviteur en paix: Tes bontez ma langue dira, Et chacun jour te chantera.

PSEAUME XXXVI.

Pseaume de doclrine.
Dixit injustus ut.

〈♫〉〈♫〉 DU malin le méchant vouloir 〈♫〉〈♫〉 Parle en mon coeur & me fait voir 〈♫〉〈♫〉 Qu'il n'a de Dieu la crainte: 〈♫〉〈♫〉 Car tant se plaist en son erreur, 〈♫〉〈♫〉 Que l'avoir en haine & horreur 〈♫〉〈♫〉 C'est bien force & contrainte.
〈♫〉〈♫〉 Son parler est nuisant & sin, 〈♫〉〈♫〉 Do∣ctrine va suyant, asin 〈♫〉〈♫〉 De jamais bien ne faire: 〈♫〉〈♫〉 Songe en son lict méchanceté, 〈♫〉〈♫〉 Au chemin tors est arresté, 〈♫〉〈♫〉 A nul mal n'est contraire.
¶ O Seigneur, ta benignité Touche aux cieux, & ta verité Dresse, aux nuës la teste. Tes jugemens semblent hauts monts, Un abysme tes actes bons, Tu gardes homme & beste.
O que tes graces nobles sont Aux honunes qui consiance ont En l'ombre de tes ailes! De tes biens soules leurs desirs, Et au sleuves de tes plaisirs Pour boire les appelles.
¶ Car source de vie en toi gist, Et ta clarté nous élargit, Ce qu'avons de lumiere. Continue, ô Dieu Tout-puissant, A tout coeur droit te connoissant Ta bonté coustumiere.
Que le pied de l'homme hautain De moi n'approche, & que sa main Ne m'ébranle ni greve: C'est fait, les iniques cherront, Et repoussez trébucheront, Sans qu'un d'eux se releve.

PSEAUME XXXVII.

Pseaume de doctrine.
Noli aemulari in malignantibus.

〈♫〉〈♫〉 NE sois fasché si durant cette vie 〈♫〉〈♫〉 Souvent tu vois prosperer les mé∣chans, 〈♫〉〈♫〉 Et des malins aux biens ne porte envie:
〈♫〉〈♫〉 Car en ru ï ne à la sin tré∣buchans, 〈♫〉〈♫〉 Seront sauchez comme foin en peu d'heure, 〈♫〉〈♫〉 Et secheront comme

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Pherbe des champ.
¶ En Dieu te fie, à bien faire labeure: La terre auras pour habitation, Et jouïras de rente vraye & seure.
En Dieu sera ta delectation, Ft des souhaits que ton coeur voudra faire Te donnera pleine fruïtion.
¶ Remets en Dieu, & toi & ton assaire, En lui te fie, & il accomplira Ce que tu veux accomplir & parfaire.
Ta preud'hommie en veuë il produira Comme le jour, si que ta vie bonne Comme un midi par tout resplendira.
¶ Laisse Dieu faire, atten-le, & ne te donne Souci aucun, regret, ni déplaisir Du prosperant qui à fraude s'adonne.
Si dueil en as, vueille t'en dessaisir, Et de te joiadre à eux n'ayes courage, Pour faire mal & suivre leur desir.
¶ Car il cherra fur les malins orage: Mais ceux qui Dieu attendront constam∣ment, Possederont la terre en heritage.
Le faux faudra si tost & tellement, Que quād sa place iras chercher & querre, N'y trouveras la trace seulement.
{inverted ⁂} 1
¶ Mais les benins heriterōt la terre, Et y auroxt sans moleste d'autrui Tout le plaisir que l'homme sauroit querre.
Il est certain que tout mal & ennui L'homme pervers au bien vivant machine, Et par fureur grince les dents sur lui.
¶ Mais cependant la Majesté divine Rit du méchant: car de fes yeux ouverts Voit bien venir le jour de sa ruïne.
Tirer leur glaive on verra les pervers, Et bander l'arc pour l'hūble & povre batre, Et pour les bons ruër morts à l'envers.
¶ Mais leur couteau sera pour les combatre, Et percera leur coeur, tant il soit caut, Mesme ils verront leur are rōpre & abatre.
Certes le peu de l'homme juste vaut Mille fois mieux que la riche abondance Du mal-vivant, tant soit élevé haut.
¶ Car du méchant le bras & la puissance Seront rompus: mais le Dieu supernel Sera des bons toûjours la soustenance.
Il voit & sçait par un soin paternel Les jours de ceux qui ont vie innocente, Et d'iceux est l'heritage eternel.
¶ Point ne seront frus$'ez de leur attente Au mauvais temps, & si seront soulez Aux plus longs jours de famine dolente.
Mais les malins periront desolez, Et n'aimans Dieu s'en iront en fumée, Ou deviendront comme graisse écoulez.
{inverted ⁂} 2
¶ Leur main sera d'emprūter assamée, Sins pouvoir rendre: & les justes auront Dequoi montrer charité enflammée.
Car les benins de Dieu possederont Finalement terre pleine de graisse, Et les maudits en pauvreté cherront.
¶ Dieu tous les pas du vertueux adresse, Et au chemin qu'il veut suivre & tenir Donne faveur, & l'unit, & le dresse.
Si de tomber ne se peut contenir, D'estre sroissé ne lui faut avoir crainte, Car Dieu viendra la main lui soustenir.
¶ J'ai esté jeune, & vieillesse ai atteinte, Et n'ai point veu le juste abandonner, Ni ses enfans mandier par contrainte:
Mais chacun jour ne faire que donner, Prester, nourrir: & si voit-on sa race Accroistre en heur, & en bien foisonner.
¶ Fui donc le mal, sui le bien à la trace. Et de dure$ à perpetuïte Le Seigneur Dien te donnera la grace:
Car il ne perd (tant il aime équité) Nul de ses bons, ils ont garde eternelle: Mais il destruit les fils d'iniquité.
{inverted ⁂} 3
¶ Les bien vivans en joye solennelle Possederont la terre qui produit, Et à jamais habiteront en elle.
Du bien-vivant la bouche rien n'instruit Que sa pience, & sa langue n'expose Rien qui ne soit tres-uste & plein de fruit:
¶ Car en son coeur la Loi de Dieu repose: Partant mon pied ne sera point glissant, Quelque chemin que tenir il propose.
Il est bien vrai que l'inique puissant Le juste épie, & pour à mort le mettre Le va cherchant comme un loup rugissant.
¶ Mais en sa main Dieu ne voudra permet∣tre. Qu'il soit soûmis, ni le voir condamner Quand à justice il se vlendra soûmettre.
Dieu donc atten, vueille en lui cheminer, Haut te mettra sur la terre feconde, Et les malins verras exterminer.
¶ J'ai veu l'inique enssé & craint au monde, Qui s'estendant grand & haut verdissoit Comme au laurier qui en rameaux abonde.
Puis repassant par où il fleuristoit, N'y estoit plus, & le cherchai à force, Mais ne le sçeus trouver en lien qui soit,
¶ Garde de nuire, à voir le droit t'esforce, Car l'homme tel ensin pour son loyer Aura repos, loin d'ennui & divorce.
Destruits seront les prompts à fourvoyer, Et des méchans tout le dernier salaire Sera, que Dieu les viendra foudroyer.
¶ Que dirai plus? Dieu est le salutaire. Des bien-vivans: c'est celui qui sera Toûjours leur force au temps dur & contrai∣re.
Les secourant, il les delivrera: Les delivrant, garde il en voudra faire, Pource qu'en lui chacun d'eux espoir a.

PSEAUME XXXVIII.

Pseaume de priere.
Domine, ne in surore tuo arguas me.

〈♫〉〈♫〉 LAs! en ta sureur aiguë 〈♫〉〈♫〉 Ne m'argue 〈♫〉〈♫〉 De mon fait, Dieu tout-puissant: 〈♫〉〈♫〉

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〈♫〉〈♫〉 Ton ardeur un peu retire. 〈♫〉〈♫〉 N'en ton ire, 〈♫〉〈♫〉 Ne me puni languissant.
¶ Car tes fleches décochées Sont fichées Bien fort en moi fans mentir: Et as voulu, dont J'endure, Ta main dure Dessus moi appesantir.
¶ Je n'ai sur moi chair ni veine Qui soit saine, Par l'ire en quoi je t'ai mis: Mes os n'ont de repos ferme Jour ni terme, Par les maux que je commis.
¶ Car les peines de mes fautes Sont si hautes, Qu'elles surmontent mon chef: C'est un faix insupportable Qui m'accable, Tant croist sur moi ce méchef.
¶ Mes cicatrices puantes Sont stuantes De sang de corruption. Las! par ma grande solie M'est sortie Toute cette infection.
{inverted ⁂} 1
¶ Tant me fait mon mal la guerre, Que vers terre Suis courbé totalement: Avec triste & noire mine Je chemine Tout en pleurs journellement.
¶ Car mes cuisses & mes aines Sont si pleines Du mal dont suis tourmenté: Qu'il n'y a en ma chair toute Une goutte D'apparence de santé.
¶ Moi, qui soulois estre habile, Suis debile, Cassé de corps, pieds & mains: Si que de la douleur forte Qu'au coeur porte Je jette cris inhumains.
¶ Or tout ce que je desire, Tres-cher Sire, Tu le vois clair & ouvert: Le sosipir de ma pensée Transpercée Ne t'est eaché ni couvert.
¶ Le coeur me bat à outrance, Ma puissance M'a delaissé tout perclus: Et de mes yeux la lumiere Coûtumiere, Voire mes yeux je n'ai plus.
¶ Les plus grands amis que j'aye, De ma playe Sont vis à vis sans grand soin: Et hors mis toutes reproches, Mes plus proches La regardent de bien loin.
{inverted ⁂} 2
¶ Ceux qui à ma mort s'attendent Leurs laqs tendent: D'autres voulans me grever, Sur moi mille maux avancent, Et ne pensent Que fraudes pour m'achever.
¶ Et moi comme n'oyant gonte Les écoute, Leur coeur ont beau découvrir: Je suis là comme une souche, Sans ma bouche Non plus qu'un muet ouvrir.
¶ Je suis devenu en somme, Comme un homme Du tout sourd, & qui n'oit point: Et qui n'a quand on le pique, De replique Dedans sa bouche un seul poinct.
¶ Mais avecques esperance L'asseurance De ton bon secours j'attens: Et ainsi, mon Dieu, mon Pere, (Je l'espere,) Tu me répondras à temps.
¶ Je le dis, & je t'en prie, Qu'on ne rie De mon malheureux émoi: Car dés qu'un peu mon pied glisse, Leur malice S'éjouït du mal de moi.
{inverted ⁂} 3
¶ Vien donc, car je suis en voye Qu'on me voye Clocher trop honteusement: Pource que la grand' détresse Qui m'oppresse Me pourluit incessament.
¶ Las! à part moi avec honte Je raconte Mon trop inique sorfait: Je réve, je me tourmente, Je lamente, Pour le peché que j'ai fait.
¶ Cependant mes adversaires Et contraires Sont vifs & mortisiez: Ceux qui m'ont sans cause aucune En rancune, Sont creus & multipliez.
¶ Eux tous contre moi se banden$ Et me rendent Pour le bien Piniquité. Et de leur haine la source, $e sut pource Que je suivois équité.
¶ Seigneur Dieu, ne m'abandonne, Moi personne Déchassée d'un chacun: Loin de moi la grace tienne, Ne se tienne, D'ailleurs n'ai espoir aueun.
¶ Vien & approche toi donques, Vien, si onques De tes enfans te chalut: De me secourir te haste, Je me gaste, Seigneur Dieu de mon salut.

PSEAUME XXXIX.

Pseaume de consolation.
Dixi, Custodiam vias.

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〈♫〉〈♫〉 J'Ai dit en moi, De prés J'aviserai 〈♫〉〈♫〉 A tout cela que je ferai, 〈♫〉〈♫〉 Pour ne parler un seul mot de travers, 〈♫〉〈♫〉 En voyant debout le pervers: 〈♫〉〈♫〉 Voire deusse-je afin de ne parler, 〈♫〉〈♫〉 Ma propre bouche emmuseler.
¶ Comme un muet du tout je n'ai dit rien, Mesme jusques à taire le bien: Mais j'ai senti augmenter ma douleur, Et mon coeur doubler sa chaleur: Si qu'en pensant j'estois comme brûlé, Parquoi de ma langue ai parlé:
¶ O Eternel, declare moi ma fin, Et le temps de ma vie, afin Que de mes ans j'entende tout le cours. Voila, tu m'as taillé mes jours Au demi pied: mon temps de bout en bout Au prix du tien n'est rien du tout.
¶ Certes tout homme est pure vanité, Quand mesme il semble estre arreslé: Certes il est comme un songe passant, Et pour neant va tracassant Pour amasster force bien sans sçavoir L'heritier qui les doit avoir.
{inverted ⁂}
¶ Qu'atten-je donc ô Seigneur, & en∣quoi Gist mon espoir? certes en toi. Delivre moi des maux que j'ai commis, Ft ne permets que je sois mis Comme à servir de ris & passe- temps A ceux qui ont perdu le sens.
¶ J'ai fait ainsi qu'un muet proprement, J'ai clos la bouche entierement: Car c'est de toi que me vient tout ceci. Retire donc de moi transi Ta playe: helas! je sens fondre mon coeur, Sentant de ta main la rigueur.
¶ Quand les pecheurs il te plaist de punir, On les voit a rien devenir. On voit perir la beauté du pervers Comme un habit rongé de vers. Certes tout homme, à dire verité, N'est autre cas que vanité.
¶ Oi ma priere, enten à mes clameurs: Seigneur, ne méprise mes pleurs: Car pelerin étranger tu me vois, Comme mes peres autrefois. Recule toi, soussre moi renforcer, Devant que j'aille trépasser.

PSEAUME XL.

Pseaume d'action de graces.
Expectans expectavi Dominum.

〈♫〉〈♫〉 APres avoir constamment attendu 〈♫〉〈♫〉 De PEternel la volonté, 〈♫〉〈♫〉 Il s'est tourné de mon costé, 〈♫〉〈♫〉 Et a mon cri au besoin entendu.
〈♫〉〈♫〉 Hors de fange & d'ordure, 〈♫〉〈♫〉 Et prosondeur obscure, 〈♫〉〈♫〉 D'un goussre m'a ti ré: 〈♫〉〈♫〉 A mes pieds assermis, 〈♫〉〈♫〉 Et au chemin remis 〈♫〉〈♫〉 Sur un roc asseuré.
¶ Dedans ma bouche un nouveau chant d'honneur Il a mis pour son los & pris: Plusieurs l'oyans sera appris En toute crainte à s'attendre au Seigneur.
O l'homme heureux au monde Qui dessus Dieu se sonde, Et en fait son rempart! Laissant tous ces hautains, Hommes menteurs & vains, S'égarer à l'écart.
¶ Seigneur mon Dieu, merveilleux sont tes faits: Tu penses de nous tellement, Que nul ne sçauroit seulement Mettre de rang les biens que tu lui fais!
Si je lés mets en conte, Le nombre me surmonte. Bestes pour t'adresser Et gasteaux t'ont dépleu: Mais, Seigneur, il t'a pleu L'oreille me percer.
¶ Tu n'as requis oblation de moi Pour le péche: Lors je t'al dit, Me voici prest: il est écrit

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De moi ton serf au rolle de la Loi:
Que ta volonté sainte Paccomplisse sans feinte: Je le veux, ô mon Dieu! Ce qu'as determiné Je porte enraciné De mon coeur au milieu.
{inverted ⁂}
¶ J'ai publié ta justice & presché, Voire sans feindre aucunement: Seigneur, tu le sçais, & comment Rien je n'en ai tenu clos ni caché.
Ta loyauté constante, Et ton aide puissante Je declare à chacun: J'annonce ta bonté Et grand' fidelité Au milieu du comman.
¶ Or tes bontez tu ne m'épargneras: De ta grande compassion, Et verité sans fiction, Sans fin, Seigneur, tu m'accompagneras,
Infinis maux m'affaillent, Mes pechez me travaillent, La veuë me dessaut: Je sens plus de méchef Que de poil sur mon chef: Le courage me faut.
¶ Delivre moi, Seigneur, par ton support: Accours à mon aide, Seigneur: Soient confus en grand deshonneur Tous ces méchans qui pourchassent $$ mort.
Honte tous ceux ruïne Qui cherchent ma ruïne: Ceux qui rient de moi Soient tous recompensez Des maux qui m'ont brassez, De vergogue & d'émoi.
¶ Mais trouve en toi tout plaisir solennel Quiconques a vers toi recours: Quiconques aime ton secours Die à toûjours, Loiié soit l'Eternel.
Pauvre suis miserable, Mais mon Dieu secourable A eu de moi le soin. Mon Dieu, tu m'as aidé, C'est toi qui m'as gardé, Sois prest à mon besoin.

PSEAUME XLI.

Pseaume de priere & de prophetie.
Beatus vir qui intelligit.

〈♫〉〈♫〉 O Bien-heureux qui juge sagement 〈♫〉〈♫〉 Du pauvre en son fourment! 〈♫〉〈♫〉 Cer∣tainement Dieu le sou la gera 〈♫〉〈♫〉 Quand af sli gé sera.
〈♫〉〈♫〉 Dieu le rendra sain & sauf, & fera 〈♫〉〈♫〉 Qu'encor il florira: 〈♫〉〈♫〉 Point ne voudra l'exposer aux souhaits 〈♫〉〈♫〉 Que ses haineux ont faits.
¶ Lors qu'en son lict sera plein de langueur, Dieu lui donra vigueur, Et changera son lict d'infirmité En úii lict de santé.
En mes douleurs, ô Dieu, j'ai dit ainsi, Aye de moi merci: Guert mon ame, ô Dieu: car j'ai forfait, Et contre tol méfait.
¶ Mes ennemis m'ont souhaité des maux En leurs courages faux, Disans, Jamais ne pourra-il mourir, Et son renom perir?
Me venans voir, m'ont fait de beaux discours, Couvans leurs méchans tours Dedans le coeur: puis chaeun quand il sort Va faire son rapport.
{inverted ⁂} ¶ Eux tous alors certains propos mordents Grondent entre leurs dents: Chacun voudroit me voir exterminé, Et du tout ruïné:
Disans, Cét homme est au lict attaché Pour, quelque grand peché: Il est si plat qu'il ne s'en peut sauver Ni jamais relever.
¶ Mesme sur moi mon ami de plus prés, Témoin de mes secrets, Mon, ami, dis-je, en ma table élevé, Son talon a levé.
Mais tol, Seigneur, ayes compassion De mon asstiction: Redresse moi, lors payez ils seront Des tourmens qu'ils me sont
¶ Mais quoi? deja par cela voir je puis Combien cher je te suis, Que mes haineux n'ont encore dequoi Pouvoir rire de mol.
C'est toi qui m'as en mon entier tenu, Et toûjours soustenu. Voire & voudras toûjours à l'avenir Devant toi me tenir.
¶ Loiié soit Dieu, le grand Dieu d'Israēl, D'un los perpetuel. De siecle en siecle. Ainsi, ainsi, Seigneur, Soit chanté ton honneur.

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PSEAUME XLII.

Pseaume de eonsolation.
Quemadmodum desiderat cervus.

〈♫〉〈♫〉 AInsi qu'on oit le cerf bruire, 〈♫〉〈♫〉 Pourchassant le frais des eaux, 〈♫〉〈♫〉 Ainsi mon coeur qui soûpire, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, apres tes ruisseaux,
〈♫〉〈♫〉 Va toûjours criant, suivant 〈♫〉〈♫〉 Le grand, le grand Dieu vivant. 〈♫〉〈♫〉 Helas! donques quand sera-ce 〈♫〉〈♫〉 Que verrai de Dieu la face?
¶ Jour & nuict pour ma viande De pleurs me vai soustenant, Q$and je voi qu'on me demande, Où est ton Dieu maintenant?
Je fons en me souvenant Qu'en troupe j'allois menant, Priant, chantant, grosse bande Faire au Temple son offrande.
¶ D'où vient que t'ebahis ores, Mon ame, & fremis d'émoi? Espere en Dieu, car encores Sera-t'il chanté de moi,
Quand d'un regard seulement $ guerira mon tourment. Las! mon Dieu, je sens mon ame Qui de grand desir se pasme.
¶ Car j'ai de toi souvenance Depuis outre le Jordain, Et la froide demeurance De Hermon pais hautain:
Et de Misar autre mont, Un goussre l'autre semont, Lors que tonnent sur ma teste Les torrens de ta tempeste.
{inverted ⁂} ¶ Tous les grands slots de ton onde Par dessus moi ont passé: Mais sur un poinct je me fonde, Que n'estant plus courroucé,
De jour tes biens m'envoiras, De nuict chanter me feras, Priant d'une ame $avie, Toi seul autheur de ma vie.
¶ Je dirai, Dieu ma puissance, D'où vient qu'en oubli suis mis? Pourquoi vis-je en déplaisance, Presse de mes ennemis?
Je sens leurs méchans propos Me navrer jusques aux os, Quand ils disent à toute heure, Ou fait ton Dieu sa demeure.
¶ D'où vient que t'ebahis ores, Mon ame, & fremis d'émol? Espere en Dieu: car encores Sera-t'il loiié de moi:
D'autant qu'il est le Sauveur Me presentant sa faveur. Bref, pour conclurre, mon ame, C'est le Dieu que je reclame.

PSEAUME XLIII.

Pseaume de priere.
Judica me Deus, & discerne.

〈♫〉〈♫〉 REvenge moi, pren la querelle 〈♫〉〈♫〉 De moi, Seigneur, par ta merci, 〈♫〉〈♫〉 Con∣tre la gent fausse & cruelle: 〈♫〉〈♫〉 De l'homme rempli de cautelle, 〈♫〉〈♫〉 Et en sa ma∣li ce endurci, 〈♫〉〈♫〉 Delivre moi aussi.
¶ Las! mon Dieu, qui es ma puissance: Fourquoi fuis-tu me rebutant? Pourquoi fais-tu qu'en déplaisance $e chemme sous la nuissance De mon adversaire qui tant Me va persecutant?
¶ A ce coup ta lumiere luise, Et ta foi veritable tien: Chacunes d'elles me conduise En ton fainct mont, & m'introduise Jusques au tabernacle tien, Avec humble maintien.
¶ Là dedans prendrai hardiesse D'ller de Dieu jusqu'a l'autel, Au Dieu de ma joye & liesse: Et sur la harpe chanteresse

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Confesserai qu'il n'est Dieu tel Que toi, Dieu immortel.
¶ Mon coeur, pourquoi t'ébahis ores, I'ourquoi te debats dedans moi? Atten le Dieu que tu adores: Car graces lui rendrai encores, Dont il m'aura mis hors d'émoi, Comme mon Dieu & Roi.

PSEAUME XLIV.

Pseaume de priere.
Deus, auribus nostris audivimus.

〈♫〉〈♫〉 OR avons-nous de nos oreiiles, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, entendu tes merveilles 〈♫〉〈♫〉 Ra∣conter à nos peres vieux, 〈♫〉〈♫〉 Faites jadis & devant eux.
〈♫〉〈♫〉 Ta main a les peu∣ples chassez, 〈♫〉〈♫〉 Plantant nos peres en leur pluce: 〈♫〉〈♫〉 Tu as les peuples oppres∣sez 〈♫〉〈♫〉 Y salsant $ermer nostre race.
¶ Ce n'est point done par leur épée Qu'ils ont cette terre occupée: Es dangers à eux survenus Lour bras ne les a soustenus.
Ta dextre a esté leur sauveur, Ton bras, ta face debonnalre: Et leur as suit cette faveur, D'autant qu'il t'a pleu de ce faire.
¶ Tu es le Roi qui me domine, Seigneur, de puissance divine: Fai que Jacob ton blen-aimé Ait ton secours accoustumé.
Par ton secours nous choquerons Tous les ennemis qui nous grevent: Et par ton Nom nous foulerons Tous ceux qui contre nous s'élevent.
¶ Car en mon are je n'ai fiance, Et sçai tres-bien que la puissance De mon épée ne sera Celle qui me garantira.
Mais toi qui nous as defendus Contre nos plus grands adversaires: Voire toi, qui rends confondus Tous ceux-là qui nous sont contraires.
{inverted ⁂} 1
¶ En Dieu gist toute nostre gloire Un chacun jour, & ta memoire Nons deliberons desormais De magnifier à jamais.
Mais tu te tiens de nous bien loin, Rougir nous fais en leur presence, Et nos gendarmes au besoin Tu n'accompagnes pour defence.
¶ Tourner tu nous fais en arriere Devant l'armée meurtriere Des ennemis venans saisir Tout nostre bien à leur plaisir.
Tu nous fais estre à ces pillards Comme brebis aux boucheries: Semé nous as de toutes parts Parmi nations ennemies.
¶ Ta gent pour neant as venduë Ainsi qu'une chose perduë: Tellement que, tout bien conté, Tu n'en as rien prosité.
Tu fals qu'en oppobre nous ont Tous ceux qui entour nous habitent: Voire ceux qui nos voisins sont Par tout nous blasment & dépitent.
¶ Nous ne serons, comme nous sommes, Que de proverbe aux autres hommes: Ceux qui nous voyent quant & quant. Branlent la teste en se moquant.
Honte chemine devant moi Un chacun jour, quoj que je face: Si que de vergogne & d'émoi Contraint suis de couvrir ma face.
¶ Tant il nous faut ouīr d'injures, Et maintes reproches tres-dures: Tant d'ennemis fur nous ranger. Ne cherchent que d'estre venger.
Nonbstant tout ce traitement. Tu n'es point mis en oubliance. Et n'avons point fuit autrement Que porte ta saincte alliance.
{inverted ⁂} 2
¶ Ailleurs qu'à toi nostre pensee, Seigneur, ne s'est point adressée: Hors le chemin qu'as ordonné Nostre pied n'a point cheminé.
Parmi dragons envenimez, Combien que ta main nous accable, Et que nous ayes abysmez D'ombre de mort époutantable.
¶ Si nous n'avions eu souvenance De nostre Dieu & sa puissance: Si nous avions tendu la main A d'autre Dieu qu'au Souverain:
Dieu ne s'enquerroit-il point? Lui, dis-je, qui connoit & sonde, Voire jusques au dernier poinct, Les plus fins coeurs de tout le monde?
¶ On nous meurtrit pour ta querelle, On nous tient en estime telle Que brebis qu'on nourrit expres, Pour les massacrer puis apres.
Helas! Seigneur, pourquoi dors-tu? Réveille toi en nos oppresses: Réveille, dis-je, ta vertu, Et pour jamais ne nous delaisses.

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$ Pourquoi caches-tu ton visage? $ourquoi alors qu'on nous outrage, Was-tu quelque compassion De nostre grande oppression?
La grand rigueur dont tu nous bats Consond nos ames & atterre: Nous avons les ventres tous plats, Comme collez contre la terre.
¶ Leve toi donc, & nous accorde L'aide de ta misericorde: Et pour l'amour de ta bonté Delivre nous d'adversité.

PSEAUME XLV.

Pseaume de doctrine.
Eructavit cor meum verbum.

〈♫〉〈♫〉 PRopos exquis faut que de mon coeur sorte, 〈♫〉〈♫〉 Car du Roi veux dire chan∣son de sorte, 〈♫〉〈♫〉 Qu'à cette fois ma langue mieux dira, 〈♫〉〈♫〉 Qu'un scribe prompt de plume n'écrira.
〈♫〉〈♫〉 Le mieux formé tu es d'humaine race: 〈♫〉〈♫〉 En ton parler gist merveilleuse grace, 〈♫〉〈♫〉 Parquoi Dieu fait que toute nation 〈♫〉〈♫〉 Sans fin te louë en benediction.
¶ O le plus fort que rencontrer on puisse, Accoutre & ceint sur ta robuste cuisse Ton glaive aigu, qui est la resplendeur Et l'ornement de royale grandeur.
Entre en ton char, triōphe à la bōne heure En grand honneur, puis qu'avec demeure Verité, foi, justice, & coeur humain: Voir te fera de grand's choses ta main.
¶ Tes dards luisans & tes sagettes belles Poignantes sont: les coeurs à toi rebelles Seront au vif d'icelles transpercez, Et dessous toi les peuples renversez.
O Dieu & Roi, ton trône venerable Est un haut trône à jamais perdurable. Le sceptre aussi de ton regne puissant Est d'équité le sceptre slorissant.
¶ Iniquité tu hais, aimant justice: Pour ces raisons, Dieu, ton Seigneur propice, Sur tes consorts t'ayant le plus à gré, D'huile de joye odorant t'a sacré.
De tes habits les plis ne sentent qu'ābre, Et muse, & myrrhe, en allant de ta chābre Hors ton'palais d'yvoire haut & fier, Li où chacun te vient gratifier.
{inverted ⁂}
¶ Avec toi sont filles de rois bien nées, De tes presens tres-precieux ornées, Et la nouvelle épouse à ton costé, Qui d'or d'Ophir couronne sa beauté.
Ecoute fille, en beauté nompareille, Enten à moi, & me preste Poreille: Il te convient ton peuple familier, Et la maison de ton peuple oublier.
¶ Car nostre Roi, nostre souverain Sire Tres-ardamment ta grand' beauté desire: D'oresnavant ton Seigneur il sera, Et de toi humble obeissance aura.
Peuples de Tyr, peuples pleins de richesses, D'honneurs & dons te feront grand's lar∣gesses: Ce ne sera de la fille du Roi Sous manteau d'or. sinon tout noble arroi.
¶ D'habits brodez richement atournée Elle sera devant le Roi menée, Avec le train des vierges la suivans, Et de ses plus prochaines la servans.
Pleines de joye & d'ennui exemptées Au Roi seront ensemble presentées: Elles & toi en triomphe & bon- heur L'irez trouver en son palais d'honneur.
¶ Ne crain donc point de l$$sser pere & mere: Car au lieu d'eux mariage prospere Te produira beaux & nobles enfans, Que tu feras par tout Rois triomphans.
Quant est de moi, à ton Nom & ta gloire Ferai écrits d'eternelle memoire, Et par lesquels les gens à l'avenir Sans fin voudront te chanter & benir.

PSEAUME XLVI.

Pseaume de victoire.
Deus noster refugium.

〈♫〉〈♫〉 DEs qu'adversité nous offense, 〈♫〉〈♫〉 Dieu nous est appui & defense: 〈♫〉〈♫〉 Au be∣soin

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l'avons éprouvé: 〈♫〉〈♫〉 Et grand secours en lui trouvé.
〈♫〉〈♫〉 Dont plus n'aurors crainte ni doute, 〈♫〉〈♫〉 Et deust trembler la terre toute 〈♫〉〈♫〉 Et les montagnes abys∣mer 〈♫〉〈♫〉 Au milieu de la haute mer.
¶ Voire deussent les eaux profondes, Bruire, écumer, ensser leurs ondes, Et par leur superbe pouvoir Rochers & montagnes mouvoir.
Au temps de tourmente si fiere, Les ruisseaux de nostre riviere Réjouiront la grand' cité, Lieu tres-saint de la Deïté.
¶ Il est certain qu'au milieu d'elle Dieu fait sa demeure eternelle: Rien ébranler ne la pourra, Car Dieu prompt secours lui donra.
Troupes de gens sur nous coururent: Meus contre nous royaumes surent: Du bruit des voix tout l'air fendoit, Et sous eux la terre fondoit.
{inverted ⁂} ¶ Mais pour nous en ces durs alarmes A este le grand Dieu des armes: Le Dieu de Jacob est un fort Pour nous encontre tout essort.
Venez, contemplez en vous-mesmes Du Seigneur les actes supremes, Et ces lieux terrestres voyez Comment il les a nettoyez.
¶ Il a éteint cruelle guerre Par tout jusqu'aux bouts de la terre: Brise lances, rompu les arcs, Et par feu les chariots ards.
Cessez, dit-il, & connoissance Ayez de ma haute puissance: Dieu suis, j'ai exaltation Sur toute terre & nation.
¶ Conclusion, le Dieu des armes Des nostres est en tous alarmes: Le Dieu de Jacob est un fort Pour nous encontre tout essort,

PSEAUME XLVII.

Pseaume de réjouïssance.
Omnes gentes plaudite.

〈♫〉〈♫〉 ORsus tous humains, 〈♫〉〈♫〉 Frappez en vos mains: 〈♫〉〈♫〉 Qu'on oye sonner, 〈♫〉〈♫〉 Qu'on oye entonner 〈♫〉〈♫〉 Le Nom solennel 〈♫〉〈♫〉 De Dieu Eternel.
〈♫〉〈♫〉 C'est le Dieu tres-haut 〈♫〉〈♫〉 Que craindre il nous saut, 〈♫〉〈♫〉 Le grand Dieu qui fait 〈♫〉〈♫〉 Sentir en effet 〈♫〉〈♫〉 Sa force au travers 〈♫〉〈♫〉 De tout l'univers.
¶ Sous nostre pouvoir Il nous sera voir Les peuples batus: l'euples batus Et humiliez Mettra fous nos pieds.
C'est lui qui à part A mis nostre part De Jacob l'honneur: Auquel le Seigneur S'est montré sur tous Amiable & doux.
¶ Or donc le vici Qui s'en vient ici, A grands cris de voix A son de haut-bois Voyons arrivant Le grand Dieu vivant.
Chantez-moi, chantez De Dieu les bontez: Chantez, chantez-moi Nostre puissant Roi: Car il est le Dieu Regnant en tout lieu.
¶ Sages & diserets, Chantez ses secrets: Car tous les Gentils Tient assujettis, Au trône monté De sa saincteté.

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Les Princes puissans S'assujettissans Vers lui sont venus, Pour estre tenus Peuples du Dieu Saint Qu'Abraham à craint.
¶ Car Dieu en sa main. Comme souverain De ce monde entier, Porte le bouclier, Elevé sur tout Jusqu'au dernier bout.

PSEAUME XLVIII.

Pseaume d'action de graces.
Magnus Dominus & laudabilis.

〈♫〉〈♫〉 C'Est en sa tres-saincte Cité, 〈♫〉〈♫〉 Lieu choisi pour sa saincteté, 〈♫〉〈♫〉 Que Dieu déploye en excellence 〈♫〉〈♫〉 Sa gloire & sa magnificence.
〈♫〉〈♫〉 La montagne de Sion, 〈♫〉〈♫〉 Devers le Septentrion, 〈♫〉〈♫〉 Ville au grand Roi consacrée, 〈♫〉〈♫〉 Est en si belle contrée, 〈♫〉〈♫〉 Que la terre universelle 〈♫〉〈♫〉 Ne doit s'éjou ïr qu'en elle.
¶ Dieu au palais d'elle est connu Et pour sa defense tenu: Car un jour les Rois se banderent, Et tous equipez s'y trouverent.
Ils ont veu les effets, Dont estonnez & défaits, Eux avec toute leur bande, Surpris d'une frayeur grande, Avec extréme détresse Se sont sauvez de vitesse.
¶ Douleur comme d'enfantement Les saisit avec tremblement: Comme quand d'un terrible orage Tu brises tout un navigage.
Trouveé l'avons tout ainsi Qu'on nous avoit dit aussi: En la ville où tu habites, Seigneur Dieu des exercites, Et cette saincte demeure, Où nostre grand Dieu demeure.
{inverted ⁂} ¶ Dieu l'a fondée tellement, Que perir ne peut nullement: Là au milieu de ton sainct Temple, O Dieu, ta fureur se contemple.
Ainsi que de toutes parts, O Dieu! ton Nom est épars, Ta loiiange aussi redonde Jusqu'au dernier bout du monde, Et de bonté souveraine Ta main droite est toute pleine.
¶ De Sion tout le sacré mont S'en réjouït, festes en font Les filles de Juda, joyeuses De tes justices glorieuses.
Faites de Sion le tour, Contez les tours à l'entour, Prenez garde aux forteresses. Considerez leurs hautesses, Pour les faire à ceux connaistre Qui sont encore à naistre.
¶ Car lui seul est le Dieu regnant, Dieu à jamais nous soustenant, Qui ci bas nous viendra conduire, Tant que la mort nous en retire.

PSEAUME XLIX.

Pseaume de doctrine.
Andite haec omnes.

〈♫〉〈♫〉 PEuples oyez, & l'oreille prestez, 〈♫〉〈♫〉 Hommes mortels, qui le monde habi∣tez, 〈♫〉〈♫〉 Des plus petits jusques aux plus puissans, 〈♫〉〈♫〉 Riches hautains & pauvres languissans:
〈♫〉〈♫〉 Sages propos ma bouche annoncera, 〈♫〉〈♫〉 Graves discours mon coeur entamera: 〈♫〉〈♫〉 A mes beaux mots l'oreille je veux tendre, 〈♫〉〈♫〉 Et sur mon luth

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grand's choses vous apprendre.
¶ Pourquoi serai-je en mes maux estonné, Quoi que je sois clos & environné D'un dur souci, qui talonne mes pas Pour me surprendre & renverser en bas?
Aucuns se sont à leurs tresors tenus, Se faisans fiers de leurs grands revenus: Mais nul n'en peut faire son frere vivre, N'offrir à Dieu rançon qui le delivre.
¶ Car le rachat de leur ame est trop cher Pour estre fait: quoi qu'on vueille tascher De vivre ici perpetuellement, Sans jamais voir fosse ni monument:
Veu qu'on y voit les sages se mourir, Le fol, le sot également perir. En delaissant leur tant chere chevance, Mesmes à ceux dont ils n'ont connoissance.
¶ Et toutefois tout le discours qu'ils sont, C'est qu'à jamais leurs maisons dureront, Que leur logis & places de leur nom De fils en fils porteront leur renom.
Mais telles gens ont beau estre seigneurs, Ils ne sçauroient maintenir leurs honneurs: Ains periront du tout ces grosses testes, Et s'en iront semblables à des bestes.
{inverted ⁂} ¶ Leur train ne tend qu'à fole van$$ Et toutefois à grand' hastiveté Leurs fols enfans vont coustumierement Suivans le train de cét enseignement.
Ils seront mis en terre par troupeaux: D'eux se paistra la mort en leurs tōbeaur$ Des bons sera la compagnie heureuse, Au poinct du jour sur eux victorieuse.
¶ Eux & leur lustre à neant tourneront, De leurs maisons à la fosse ils iront: Mais de la mort Dieu me rachetera, Car comme sien il me retirera.
Ne crain dōc point quād quelqu'un aurasres Devenu riche, & en honneurs accreu: Car en mourant ses tresors il ne serre, Et ses honneurs avec lui on n'enterre.
¶ En cette vie ils ont eu passe- temps, Et loiient ceux qui se donnent bon temps Mais ils suivront leurs peres aux bas lieux Sans jamais voir lumiere de leurs yeux.
Conclusion, quand un homme avancé En grands honneurs, en devient insensé, Il n'est plus hōme, ains aux bestes ressemble, Desquelles meurtame & corps tout en $ble.

PSEAUME L.

Pseaume de doctrine.
Deus deorum Dominus locutus.

〈♫〉〈♫〉 LE Dieu, le Fort, l'Eternel parlera, 〈♫〉〈♫〉 Et haut & Clair la terre appellera: 〈♫〉〈♫〉 De l'Orient jusques à l'Occident, 〈♫〉〈♫〉 Devers Sion Dieu clair & évident 〈♫〉〈♫〉 Appa∣roistra orné de beauté toute: 〈♫〉〈♫〉 Nostre grand Dieu viendra n'en faites doute.
¶ Ayant un feu devorant devant lui, D'un vehement tourbillon circuï, Pour appeller & terre & ciel luisant, Et juger là tout son peuple: En disant, Assemblez moi mes saincts, qui par fiance Sacrifians ont pris mon alliance.
¶ (Et vous les cieux, direz en tout endroit Son jugement, car Dieu est Juge droit:) Enten mon peuple, & à toi parlerai: Ton Dieu je suis, rien ne te celerai: Par moi repris ne seras des ossrandes Qu'en sacrifice ai voulu que me rendes.
¶ Je n'ai besoin prendre en nulle saison Bouc de tes parcs, ni boeuf de ta maison, Tous animaux des bois sont de mes biens: Mille troupeaux en mille mōts sont miens: Miens je connois les oiseaux des montagnes, Et Seigneur suis du bestail des campagnes.
{inverted ⁂}
¶ Si j'avois faim, je ne t'en dirois rien: Car à moi est le monde & tout son bien. Suis-je mangeur de chair de gros taureaux? Ou bois-je sang de boucs ou de chevreaux? A l'Eternel loiiange sacrifie: Au Souverain rend tes voeux & t'y fie.
¶ Invoque moi quand oppressé seras, Lors t'aiderai, puis honneur m'en feras. Aussi dira l'Eternel au méchant, Pourquoi vas-tu mes edicts tant preschact, Et prens ma Loi en ta bouche maligne, Veu que tu as en haine discipline:
¶ Et que mes dits jettes & ne reçois? Si un larron d'aventure apperçois, Avec lui cours: car autant que lui vaut, T'accompagnant de paillards & ribaux: Ta bouche mets à mal & médisances, Ta langue brasse & fraudes & nuisances.
¶ Causant assis pour ton prochain blasmer, Et pour ton frere ou cousin dissamer: Tu fais ces maux, & cependant que rieus Je ne t'én dis, tu m'estimes & tiens Semblable à toi: mais quoi que tard le face T'en reprendrai quelque jour en ta face.
¶ Or entendez cela, je vous suppli', Vous qui mettez l'Eternel en oubli, Que sans secours vous ne soyez défaits: Sacrisians loiiange, honneur me faits, Dit le Seigneur: & qui tient cette voye, Douter ne faut que mon salut ne voye,

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PSEAUME LI.

Pseaume de priere.
Miserere mei Deus, secundúm.

〈♫〉〈♫〉 MIsericorde au pauvre vicieux, 〈♫〉〈♫〉 Dieu tout puissant, selon ta grand' cle∣mence: 〈♫〉〈♫〉 Use à ce coup de ta bonté immense, 〈♫〉〈♫〉 Pour effacer mon fait perni∣cieux.
〈♫〉〈♫〉 Lave moi, Sire, & relave bien fort, 〈♫〉〈♫〉 De ma commise iniquité mauvaise, 〈♫〉〈♫〉 Et du peché qui m'a rendu si ord, 〈♫〉〈♫〉 Me nettoyer d'eau de grace te plaise.
¶ Car de regret mon coeur vit en émoi, Connoissant, las! ma grand' faute presente: Et qui pis est mon peché se presente Locéssamment noir & laid devant moi.
En ta presence à toi seul j'ai forfait: Si qu'en donnant arrest pour me défaire, Jugé seras avoir justement fait, Et vaincras ceux qui diront du contraire.
¶ Helas! je fçai, & si l'ai toûjours sçeu Qu'iniquité prit avec moi naissance J'ai d'autre part certaine connoissance Qu'avec peché ma mere m'a conceu.
Je sçai aussi que tu aimes de fait Vraye equité dedans la conscience: Ce que n'ai eu, moi à qui tu as fait Voire les secrets de ta grand' sapience.
¶ D'hyssope donc par toi purgai serai, Lors me verrai plus net que chose nulle: Tu laveras ma trop noire macule, Lors en blancheur la neige passerai.
Tu me feras joye & liesse ouïr, Me revelant ma grace interinée: Lors sentirai croistre & se réjouïr Mes os, ma force, & vertu declinée.
{inverted ⁂}
¶ Tu as eu l'oeil assez sur mes forfaits: Détourne d'eux ta courroucée face: Et te suppli' non seulement essace Ce mien peché, mais tous ceux que j'ai fais:
O Createur, vueille en moi créer Un coeur tout pur, une vie nouvelle: Et pour encor te pouvoir agréer, Le vrai esprit dedans moi renouvelle.
¶ De ton regard je ne sois reculé: Et te suppli' au lieu de me détruire, Ton Saint Esprit de mon coeur ne retire, Quand tu l'auras en moi renouvellé.
Redonne-moi la liesse que prit Et ton salut mon coeur jadis infirme: Et ne m'ostant ce libre & franc Esprit, En icelui pour jamais me confirme.
¶ Alors, Seigneur, je suivrai tes sentiers, Et les ferai aux iniques apprendre: Si que pecheurs à toi se voudront rendre. Et se viendront convertir volontiers.
O Dieu, ó Dieu de ma salvation, Delivre-moi de ce mien sanglant vice: Et lors ma bouche en exultation Chantera haut ta bonté & justice.
¶ Ha! Seigneur Dieu, ouvre mes levres donc: Car closes sont jusqu'à tant que les ouvres, Mais moyennnant qu'à les ouvrir tu oeuvres, J'annoncerai tes loiianges adonc.
Si tu voulois sacrifice mortel De boucs & boeufs, & conte tu en sisses, Je l'eusses offert: Mais en Temple n'Autel Ne te sont point plaisans tels sacrifices.
¶ Le sacrifice agreablé & bien pris De l'Eternel, c'est une ame dolente, Un coeur froissé, une ame penitente: Ceux-la, Seigneur, ne te sont à m $pris.
Traite Sion en ta benignité, O Seigneur Dieu, & par tout fortifie Jerusalem ta tres humble cité, Ses murs aussi en bref temps edifie.
¶ Alors auras des coeur bien disposez, Oblations telles que tu demandes: Alors les boeufs, ainsi que tu commandes, Sur ton Autel seront mis & posez.

PSEAUME LII.

Pseaume de consolation.
Quid gloriaris in malitia.

〈♫〉〈♫〉 DI moi malheureux, qui te sies 〈♫〉〈♫〉 En ton authorité, 〈♫〉〈♫〉 D'où vient que tu te glorifies 〈♫〉〈♫〉 De ta méchanceté? 〈♫〉〈♫〉 Quoi que soit, de Dieu le secours 〈♫〉〈♫〉 A tous los jours sont cours.

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¶ Ta langue à mal faire s'adresse, Et semble proprement Un rasoir assilé qui blesse Et coupe finement: Malice aimes mieux que bonté, Le faux que verité.
¶ De tous propos qui peuvent nuire A párler tu te mets: Aussi Dieu te viendra destruire, Fausse langue, à jamais: Trenchée, arrachée de Dieu Seras hors de ton lieu.
¶ Méchant jusques à la racine Tu seras arraché: Les justes voyans ta ruïne Auront le coeur touché: De tes malheurs ils se riront: Et voilà qu'ils diront,
¶ C'est celui qui n'a daigné prendre L'Eternel pour soustient: Car il a mieux aimé s'attendre Et sier en son bien: C'est lui qui s'est fortifié De sa grand' mauvaistié.
¶ Mais moi qui n'ai & n'aurai onque Qu'en la benignité De l'Eternel espoir quelconque, Serai ainsi planté Qu'un verd olivier an mllieu De la maison de Dieu.
¶ Lors, Seigneur, de cette vengeance Sans fin te benirai: A ton sainct Nom plein de puissance Du tout m'arresterai: Car ta bonté fait mille biens A tous ceux qui sont tiens.

PSEAUME LIII.

Pseaume de doctrine.
Dixit insipiens in corde suo, Non est Deus.

〈♫〉〈♫〉 LE fol malin en son coeur dit & croit 〈♫〉〈♫〉 Que Dieu n'est point, & cor∣rompt & renverse 〈♫〉〈♫〉 Ses moeurs, sa vie, horribles faits exerce: 〈♫〉〈♫〉 Pas un tout seul ne fait rien bon ni droit, 〈♫〉〈♫〉 Ni ne voudroit.
¶ Dieu du haut Ciel a regardé ici Sur les humains aveques diligence, S'il en verroit quelqu'un d'intelligence, Qui d'invoquer la divine merci Fust en souci.
¶ Mais tout bien veu, a trouvé que chacun A fourvoyé, tenant chemins damnables: Ensemble tous sont faits abominables: Et n'est celui qui face bien aucun, Non jusqu'à un.
¶ N'ont-ils nul sens tous ces pernicieux, Qui sont tout mal, & jamais ne se changent? Qui cōme pain mon pauvre peuple māgent, Et d iuvoquer ne sont point soucieux Le Dieu des Cieux.
¶ Ils trembleront sans nulle occasion, Car Dieu rompra les os des adversaires: Et puis que Dieu méprlse tes contraires, Tu leur seras, ô ville de Sion, Confusion.
¶ O qui & quand de Sion sortira Pour Israël secours en sa soussrance? Quand Dieu mettra son peuple à delivrance, De joye alors Israël jouïra, Jacob rira.

PSEAUME LIV.

Pseaume de priere.
Deus in nomine tuo salvum.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu tout puissant, sauve moi 〈♫〉〈♫〉 Par ton Nom & force immortelle: 〈♫〉〈♫〉 Et pour defendre ma querelle, 〈♫〉〈♫〉 Fai sortir la force de toi:
〈♫〉〈♫〉 Oi l'oraison que je ferai, 〈♫〉〈♫〉 Plaise toi l'oreille me tendre, 〈♫〉〈♫〉 O Eternel, afin d'entendre 〈♫〉〈♫〉 Tous les mots que je te dirai.

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¶ D'un coeur barbare & furieux M'envahit la troupe ennemie: serribles gens cherchent ma vie, Qui n'ont point Dieu devant leurs yeux.
Si est-ce que Dieu m'entretient Par le prompt secours qu'il me donne: Dieu, dis-je, se trouve en personne En la bunde qui me soustient.
¶ C'est lui qui retomber fera Nous ces maux sur mon adversaire: Quand tu viendras pour les désaire, Ta loyauté lors se verra.
Alors de franche volonté Ferai sacrifice loiiable: Loiiant ton fainct Nom venerable, Qui est tout rempli de bonté.
¶ Car à mes maux tu as pourveu, En m'ottroyant ma delivrance: Et de ceux faire la vengeance Qui m'ont haï, mon o$il t'a veu.

PSEAUME LV.

Pseaume de priere.
Exaudi, Deus, orationem meam.

〈♫〉〈♫〉 EXauce, ô mon Dieu, ma priere, 〈♫〉〈♫〉 Ne te re ti re point arriere 〈♫〉〈♫〉 De l'o∣raison que je presente,
〈♫〉〈♫〉 Enten à moi, exauce moi, 〈♫〉〈♫〉 Tandis qu'en priant de∣vant toi, 〈♫〉〈♫〉 Je me complains & me tourmente.
¶ J'ois l'ennemi qui me menace, Et le méchant qui me pourchafle, Car sans fin leur méchant courage
Me brasse quelque lascheté, Et suis par eux persecuté D'un coeur tout enstammé de rage.
¶ Dedans moi mon pauvre coeur tremble, Frayeurs de mort toutes ensemble Vierment fur moi pour me detruire.
Crainte m'assaut & tremblement, Couvert suis d'épouvantement, Qui m'a contraint en fin de dire:
¶ Las! qui me donnera des ailes, Comme aux craintives colombelles, Afin de m'envoler bien viste,
Et me reposer? car voilà, Jusqu'aux deserts, & par delà, Je m'en irois faire mon giste.
¶ Je me sauverois de viteffe De ce mauvais vent qui me presse, Et de la tempeste soudaine.
Perce leur la langue & les perds: Car de torts & debats divers, Seigneur, j'ai veu leur ville pleine.
¶ Jour & nuict outrage & querelle Sont autour des murailles d'elle: Au milieu d'elle est fascherie,
Violence & méchanceté: En elle ont logis arresté Toute cautelle & tromperie.
{inverted ⁂}
¶ De fait celui qui me dissame Ne montra one ce coeur infame, Autrement enduré je l'eusse.
Nul sur moi ne va s'elevant Qui me haït auparavant: Car de lui caché je me fusse.
¶ Mais toi, jadis second moi-mesme, Dont je faisois mon maistre mesme, Avecques pivaute si grande:
Qui nos secrets communiquions A grand plaisir, & qui allions Au Temple sainct tous d'une bande.
¶ Que la mort les happe & les serre, Si que tous viss viennent en terre: Car entr'eux toute violence
En leur logis a pris son lieu: Mais moi j'invoquerai mon Dieu, Et mon Dieu fera ma defense.
¶ Prier veux soir & matinée, Et au milieu de la journée, Que ma priere il ne rejette:
Ains me retire à sauveté Du combat qui m'est appresté: Car sur moi grand troupe se jette.
¶ Dieu m'orra, Dieu, dis-je, immuable, De qui l'empire est perdurable, Les punira de leurs malices:
Car de Dieu m'ont crainte ni peur, Et jamais ne changent de co$u$, Mais sont obstiner en leurs vices.
¶ Le méchant a osé essendre Ses mains pour ses amis surprendre, Violant l'amitié jurée:
Ses propos semblent en sortant Plus mols que beurre & nonobstant Guerre en son coeur est enserré.
¶ Sa parole est douce & plaisante Comme baume, & si ost pereante Ainsi qu'une pointe affilée.
Remets tout à Dieu, qui viendra Te soulager, & ne voudra Jamais justice ellre foulée.
¶ C'est toi, ô Dieu, qui dans la fosse Les viendras en ruine grosse Precipiter par ta puissance:
Car gens meurtriers & decevans N'achevent à demi leurs ans: Mais moi, l'aurai en toi fiance.

PSEAUME LVI.

Pseaume de priere.
Miserere mei Deus, quoniam.

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〈♫〉〈♫〉 MIsericorde à moi pauvre affligé, 〈♫〉〈♫〉 O Seigneur Dieu, car me voilà mangé 〈♫〉〈♫〉 De ce mechant qui me tient assiegé, 〈♫〉〈♫〉 Et tous les jours m'oppresse:
〈♫〉〈♫〉 Mes en∣vieux me devorent sans cesse, 〈♫〉〈♫〉 Car contre moi un grand nombre se dresse, 〈♫〉〈♫〉 O Dieu tres-haut: mais quand la peur me presse, 〈♫〉〈♫〉 En toi mon espoir j'ai.
¶ A l'Eternel loiianges chanterai, De sa promesse en Dieu m'asseurerai: Et par ainsi rien ne redouterai Que l'homme puisse faire.
Tous mes propos ils tournent au cōtraire Journellement, & leur plus grand affaire, C'est de penser à me nuire & méfaire De leur plus grand pouvoir.
¶ De s'amaffer ils font tout leur devoir, De s'embuscher, d'épier pour sçavoir Quels pas je fais: tant desirent avoir Ma vie en leur puissance.
En tous dangers ils ont cette asseurance, Que de leurs tours depend leur delivrance: Mais, ô Seigneur, par ta juste vengeance Les peuples tu rabas.
{inverted ⁂}
¶ Tu sçais combien j'ai couru haut & bas: En tes vaisseaux mes pleurs serrez tu as, Voire ma peine, ô Dieu, n'est-elle pas En ton registre écrite?
En t'invoquant verrai tourner en suite De mes haineux la bande déconfite, J'en suis tout seur: car mon Dieu, ma con∣duite Me favorisera.
¶ Le Seigneur Dieu par moi loiié sera De sa promeffe, & mon coeur chantera Loiiange à Dieu, lequel me donnera La chose à moi promise.
En l'Eternel mon esperance ai mise, D'homme vivant je ne crains l'entreprise: Mais à tes voeux ma personne est soûmise, O Dieu, vers ta bonté.
¶ Un jour, Seigneur, j'en serai acquité, En te loiiant ainsi qu'as merité, M'ayant tiré par ta benignité De mortelle ruïne.
Tu me soustiens de peur que ne ruïne, Mais devant toi, ô Seigneur, je chemine Entre ceux-là qu'encores illumine Du monde la clarté.

PSEAUME LVII.

Pseaume de priere.
Miserere mei, Deus, miserere.

〈♫〉〈♫〉 AYes pitié, ayes pitié de moi: 〈♫〉〈♫〉 Car ô mon Dieu, mon ame espere en toi: 〈♫〉〈♫〉 Et jusqu'à tant que ces méchans rebelles 〈♫〉〈♫〉 Soient tous passez, esperance ni foi 〈♫〉〈♫〉 Jamais n'aurai qu'en l'ombre de tes ailes.
¶ Au Dieu tres-haut mon cri s'adressera, Au Dieu lequel tout mon cas parfera: Bonté & Foi, ce grand Dieu que j'adore, A mon secours du ciel venir fera, Rendant confus celui qui me devore.
¶ Mon ame, helas! est parmi des lions, Boute-feux m'ont enclos par millions: Lances & dards sont leurs dents emouluës, Leurs langues sont, en Ieurs detractions, Glaives perçans de leurs pointes aiguës.
{inverted ⁂}
¶ Eleve toi, ô Dieu, deffus les cieux, Ci bas par tout ton los soit glorieux: $$ ont tendu des rete pour me furprēdre: Ils m'ont foulé: ils ont ces envieux Fait un fossé devant moi pour me prendre.
¶ Eux-mesmes sont tombez en seur fossé, Mon coeur en est, ô Dieu, tout redressé: Mon coeur s'égaye, estant plein d'affeurance: Voire, Seigneur, pour ton los exaucé, Chanter, prescher de telle delivrance.
¶ Sus donc, ma langue, ores réveille-toi: Psalterions, levez-vous avec moi: Au poinct du jour je laisserai ma couche, Et ton honneur par tout, mon Dieu, mon Roi, Je chanterai des doigts & de la bouche.

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$ Car jusqu'au ciel s'éleve ta bonté, jusqu'au plus haut de l'air ta verité Dresse la teste. Or donc, Seigneur, dé∣montre Que sur les cieux se tient ta Deïtie: Et fai par tout que ta gloire se montre.

PSEAUME LVIII.

Pseaume de consolation.
Si vere utique justitiam.

〈♫〉〈♫〉 ENtre vous Conseillers qui estes 〈♫〉〈♫〉 Liguez & bandez contre moi, 〈♫〉〈♫〉 Dites un peu en bonne foi, 〈♫〉〈♫〉 Est-ce jusuce que vous faites? 〈♫〉〈♫〉 Enfans d'Adam, vous meslez∣vous 〈♫〉〈♫〉 De faire la raison à tous?
¶ Plûtost vos ames déloyales Ne pensent qu'à méchanceté, Et ne pensez qu'iniquité En vos balances inegale: Car les méchans des qu'ils sont nez, Du Seigneur sont alienez.
¶ Ils ne font depuis leur naissance Que se fourvoyer en mentant, Et portent du venin autant Qu'un serpent tout plein de nuissance, Ou qu'un aspic sourd & bouchant Son oreille contre le chant.
¶ Tel n'oit la voix magicienne Des enchanteurs, tant soient prudents, Casse leur la gueule & les dents, O Dieu, par la puissance tienne: Romps la machoire aux lionceaux, Qui ont, ô Dieu, le coeur si faux.
{inverted ⁂}
¶ Ainsi que l'eau courant grand' erre D'eux-mesmes ils s'écouleront: Et les traits qu'ils décocheront Tomberont en pieces à terre: Ils se fondront à la façon Qu'on voit fondre le limaçon.
¶ Ainsi que l'enfant qui trépasse, Sans avoir veu jour ni clarté: Comme un fruit hors sa meureté, Il faut que Dieu brise & fracasse Leurs jeunes épines, devant Qu'elles s'élevent plus avant.
¶ Alors tout plein d'e$ouïssance L'innocent qu'on a oppressé Voyant dérompu & cassé Le pervers par juste vengeance, Dedans le sang se baignera De ce$méchant: Et puis dira,
¶ L'innocent ne perd point sa peine, C'est un poinct du tout asseuré, Quoi que le juste ait enduré: C'est une chose bien certaine Qu'il est un Dieu, qui juge ici Les bons & les mauvais aussi.

PSEAUME LIX.

Pseaume de priere.
Eripe me de inimicis meis.

〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu l'ennemi m'environne, 〈♫〉〈♫〉 Ta bonté donc secours me donne: 〈♫〉〈♫〉 Garde moi des gens irritez 〈♫〉〈♫〉 Qui dessus moi se sont jettez.
〈♫〉〈♫〉 Delivre moi de l'adversaire, 〈♫〉〈♫〉 Qui ne demande qu'à mal faire: 〈♫〉〈♫〉 Sauve moi des sanglantes mains 〈♫〉〈♫〉 De ces meurtriers tant inhumains.
¶ Car voilà, ma vie ils épient, Les plus forts contre moi se lient: Voire, Seigneur, sans nul forfait, Ou qu'en rien leur aye méfait.
Ils s'apprestent en diligence Sans que leur aye fait offense: Leve-toi donques & les voi, Te mettant au devant de moi.
¶ Toi, dis-je, Dieu des exercites, O grand Dieu des Israëlites, Vien faire visitation De toute terre & nation:

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Et à celui point ne pardonne Qui par malice à mal s'adonne. Ils vont au soir qu'on ne voit riens Cà & là grondans comme cl$ens.
¶ Ils trottent, jasent, & médisent. Leurs propos sont dards qu'ils aiguissent: Car, disent-ils, quoi que ce soit Qui est-ce qui ucus appercoit?
Mais un jour de leurs vanteries Faudra, Seigneur, que tu te ries: Et de tous peuples glorieux Te moqueras devant leurs yeux.
¶ Sa force dépend de la tienne: Et-pour ce aussi quoi qu'il avienne, J'attendrai tout coi ton secours: Car je n'ai que Dieu pour recours.
Dieu, dont j'ai la bonté connuë, Previendra ma déconvenuë, Faisant que fur mes ennemis Mes desirs à fin seront mis.
{inverted ⁂}
¶ Mais ne leur oste pas la vie, De peur que mon peuple l'oublie: Ains par ta force les épars, Et dissipe de toutes parts.
Dieu nostre bouclier d'asseurance, Renverse les par ta puissance: Leur bouche & propos pleins d'excez Leur font assez tous lours procez.
¶ Qu'ils soient pris par leur orgueil mesme, Car leur malice est si extréme, Que maudissons & lasches tours Sont leurs propos de tous les jours.
Or donques ton ire s'allume, Qui les détruise & les consume: Voire consume tellement, Qu'ils soient perdus totalement.
¶ Afin qu'on vienne à reconnaistre Le Dieu de Jacob comme Maistre, Qui son empire estend sur tout Du monde jusqu'au dernier bout.
Ils reviendront sur la vesprée, Et de fureur démesurée Ainsi comme chiens hurleront, Et la cité circuïront.
¶ Mais un jour la faim aspre & forte Les chassera de porte en porte, Et faudra qu'ils s'aillent coucher Sans avoin trouvé que mascher.
Alors à gorge déployée Par moi chantée & publiée Ta force & ta bonté sera, Dés que le jour se montrera.
¶ Car tu as esté ma retraite, Et en mes maux seure cachette: De toi donc, ô Dieu mon support, De chanter ferai mon effort:
Car mon Dieu est ma forteresse, Et n'eus jamais mal ni détresse, Que ne l'aye experimenté Dieu envers moi plein de bonté.

PSEAUME LX.

Pseaume de priere.
Deus repulisti nos, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, qui nous as deboutez, 〈♫〉〈♫〉 Qui nous as de toi écartez, 〈♫〉〈♫〉 Jadis contre nous irrité, 〈♫〉〈♫〉 Tourne toi de nostre costé.
〈♫〉〈♫〉 Tu as nostre païs secous, 〈♫〉〈♫〉 Et casse à force de coups: 〈♫〉〈♫〉 Gueri sa playe qui le presse: 〈♫〉〈♫〉 Car tu vois comment il s'abbaisse.
¶ Ton peuple as traitté rudement, Et d'un vin d'estourdissement Tu l'as repeu & abreuve: Mais depuis tu as elevé
L'enseigne de tes serviteurs, Qui te reverent en leurs coeurs, Afin que haut on la déploye, Et que ta verité se voye.
¶ Or done afin que tes amis Echapent à leurs ennemis, Sauve nous par ton bras puissant, Et répon à moi languissant.
Mais quoi? Dieu m'a déja ouï, Et de son saint lieu rejouï: Sichem sera mon heritage, Le val de Succoth mon partage.
{inverted ⁂}
¶ De Galaad la region Sera de ma possession: Et de Manassé tout le bien Sans nulle doute sera mien.
Ephraïm peuple grand & fort Sera de mon chet le support: Juda du regne l'affeurance, Pour en establir l'ordonnance.
¶ Les Moabites au surplus Je ne veux estimer non plus, En dépit de leurs mauvaistiez, Qu'un vaisseau pour laver mes pleds.
Contre Edom peuple glorieux Je jetterai mes souliers vieux: Sus, Palestins, faites moi feste De ma victoire qui s'apreste.
¶ Mais par qui serai-je en seurté Conduit en la forte cité? Qui est-ce qui me conduira En Edom, & m'y guidera?

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Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, Qui nous chassois de lieu en lieu, Et n'accompagnois nos armées De tes faveurs accoustumées?
¶ Donne nous ton secours d'enhaut Contre celui qui nous affaut: Car qui n'a que le terrien Pour sa fauvegarde, n'a rien.
Dieu nous rendra preux & vaillans Encontre tous nos affaillans, Renversant par sa vertu grande De nos haineux toute la bande.

PSEAUME LXI.

Pseaume de priere.
Exaudi, Deus, deprecationem meam.

〈♫〉〈♫〉 ENten pourquoi je m'écrie, 〈♫〉〈♫〉 Je te prie, 〈♫〉〈♫〉 O mon Dieu, exauce moi: 〈♫〉〈♫〉 Du bout du monde, mon ame, 〈♫〉〈♫〉 Qui se pasme, 〈♫〉〈♫〉 Ne reclame autre que toi.
¶ Monte moi dessus la roche, Dont l'approche Et l'accez ne m'est permis: Car tu es ma forteresse Et adresse Contre tous mes ennemis.
¶ Dedans ton saint Tabernacle, Habitacle A jamais je choisirai: Recours tres-seur & fidele Sous ton aile Je sçai que je trouverai.
¶ Car de ce que je desire, Tres-cher Sire, Il t'a pleu me faire un don: Et m'as donné en partage L'heritage De ceux qui craignent ton Nom.
¶ Année dessus année Ordonnée A ton Roi s'adjositera: Si que toûjours asseurée Sa durée De siecle en siecle sera.
¶ Devant Dieu sans fin ni terme Sera ferme Son regne en toute seurté: Appreste, ô Dieu, qui le garde, Ses deux gardes, Ta Grace & ta Verité.
¶ Voilà comme en cantiques Authentiques Sans fin loiier je te veux: Afin qu'un soul jour ne passe, Qu'en ta face Je ne te paye mes voeux.

PSEAUME LXII.

Pseaume de consolation.
Nonne Deo subjecta erit.

〈♫〉〈♫〉 MOn ame en Dieu tant seulement 〈♫〉〈♫〉 Trouve tout son contentement: 〈♫〉〈♫〉 Car lui seul est ma sauvegarde: 〈♫〉〈♫〉 Lui soul est mon roc éleve, 〈♫〉〈♫〉 Mon salut, mon fort éprouvé: 〈♫〉〈♫〉 De tomber trop bas je n'ai garde.
¶ Jusques à quand brasserez-vous La mort & la perte de tous? Vous-mesines cherrez en ruïne, Ainsi qu'un vieil mur tout penchant, Ou qu'un vieil manoir trébuschant, Qui de soi-mesme se ruïne.
¶ Ceux qu'il plaist à Dieu de hausser, Ces gens ne font rien que penser A les abbaisser & détruire. Ils prennent plaisir à mentir, Leur parler est doux au sortir, Mais leur coeur ne sait que maudire.
¶ Mais quoi? mon ame, seulement Atten ton Dieu patiemment, Car en lui mon espoir je fonde. Lui seul est mon roc asseuré, Mon salut, mon lieu remparé, Crainte je n'ai qu'on me confonde.
{inverted ⁂}
¶ Dieu est ma gloire & mon secours, Dieu est mon fort & mon recours: Peuples ayez en lui fiance: Venez en tout temps devant lui Vous décharger: car c'est sur lui Qu'il faut affeoir sa confiance.
¶ Mais quant aux hommes ce n'est rien: Les plus grands, dis-je, & tout leur bien N'est que vanité qu'on adore: Et qui eux & rien peseroit L'un contre l'autre, il trouveroit Qu'un rien est plus pesant encore.
¶ N'asseurez jamais vos desseins Dessus outrages ni larcins:

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Gardez-vous d'esperance fole: Si biens vous viennent à planté, Vostre coeur ne soit point planté En une chose si frivole.
¶ Dieu a dit, voire une & deux fois, Et j'en ai entendu la voix, Qu'à lui appartient toute force. O Dieu, tu es benin & doux, Car un jour tu rendras à tous Selon que de vivre on $'efforce.

PSEAUME LXIII.

Pseaume de priere.
Deus, Deus meus, ad te de, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, je n'ai Dieu fors que toi, 〈♫〉〈♫〉 Dés le matin je te reclame, 〈♫〉〈♫〉 Et de ta fois je sens mon ame 〈♫〉〈♫〉 Toute pasmé e dedans moi,
〈♫〉〈♫〉 Les pauvres sens d'hu∣meur tous vuides 〈♫〉〈♫〉 De mon corps mat & alteré, 〈♫〉〈♫〉 Toûjours, Seigneur, t'ont desiré 〈♫〉〈♫〉 En ces lieux deserts & arides.
¶ Afin qu'encores une fois Je voye ta force & ta gloire Comme dedans ton Sanctuaire Je l'ai contemplée autrefois.
Car mieux vaut que la vie mesme Ta grace & ta benignité: Dont par ma bouche recité Sans fin sera ton los supréme.
¶ Ainsi ton los je chanterai Tant que ma vie soit éteinte: Ton nom & puistance tres-sainte A jointes mains j'invoquerai.
Ainsi que de moëlle & de graisse Je me sens tout rassasié, Et d'un chant à toi dedié, Tout joyeux de chanter ne cesse:
{inverted ⁂}
¶ Lors qu'en mon lict il me souvient De ta souveraine puissance, Et que de toi la souvenance Le long de la nuict m'entretien.
Car en mes détreffes mortelles De ton secours m'as fait jouïr, Qui me fait ores réjouïr, Caché sous l'ombre de tes ailes.
¶ Mon ame de si prés te suit, Que nullement ne t'abandonne, Et ta main soûtient ma personne Contre tout homme qui me nuit.
Mais ces gens qui me font la guerre, Taschant ma vie consumer, On verra fondre & abysmer Jusqu'au plus profond de la terre.
¶ En pieces un jour sera mis Au fil du glaive & par la voye Aux renards servira de proye L'amas de tous mes ennemis.
Alors joyeux de la victoire Le Roi en Dieu s'ejouïra: Tout homme aussi Dieu benira Qui reconnoit le Dieu de gloire.
¶ Car quelque mensonge au sortir Que la fausse bouche propose, Il faut qu'un jour elle soit close, Sans qu'on l'en puisse garantir.

PSEAUME LXIV.

Pseaume de priere.
Exaudi, Deus, orationem.

〈♫〉〈♫〉 ENten à ce que je veux dare, 〈♫〉〈♫〉 Quand je te prie sauve moi, 〈♫〉〈♫〉 Que de mes ennemis l'essroi 〈♫〉〈♫〉 Ne vienne ma vie destruire, 〈♫〉〈♫〉 Souverain Sire.
¶ Cache-moi loin de l'entreprise Des ennemis fins & couverts, Et des complots de ces pervers, Dont la vie à tout mal apprise Est tant reprise.
¶ Ils ont des langues assettées, Aussi perçantes que poignards: Au lieu de fléches & de dards, Paroles aigrement lettées Ont ajustées.
¶ Afin d'en donner une atteinte A l'innocent couvertement: De sorte que soudainement Mainte personne ils ont atteinte Sans nulle crainte.
¶ Ils sont obstinez à méfaire: Parlent de me tendre leurs rets, Disans comme gens asseurées, Qui sçaura rien de cette assaire Que voulons faire?

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{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Pour trouver finesses subtiles, Ils sont curieux jusqu'à tout: Et vont cherchans jusques au bout, Mesmement les plus dissiciles Aux plus habiles.
¶ Mais Dieu sur lequel je m'asseure, Son trait sur eux décochera, Quand pas un d'eux n'y pensera: Dont suivra bien-tost la blesseure Soudaine & seure.
¶ Par leur propre langue execrable Eux-mesmes se ruïneront: Alors plusieurs s'estonneront, Voyant le mal insupportable Qui les accable.
¶ Tous alors rendront témoignage Des hauts effets du Souverain, Et tous craintiss deffous sa main Reconnoistront en leurs courages Ses grands ouvrages.
¶ Mais le juste en réjouïssance A l'Eternel s'arrestera: Et qui de coeur entier sera, Chantera de Dieu la puissance En asseurance.

PSEAUME LXV.

Pseaume d'action de graces.
Te decet hymnus, Deus, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, la gloire qui t'est deuë 〈♫〉〈♫〉 T'attend dedans sion: 〈♫〉〈♫〉 En ce lieu te sera renduë 〈♫〉〈♫〉 Des voeux l'oblation.
〈♫〉〈♫〉 Et d'autant que la voix entendre 〈♫〉〈♫〉 Des tiens il te plaira, 〈♫〉〈♫〉 Tout droit à toi se venir rendre 〈♫〉〈♫〉 Toutes gens on verra.
¶ Toutes manieres de malices Avoient gagné sur moi: Mais tous nos pechez & nos vices Sont abolis de toi.
Heureux celui qui veux élire, Et prés de toi loger, Afin que chez toi se retire Pour jamais n'en bouger.
¶ Des biens du palais de ta gloire A plein nous soulerons: Des biens de ton saint Sanctuaire Tous repeus nous serons.
Selon ta bonté indicible, O Dieu! qui nous maintiens, En haute façon & terrible Tu répondras aux tiens.
¶ En toi espere tout le monde, Jusqu'aux lointains païs, Qui sont de la grand' mer profonde Enclos & circuïs.
Des tes puissances redoutables Tout ceint & revestu, Tu tiens les monts fermes & stables Par ta grande vertu.
¶ Les slots de la grand' mer bruyante Tu peux faire cesser: Des peuples l'émeute inconstante Soudain peux rabaisser.
Voyant tes oeuvres nompareilles, Peuples de tous costez Sont estonnez de tes merveilles, Tant soient-ils écartez.
{inverted ⁂}
¶ Du bout qui le jour nous envoye Jusques en l'Occident, C'est ta bonté qui nous ottroye Tout plaisir évident.
Si la terre est de soif tarie, Tu la viens visiter, Et les grands tresors de ta pluye Sur el$e degoutter.
¶ L'eau qui de tes ruisseaux regorge Vient la terre nourrir, Afin que le froment & l'orge Puisse croistre & meurir.
Ses rayons enyvres & trempes, Ses sillons applanis: Tu l'amolis & la destrempes, Et son germe benis.
¶ La saison couronnée & ceinte De tes biens on peut voir: Des hauts cieux ta demeure sainte La graisse fais pleuvoir.
Les deserts avec leurs logettes De pluye fais jouïr: Dont les costaux & montagnettes Semblent se réjouïr.
¶ Alors voit-on par les campagnes Mille troupeaux divers, Et les entre-deux des montagnes De grands bleds tous couverts.
Et semble tout ce bien champestre Réjouïr de ses chants, Alors qu'on le voit apparajstre, Et montagnes & champs.

PSEAUME LXVI.

Pseaume d'action de graces.
Jubilate Deo omnis terra.

〈♫〉〈♫〉 OR sus loiiez Dieu tout le monde, 〈♫〉〈♫〉 Chantez le los de son renom: 〈♫〉〈♫〉 Chan∣tez

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si haut que tout redonde 〈♫〉〈♫〉 De la loiiange de son Nom.
〈♫〉〈♫〉 Dites, O que tu es terrible, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, en tout ce que tu fais! 〈♫〉〈♫〉 Tes haineux, tant es invincible, 〈♫〉〈♫〉 Te flatent pour avoir la paix.
¶ Soit ta Majesté glorieuse Adoree en tout l'univers: Soit ta loiiange precieuse Chantée en chan sons & en vers.
Venez, voyez en vos courages Les faits de Dieu: voyez s'il est Grand & terrible en ses ouvrages Vers les humains quand il lui plaist.
¶ Il a tari la mer tant fiere, Et depuis encores par lui A pied sec passa la riviere Son peuple, & s'en est réjoui.
Sa seigneurie est eternelle. Son oeil s'étend jusques aux Gentils: Quiconques a lui se rebelle Sera toûjours des plus petits.
¶ Peuples, chacun de vous s'employe A donner loiiange au Seigneur: Faites qu'en tout le monde on n'oye Rien que sa gloire & son honneur.
C'est lui qui garde nostre vie Si souvent de passer le pas: C'est lui qui malgré toute envie Fait que nos pieds ne glissent pas.
¶ Car tu nous as mis à l'épreuve, Tu nous as, dis-je, examinez, Et comme l'argent qu'on épreuve Par feu tu nous as affinez.
Tu nous as fait entrer & joindre Aux filez de nos ennemis: Tu nous as fait les reins estreindre Des liens où tu nous as mis.
{inverted ⁂}
¶ On a monté dessus nos tesles Comme sur le dos d'un chameau, Nous avons comme pauvres bestes Passé par le feu & par l'eau:
Puis tu nous as de pleine grace A plein rafraichis, dont je veux En ta maison devant ta face Sacrifiant rendre mes voeux.
¶ Voire mes voeux que je confesse Mes levres t'avoir adressez, Lesquels au temps de ma détresse J'ai de ma bouche prononcez.
Mainte bien belle & grasse beste Sur ton Autel veux consumer: Beliers & boeufs & boucs j'appreste, Pour devant toi faire fumer.
¶ Vous craignans Dieu & sa puissance, Venez m'ecouter en ce lieu, Racontant en éjouïffance Les biens qu'ai receu de mon Dieu.
Quand ma bouche a fait sa priere, Il m'a ouï à chaque fois: Si que ma langue a eu matiere De le loiier à pleine voix.
¶ Si à quelque méchante chose Mon coeur eut alors regardé, Mon Dieu eut eu l'oreille close A ce que j'eusse demandé.
Mais pour certain je puis bien dire Que le Seigneur m'a entendu: Et pour mieux écouter mon dire, Doux & attentif s'est rendu.
¶ Loiié soit mon Dieu favorable, Qui m'a volontiers écouté, Et de moi pauvre miserable N'a point retiré sa bonté.

PSEAUME LXVII.

Pseaume d'action de graces.
Deus misereatur-nostri.

〈♫〉〈♫〉 DIeu nous soit doux & favorable, 〈♫〉〈♫〉 Nous benissant par sa bonté, 〈♫〉〈♫〉 Et de son visage amiable, 〈♫〉〈♫〉 Nous face luire la clarté:
〈♫〉〈♫〉 Afin que sa voye 〈♫〉〈♫〉 En terre se voye, 〈♫〉〈♫〉 Et que bien à point 〈♫〉〈♫〉 Chacun puisse entendre 〈♫〉〈♫〉 Où tous doivent tendre 〈♫〉〈♫〉 pour ne perir point.

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¶ Seigneur, que les peuples te chantent, Tous peuples te chantent, Seigneur: Peuples te chantent & rechantent, S'éjouïssans de ton honneur.
Car ta bonté grande Aux peuples commande Equitablement: Et sous ta conduite La terte est conduite Bien & seurement.
¶ Chacun, ô Dieu, honneur te porte, Tous peuples chantent l'honneur tien: La terre ses fruits nous apporte, Dieu, nostre Dieu nous face bien:
Dieu, dis-je, nous face Connoître sa grace, En nous benissant: Et la terre toute Autre ne redoute Que le Tout-puissant.

PSEAUME LXVIII.

Pseaume de loüange & de reconnoissance publique.
Exurgat Deus.

〈♫〉〈♫〉 QUe Dieu se montre seulement, 〈♫〉〈♫〉 Et on verra soudainement 〈♫〉〈♫〉 Abandonner la place: 〈♫〉〈♫〉 Le camp des ennemis épars, 〈♫〉〈♫〉 Et ses haineux de toutes parts 〈♫〉〈♫〉 Fuïr devant sa face.
〈♫〉〈♫〉 Dieu les fera tous enfuïr, 〈♫〉〈♫〉 Ainsi qu'on voit s'évanouïr 〈♫〉〈♫〉 Un amas de fumée: 〈♫〉〈♫〉 Comme la cire aupres du seu, 〈♫〉〈♫〉 Ainsi des méchans devant Dieu 〈♫〉〈♫〉 La force est consumé e.
¶ Cependant devant le Seigneur Les justes chantent son honneur En toute éjouïssance: Et de la grand' joye qu'ils ont De voir les méchans qui s'en vont, Sautent à grand' puissance.
Chantez du Seigneur le renom, Psalmodiez, Ioiiez son Nom, Et sa gloire immortelle: Car sur la nuë il est porté, Et d'un nom plein de ma$esté, L'Eternel il s'appelle.
¶ Réjouïssez-vous devant lui, Qui est des pauvres sans appui Le pere debonnaire: Qui le droict des veuves foustient, Devant Dieu, dis-je, qui se tient En son saint Sanctuaire.
Dieu fait avoir pleine maison A ceux qui ont longue saison Sans nuls enfans soufferte: Delivre les siens enferrez, Tient les rebelles enserrez En leur terre deserte.
{inverted ⁂} 1 ¶ Lors que ton peuple tu menois, O Dieu, & que tu cheminois Par le desert horrible, Les cieux fondirent en sueur: La terre trembla de la peur De ta face terrible.
Le mont de Sion ébranlé, Dieu, Dieu d'Israël a branlé Regardant ton visage: C'est toi, puissant Dieu, qui as fait Degoutter la pluye à souhait Dessus ton heritage.
¶ Quand il a esté mal en poinct, Tu l'as redressé de tout poinct, Là les troupeaux demeurent: Tu l'emplis de biens infinis, Dont les plus pauvres tu fournis, Que sans secours ne meurent.
C'est toi, Seigneur, par ta bonté, Qui as l'argument presenté A l'armée pudique De nos pucelles qu'on ouït, Lors que l'ennemi s'enfuït, Prononcer ce cantique:
¶ Or s'en sont fuïs les grands Rois, Les grands Rois, dis-je, & leurs arrois S'en sont suïs grand' erre: Celles qui n'avoient point sorti De la maison, ont départi Et leurs biens & leur terre.
Quoi que ternis & bazanez Des ennuis qu'on vous a donnez, Vous ne differiez gueres De ceux que l'on voit tous noircis D'avoir esté toûjours assis A l'ombre des chaudieres.
¶ Vous reluirez comme feroit L'aile d'un pigeon qui seroit De fin argent brunie: Dont le pennage estincelant Fait sembler l'aile en Pair volant De plus fin or jaunie.

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Car dés lors que Dieu Tout-puissant Alloit les grands Rois renversant En la terre promise, Le païs devint blanc & beau, Ainsi que la neige au coupeau Du mont Salmon assise.
{inverted ⁂} 2
¶ C'est le mont de Dieu merveil∣leux, O mont de Basan l'orgueilleux, Mont levë jusqu'aux nuës! Monts haut montez, d'où vient ceci Que nous venez heurter ainsi De vos roches cornuës?
Il plaist à Dieu de retenir Ce mont ici pour s'y tenir: Telle est sa bien vueillance. Parquoi, le Seigneur desormais, Voire, qui plus est, à jamais Y fera demeurance.
¶ Anges à grandes legions Servans à Dieu par millions Sont sa gendarmerie: Entre laquelle en son sainct lieu, Comme en Sina, nostre grand Dieu Estend sa seigneurie.
O Dieu, tu es en haut monté, Et de ton ennemi donté As enmené la bunde: Tu as en apres mis à part Tes dous, pour nous en faire part Par ta bonté tres-grande.
¶ Tu as défait tes ennemis, Afin que parmi tes amis Tu faces ta demeure. Or loiié soit Dieu tous les jours, Dieu, dis-je, qui de son secours Nous soustient & assenre.
Nostre Dieu nous est Dieu Sauveur, Dieu qui montre aux siens sa faveur Par mainte delivrance. C'est l'Eternel, Seigneur tres fort, Qui les issuës de la mort Retient en sa puissance.
{inverted ⁂} 3
¶ C'est Dieu, & non autre, qui rompt A grands coups la teste & le front De la troupe ennemie: Frapant là perruque de ceux Qui ne sont jamais paresseux En leur méchante vie.
Je defendrai mon peuple éleu, Dit le Seigneur, car il m'a pleu De Basan l'orgueilleuse: Sain & sauf tirer je le veux Dehors du goussre dangereux De la mer orageuse.
¶ Si que ton pied baigné sera Dans le sang qui regorgera De la tuërie extreme: Et tes chiens le sang lecheront De tes ennemis qui cherront, Voire de leur chef mesme.
O Dieu, cheminer on t'a veu, Mon Dieu, mon Roi, & apperceu Marcher avec ton Arche: Chantres te devancoient de prés, Les joiieurs d'instrumens apres Marchoient d'une demarche.
¶ Avec les tambours au milieu Chantoient les loiianges de Dieu Les filles assemblées, Disans, O race d'Israël, Loiiez le Seigneur Eternel Es sainctes assemblées.
Et là Benjamin est venu, Qui de petit est devenu Chef des autres Provinces. Juda le fort s'y est trouvé, Zabulon y est arrivé, Nephtali & ses Princes.
{inverted ⁂} 4 ¶ Ton Dieu t'envoye & te fait voir, Israël, tout ce grand pouvoir, Conduisant ton assaire. O Dieu! qui nous veut tant aimer, Vien cét oeuvre en nous confirmer Qu'il t'a pleu de nous faire.
De ton sainct Temple ta bonté Secoure ta saincte Cité, Rois te feront offrandes. Dissipe donc de toutes parts, Avec leurs lanees & leurs dards, Ces armées tant grandes.
¶ Renverse tous ces forts taureaux, Défai des peuples les troupeaux, Et toute leur bataille: Ren les muties humiliez, Se faifans fouler à tes pieds, En t'apportant leur taille.
Grands Seigneurs d'Egypte viendront, Mores à grand' haste étendront Au seul Dieu les mains jointes. Chantez à Dieu, Princes & Rois: Psalmodiez à pleine voix Ses loiianges tres-sainctes.
¶ Je dis le Seigneur glorieux, Plus haut monte que tous les cieux Qu'il a formez lui-mesme: Qu'il fait alors qu'il veut tonner Haut sa grosse voix resonner Par son pouvoir supréme.
Confessez qu'il est Tout-puissant Sur Israël resplendissant, En sa gloire indicible: Qui a dans le ciel élevé Certain témoignage engravé De sa force invincible.
¶ O Seigneur, tu es redouté Pour ces lieux où ta saincteté Est ainsi épanduë: Dieu d'Israël, tu es celui Qui es de ton peuple l'appui, Gloire t'en soit renduë.

PSEAUME LXIX.

Pseaume de prophetie & de priere.
Salvum me fac, Deus.

〈♫〉〈♫〉 HHlas! Seigneur, jo te pri' sauve moi, 〈♫〉〈♫〉 Car les eaux m'ont saisi jusques

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à l'ame: 〈♫〉〈♫〉 Et au bourbier tres-profond & infame, 〈♫〉〈♫〉 Sans fond ni rive enfondré je me voi.
〈♫〉〈♫〉 Ainsi plongé l'eau m'emporte, si las 〈♫〉〈♫〉 De m'écrier, que j'en ai gorge seche: 〈♫〉〈♫〉 Et de mon Dieu attendant le soulas, 〈♫〉〈♫〉 De mes deux yeux la vigueur se desseche.
¶ J'ai contre moi, helas! & à grand tort, Plus d'ennemis que de cheveux en teste: Ceux qui ma mort voudroient voir toute preste, Et sans raison je vois prendre renfort.
Ainsi faudra que par moi soit rendu Ce que n'ai pris. O Dieu, tu sçais connaistre Si je suis fol, comme ils ont pretendu, Et mon forfait caché ne te peut estre,
¶ O Seigneur Dieu, qui peux sous ton pou∣voir Faire trembler des armes la puissance, Fai que ceux-là qui ont en toi fiance Honte par moi ne puissent recevoir.
Dieu d'Israël, ceux qui t'ont reclamé Ne soient rendus honteux par mon dom∣mage: Car c'est pour toi que suis ainsi blasmé, Et que vergogne a couvert mon visage.
{inverted ⁂} 1 ¶ Mes freres m'ont tenu pour e∣stranger, Méconnu m'ont les enfans de ma mere: Car de ton Temple, ô Dieu, en qui j'espere, Le zele ardent est venu me manger.
De ces méchans dont tu es blasonné J'ai dessus moi senti tomber le blasme: Las! j'ai pleuré, & mon ame a jeusné, Mais tout cela m'est tourné en diffame.
¶ Vestu me suis d'un sac en ce dur temps, Mais je leur ai servi de farcerie: Entre les grands je sers de moquerie, Aux banqueteurs de ris & passe-temps.
Mais, ô mon Dieu, j'ai vers toi mon re∣cours En la saison de ta volonté bonne, Las! répon moi, ainsi comme le cours De ta bonté & seur secours l'ordonne.
¶ Delivre moi des ces bourbiers profonds, Et ne permets que du tout j'y ensondre: Delivre moi quand on me veut confondre, Et de ces eaux qui n'ont rive ni fonds.
Fai que le fil de cette eau où je suis Point ne m'emporte, & qu'au goussre je n'entre, Fermant sur moi la gueule de son puits, Pour m'engloutir au profond de son vētre.
¶ Ta bonté n'est que douceur & pitié: Exauce moi, Seigneur, en mes demandes: Déploye en moi tes pitiez les plus grandes, Pour me montrer visage d'amitié.
Ne cache point ton regard glorieux A ton servant: car je suis en destresse. Haste toi donc, ô Dieu tres gracieux, D'ouïr la voix que ton servant t'adresse.
{inverted ⁂} 2
¶ Approche toi en mon adversité De ma pauvre ame, & rachete ma vie: Voire en depit de la troupe ennemis, Vien me recourre en ma captivité.
Tu sçais tres-bien l'opprobre où je suis mis, Quel deshonneur, quelle honte on m'a faite: Devant tes yeux sont tous mes ennemis, Et as d'iceux connoissance parfaite.
¶ Opprobre m'a rompu le pauvre coeur a Las! je languis, sans trouver assistance D'homme vivant, quoi que j'eusse esperance Que l'on auroit pitié de ma langueur.
Quand j'esperois l'aide que je n'ai pas, Support ni aide en nul lieu n'ai trouvée: Ils m'ont donné du fiel en mon repas, Et de vinaigre ont ma soif abreuvée.
¶ Fai que leur table & les banquets qu'ils font Soit un apast qui leur vie extermine: Fai leur tourner en mortelle ruïne Tout le plaisir & le repos qu'ils ont.
Obscurci leur veuë, tellement Que de leurs yeux toute clarté s'en aille: Romps leur les reins continuellement, Si qu'en marchant pied & force leur faille.
{inverted ⁂} 3
¶ Répan sur eux ton indignation: Vien les faisir en ta fureur dépite: En leurs maisons, sans qu'un seul y habite a Tout soit desert en desolation.
Car d'asstiger celui que tu frapois Ces malheureux n'ont eu aucune honte: Et si quelqu'un tu blesses une fois, Incontinent son mal leur sert de conte.
¶ Entasse leur peché dessus peché: De ta bonté soit leur troupe bannie: Soient effacez de ton livre de vie, Qu'avec les bons leur nom ne soit couché.
Quelque assligé & dolent, quant à moi, Qu'ores je sois, tu seras me retraite: Dont chanterai, ô Dieu, le Nom de toi, Magnifiant ta loiiange parfaite.
¶ Et ces chansons au Seigneur mieux plai∣ront Que boeuf ni veau qui ongle & corne porte: Tous craignans Dieu & gens de bōne sorte Seront joyeux alors qu'ils me verront.
Et là dessus le coeur leur reviendra,

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Car Dieu entend les plus pauvres du monde: Le Seigneur, dis-je, en mépris ne tiendra Les siens serrez en la fosse profonde.
¶ Terres & cieux, loiiez ses grand's bontez, Mer, & poissons qui nagez en icelle: Car Dieu viendra garder Sion la belle, Et bastira de Juda les citez.
Là demeurront les servans du Seigneur, Pour s'y tenir & eux, & leur lignee, Et de tous ceux qui aiment son honneur La demeurance est en elle assignée.

PSEAUME LXX.

Pseaume de priere.
Deus in adjutorium meum intende.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, où mon espoir j'ai mis, 〈♫〉〈♫〉 Vien soudain à ma delivrance: 〈♫〉〈♫〉 Sei∣gneur, que ton aide s'avance 〈♫〉〈♫〉 Encontre tous mes ennemis.
〈♫〉〈♫〉 Quiconques pour∣chasse mon ame 〈♫〉〈♫〉 Soit rempli de honte & d'émoi: 〈♫〉〈♫〉 Quiconques, dis-je, en veat à moi 〈♫〉〈♫〉 Tourne en arriere tout infame.
¶ Ceux qai dessus moi pourchassé On dit, Ha, ha, à gorge onv$te, Puissent avoir pour leur de$$$te Le deshonnenr qu'ils m'or$ orassé.
S'égaye de ton assistance Quiconques a vers toi $word$: Quiconques aime ton secours Chan$ à jamais ton excellence.
¶ O Dieu, accour hastivement Vers moi tant pauvre & miserable: Tu es mon aide secourable, Seigneur, secour moi vistement.

PSEAUME LXXI.

Pseaume de priere.
In te, Domine, speravi.

〈♫〉〈♫〉 J'Ai en toi mon esperance, 〈♫〉〈♫〉 Garde moi donc, Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 D'eternel deshonneur.
〈♫〉〈♫〉 Ottroye moi ma delivrance, 〈♫〉〈♫〉 Par ta misericorde, 〈♫〉〈♫〉 Et ton se∣cours m'accorde.
¶ Ten moi ton oreille & me garde, Sois mon lieu de recours Où j'entre tous les jours.
Tu as mandé ma sauvegarde, Car je n'ai forte place Ni chasteau, que ta grace.
¶ Hors de la main du méchant homme, Hors, dis-je, de la main Du pervers inhumain.
Tire moi, mon Dieu: car en somme Je m'attens & adresse A toi dés ma jeunesse,
¶ Dés lors que naissance j'ai prise, Sortant du fonds du corps Dont tu m'as mis dehors,
J'ai sur toi ma fiance assise: Ta gloire haut dressée J'ai sans cesse annoncée,
{inverted ⁂} 1
¶ On m'a tenu pour monstre estrange: Toutesois si es-tu Ma force & ma vertu.
Fai que tous les jours ta loiiange Et ta gloire excellente A pleine voix je chante.
¶ Au temps de vieillesse chenuë En mon infirmité Point ne sois rejetté.
Quand ma force a rien devenuë Delaira ma personne, Ta main ne m'abandonne.
¶ Car de mes ennemis la bande Contre moi proprement A tenu parlement:
Et contre moi de fureur grande Ceux qui mon ame spient Tous ensemble se lient.

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¶ Sus, sus, disent-ils, qu'on Pempoigne, Il est laissé de Dieu, Sans secours d'aucun lieu.
O Dieu, ta face ne s'éloigne: Mon Dieu, vient tost estendre Ton bras pour me defendre.
¶ Tous les ennemis de ma vie Soient confus & perdus: Soient de honte éperdus
Ceux qui de me nuire ont envie, Tandis qu'en patience J'attendrai ta defence.
{inverted ⁂} 2
¶ Outre ta loiiange ordinaire, Ma bouche annoncera Ta justice, & dira
Les graces que m'as daigné faire, Nonobstant que le conte D'icelles me surmonte.
¶ Je cheminerai d'asseurance, Contemplant les hauts faits Que le Seigneur a faits:
Et maintiendrai la fouvenance De tes seules justices, Et tes grands benefices.
¶ Enseigné m'as des ma jeunesse: Tes merveilles aussi J'ai dites jusqu'ici.
Parquoi en ma blanche vieillesse Ne me delaisse encore, O mon Dieu! que j'adore.
¶ Tant que ta force aye contée Aux vivans, & à ceux Qui viendront apres eux.
Ta justice est en haut montée, O Dieu! car nompareilles Sont tes grandes merveilles.
{inverted ⁂} 3
¶ O Dieu! qui est à toisemblable: Qui m'as tant de travaux, Tant fait sentir de maux:
Et puis par ta main secourable Ma vie ia perduë Dereches m'as renduë.
¶ Des creux abismes de la terre Me tirer il t'a pleu, Tu as mon regne accreu.
Et quand on m'a fait forte guerre, Me tournant ton visage Tu m'as donné courage.
¶ Parouoi, mon Dieu, sur mes violes Sera l'honneur chanté De ta fidelité.
Sainct d'Israël qui me consoles, Il faut que mon luth jouë Pseaumes que je te vouë.
¶ Mes levres d'une joye extréme Psalmodiront, Seigneur, Ta gloire & ton honneur.
Mon ame répondra de mesme, Estant toute clevée Vers toi qui Pas sauvée.
¶ Ma langue aussi pour ta justice Sans cesse publier Je te veux dedier.
Car de mes haineux la malice De honte as éperduë. Et du tout confonduë.

PSEAUME LXXII.

Pseaume de doctrine, touchant Pestat & gouvernement politique.
Deus, judicium tuum regi da.

〈♫〉〈♫〉 TEs jugemens, Dieu veritable, 〈♫〉〈♫〉 Eaille au Roi pour regner: 〈♫〉〈♫〉 Vueilles ta justice équitable 〈♫〉〈♫〉 Au fils du Roi donner:
〈♫〉〈♫〉 Il tiendra ton peuple en justice, 〈♫〉〈♫〉 Chassant l'iniquité: 〈♫〉〈♫〉 A tes pauvres fera propice, 〈♫〉〈♫〉 Leur gardant équité.
¶ Les peuples verront aux montagnes La paix croistre & meurir: Et par costeaux & par campagnes La justice stcurir.
Ceux du people estans en détresse L'auront pour defenseur, Le pauvre il gardera d'oppresse, Rebuttant Poppresseur.
¶ Ainsi un chacun & chacune, O Roi, t'honorera Sans fin, tant que Soleil & Lune Au monde éclairera.
Il vient comme pluye agreable Tombant sur prez fauchez, Et comme rofée amiable Sur les terroirs fechez.
¶ Lui regnant, fleuriront par voye Les bons & gracieux En longue paix, tant qu'on ne voye De Lune plus aux cieux.
D'une des mers large & profonde Jusques à l autre mer, D'Euphrates jusqu'au bont du monde Roi se fera $ommer.
¶ $thiopes viendront grand' erre S'encliner devant lui: Ses haineux baiferont la terre A Phonneur d'icelui.
Rois d'Isles & de la mer creuse Viendront à lui prefens, Et rois d'Arabie Pheurcuse Pour lui faire presens.
{inverted ⁂}
¶ Tous autres rois viendront fans doute A lui s'hunilier, Et le voudra nation toute Servir & supplier:

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Car delivrance il donra bonne Au pauvre à lui pleurant: Et au chetif qui n'a personne Qui lui soit secourant.
¶ Aux assligez & miserables Sera doux & piteux, Sauvant les vies lamentables Des pauvres soussreteux.
Les gardera de violence Et dol pernicieux, Ayant leur sang par sa clemence Tres-cher & precieux.
¶ Chacun vivra, l'or Arabique A tous départira: Dont sans fin, ce Roi magnifique Par tout on benira.
De peu de grains force blé, somme Les épies chacun an Sur les monts bruiront en Pair, comme Les arbres du Liban.
¶ Fleurira la troupe civile Des bourgeois & marchands, Multiplians dedans la ville Comme herbe par les champs.
Sans sin bruira le nom & gloire De ce Roi nompareil: De son renom sera memoire Tant qu'y aura Soleil.
¶ Toutes nations asseurées Sous ce Roi vigoureux S'en irons vantans bien heurées, Et le diront heureux
Dieu, le Dieu des Israëlites, Qui sans secours d'aucun Fait des merveilles non petites, Soit loiié d'un chacun.
¶ De sa gloire tres-accomplie Soit loiié le renom, Soit toute la terre remplie Du haut los de son nom.

PSEAUME LXXIII.

Pseaume de doctrine.
Quàm bonus Israël Deus.

〈♫〉〈♫〉 SI est-ce que Dieu est tres-doux 〈♫〉〈♫〉 A son Israël, voire à tous 〈♫〉〈♫〉 Qui gardent en toute droiture 〈♫〉〈♫〉 Leur conscience entiere & pure.
〈♫〉〈♫〉 Mais j'ai esté tout prest à voir 〈♫〉〈♫〉 Mes pieds le bon chemin laisser, 〈♫〉〈♫〉 Et mes pas tellement glisser, 〈♫〉〈♫〉 Que ie me suis veu prest de choir.
¶ Car j'estois envieux du bien De ces fols qui ne valent rien, Ft ne pouvois sans grand mal-aise Voin les méchans tant à leur aise.
Can detenus ils ne sont point Des laugueurs tirans à la mort: Ils ont le corps alaigre & fort: Ils sont dispos & en bon poinct.
¶ Quand tout le monde est en travaux, Ceux-ci n'ont ni peine ni maux: Si quelque affliction nous donte, Ceux-ci ne se trouvent du conte.
Pourtant l'orgueilleux comme un carquant Lace leur gros col arrogant: Et sont d'outrages ces pervers Comme d'une robe couverts.
¶ La graisse leur pousse les yeux Eors de leur chef malicieux: Et bien souvent ont davantage Que n'a desiré leur courage.
Son$, dissolus en tous leurs faits, Farlentdes faux tours qu'ils ont faits Aux justes par eux tourmentez, Et parlent comme hauts montez.
{inverted ⁂} 1
¶ Leur bouche entreprēd bien d'aller $usques au cie$ pour en parler: $ieur langue tant fausse & vilaine $word$ tout le monde se pourmeine,
Et les enfans de Dieu pourtant Reviennnnt toíijours à ceci, En se voyant verser ainsi L'eau d'angoisse à boire d'autant,
¶ Et s'en vont disans, L'Eternel De son haut trône supernel Est-il possible qu'il regarde Ici bas pour y prendre garde?
Ceux-ci ne valent rien du tout, Et toutefois on voit comment Ils vivent tant heureusement, Munis de biens jusques au bout.
¶ Pour neant donc ai-je tasché Que mon coeur ne fust entaché, Et par soigneuse diligence Lavé mes mains en innocence.
C'est done à tort que suis seru, Et assigé journellement: En vain reçois-je chastiment Dés que le jour est apparu.
¶ Mais voulant user de ces mots, Je pecherai en mon propos: Car, quoi que soit, voila la race Des enfans de ta sainte grace.
Pourtant j'ai tasché grandement A me resoudre sur cela: Mais toûjours ce point me sembla Fascheux en mon encendement,

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¶ Jusques à tant qu'au sacre lieu Suis venu au temple de Dieu: Des méchans la derniere issuë, Alors ai-je bien apperceuë.
Quand tout est dit telles gens sont Eu lieux dangereux & glissans: Parquoi tout soudain renversans Aux creux abismes ils s'en vont.
{inverted ⁂} 2
¶ Lors chacun s'ebahit comment Ils ont peu tant soudainement Ainsi défaillir & se fondre, Et tant horriblement confondre,
Fntre les humains effacé Sera le lustre de leur bien, Ainsi qu'un songe qui n'est rien Dés que le dormir est passé.
¶ Si est-ce qu'en mon pensement Je me troublois fort aigrement: Je sentois, dis-je, ma pensée Bien fort poignante & offensée.
Mais j'avois perdu mes esprits: Mesmement je n'estois point moi, Mais une beste devant toi, Quand à toi ainsi je me pris.
¶ Or quelque assaut qu'aye senti, J'ai toûjours tenu ton parti: D'autant qu'en mes grandes oppresses Tu prens ma main, & me redresses.
Le conseil que m'as ordonné, Me guidera fidelement: Tant qu'a gloire & contentement Je serai ensin amené.
¶ De tout ce qu'au ciel j'apperçoi, Qui sera mon Dieu fors que toi? Me forgerai-je en ce bas monde Quelque divinité seconde?
Je sens ma force defaillir, Seigneur, & mon coeur empiré; Mais tu m'es un roe asseure, Et appui qui ne peut faillir.
¶ Car c'est lui qui t'eloignera, Il est seur qu'il renversera: Et faut que tout homme perisse Qui n'est loyal à ton service.
A toi me veux done adresser, Car mieux ne me peut avenir, Qu'a mon Dieu toûjours me teni$, Et ses merveilles annoncer.

PSEAUME LXXIV.

Pseaume de priere.
Ut quid, Deus, repulisti, &c.

〈♫〉〈♫〉 D'Où vient, Seigneur, que tu nous as épars, 〈♫〉〈♫〉 Et si long-temps ta fureur enstammée: 〈♫〉〈♫〉 Vomit sur nous tant épesse sumée, 〈♫〉〈♫〉 Voire sur nous les brebis de tes parcs.
¶ Las! sonvien-toi de ton peuple acqucsté De si long-temps, de ce tien heritage Qu'as acheté & pris en ton partage: De Sion, dis je, où ton siege a esté.
¶ Debout, Seigneur, vien pour exterminer A tout jamais la sacrilege bande, Dont la fierté a bien esté si grande, D'oser ainsi ton fainct lieu ruïner.
¶ Là où jadis tes faits surent chantez, Là ont jetté leurs cris épouvantables: Là ont dressé leurs trophées damnables, Là mesme ils ont leurs trophées plantez.
¶ Chacun a veu travailler ces pervers A demolir ta saincte forteresse, Comme au milieu d'une forest épesse Menans la hache à tors & à travers.
¶ Tes beaux lambris taillez si richement, Dont ta maison n'agueres fut ornée, Avec grands conps de hache & de coignée Sont maintenant brisez entierement.
¶ Ils ont, helas! de leurs mains embrasé Le propre heu de ton fainct Tabernacle, Et violé de ton Nom l'habitacle, Lequel ils ont éntierement rasé.
¶ Sus, ont-ils dit, Saccageons-les du tout: Et sur cela d'une mortelle guerre Tous les faincts lieux qui furent en la terre Ils ont par seu consumez jusqu'au bout.
{inverted ⁂} 1
¶ Las! nous n'avons nul signe ac∣coustumé De ta faveur: Prophetes nous defaillent: Nous n'avons nuls qui adresse nous baillent, Quand cessera ton courroux allumé?
¶ Jusques à quand, ô Dieu, soussriras-tu Que l'ennemi tant d'outrage te face? Est-ce à jamais qu'une si grande audace Méprisera de ton Nom la vertu?
¶ D'où vient cela que ta main tu retiens, Et que de nous ta dextre tu retires, Si saut-il bien un jour que tu la tires Hors de ton sein pour secourir les tiens.
¶ C'est toi, ô Dieu, qui d'ancienneté M'as gouverné, & devant tout le monde: Quand j'ai esté en peine plus prosonde, Hors du danger mille fois m'as jetté.
¶ Tu as sendu la mer par ton pouvoir, Et dans les eaux assommé les baleines: Si que les bords & rives toutes pleines De monstres grands accablez nous fis voir.
¶ Tu as baillé le grand monstre des eaux Aux habitans du desert pour viande: Tu as tiré par ta puissance grande Hors du rocher fontaines & ruiffeaux.
¶ Tu as tari des grands sleuves le cours: Le jour est tien, tienne est la nuict hu∣mide:

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Car c'est ta main qui a fait & qui guide Du beau Soleil la clarté tous les jours.
¶ C'est toi qui as selon ta volonté Distribué de ce monde l'espace: L'esté brûlant, & l'hyver plein de glace, Ne sont-ils pas ouvrage de ta bonte?
{inverted ⁂} 2
¶ Souvienne-toi cóme tes ennemis, O Eternel, ta gloire ont abaissée: Et cette gent d'une rage insensee De mépriser ton sainct Nom s'est permis.
¶ Ne livre point entre les mains, helas! De ces cruels ton humble tourterelle: N'oublie point d'oubliance eternelle Les tiens qui n'ont ni secours ni soulas.
¶ Souvienne-toi de l'accord qu'as traitté, Veu que la terre ainsi qu'ensevelie En nuict prosonde & de méchans remp$$$, Gemit dessous tel faix d'iniquité.
¶ Ne souffre point retourner tout honte$$ Ton serf foulé: plûtost, Seigneur, ottroye Juste argument de chanter en grand' joye Ton Nom tres-saint aux povres soussrete$$,
¶ Eveille-toi, poursui ton droit, Seigne$$, Souvienne-toi de cét outrage infame, Dont cette gent insensée te blasme De jour en jour dépitant ton honneur,
¶ N'oublie point leurs cris tous pleins de Ni de la gent contre toi outrageuse $word$, Le bruit tout plein de rage impetu$$$e, De plus en plus montant jusques au1ciel.

PSEAUME LXXV.

Pseaume d'action de graces & doctrine.
Consitebimur tibi.

〈♫〉〈♫〉 O Seigneur, loiié sera, 〈♫〉〈♫〉 Loiié sera ton renom: 〈♫〉〈♫〉 Car la gloire de ton Nom 〈♫〉〈♫〉 Prés de nous s'approchera: 〈♫〉〈♫〉 Et de nous seront chantez 〈♫〉〈♫〉 Les hauts faits de tes bontez.
¶ Estant mon terme venu, Je jugerai droitement: Du païs le fondement S'en va, s'il n'est soustenu: Mais ses pilliers ja déjoints Par moi seront tost rejoints.
¶ Ne soyez plus insensez, Dirai-je à ces estourdis: Et vous méchans tant hardis, Vostre corne ne dressez: Ne dressez la corne en haut, Parlant plus gros qu'il ne faut.
¶ Car ce n'est point du Levant, Ponent, ni Septentrion, Que vient l'exaltation. Ni grandeur d'homme vivant: Dieu seul regnant à son gré Hausse & baisse le degré.
¶ Dieu tient en ses fortes mains Un vaisseau tout rougissant Du vin dont le Tout-puissant Verse dessus les humains: Tous les méchans en boiront, Et la lie en succeront.
¶ Pendant ce temps en mes chants Du Dieu de Jacob les faits Je veux chanter à jamais, Rompant la corne aux méchans: Mais les bons tout au rebours Seront haussez tous les jours.

PSEAUME LXXVI.

Pseaume d'action de graces.
Notus in Judaeâ Deus.

〈♫〉〈♫〉 C'Est en Judée proprement 〈♫〉〈♫〉 Que Dieu s'est acquis un renom: 〈♫〉〈♫〉 C'est en Israel voirement 〈♫〉〈♫〉 Qu'on voit la force de son Nom: 〈♫〉〈♫〉 En Salem est son Ta∣bernacle, 〈♫〉〈♫〉 En Sion son sainct habitacle.
¶ Là voit-on par lui sracassez Avec un essort nompareil Traits, arcs, éc$s, glaives cassez, La guerre & tout son appareil: Montrant les faits bien plus terribles, Que ces brigands ne sont horribles.
¶ On a pillé comme endormis Ces coeurs tant braves & hautains: Ces preux & vaillans ennemis N'ont jamais sçeu trouver leurs mains.

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Un seul mot qu'en ire tu jettes Endormit chevaux & charettes.
¶ Tu es terrible & plein d'essroi. Toi, dis-je, & non autre qui soit: Et qui durera devant toi, Dés que ton courroux s'apperçoit? Du ciel a tonné ta sentence, Terre en trembla, & sit silence.
¶ Alors, ô Dieu tu te levas Pour tes jugemens prononcer, Et au plus petits d'ici bas Leurs delivrances annoncer: Car les humains en leur colere Sont la matiere de ta gloire.
¶ Quelque jour tu viendras trousser Le reste de ces furieux: Sus donc, qu'on vienne s'amasser Pour voüer & payer ses voeux, Vous qui avez à toutes henres Autour du Seigneur vos demeures.
¶ Offrez vos dons à lui, qui est Terrible à venger son mépris, A lui qui peut, quand il lui plaist, Vendanger des Rois les esprits: Plein de frayeur épouvantable Aux Rois de la terre habitable.

PSEAUME LXXVII.

Pseaume de doctrine.
Voce mea ad Dominum.

〈♫〉〈♫〉 A Dieu ma voix j'ai haussée, 〈♫〉〈♫〉 Et ma clameur a dieffëe: 〈♫〉〈♫〉 A Dieu ma voix a monté, 〈♫〉〈♫〉 Et mon Dieu m'a é$outé.
〈♫〉〈♫〉 Au jour de ma grand' détresse 〈♫〉〈♫〉 Dieu a é sté mon adresse, 〈♫〉〈♫〉 Et du soir au lendemain 〈♫〉〈♫〉 Je lui ai tendu la main.
¶ Mon ame en telle grevance Refusoit toute allegeance: Mon Dieu mesme m'étonnoit Alors qu'il m'en souvenoit.
Quoi que d'affection grande Je fisse à Dieu ma demande, Mon coeur plein d'adversité Sans cesse estoit agité.
¶ Tonjours ouverte ma veuë Estoit de Dieu retenuë, Et n'avois tout abatu De parler nulle vertu.
Alors la saison passée Me revint en la pensée, Et les ans pieça passez Furent par moi repensez.
¶ De ma har$e chanteresse Il me souvenoit fans cesse, Et mon coeur rempli d'ennuis Meditoit toutes les nuicts.
Toute mon intelligence Cherchoit à grand' diligence L'isluë de tout ceci, Et me complaignois ainsi:
¶ Est-ce à jamais que la grace De l'Eternel me dechasse? Est-il dit que desormais Il ne m'aimera jamais?
Cette bonté tant prisée Est-elle toute épuisée? N'aura jamais plus de lieu La promesse de mon Dieu?
{inverted ⁂}
¶ Dieu a-t'il plus souvenance D'user de sa bien-vueillance? Me clorra-t'il sa bonté Par son courroux surmonté?
C'est, ai-je dit, à cette heure Que mon Dieu veut que je menre: Le Souverain a change Le bras qui m'a soulagé.
¶ Pnis me vinrent en memoire Ces grands exploits pleins de gloire, Et les terribles effets Des grands efforts qu'il a faits.
Lors par moi considerees Furert ses oeuvres sacrées, Et de ses faits devisant, Voila que j'allois disant:
¶ O Dieu, ce que tu scais faire Se voit en ton Sanctuaire, Et n'y a divinité Pareille à ta Deïté.
O Dieu, tu fais les merveilles Qui sont du tout nompareilles: C'est toi qui fais ton pouvoir Aux pauvres appercevoir.
¶ Tu as par ta force adextre Recoux ton peuple, & fait estre Du bon Jacob les enfans Et de Joseph triomphans.
Les eaux, les eaux, dis-je, en crainte Ont veu ta majesté sainte, Et l'abysme plus profond En a tremblé jusqu'au fond.
¶ Alors les plus grosses nuës Ont leurs grand's eaux épanduës, Et du son qui en sortit Tout ce haut ciel retentit.

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Cà & là tes traits volerent, Tes gros tonnerres roulerent, Et d'un éclair enstammé Fut tout le monde allumé.
¶ Terre en trembla longue espace, Puis sans laisser nulle trace, Au travers des grandes eaux Tu sis sentiers tous nouveaux:
Tant que tu as en franchise Par Aaron & par Moyse Comme tes brebis mené Le peuple à toi assigné.

PSEAUME LXXVIII.

Pseaume d'exhortation.
Attendite, popule meus.

〈♫〉〈♫〉 SOis ententif mon peuple, à ma doctrine, 〈♫〉〈♫〉 Soit ton oreille entierement encline 〈♫〉〈♫〉 A bien ouïr tous les mots de ma bouche: 〈♫〉〈♫〉 Car maintenant il faudr$ que je touche 〈♫〉〈♫〉 Graves propos, & que par moi soient dits 〈♫〉〈♫〉 Les grands secret$ des oeuvres de jadis.
¶ Oeavres par nous jadis bien écoutées, Quand nos ayeuls nous les ont recitées, Qu'à leurs ens$ns voulons faire connaître, Voire à ceux-là qui font encore à naître, Le los, la force, & merveilleux pouvoir De ce grand Dieu voulons faire seavoir.
¶ Dieu en Jacob son alliance a mise, En Israël il a sa Loi asiise, Et ordonné qu'elle fust enseignée Par nos ayeuls de lignée en lignée: Si qu'un tel bien à la posterité De pere en fils toûiours soit recité:
¶ Afin qu'en Dieu soit toute leur attente, Et de ses faits la memoire presente A bíen garder ses statuts les appelle: N'ensuivans point le coeur traistre & rebelle De leurs maieurs, qui n'ont eule coeur droit, Ni envers Dieu l'esprit ferme & adroit.
{inverted ⁂} 1
¶ Telle a ested Ephraïm la semence, Qui bien armée, avec l'experience De bien tirer, n'a fait chose qui vaille, Tournant le dos au jour de la bataille: N'ayant de Dieu le contract maintenn, Ni de sa Loi le droit chemin tenu.
¶ De l'Eternel les oeuvres & merveilles Veuës par eux grandes & nompareilles Ils ont bien-tost aifément oubliées: Les oeuvres, dis-je, & force déployées Dedans Egypte, en Soan, & au sçeu De leurs ayeuls, qui eux-mesmes' l'ont veu.
¶ Il a fendu les grand's vagues prosondes, Passé sa gent tout au travers des ondes, Et retenu la mer emmoncelée, Guidé les siens de jour par la nuée, Et puis dressë un grand slambeau luisant Qui toute nuict les alloit conduifant.
¶ Il a brise les rocs par sa puissance, Pour ab$euver son peuple en abondance Dans le desert, là où mesmes des veines Des durs rochers il tira des fontaines, Ft fit partir telle abondance d'eaux, Qu'il en could sleuves à grands ruisseaux.
{inverted ⁂} 2
¶ Ce nonobstāt dereches ils $word$ Contre leur Dieu, & ainsi Pirricerent Dans le desert, le tentans en eux-$word$ Et pour fournir a leurs desirs extremes, Ont demandé viandes fur le lieu. Jusqu'a venir murmurer contre Dieu.
¶ Dieu, dirent-ils, en terre si deserte Pourroit-il bien donner table couverte? Du roc frapé grandes eaux font forties, Voire soudain rivieres sont parties: Mais pourroit il donner du pain aussi, Et puis de chair paistre son peuple ici?
¶ Dieu les ouït, duquel Pire enstammée Contre Jacob fut soudain allumée. Dieu, dis-je, émeu de fureur non petite Prit en dédain son peuple Israëlite, Pour n'avoir creu à Dieu, & pour app$ N'avoir choisi le salut d'icelui.
¶ Car ja devant ces choses avenuës Dieu avoit fait commandement aux noë$ Et du haut ciel ouvert déja la porte, Pleuvant fur eux la manne en telle sorte, Qu'à ces méchans qui crioient à la faim, Mcsmes du ciel il envoya du pain.
{inverted ⁂} 3
¶ L'homme mortel (merveilles $word$ estranges) S'estoit repeu du pain mesmes des Anges, Voire soulé à suffisance pleine: Dieu toutefois par sa force soudaine Fit émouvoir au ciel un double venr, L'un du Midi, & l'autre du Levant.
¶ Puis fit sur eux menu comme poussiere Pleuvoir la chair, voire en telle maniere, Qu'il n'y a point plus de sable au rivage, Qu'on vid pleuvoir d'oiseaux par cét orage, De tous costez dans le camp arrangez, Où ils avoient leurs pavillons rangez.
¶ Par ce moyen cette troupe gourmande Fut tout son soul repeuë de viande. Dieu leur donnant selon leur convoitise, Leur saim cessa, non pas leur gourmandise$ Mais tous crevez avoient encor la chair

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$ntre les dents, & la vouloient mascher:
Quand l'Eternel émeut cont'eux son ire, $t vint d'entr'eux tous les plus gros détrui∣[re: $uis d'Israël mit bas toute l'elite. $sais pour cela cette race maudite $e laissa pas de poursuivre son train, Et ne creut point aux faits du Souverain.
{inverted ⁂} 4
¶ Voila pourquoi leurs jours & leurs années Furent bien-tost à neant terminées. Alors chacun voyant sa mort presente $echerche Dieu, & à lui se presente: Dés le matin chacun est appresté Pour requerir du Seigneur la bonté.
¶ Alors chacun se souvint qu'en détresse L'Eternel seul estoit leur forteresse, Et que Dieu seul de force souveraine Estoit celui qui les tiroit de peine. Mais quoi que soit, rien que fard ne sortoit Hors de leur bouche, & leur langue mētoit:
¶ Car devāt Dieu n'estoit leur ame entiere, Ni veritable en sa Loi droituriere: Ce neantmoins, tant il est pitoyable, Il essaça leur faute abominable: Les épargnant: & souvent se contint, Et la plûpart de son ire retint.
¶ Il se-souvint que leur pauvre nature N'estoit que chair sujette a pourriture, Et comme un vent qui fans retour se passe, Combien de fois, & combien longue espace Dans le desert ces gens l'ont irrité? Combien de fois au desert contristé?
{inverted ⁂} 5
¶ A tenter Dieu cette gent adōnée A son mestier est toujours retournée, Comme voulant enclorre en ses limites Le Tout-puissant, Sainct des Israëlites: Ne pensant point au bras qu'il sit sentir A leurs haineux pour les en g$rantir.
¶ C'est lui qui mit ses signes tant horribles Dedans l'Egypte, & miracles terribles Dedans Soan, faisant que leurs rivieres Devinrent fang, voire toutes entieres: Mesmes aussi leurs ruisseaux, tellement Qu'on n'en eust peu gouster tant seulement.
¶ Puis envoya toutes sortes de mou$ches Pour les manger jusques dedans leurs cou∣ches: Les sit détruire aux grenoiiil es insectes, Donna leurs fruits & vignes toutes faites Aux vermisseaux: & de tons ces méchans Tout le labeur aux cigales des champs.
¶ Gresta d'enhaut leurs vignesdej$ prestes, Sur leurs siguiers envoya ses tempestes: Tout leur haras meurtrit a coups de $reste. De foudre & seu leur besta$l pesle-mesle: Bref déchargea sa coler? sur eux, Sa grand' fureur, son courroux rigeureux.
¶ Les sit $unir & poursuivre à outrance Par les espits de sit juste veng$$ance. Fit faire place a son ire mortelle. Sans épargner: & d'une facon telle, Que leur bestail pour leur $word$ donné Put à la peste & mort abandonne.
{inverted ⁂} 6
¶ Dedans Egypte il $$lut que mou∣russert Tous les aisnez, en queique part qu'ils fufi$t: Es pavillons de Cham race traitresse, Dieu fit faillir la sleur de la jeunesse: Puis fit sortir les moutons de ses parcs, Et les guida par les deserts épars.
¶ Il les guida seurement & sans crainte, Couvrit es eaux la multitude esteinte De leurs haineux: leur ouvrit le passage Pour arriver à son saint heritage, Jusques au mont precieux & exquis Que par son bras lui-mesme s'est acquis.
¶ Il déchassa les gens devant leur face, Donna leur terre à son peuple en leur place, Et y logea d'Israël les lignées: Mais nonobstant ces graces signalées Ils ont tenté & fasché l'Eternel, Et n'ont garde son contract solennel:
¶ Mais en suivant la trace mensogere De leurs ayeuls, sont tournez en arriere, Et recourbez comme un arc decevable. Par maint' idole & service damnable Ils ont tant fait, que le grand Dieu jaloux A dessus eux deployé son courroux.
{inverted ⁂} 7
¶ Car l'Eternel informé de leur vice Prit un dépit si grand de leur malice, Qu'en dédaignant bien fort sa gent eleuë, Laissa Silo sa maison depourveuë, Et ce divin Tabernacle a quitté, Où il avoit longuement habité.
¶ Soussrit mener sa force prisonniere, Livra sa gloire entre la main meurtriere De l'ennemi, & sa gent tant méchante A la merci de l'épée sanglante: Tant fut alors son courroux allumé Contre Israël son heritage aimé.
¶ Les feux ardents la force devorerent Des jeunes gens, les filles demeurerent Sans nul festin, ni los de mariage: Prestres facrez cheurent en ce carnage: Les veuves mesmes en si grandes douleurs N'ont eu loisir de répandre leurs pleurs.
¶ Mais sur cela comme quand la personne Apres bien boire engloutie de somne, Finalement s'ecrie & se réveille: Dieu s'eveilla, & rendit la pareille Aux ennemis qu'en derriere il frapa, Et d'eternel dissame envelopa.
{inverted ⁂} 8
¶ Mais il quitta de Josech l'habi∣tacle. Et d'Ephraïm Jaissant Je tabernacle, Dedans Juda prit sa maison choisie, Dedans Sion sa montagne cherie, La où se voit par lui ecifié Le haut palais a lui foul dedié.
¶ Son Palais, dis-je, & maison dedié$; Qu'il a lui-mesme a jamais appuyée Autant $word$ plus que cette terre ronde: Puis a choisi seul des hommes du monde Son serviteur David, quoi que ce soit. Au bean milieu des brebis qu'il paissoit.
¶ L$ il le prit prés son bestail champestre Et lui commit son peuple pour le paistre: Lui commit, dis-$e, Israël son partage: Et pource aussi David de frane courage Toujours deputs a ce penple mene, Et sou, sa m$in sagement gouverne.

PSEAUME LXXIX.

Pseaume de priere.
Deas, venerunt gentes, &c.

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〈♫〉〈♫〉 LEs gens entrez sont en ton heritage, 〈♫〉〈♫〉 Ils ont pollu, Seigneur, par leur outrage 〈♫〉〈♫〉 Ton Temple sainct, Jerusalem destruite, 〈♫〉〈♫〉 Si qu'en monceaux de pier∣res l'ont reduite.
〈♫〉〈♫〉 Ils ont baillé les corps 〈♫〉〈♫〉 De tes serviteurs morts 〈♫〉〈♫〉 Aux cor∣beaux pour les paistre: 〈♫〉〈♫〉 La chair des bien-vivans 〈♫〉〈♫〉 Aux animaux suivans 〈♫〉〈♫〉 Bois & plaine champestre.
¶ Entour la ville où fut ce dur esclandre, Las! on a veu le sang d'iceux épandre Ainsi comme eau jettée à l'aventure, Sans que vivans leur donnast sepulture.
Ceux qui nos voisins sont En opprobre nous ont, Nous mocquent, nous dépitent: Nous nous voyons blasmez, Et par ceux dissamez Qui entour nous habitent.
¶ Helas! Seigneur, jusques à quand seras-ca? Nous tiendras-tu pour jamais hors de grace? Ton ire ainsi embrasce ardra-t'elle Comme une grand' stamme perpetuelle?
Tes indignations Epan sur nations Qui n'ont ta connoissance: Ce mal viendroit a point Aux royaumes qui point N'invoquent ta puissance.
¶ Car ceux-là ont toute presques éteinte Du bon Jacob la posterité sainte, Et en desert totalement tournée La demeurance à lui par toi donnée.
Las! ne nous ramentoi Les vieux maux contre toi Preparez a grand's sommes: Haste-toi, vienne avant Ta bonté nous sauvant, Car fort assligez sommes.
{inverted ⁂} ¶ A sliste-nous nostre Dieu secourable, Pour l'hōneur haut de ton Nom venerable: Délivre-nous, & te montre propice, En éloignant les fleaux de ta juslice.
Qu'on ne die au milieu Des gens, Où est leur Dieu? Mais puni leurs offenses: Vueilles de toutes parts Des tiens le sang epars Venger en nos presences.
¶ Des prisonniers le gemissement vienne Jusques au ciel en la presence tienne: Les condamnez, & ceux qui ja se mearent, Fai que vivans par ton pouvoir demeurent,
A nos voisins ausli En leur sein endurci Sept sois vueilles leur rendre Le blasme & deshonneur Que contre toi, Seigneur, Ont ofé entreprendre.
¶ Et nous alors tō vrai peuple, & tes hōmes, Et qui troupeau de ta pasture sommes, Te chanterons par siecles innombiables, De fils en fils preschent tes faits $word$.

PSEAUME LXXX.

Pseaume de priere.
Qui regis Israël, intende.

〈♫〉〈♫〉 O Pasteur d'Israël écoute, 〈♫〉〈♫〉 Toi qui conduis la troupe toute 〈♫〉〈♫〉 De Joseph ainsi qu'un troupeau: 〈♫〉〈♫〉 Montre nous ton vi sage beau, 〈♫〉〈♫〉 Toi qui te sieds en majesté 〈♫〉〈♫〉 Entre les Cherubins monté.

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¶ Seigneur, sai marcher ta puissance Devant $phraïm, & t'avance Vers Manasl'é & Benjamin: Radresse vers $ ous ton chemin, Afin que parmi ces assauts Soyons garentis de tous maux.
¶ O Dieu qui vois comme on nous mene, Fai que ta bonté nous ramene: Fai luire sur nous de tes yeux Le regard doux & gracieux: Et nous voil$ hors de tourment Par un doux regard seulement.
¶ Jusques à quand, Dieu des armées, Seront tes fureurs allumées Contre la priere des tiens? Tu nous as au lieu de tes biens Repeus d'angoisses & douleurs, Tu nous as abreuvez de pleurs.
¶ Tu nous as contre nos plus proches Mis en quer$lles & reproches: Nos haincux s'en moquent bien fort, Rallie nous, ô Dieu tres-fort: Fai luire sur nous ta clarté, Et nous serons a sauveté.
{inverted ⁂}
Jadis ta vigne as transportée Hors de l'Egypte, & l'as plantée Au lieu dont maint peuple as chassé, Tu lui as son lieu agencé, Si que de ces bourgeons tous verds On a veu les champs tous couverts.
¶ On a veu des monts l'estenduë Cachée en son ombre epanduë, Et ses rameaux haut forjettez Comme les cedres hauts montez, Et ses jettons loin épandus Du sleuve à la mer estendus.
¶ D'où vient qu'ayant rompu sa haye, Tu l'as aux passans mis en proye? D'où vient que les sangliers des bois L'ont toute gastée à la fois? Pourquoi des champs les animaux Ont ils devore ses rameaux?
¶ O Dieu des armées, retourne, Et que d'erhaut ton oeil se tourne Pour cette vigne visiter Que ta main a daigné planter: Ce provin, dis-je, cultivé, Pour rendre ton Nom elevé.
¶ Las! elle est en cen $re reduite, Elle est entierement destruite, Tous p$rissent par ton courroux. Esten ta main, ô Dieu tres-doux, Sur l'homme à ton bras appuyé, Et que tu t'es fortisié.
¶ Lors nous n'aurons jamais envie De te laisser. Ren-nous la vie, Et nous chanterons ton honneur Restabli-nous, dis-je, S$igneur: Fai luire sur nous ta clarté, Et nous ferons à fauveté.

PSEAUME LXXXI.

Pseaume d'action de graces.
Exultate Deo Adjutori nos$ro.

〈♫〉〈♫〉 CHantez gayement 〈♫〉〈♫〉 A Dieu nostre force, 〈♫〉〈♫〉 Que tout hautement 〈♫〉〈♫〉 Au Dieu d'Israël 〈♫〉〈♫〉 Chant perpetuel 〈♫〉〈♫〉 Chanter on s'essorce.
¶ Qu'on oye chansons De douce musique: Qu'on oye les sons De harpe & tambour: Le luth à son tour Sonne son cantique.
¶ Au premier du mois Sonnez la trompette, A toutes les fois Que pour faire honneur A son droit Seigneur Israël fait feste.
¶ Envers Israël Telle est Pordonnance: Car c'est l'Eternel Qui l'a decreté Pour signe arre$té De son alliance.
¶ Lors que traverla Sa gent veyagera D'Egypte, & $word$, Sans qu'elle eust $ouvoir D'entendre ou $$$voir Leur langue estrangere.
{inverted ⁂} 1
¶ De des$us son dos La charge ai oftée, Arriere des pots, (Labeur inhumain) J'ai fait que sa main Se trouve écartée.
¶ Vers moi as couru Quand on t'a fait guerre: Je t'ai secouru, Je t'ai exaucé, Me tenant m$$$; D$dans mon tonnerre.
¶ Je t'ai é rouve Es eaux de que$elle, Et t'ayant trouvé D'un co$ur endutci, Je parlai ainsi A ton coeur rebrlle:
¶ Mon peuple, enten $word$ Et mon alliance Ferai ave$ $word$: O il tu voulois D'$$outer m$ $word$ Avoir patience!
¶ Ch$$ toi $n n'au$$$ Auite Dieu quelconcue Ft $'adoreras. Hors le Souverain Au$un Dieu forain. Ne letviras onque.

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¶ Car je suis ton Dieu D'essence eternelle, Qui t'ai en ce lieu Mis & attiré, T'ayant retiré D'Egypte cruelle.
{inverted ⁂} 2
¶ Ouvre seulement Ta bouche bien grande, Et soudainement Ebahi seras Quand tu la verras Pleine de viande.
¶ Mais mon peuple cleu L'oreille me tenore N'a jamais voulu: Mesme estant prié, Ne s'est soucié Jamais de m'entendre.
¶ Moi done irrité L'ai baillé en proye A la dureté De son coeur pervers: A tors & travers, Pour suivre sa voye.
¶ Helas! que ma gent N'a ma voye ouïe. Et que diligent Israël tout droit N'a du chemin droit La sente suivie!
¶ J'eusse en moins de rien Peu vaincre & désaire Tout ennemi sien, Et mon bras tourné Fust tost ruïné Tout sien adversaire.
¶ Tous ses ennemis Remplis de destresse Sous lui j'eusse mis: Et ce temps heureux Fust duré pour eux Sans sin & sans cesse.
¶ De fleur de froment Jamais n'eust eu saute, Voire abondamment Je l'eusse soulé Du miel découlé De la roche haute.

PSEAUME LXXXII.

Pseaume de doctrine.
Deus, stetit in synagogua.

〈♫〉〈♫〉 DIeu est assis en l'assemblée 〈♫〉〈♫〉 Des Princes qu'il a assemblée, 〈♫〉〈♫〉 Et des plus grands est au milieu, 〈♫〉〈♫〉 Pour y presider comme Dieu.
〈♫〉〈♫〉 Jusques à quand juges iniques, 〈♫〉〈♫〉 Ferez-vous jugemens obliques, 〈♫〉〈♫〉 Et vers ces méchans dece∣veurs 〈♫〉〈♫〉 Userez-vous de vos faveurs?
¶ Faites au plus ch$$iss justice, Jugez pour l'o$pheli$$ sans vice: Justisiez l'homme so$$é, Et le pauvre à tort accablé.
Garentisiez de s$$$herie Le $auvre & lasslige qui crie, Et les triez d'entre les mains De ces cruels tant inhumains.
¶ Mais dequoi sert la connoissance? Ils n'ont esprit ni connoissance, Et suivent leur aveug'ement. Tout deust-il choir entierement.
Or estes vous, je le confesse; Comme petits Dieux en hautesse: Vous estes. dis-je, triomphans, Comme estans de Dieu les ensans.
¶ Si vous faut il mourir en somme, Comme on voit mourir un autre homme Vous Princes, si passerez-vous, Et cherrez comme l'un de nous.
O Dieu! leve-toi à grand' erre, Et t'en vien gouverner la terre: Car à toi de droit appartient Tout peuple que terre soustient.

PSEAUME LXXXIII.

Pseaume de priere.
Deus, quis similis erit tibi?

〈♫〉〈♫〉 O Dieu! ne sois plus à recoi, 〈♫〉〈♫〉 O Dieu! ne demeure plus coi, 〈♫〉〈♫〉 Et plus

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longuement ne t'arreste:
〈♫〉〈♫〉 Car de tes ennemis la bande, 〈♫〉〈♫〉 S'émouvant de fu∣rie grande, 〈♫〉〈♫〉 A contre toi levé la teste.
¶ Contre ton peuple proprement Ils ont arresté sinement Ce que leur malice imagine:
Et contre ceux qui pour retraite Sont retirez en ta cachette Toute leur cautelle machine.
¶ Sus, ont-ils dit, qu'ils soient désaits, Que de ce peuple & de ses faits Soit abolie la memoire:
Et que du peuple Israëlite Mention grande ni petite Ne soit plus au monde notoire.
¶ Tous coutre toi ont conjuré, Contre toi ont accord juré Iduméens, Isinaëlites,
De Moab & d'Agar la race: Et contre toi levent la face Les Gabalins & Ammonites:
¶ Les Philistins & Amalec, Les habitans de Tyr avec, Toutes leurs forces y déployent:
Assyriens en veulent essre, Et pour servir de leur bras dextre Aux ensans de Loth ils s'employent.
¶ Fai leur comme en autre saison Tu sis sur les eaux de Cison A Madian en forte guerre,
Quand Sisare & Jabin perirent Dedans En-dor, & ne servirent Que d'autant de siens sur la terre.
{inverted ⁂}
¶ Fai leur comme à leur chef Oreb, Et à leur autre chef Ze$h, A Zeba. Salmuna leurs Princes:
Qui avoient dit que par puissance Ils adjoindroient la demeurance De l'Eternel à leurs provinces.
¶ Comme une bille va roulant, Et le tourbillon saboulant A son gre le sestu promeine:
Comme un seu qui met tout en slamme Une forest, & qui enslamme Des grands monts la cime hautaine:
¶ Ainsi ton orage, ô mon Dieu! Les poursuive, & de lieu en lieu Les épouvante ta tempelle.
Leur face de honte soit $word$, Asin, Seigneur, que par contrainte De ton Nom ils fa$ent enqueste.
¶ Soient de plus en plus eperdus, Troublez, honteux, voire perdus: Asin qu'ils ayent connoissance
Par esset du Nom que tu portes D'Eternel, & qu'en toutes sortes Terre te doit obeïssance.

PSEAUME LXXXIV.

Pseaume de priere.
Qu.m dilecta tabernacula.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu des armees combien 〈♫〉〈♫〉 Le sacré Tabernacle tien 〈♫〉〈♫〉 Est sur toutes choses aimable!
〈♫〉〈♫〉 Mon coeur languit, mes sens ravis 〈♫〉〈♫〉 Defaillent apres tes par∣vis. 〈♫〉〈♫〉 O Seigneur Dieu tres-desirable.
〈♫〉〈♫〉 Bref, coeur & corps vont s'élevant 〈♫〉〈♫〉 Jus∣ques à toi, grand Dieu vivant.
¶ Les passereaux trouvent logis, Et les hirondelles leurs nios: Helas! gra$d Dien $es exercites,
Mon Dieu. m$n Roi me soustenant, Où est-ce que sont maintenant Les autels esquels tu habites?
Bien-heureux qui en ta maison Te loüera en toute faiton.
¶ O que bien-heureux est celui Dont tu es la sorce & l'appui, Et ceux qui ont au coeur ta sente!
Passant le val sec & hideux Des meuriers chacun courageux Aveques peine diligente
Fontaines & pui$s cavera, Que mesme la pluye emplira.
{inverted ⁂}
¶ De force en force ils marcheront Jusques à l'heure qu'ils pourront En Sion devant Dieu se rendre.
O Dieu des armes! Eternel,

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De ton haut trône supernel Vueilles mes prieres entendre:
Dieu de Jacob, en cét émoi, Je te supplie, exauce moi.
¶ O Dieu, qui es nostre pavois, Regarde ton Oinct cetre sois: Car bien mieux vant en to$tes sortes
Un jour chez toi que mille ailleurs: Et sont les estats bien m$ille$rs Des simples gardes de$$es $$rtes,
Qu'avoir un logis de beauté Entre les méchans arresté.
¶ Car nostre Seigneur Dieu tres-doux Est soleil & bonclier pour nous, Qui nous donra gloire & grace:
Et à tous ceux-là qui vont droit Nostre bon Dieu en tont endroit De bien saire point ne se lasse,
Bref, Dieu tres-fort, heureux je$cròi L'homme qui s'appuye sur toi.

PSEAUME LXXXV.

Pseaume de doctrine.
Benedixissi, Domine, terram.

〈♫〉〈♫〉 AVec les tiens, seigneur, tu as sait paix, 〈♫〉〈♫〉 Et de Jacob les prisonniers las$hez: 〈♫〉〈♫〉 Tu as quitté à $word$ gent ses mesaits, 〈♫〉〈♫〉 Voire tu as couvert tous ses pechez:
〈♫〉〈♫〉 Tu as loin d'eux ton dépit $etiré, 〈♫〉〈♫〉 Et ton courroux violent moderé. 〈♫〉〈♫〉 O Dieu, en qui gist le salut de nous, 〈♫〉〈♫〉 Restabli nous appaisant ton courroux.
¶ Est ce à toâjours que ton ire estendras, Et ta furcur de fils en fils ira? Plútost, Seigneur, la vie nons rendras, Dequoi ton peuple en toi s'éjouïra.
O Eternel, quoi ne nous ayons fait, Demontre-nous ta grace par esset: Et nonobstant tous nos faits vicieux, Ottroye-nous ton salut glorieux.
¶ Mais quoi? je veux écouter que dira Le Seigneur Dieu: car à ceux là qui sont Doux & benins, de paix il parlera, Et eux aussi plus sages deviendront.
Certes à ceux qui en crainté ont recou$$ A sa bonté, prochain est son secours: A celle sin qu'au lieu de tout mechef Sa gloire habite entre nous derechef.
¶ Misericorde & Foi lors se joindront, Justice & Paix s'accoller on verra: Foi sortira de terre contre-mont, Justice en bas du ciel regardera.
Dieu mesmement nous dōnera ses fruits, Qui nous seront par la terre produits: Bref d'evant lui juste gouvernement Ira son train sans nul empeschement.

PSEAUME LXXXVI.

Pseaume de priere.
Inclina, Domine, aurem tuam.

〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu, preste moi l'oreille 〈♫〉〈♫〉 Par ta bonté nompareille, 〈♫〉〈♫〉 Repon moi, car plus n'en puis, 〈♫〉〈♫〉 Tant pauvre & affligé suis.
〈♫〉〈♫〉 Garde je te pri' ma vie, 〈♫〉〈♫〉 Car de bien saire ai envie: 〈♫〉〈♫〉 Mon Dieu garde ton servant 〈♫〉〈♫〉 En l'espoir de toi vivant.
¶ Las! de faire te recorde Faveur & misericorde A moi qui tant humblement T'invoque journellement.
Et donne liesse à l'ame Du serf lequel te reclame: Car mon coeur, ô Dieu des Dieux, $'eleve à toi jusqu'aux cieux.

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¶ A toi mon coeur se transporte, O Dieu, bon en toute sorte, Et à ceux plein de secours Qui à toi vont à recours.
Donques la priere mienne A tes oreilles parvienne: Enten, car il est saison, La voix de mon oraison.
¶ Dés qu'angoisse me tourmente, A toi je crie & lamente: Parce qu'á ma triste voix Tu répons souventefois.
Il n'est Dieu a toi semblable, Ni qui te soit comparable, Ni qui se puisse vanter De tes oeuvres imiter.
{inverted ⁂}
¶ Toute humaine creature Qui de toi a pris facture Viendra te glorisier, Et ton Nom magnifier.
Car tu es grand à merveilles Et fais choses nompareilles: Aussi as-tu l'honneur tel D'estre seul Dieu immortel.
¶ Mon Dieu, montre moi tes voyes, Afin qu'aller droit me voyes: Et sur tout mon coeur non seint Puisse craindre ton Nom saint.
Mon Seigneur Dieu, ta hautesse Je veux celebrer sans cesse, Et ton saint Nom je pretens Glorisier en tout temps.
¶ Car tu as à moi indigne Montré ta bonté, benigne, Tirant ma vie du bord Du bas tombeau de la mort.
Mon Dieu, les pervers mastaillent, A grand's troupes sur moi saillent, Et cherchent à mort me voir, Sans à toi regard avoir.
¶ Mais tu es Dieu pitoyable, Prompt à merci & ployable, Tardif à estre irrité, Et de grand' fidelité.
En pitié donc me regarde, Baille ta force & ta garde Au foible serviteur tien, Et ton esclave soustien.
¶ Quelque bon signe me donne Qui mes ennemis estonne, Quand verront que toi, Sauveur, Me presteras ta faveur.

PSEAUME LXXXVII.

Pseaume de priere & de prophetie.
Fundamenta ejus in, &c.

〈♫〉〈♫〉 DIeu pour fonder son tres-seur habitacle 〈♫〉〈♫〉 Es monts sacrez a pris asse∣ction, 〈♫〉〈♫〉 Et mieux aimé les portes de Sion, 〈♫〉〈♫〉 Que de Jacob nul autre Tabernacle.
¶ O que de toi grandes choses sont dites, Cité de Dieu! car Egypte & Babel, Dit le Seigneur. auront un honneur tel, Qu'entre nies gens elles seront écrites.
¶ Du Tyrien, du Philistin, du More Il sera dit, Un tel est né de là: Voire on dira, cettui-ci, cettui-là Est de Sion, où le vrai Dieu s'adore.
¶ Dieu la viendra munir de sa puissance, L'Eternel, dis-je, un jour enrollera Un chacun peuple, & d'un chacun dira, Tel peuple a pris en Sion là n$illance.
¶ Chantres alors à gorge déployée, Haut-bois aussi chanteront son honneur. Bref, dedans toi sera, dit le Seigneur. De tous mes biens l'abondance employée.

PSEAUME LXXXVIII.

Pseaume de priere.
Domine, Deus salutis meae, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu Eternel, mon Sauveur, 〈♫〉〈♫〉 Jour & nuict devant toi je crie: 〈♫〉〈♫〉 Par∣vienne ce dont je te prie 〈♫〉〈♫〉 Jusques à toi, par ta faveur. 〈♫〉〈♫〉 Vueilles, helas! Poreille tendre 〈♫〉〈♫〉 A mes clameurs pour les entendre.

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¶ Car j'ai mon soul d'adversité, Déja ma vie est mise en terre, Et parmi ceux-là qu'on enterre Mon nom est déja recité: Je suis ainsi qu'un personnage Qui n'a ni force ni courage.
¶ Je suis entre les morts transi, Franc & quitte de cette vie: Comme une personne meurtrie Dont tu n'as cure ni souci, Qui est au sepulcre couchée, Et que ta main a retranchée.
¶ Tu m'as jusques au fond plongé Des fosses noires & terribles: Et tes fureurs les plus horribles De dessus mon chef n'ont bougé: Bref, tu m'as accablé la teste Des plus grands slots de ta tempeste.
¶ Estrangé m'as de mes amis, Et rendu vers eux execrable, Me voila pauvre miserable, Enclos au lieu où tu m'as mis, Sans qu'il y ait nulle puissance De plus recouvrer delivrance.
{inverted ⁂} ¶ Mes yeux sont ternis de langueur: Seigneur, à toi je me viens rendre Tous les jours, & mes mains te tendre: Car montreras-tu la vigueur De tes puissances les plus fortes Sur les personnes déja mortes?
¶ Les morts viendront-ils à sortir, Afin de prescher tes merveilles? Pourront tes bontez nompareilles Dans les sepulcres retentir, Et ta fidelité reluire En ceux que mort a peu destruire?
¶ Se pourront és tenebres voir Les grands essets de ta puissance, Et en la terre d'oubliance Ta justice s'appercevoir? Si est-ce, ô Dieu, qu'à toi je crie, Et dés le matin je te prie.
¶ Las! pourquoi suis-je rejetté? Pourquoi caches-tu ton visage? Las! je languis dés mon jeune âge, En mille sortes tourmenté, Soustenant tes frayeurs mortelles Aveques peurs assiduelles.
¶ Tes fureurs ont sur moi passé, Tes épouvantemens horribles M'accablent: deluges terribles Me tiennent tous les jours presté: Tout cela, dis-je, dont je tremble, Tout à l'entour de moi s'assemble.
¶ Tu as écarté loin de moi Ma compagnie plus privée, Si que ma personne est privée De tous amis en cét émoi: Car au milieu de mon angoisse Je ne voi nul qui me connoisse.

PSEAUME LXXXIX.

Pseaume de priere.
Misericordias Domini, &c.

〈♫〉〈♫〉 DU Seigneur les bontez sans fin je chanterai, 〈♫〉〈♫〉 Et sa fi de li té à jamais prescherai: 〈♫〉〈♫〉 Car c'est un poinct conclu que sa grace est bastie 〈♫〉〈♫〉 Pour durer à jamais comme on voit establie 〈♫〉〈♫〉 Dans le pourpris des cieux leur course invariable, 〈♫〉〈♫〉 Signe seur & certain de son dire immuable.
¶ J'ai sait, dit le Seigneur, un accord affeuré Aveques mon éleu, & par serment juré A David mon servant, de faire que sa race A jamais dureroit: voire auroit cette grace, Que du trône royal on verroit l'heritage Sans fin continuer en son heureux lignage.
¶ Les cieux preschent, Seigneur, tes actes merveilleux. Et ta verité luit en tes Saints bien-heureux: Car y a-t'il aucun és nuës plus hautaines, Lequel puisse égaler tes forces souveraines? Y a-t'il mesme aucune Angelique puissance, Qui soit à comparer à ta divine Essence?
¶ Dieu au milieu des Saints est plein de Majesté: Des siens environné, & d'iceux redouté, D Seigneur, sous lequel toute force est plo∣vable: O puissant Eternel, qui est à toi semblable? Ta Majesté, Seigneur, de toutes parts est ceinte De ferme loyauté & constance sans feinte.
{inverted ⁂} 1
¶ C'est toi qui as pouvoir sur les flots de mer. Et qui peux l'abbaisser s'elle veut écummer. Tu as vaincu l'Egypte ainsi qu'à coups d'épée, Et de tes ennemis la force dissipée. Les hauts cieux sont à toi, tienne est toute la terre. Tu as fondé le mōode, & tout ce qu'il enserre.
¶ Tu as fait le Midi & le Septentrion: Hermon avec Tabor s'égayent en ton Nom. Ton bras est tout-puissant, ta main forte & robuste, Ta dextre est élevée, & de ton trône juste

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Justice & Equité gardent ferme la place: Clemence & verité marchent devant tà face.
¶ O peuple bien-heureux qui tesait honorer: Car tel ne peut faillir à toûjours prosperer, En suivant la clarté de ton oeil debonnaire, Et s'égaye en ton Nom d'une joye ordinaire, Se voyant de nouveau par ta ferme justice Tous les jours honoré de quelque benefice.
¶ Car si nous sommes forts, l'honneur t'en appartient: Sinous avons pouvoir, tout cela ne nous vient Que de ta grand' bonté: veu que nostre de∣fense Ne gist qu'au seul Seigneur: & si on nous ossense, Le Roi qui nous defend n'a force niadresse, Que du saint d'Israël qui ce biē nous adresse.
{inverted ⁂} 2
¶ C'est toi qui as jadis parlé par ta merci A tes bons serviteurs, & leur as dit ainsi En sainte vision, J'ai mon aide assignée Sur le Puissant, auquel j'ai ma grace donnée: L'élisant d'entre ceux que mon peuple j'ap∣pelle. C'est affavoir David mon serviteur sidele.
¶ De mon saint oignement j'ai mon Oinct dedié: Et pour ce aussi mon bras est sur lui appuyé, Afin qu'en tous assauts toûjours je le rēforce: Si que son ennemi ne pourra par sa force Jamais le ruïner: & sous la main inique Il ne succombera par effort tyrannique:
¶ Mais plûtost ses haineux devant lui frois∣serai, Et tous ses ennemis à plein je déferai: Ma foi & ma douceur aura pour compagnie, Et sa corne en mon Nom sera haut ānoblie: De l'une de ses mains la mer lui ferai prēdre, Et de l'autre il viendra jusqu'aux fleuves s'étendre
¶ Tu es, medira-t'il, voire tout hautement, Et mon Pere, & mon Dieu, & mon seur fondement. Moi aussi d'autre part lui ferai cette grace D'essre mon fils aisné, & des Rois l'outre∣passe. Ma faveur lui sera à toûjours affeurée, Et tres ferme à toûiours ma promessejurée.
{inverted ⁂} 3
¶ l'establirai sa race à perpetuïté, Et ne sera non plus son regne limité, Que des cieux la durée. Et si paravanture Ses fils laissent ma Loi, & de marcher n'ont cure, En suivant mes edits, mais par outrecui∣dance Transgressent mes statuts, & ma sainte or∣donnance:
¶ Enqueste j'en ferai pour punir leurs mé∣faits, Envoyant mes sleaux vangeurs de leurs forfaits: Mais ma grace pourtant ne sera point cassée, Ni ma foi envers lui aucunement saussée: Car mon accord promis jamais je ne viole, Et ne veux rien chager en ma ferme parole.
¶ J'ai sur ma sainteté une fois fait serment, Dont je ne mentirai à David nullement, Qu'à tout jamais sera sa race perdurable, Et son tròne royal non moins ferme & durable Qu'est en haut le Soleil & la lune luisante, Pour témoigner és cieux ma veritécōstante.
¶ Et toutefois tu l'as dédaigné & chassé, Tu t'es, dis-je, Seigneur, à ton Oinct cour∣roucé: Tu as envers ton serf quitté ton alliance, Soiiillé & renversé sa royale excellence, Abbatu tous les murs de ses places fournies, Et du tout ruïné ses forteresses munies.
{inverted ⁂} 4
¶ Il est à l'abādon des passans exposê, Il est de ses voisins moqué & méprisé: Tu as haussé la main aux cruels adversaires, Et de joye rempli le cocur de ses contraires: Tu lui as rebouché de son glaive la taille, Et ne ne l'as affermi au fort de la bataille.
¶ Las! tu as effacé le lustre de son nom, Et par terre abbatu son trône de renom: Tu lui as abregé la sleur de sa jeuaesse, Tu l'as couvert de honte. Helas! donques sans cesse Voudrois-tu te cacher? & de ton ire ar∣dente La slamme sera-t'elle à jamais permanente?
¶ Souvienne-toi quel temps m'est pour vi∣vre ordonné: Car as-tu pour neant l'hōme ainsi façonné? Où est l'hōme vivant qui de la mort échape, Et que la forte main du sepulcre n'attrape? Helas! Seigneur, où est ta clemence an∣cienne Jurée à ton David par la verité tienne?
¶ Souvien-toi de l'opprobre à tes serviteurs fait, Et que je porte au sein l'outrage & le forfait De plusieurs gens, Seigneur, qui t'assaillent d'injures, Et qui vont diffamans de ton Christ les allures. Or soit de l'Eternel la loüange eternelle, Ainsi, ainsi soit-il, en la troupe fidele.

PSEAUME XC.

Oraison de Moyse serviteur de Dieu.
Domine, refugium.

〈♫〉〈♫〉 TU as esté, Seigneur, nostre retraite, 〈♫〉〈♫〉 Et seur recours de lignée en ligné e: 〈♫〉〈♫〉 Mesme devant nulle montagne née, 〈♫〉〈♫〉 Et que le monde & la terre

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fust faite, 〈♫〉〈♫〉 Tu estois Dieu déja comme tu es, 〈♫〉〈♫〉 Et comme aussi tu seras à jamais.
¶ Quand il te plaist, tu fais l'homme dis∣soudre, Disant ainsi, Creatures mortelles, Je vous enjoins de retourner en poudre: Car devant toi mille années sont telles Comme nous est le jour passé d'hier, Ou d'une nuict seulement un quartier.
¶ Tu viens verser dessus eux ton orage: Lors ils s'en vont comme un songe qui passe, Et ne leur faut que d'un matin l'espace Pour les fener ainsi comme l'herbage, Verd au matin avec sa belle fleur, Fauché le soir sans force ni couleur.
¶ Car ton courroux nous détruit & ruïne, Et grandement épouvantez nous sommes Par ta fureur, quand ta face divine Met devant soi tous les pechez des hommes, Appercevant de ses clairs yeux ouverts Jusques aux sonds des secrets plus couverts.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Ensin voila que nos beaux jours deviēnent Par ton courroux, & la vie s'envole Aussi soudain qu'en l'air fait la parole. Ainsi nos jours volontiers ne reviennent Qu'à septante ans, ou quatre-vingts pour ceux Qui ont le corps plus fort & vigoureux.
¶ Encor la fleur de cette vie est telle, Qu'on est toûjours on peine & en martyre: Elle s'en fuït, & nous aveques elle. Et qui connoist la force de ton ire? Car mesme au pris qu'on connoist ton pouvoir, Ton ire aussi se fait appercevoir.
¶ Or donc, Seigneur, appren-nous à com∣prendre Combien est court le cours de nostre vie: A celle sin que nous n'ayons envie De l'employer qu'à ta sagesse apprendre. Retourne, helas! combien languirons-nous? Et sur tes serss appaise ton courroux.
¶ Dés le matin ta bonté nous remplisse, A celle fin qu'en liesse en joye Le cours entier de nos jours s'accomplisse: Et tout plaisir maintenant nous ottroye, Au lieu des ans & jours tant douloureux, Qu'avons senti ton courroux rigoureux.
¶ En tes servans soit ton oeuvre apparente, Et ta grandeur en leurs enfans reluise: Autour de nous soit la gloire excellente De nostre Dieu, & nos oeuvres conduise: Voire, Seigneur, de nous pauvres humains Condui toûjours & l'ouvrage & les mains.

PSEAUME XCI.

Pseaume de doctrine.
Qui habitat in adjutorio Altissimi.

〈♫〉〈♫〉 QUi en la garde du haut Dieu 〈♫〉〈♫〉 Pour jama is se reti╌re, 〈♫〉〈♫〉 En ombre bonne & en fort lieu 〈♫〉〈♫〉 Retiré se peut di╌re,
〈♫〉〈♫〉 Conclu donc en l'entende∣ment, 〈♫〉〈♫〉 Dieu est ma garde seure, 〈♫〉〈♫〉 Ma haute tour & sondement, 〈♫〉〈♫〉 Sur lequel je m'asseure.
¶ Car du subtil laqs des chasseurs Et de toute l'outrance Des pesliferez oppresseurs Te donra delivrance.
De ses plumes te couvrira, Seur seras sous son aile: Sa defense te servira De targe & de rondelle.
¶ Si que de nuict ne craindras point Chose qui épouvante, Ni dard, ni sagette qui poind, De jour en l'air volante:
Ni peste aucune cheminant Lors qu'en tenebres sommes, Ni mal soudain exterminant. En plein midi les hommes.
¶ Quand à ta dextre il en cherroit Mille, & mille à senestre, Leur mal de toi n'approcheroit, Quelque mal que puisse estre:
Mais sans essroi devant tes yeux Tu les verras défaire, Regardant les pernicieux Recevoir leur salaire.
{inverted ⁂}
¶ Et tout pour avoir dit à Dieu Tu es la garde mienne: Et avoir mis en si haut lieu La confiance tienne.
Mal-heur ne te viendra chercher, Tien-le pour $word$ vraye,

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Et de ta maison approcher Ne pourra nulle playe.
¶ Car il fera commandement A ses Anges tres dignes De te garder soigneusement, Quelque, part que chemines.
Par leurs mains seras soûlevé, Asin que d'aventure Ton pied ne choppe, & soit grevé Contre la pierre dure.
¶ Sur lionceaux & sur aspics, Sur lions pleins de rage, Et sur dragons qui valent pis, Marcheras sans dommage.
Car voici que Dieu dit de toi, D'ardent amour m'honore: Il sera garenti par moi, Car mon Nom il adore.
¶ M'invoquant je l'exaucerai Toûjours pour le defendre, En dur temps avec lui serai, A son bien veux entendre.
Et faire de ses ans le cours Tout à son desir croistre: En effet quel est mon secours Je lui ferai connoistre.

PSEAUME XCII.

Pseaume de consolation.
Bonum est consiteri Domino.

〈♫〉〈♫〉 O Que c'est chose belle 〈♫〉〈♫〉 De te loüer, Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 Et du Tres-haut l'hon∣neur 〈♫〉〈♫〉 Chanter d'un coeur fidele:
〈♫〉〈♫〉 Preschant à la venuë 〈♫〉〈♫〉 Du matin ta bonté, 〈♫〉〈♫〉 Et ta fidelité 〈♫〉〈♫〉 Quand la nuict est venuë.
¶ Sur la douce musique Du Manicordion, Luth & Psalterion, Et Harpe magnifique.
Joye au coeur m'ont livrée Tes ouvrages tres-saints: Dont és faits de tes mains Il faut que me recrée.
¶ O Dieu, quelle hautesse Des oeuvres que tu fais, Et quelle est en tes faits Ta prosonde sagesse!
A ceci rien connaistre Ne peut l'homme abruti, Et le sot abbessi Ne scait ce que peut estre.
¶ Que les pervers verdissent Comme l'herbe des champs, Et des actes méchans Les prompts ouvriers fleurissent:
Pour en ruïne extréme Trebucher à jamais: Mais, ô Seigneur, tu es A jamais Dieu supréme.
{inverted ⁂}
¶ Voici, tes haineux, Sire, Tes haineux defaudront, Et les méchans viendront A se fondre & détruire.
Mais cependant ma corne En haut tu leveras: Et marcher me feras Haut comme une licorne.
¶ l'aur$i tesse graissée D'huile fresche, & mes yeux Verront sur mes haineux L'esset de ma pensée.
De ces pervers damnables Qui mille maux me sont, Mes oreilles orront Nouvelles agreables.
¶ Ainsi crosstra le juste, Verdoyant chacun an, Comme un cedre au Liban, Et la palme robuste.
Bref, les heureuses plantes De la maison de Diea Seront au beau milieu Des parvis florissantes.
¶ Mesmes en leur vieillesse Produiront fruits divers: Car vigoureux & verds On les verra sans cesse.
Pour prescher la droiture Du Seigneur mon appui, Sans qu'il y ait en lui Aucune forfaiture.

PSEAUME XCIII.

Pseaume de consolation.
Dominus regnavit, decorem.

〈♫〉〈♫〉 DIeu est regnant de grandeur tout vestu, 〈♫〉〈♫〉 Ceint & paré 〈♫〉〈♫〉 de force & de vertu, 〈♫〉〈♫〉 Ayant le monde appuyé tellement, 〈♫〉〈♫〉 Qu'il ne peut estre ébranlé

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nullement.
¶ Ferme dés lors ton saint trône a esté, O Dieu, qui es de toute eternite. Le son est grand d'un fleuve impetueux, Grand est le son des flots tempestueux.
¶ Mais quoi que soit l'Ocean courrouce, Et le bruit grand de son flot entassé, Le Souverain eslant assis és cieux Est bien plus grand & redoutable qu'en.
¶ O Eternel, fideles & certains Sont tes edits & témoignages saints, Suivant lesquels en tout temps & saison Ta Sainteté ornera ta maison.

PSEAUME XCIV.

Pseaume de consolation.
Deus ultionuni Dominus, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Eternel! Dieu des vengeances, 〈♫〉〈♫〉 O Dieu punisseur des offenses, 〈♫〉〈♫〉 Fai toi connoistre clairement.
〈♫〉〈♫〉 Toi gouverneur de l'univers, 〈♫〉〈♫〉 Hausse toi pour rendre aux pervers 〈♫〉〈♫〉 De leur orgueil le payement.
¶ Jusques à quand des méchans la bande, Jusqu'a quand en fierté si grande, Seigneur, les malins se riront?
Ceux qui à mal prennent plaisir, De gaudir auront le loisir, Et bravement se vanteront.
¶ O Seigneur, ton peuple ils outragent, Ton sainct heritage ils fourragent, Et pillent sans nulle merci:
Meurtrisfent veuve & estranger, Tuent l'orphelin sans danger: Et qui plus est, disent ainsi.
¶ Dieu n'en scait rien: & somme toute, Le Dieu de Jàcob ne voit goutte En nos faits si bien agencez.
O les plus fols & idiots D'entre le peuple! ô pauvres sots! Serez-vous toûjours insensez?
¶ Celui qui a planté l'oreille, Et formé des yeux la merveille, N'orra-t'il point, ni ne verra?
Lui qui sur les gens a pouvoir, Et de qui dépend tout sçavoir, Jamais ne vous corrigera?
{inverted ⁂}
¶ Las! le Seigneur sçait qui nous som∣mes, Et que les pensées des hommes Ne sont rien que vanité.
Heureux qui est appris de toi, Et qui bien instruit en ta Loi, Seigneur, y a bien profité:
¶ Afin qu'en seurté il repose, Quand le plus dur temps lui propose Toute angoisse & adversité:
Cependant que le tombeau creux Se cave au méchant mal-heureux, Pour fin de sa felicité.
¶ Car jamais Dieu n'aura courage D'abandonner son heritage, Quittant de son peuple l'appui:
Mais quand son temps propre il verra, Justice à son poinct menera, Et les bons courront apres lui.
¶ Où est celui qui me secouro Contre les malins, & qui$coure S'opposer au méehant pour$noi?
Si Dieu ne m'eust son bras tendu, J'eusse esté bien-tost estendu Dans le sepulere tout coi.
¶ Lors que j'ai pehse$ que la plante De mon pied s'en alloit glissante, Soustenu m'as par ta bonté:
Et as recree mes esprits, Seigneur, lors que j'estois épris D'angoisse & de perplexité.
¶ Quelle est, ô Dieu, ta convenance Avec le siege de grevance, N'autorisant que le tort?
Ils en veulent aux gens de bien: Et combien qu'ils ne valent rien, Condamnent l'innocent à mort.
¶ Mais mon Dieu est ma soustenance, Et l'appui de mon esperance: Payez seront de leurs forfuits:
L'Eternel les ruïnera, Nostre Dieu les abysmera Par les propres maux qu'ils ont faits.

PSEAUME XCV.

Pseaume de doctrine.
Venite exultemus Domino.

〈♫〉〈♫〉 SUs, égayons-nous au Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 Et chantons hautement l'honneur 〈♫〉〈♫〉 De

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nostre salut & defense.
〈♫〉〈♫〉 Hastons nous de nous presenter 〈♫〉〈♫〉 Devant sa face & de chinter 〈♫〉〈♫〉 Le los de sa magnificence.
¶ Car c'est le grand Dieu glorieux, Grand Rol par deslus tous les Dieux, Qui dedans sa main tient la terre:
Voire jusqu'au lieu plus profond, Et de la cime jusqu'au fond Tient des monts la hauteur en serre.
¶ A lui seul la mer appartient, Car il l'a saite & la soustient, Et la terre est sa creature.
Sus done, tombons, enclinons-nous Devant l'Eternel à genoux, Nous pauvres, humains sa facture.
¶ Il est nostre Dieu tout-puissant, Nous son peuple qu'il va paissant Comme troupeau de sa conduite.
Oyans donc auiourd'hui sa voix, Gardez vostre coeur qu'une fois S'endurcislant ne se dépite:
¶ Comme en Meriba és deserts, Et Massa, vos peres pervers. Dit le Seigneur, jadis me sirent:
Où longuement ils m'ont tenté, Et souvent experimenté Par mes ouvrages qu'ils y virent,
¶ Durant quarante ans en effet Cette race de gens m'a fait Dix mille ennuis: dont je disoye,
Voici bien un peuple insensé, Et qui n'a nullement pensé A seavoir de son Dieu la voye.
¶ Et pour ce estant en mes esprits, De juste fureur tout épris, Je jurai pour chose asseurée,
Si jamais ces méchans ici, Puis qu'ils se defient ainsi, Dedans mon repos ont entrée.

PSEAUME XCVI.

Pseaume de prophetie & d'action de graces.
Cantate Domino, &c.

〈♫〉〈♫〉 CHantez à Dieu chanson nouvelle, 〈♫〉〈♫〉 Chantez, ô terre universelle: 〈♫〉〈♫〉 Chan∣tez, & son Nom benissez, 〈♫〉〈♫〉 Et de jour en jour annoncez 〈♫〉〈♫〉 Sa delivrance solen∣nelle.
¶ Preschez à tous peuples sa gloire, Et de ses grands faits la memoire: Car il est grand, & sans douter, Plus à loüer & redouter Que tous les Dieux qu'on sçauroit croire.
¶ Car ces Dieux qui les gens estonnent Sont vains, & ceux qui s'y adonnent: Mais l'Eternel a fait les cieux, Force & empire glorieux Vont devant lui, & l'environnent.
¶ Puissance & Majesté sans feinte Se tiennent en sa maison sainte. Sus donques, tous peuples, venez, Toute force & gloire donnez A l'Eternel en toute crainte.
{inverted ⁂}
¶ Loüez l'Eternel d'une sorte, Qui à sa grandeur se rapporte: Venez humblement, nations, Et prenant vos oblations, Passez de ses parvis la porte.
¶ Qu'un chacun, dis-je, se rassemble, Asin a'dorer tous ensemble Devant l'Eternel, au pourpris De son sanctuaire de prix, Et que toute la terre en tremble.
¶ Toute gent, où elle puisse estre, Die que l'Eternel est maistre: Car le monde il establira Pour jamais alors qu'il sera Justement conduit par sa dextre.
¶ Qu'on oye donc sous cét empire Cieux s'éjouïr, la terre rire, Tonner l'Ocean spacieux: Champs s'égayer, & avec eux Les forests sa loüange bruire.
¶ Car il est, car il est en voye, Afin qu'à la terre il pourvoye: Jugeant le monde justement, Et tous peuples entierement, Sans qu'en rien jamais il fourvoye,

PSEAUME XCVII.

Pseaume de doctrine avec prophelie.
Dominus regnavit exult.

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〈♫〉〈♫〉 L'Eternel est regnant, 〈♫〉〈♫〉 La terre maintenant 〈♫〉〈♫〉 En soit joyeuse & gaye, 〈♫〉〈♫〉 Toute isle s'en égaye:
〈♫〉〈♫〉 Espaifse ob scurité 〈♫〉〈♫〉 Cache sa Majesté: 〈♫〉〈♫〉 Justice & jugement 〈♫〉〈♫〉 Sont le seur fondement 〈♫〉〈♫〉 De son trône arresté.
¶ Grands seux estincelans Devant lui sont brûlans Pour ses haineux éprendre, Et les reduire en cendre.
Son éclair foudroyant, Du monde flamboyant Reluit tout à l'entour: La terre tout autour S'estonne en le voyant.
¶ Comme la cire au feu, Il n'y a devant Dieu, Grand Dieu de tout le monde, Montagne qui ne fonde.
Voire mesme des cieux Le grand tour spacieux A sa justice veu, Et la terre apperceu L'Eternel glorieux.
{inverted ⁂}
¶ Soient confus & défaits Tous ces Dieux contrefaits, Et toutes ces gens foles Qui servent leurs idoles.
O Dieux, venez-y tous L'adorer à genoux: Sion qui l'a ouï, D'un coeur tout réjouï S'égaye aveques vous.
¶ Tes jugemens, Seigneur, Ont fait que ton honneur Et gloire ont celebrée Les filles de Judée.
Car en ta Majesté Tu es plus haut monté Que ces terrestres lieux: Mesmes sur tous les Dieux Tu es haut exalté.
¶ Vous de Dieu les amis, Montrez coeurs ennemis, Voire du tout contraires A tous méchans affaires.
Car il tient de ses Saincts La vie entre ses mains: Si on les veut fascher, Il peut les arracher Aux tyrans inhumains.
¶ Le clair jour est semé Au juste bien-aimé: Tout plaisir, quoi qu'il tarde, Aux droits de coeur se garde.
Vous donc, justes, venez, Et joye demenez En l'honneur de son Nom, Et à son sainct renom Toute gloire donnez.

PSEAUME XCVIII.

Pseaume de doctrine avec prophetie.
Cantate Domino canticum.

〈♫〉〈♫〉 CHantez à Dieu nouveau cantique, 〈♫〉〈♫〉 Car il a puissamment ouvré, 〈♫〉〈♫〉 Et par sa force magnifique 〈♫〉〈♫〉 Par soi-mesme il s'est delivré.
〈♫〉〈♫〉 Dieu a fait le salut connoistre 〈♫〉〈♫〉 Far lequel sommes garantis, 〈♫〉〈♫〉 Et sa justice fait paroistre 〈♫〉〈♫〉 En la presence des Gentils.
¶ De sa bonté plus cordiale Il lui a pleu se souvenir, Et de sa verité loyale Pour son Israël maintenir.
Le salut que Dieu nous envoye Jusqu'au bout du monde s'est veu, Sus donc, qu'en plaisir & en joye Tout cét Univers soit émeu.
¶ Qu'on crie, qu'on chante, & resonne, Et de la harpe & de la voix: Que devant Dieu, dis-je, on entonne Nouveaux cantiques cette fois.

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Devant sa face glorieuse Cors & clairons soient éclatans, Tonne la grand' mer spacieuse, Et le monde & ses habitans.
¶ Que devant Dieu les fleuves mesme, Frapent des mains tout éjouïs, Voire crier de joye extréme Les plus durs rochers soient ouïs.
Car il vient regir & conduire Tout cét Univers, & sera Juste & droiturier son empire, Quand tout peuple il gouvernera.

PSEAUME XCIX.

Pseaume de consolation.
Dominus regnavit irascantur.

〈♫〉〈♫〉 OR est maintenant 〈♫〉〈♫〉 L'Eternel regnant, 〈♫〉〈♫〉 Peuples obstinez 〈♫〉〈♫〉 En soient estonnez: 〈♫〉〈♫〉 Cherubins sous lui 〈♫〉〈♫〉 Lui servent d'appui: 〈♫〉〈♫〉 Que la terre toute 〈♫〉〈♫〉 Tremblant le redoute.
¶ Grand est le Seigneur Assis en honneur Au mont de Sion: Toute nation Le voit haut monté: Dont sera chanté Son grand Nom terrible Et sainct au possible.
¶ Ce grand Roi tant fort N'aime rien si fort Que droit jugement: Droit gouvernement Il a ordonné, Et Jacob mené Par son soin & cure En toute droiture.
¶ Sus donc, en ce lieu Loüez nostre Dieu, Tous humiliez Tombez à ses pieds, Car sainct est son Nom. Moyse & Aaron Ont bien fait l'office De son sacrifice.
{inverted ⁂}
¶ C'est celui auquel Jadis Samuel Addressoit sa voix, Quand tout à la fois Le peuple crioit, Et son Dieu prioit, Qui à leur semonce Donnoit sa réponse.
¶ Des nuës des cieux Il parloit à eux, Montrant haut & clair Sa colomne en l'air: Eux aussi gardoient Ses loix, & tenoient Chere l'ordonnance De son alliance.
¶ O Dieu de nous tous, Tu leur fus si doux: Que de les ouïr Et faire jouïr De grace & pardon: Toutefois selon Leurs grands malefices Punissans leurs vices.
¶ Soit loüé tout haut Nostre Dieu d'enhaut: Soit à deux genoux Adoré de vous, Au mont qui lui plaist: Car c'est lui qui est Dieu rempli, sans seinte, De gloire tres-saincte.

PSEAUME C.

Pseaume d'action de graces.
Jubilate Deo omnis terra.

〈♫〉〈♫〉 VOus tous qui la terre habitez, 〈♫〉〈♫〉 Chantez tout haut à Dieu, chantez: 〈♫〉〈♫〉 Servez a Dieu joyeusement, 〈♫〉〈♫〉 Venez devant lui gayement.
¶ Sçachez qu'il est le Souverain, Qui sans nous, nous fit de sa main, Nous, dis-je, son vrai peuple acquis, Et le troupeau de son pasquis.
¶ Entrez és portes d'icelui, Loüez-le & celebrez chez lui, Par tout son honneur avancez, Et son tres-sainct Nom beniflez.
¶ Car il est Dieu plein de bonte, Et dure sa benignité A jamais: voire du Tres-haut La verité jamais ne faut.

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PSEAUME CI.

Pseaume de doctrine, touchant l'estat & gouvernement politique.
Misericordiam & judicium, &c.

〈♫〉〈♫〉 VOuloir m'a pris de mettre en écriture 〈♫〉〈♫〉 Pseaume parlant de bonté & droituré: 〈♫〉〈♫〉 Et je le veux à toi, mon Dieu, chanter, 〈♫〉〈♫〉 Et presenter.
¶ Tenir je veux la voye non nuisible: Quand viendras-tu me rendre Roi paisible? D'un coeur tout pur conduirai ma maison Avec raison.
¶ Rien de mauvais d'y voir n'aurai envie, Car je hais trop les méchans & leur vie: Un seul d'entr'eux autour de moi adjoint Ne sera point.
¶ Tout coeur ayant pensée déloyale Délogera hors de ma cour royale: Et le méchant n'y sera bien venu, Non pas connu.
¶ Qui par médire à part son prochain greve, Qui a gros coeur & les sourcils éleve, L'un mettrai bas, l'autre soussrir pour vra$ Je ne pourrai.
¶ Mes yeux seront fort diligens à querre Les habitans fideles de la terre, Pour estre à moi qui droite voye ira, Me servira.
¶ Qui s'étudie à user de fallace, En ma maison point ne trouvera place: De moi n'aura mensonger ni baveur Bien ni faveur.
¶ Mais du païs chaf$erai de bonne heure Tous les méch$s, tant qu'un seuln'y demeure, Pour du Seigneur nettoyer la cité D'iniquité.

PSEAUME CII.

Pseaume de consolation.
Domine, exaudi orationem.

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, enten ma requeste, 〈♫〉〈♫〉 Rien n'empesche ni n'arreste 〈♫〉〈♫〉 Mon cri d'al∣ler jusqu'à toi, 〈♫〉〈♫〉 Ne te cache point de moi.
〈♫〉〈♫〉 En ma douleur nompareille 〈♫〉〈♫〉 Tourne vers moi ton oreille, 〈♫〉〈♫〉 Et pour m'ouïr quand je crie, 〈♫〉〈♫〉 Avance toi, je te prie.
¶ Car ma vie est consumée Comme vapeur de fumée, Mes os sont secs tout ainsi Qu'un tison: mon coeur transi
Ainsi qu'une herbe fauchée Perd sa vigueur retranchée: Si que je n'ai soin ni cure De prendre ma nourriture.
¶ Mes os & ma peau se tiennent Pour les ennuis qu'ils soûtiennent: Dont, helas! ma triste voix Pleure & gemit tant de fois.
Je suis au butor semblable Du desert inhabitable: Je suis comme la choiiette Qui fait au bois sa retraitte.
¶ Comme durant son veuvage Le passereau sous l'ombrage D'un toit couve ses ennuis, Ainsi je passe les nuits.
Mes haineux m'ont dit outrages, Et de furieux courages Font de moi un formulaire De maudisson ordinaire.
{inverted ⁂} 1
¶ Au lieu de pain la poussiere Est ma vie coustumiere: Mon bruvage en mes douleurs Je meste aveques mes pleurs,
Pour la fureur de ton ire: Car m'ayant élevé, Sire, Tu m'as fait si dure guerre, Que j'en suis allé par terre.
¶ Mes jours passent comme une ombre Qui s'en va obscur & sombre: Je suis fené & seché Comme foin qu'on a fauché.
Mais, ô Seigneur, ta demeure Eternellement demeure, Et de ton Nom venerable La memoire est perdurable.
¶ Tu te releveras donques. Et auras, si tu l'eus onques, Pitié & compassion De ta cité de Sion.
Car il est temps que tu ayes Compassion de ses playes, Puis que voyons terminée La saison qu'as assignée.
¶ Car jusqu'aux pierres d'icelle S'estend de tes serfs le $$$e, Ayans pitié de la voir Tout en poudre se déchoir.

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Peuples trembleront en crainte Devant ta Majesté sainte, Et de tous Rois l'excellence Craindra ta magnificence.
¶ Car Sion toute défaite S'en va du Seigneur refaite: Lui qui nous a recouru, En sa gloire est apparu.
De ses pauvres solitaires Les complaintes ordinaires Il n'a point mis en arriere, Ni méprisé leur priere.
{inverted ⁂} 2
¶ En registre sera mise Une si grande entreprise, Pour en faire souvenir A ceux qui sont à venir.
Et la gent à Dieu sacrée, Comme de nouveau creée, Lui chantera la loiiange De cè bien-fait tant estrange.
¶ Car le Seigneur debonnaire Du haut de son Sanctuaire, Voire du plus haut des cieux, Vers terre a baissé les yeux,
Pour ouïr la voix plaintive De sa pauvre gent captive, Et la tirer de la peine De mort qui lui est prochaine:
¶ Asin que de Dieu la gloire Dedans Sion soit notoire, Et le los de sa bonté En Jerusalem chanté:
Quand des gens les assemblées Seront toutes assemblées, Et les Rois de leur puissance Lui rendront obeïssance.
{inverted ⁂} 3
¶ Voyant ma force amortie En chemin, & de ma vie Par lui racourci le cours, J'ai dit, ô Dieu mon secours,
Ne m'aba point sans resource Au beau milieu de ma course: Car tes ans qui point ne muent D'âge en âge continuent.
¶ La terre as faite & assise, C'est toi qui la main as mise Aux cieux pour les compasser, Et tout cela doit passer:
Mais quant á toi, tu demeures Pendant qu'arrivent les heures, Qu'ils vieilliront ainsi comme Les habillemens d'un homme.
¶ Comme une robbe qu'on porte, Tu les changeras de sorte, Qu'eux & le lustre qu'ils ont Pour certain se changeront.
Mais quand à toi, Dieu supréme, Tu te tiens toûjours de mesme, Et ta constante durée Est pour jamais asseurée.
¶ Et pourtant, selon ta grace, De tes serviteurs la race Aura logis arresté, Voire à perpetuïté:
Et de tes Saints la semence Sera devant ta prefence En asseurance establie, Sans jamais estre assoiblie.

PSEAUME CIII.

Pseaume d'action de graces.
Benedic, anima mea, Domino.

〈♫〉〈♫〉 SUs loiiez Dieu, mon ame, en toute chose, 〈♫〉〈♫〉 Et tout cela qui dedans moi repose, 〈♫〉〈♫〉 Loiiez son Nom tres-sainct & accompli:
〈♫〉〈♫〉 Presente à Dieu loii∣anges & services, 〈♫〉〈♫〉 O toi, mon ame! & tant de benefices, 〈♫〉〈♫〉 Qu'en as re∣ceu, ne les mets en oubli.
¶ Mais le beni, lui qui de pleine grace Toutes tes grand's iniquitez essace, Et te guerit de toute infirmité.
Lui qui rachete & retire ta vie De dure mort qui t'avoit asservie, T'environnant de sa benignité.
¶ Lui qui de biens à souhait & largesse Emplit ta bouche, en faisant ta jeunesse Renouveller, comme à l'aigle royal.
C'est le Seigneur, qui toûjours se recorde De faire droit par sa misericorde Aux oppressez, tant est Juge loyal.
¶ Au bon Moyse, afin qu'on ne fourvoye, Manifester voulut sa droite voye, Et aux enfans d'Israël ses hauts faits.
C'est le Seigneur en$lin à pitié douce, Prompt à merci, & qui tard se courrouce, C'est en bonté le parfait des parfaits.
¶ Il est bien vrai, quand par nostre incōstance Nous l'ossensons, qu'il nous menace & tāce: Mais point ne tient son coeur incessāment.
Selon nos maux point ne nous fait: mais certes Il est si doux, que selon nos dessertes Ne nous veut pas rendre le chastiment.
¶ Car à chacun qui craint lui faire faute, La bonté sienne il démontre aussi haute, Comme sont hauts sur la terre les cieux:

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Aussi loin qu'est la part Orientale De l'Occident, à la distance egale, Loin de nous met tous nos faits vi$ieux.
{inverted ⁂}
¶ Comme aux enfans est piteux un bon pere, Ainsi pour vrai à qui lui obtempere, Le Seigneur est de douce affection:
Car il connoist dequoi sont faits les hommes, Il sçait tres bien, helas! que nous ne sōmes Rien sinon poudre & putrefaction.
¶ A herbe & foin semblent les jours de l'homme, Pour quelque temps il fleurit ainsi comme La fleur des chamos qui nutriment reçoit:
Puis en sentant d'un froid vent la venuë, Tourne à neant, tant que plus n'est connuë Du lieu auquel n'agueres fleurissoit.
¶ Mais la merci de Dieu est eternelle A qui le craint: & trouveront en elle Les fils des fils justice & grand' bonté.
J'entens ceux-là qui son contract obser∣vent, Et qui sa Loi en memoire reservent, Pour accomplir sa sainte volonté.
¶ Dieu a basti, sans qu'il branle, n'empire, Son trône aux cieux: & dessous son empire Tous autres sont & soûmis & ployez.
Or loiiez Dieu, Anges de vertu grande, Anges de Dieu, qui tout ce qu'il comande Faites si-tost que parler vous l'oyez.
¶ Benissez Dieu, son armée tant sainte, Ministres siens, qui d'accomplir sans feinte Ses mandemens n'estes point paresseux:
Tous ses hauts faits en chacun sien royaume, Benissez Dieu: & pour clorre mon Pseaume, Loiiez-le aussi, mon ame, aveques eux.

PSEAUME CIV.

Pseaume de loiiange.
Benedic, anima mea, Domino.

〈♫〉〈♫〉 SUs, sus, mon ame, il te faut dire bien 〈♫〉〈♫〉 De l'Eternel: ô mon vrai Dieu, combien 〈♫〉〈♫〉 Ta grandeur est excellente & notoire! 〈♫〉〈♫〉 Tu es vestu de splendeur & de gloire:
〈♫〉〈♫〉 Tu es vestu de splendeur proprement, 〈♫〉〈♫〉 Ni plus ni moins que d'un accoustrement, 〈♫〉〈♫〉 Pour pavillon qui d'un tel Roi soit digne, 〈♫〉〈♫〉 Tu tends le ciel ainsi qu'une courtine.
¶ Lambrissé d'eaux est ton palais vouté: Au lieu de char sur la nuë est porté: Et les forts vents qui parmi l'air soûpirēt, Ton chariot avec leurs ailes tirent.
Des vents aussi diligens & legers Fais tes herauts, postes & messagers: Et foudre & feu, fort prompts à ton service, Sont les sergens de ta haute justice.
¶ Tu as assis la terre rondement Par contrepoids, sur son vrai fondement: Si qu'a jamais sera ferme en son estre, Sans se mouvoir n'a dextre n'a senestre.
Auparavant de profo$de & grand' eau Couverte estoit ainsi que d'un manteau: Et les grand's eaux faisoient toutes à l'heure Dessus les monts leur arrest & demeure.
¶ Mais aussi-tost que les voulus tancer, Bien-tost les fis partir & s'ava$cer: Et à ta voix qu'on oit tonner en terre, Toutes de peur s'enfuïrent grand' erre.
Montagnes lors vinrent à se dresser, Pareillement les vaux à s'abbaisser, En se rendant droit à la propre place Que tu leur as établi de ta grace.
{inverted ⁂} 1
¶ Ainsi la mer bornas par tel cōpa$, Que son limite elle ne pourra pas Outrepasser: & fis ce beau chef-d'oeuvre, Afin que plus la terre elle ne coeuvre.
Tu fis descendre aux vallées les eaux, Sortir y fis fontaines & ruisseaux, Qui vont coulans, & passent & murmurent Entre les monts qui les plaines emmurent.
¶ Et c'est afin que les bestes de$ champs Puissent leur soif estre là étanchans, Beuvans à gré toutes de ces breuvages, Toutes, je dis, jusqu'aux asnes sauvages.
Dessus & prés de ces ruisseaux courans Les oiselets du ciel sont demeurans, Qui du milieu des fueilles & des branches Font resonner leurs voix nettes & franches.
¶ De tes hauts lieux par art autre qu'humain, Les monts pierreux arrouses de ta main: Si que la terre est toute soule & pleine Du fruit venant de ton labeur sans peine.
Car ce faisant, tu fais par monts & vaux Germer le foin pour jumens & chevaux: L'herbe à servir l'humaine creature, Lui produisant de la terre pasture.

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¶ Levin pour estre au coeur joye & confort, Le pain aussi pour rendre l'homme fort: Semblablement l'huile afin qu'il en fasse Plus reluissante & joyeuse sa face.
Tes arbres verds prennent accroissement, O Seigneur Dieu! les cedres mesmement Du mont Liban, que ta bonté supréme Sans artifice a plantez elle-mesme.
¶ La font leurs nids, car il te plaist ainsi, Les passereaux & les passes aussi: De l'autre part sur hauts sapins besogne Et y bastit sa maison la cigogne.
Par ta bonté les mōts droits & hautains Sont le resuge aux chevres & aux dains: Et aux conils & liévres qui vont viste Les rochers creux sont ordonnez pour giste.
{inverted ⁂} 2
¶ Que dirai plus? la claire Lune fis, Pour nous marquer les mois & jours prefix: Et le Soleil, dés qu'il leve & éclaire, De son coucher a connoissance claire.
Apres en l'air les tenebres épars, Et lors se fait la nuict de toutes parts, Durant laquelle aux champs sort toute beste Hors des sorests pour se jetter en queste.
¶ Les lionceaux mesmes lors sont issans Hors de leurs creux, bruyans & rugissans Apres la proye, afin d'avoir pasture De toi, Seigneur, qui sçais leur nourriture.
Puis aussi-tost que le Soleil fait jour, A grands troupeaux revont en leur sejour: Là où tous cois se couchent & reposent, Et en pa$tir tout le long du jour n'osent.
¶ Et alors sort l'homme sans nul danger, Pour s'aller droit à son oeuvre ranger, Et an labeur, soit de champs, soit de prée, Soit de jardins, jusques à la vesprée.
O Seigneur Dieu! que tes oeuvres divers Sont merveilleux par ce grand univers! D que tu as tout fait par grand' sagesse! Bref, la terre est pleine de ta largesse.
¶ Quant à la grand' & spacieuse mer, On ne sçauroit ni nombrer ni nommer Les animaux qui nagent en son onde, Grands & petits, dont par tout elle abonde,
En cette mer navires vont errant, Puis la baleine horrible monstre & grand, Y as formé, qui bien à l'aise y noue, Et à son gré par les ondes se jouë.
{inverted ⁂} 3
¶ Tous animaux à toi vont à recours Les yeux au ciel: afin que le secours De ta bonté à repaistre leur donne, Quand le besoin & le temps s'y adonne.
Incontinent que tu leur fais ce bien De le donner, ils se paissent du tien: Et n'est plûtost ta large main ouverte, Que de tous biens planté leur est offerte.
¶ Dés que ta face & tes yeux sont tournez, Arriere d'eux, ils sont tous estonnez: Si leur esprit tu retires, ils meurent, Et en leur poudre ils revont & demeurent.
Si ton esprit derechef du transmets, En telle vie alors tu les remets Qu'auparavant, & de bestes nouvelles En un moment le terre renouvelles.
¶ Or soit toûjours regnant & florissant La Majesté du Seigneur Tout-puissant: Plaise au Seigneur prendre rejouïssance Aux oeuvres faits par sa haute puissance.
Le Dieu, je dis, qui fait horriblement Terre trembler d'un regard seulement Voire qui fait (tant pe$ les sçache atteindre) Les plushauts monts d'ahan suer & craindre,
¶ Quant est de moi, tant que vivant serai. Au Seigneur Dieu chanter ne cesserai: A mon vrai Dieu plein de magnificence Pseaumes serai tant que j'aurai essence.
Je le suppli' qu'en propos & en son Lui soit plaisante & douce ma chanson: Cela estant, retirez-vous tristesse, Car en Dieu seul m'éjouïrai sans cesse.
¶ De terre soient infideles exclus, Et les pervers, si bien qu'il n'en soit plus. Sus sus, mon coeur, Dieu où tout bien abonde Te faut loiier, loiiez-le tout le monde.

PSEAUME CV.

Pseaume d'action de graces.
Confiremini Domino.

〈♫〉〈♫〉 SUs, qu'un chacun de nous sans cesse 〈♫〉〈♫〉 Louë du Seigneur la hautesse: 〈♫〉〈♫〉 Que son sainct Nom soit reclamé, 〈♫〉〈♫〉 Soit entre les peuples semé 〈♫〉〈♫〉 Le renom grand & precieux 〈♫〉〈♫〉 De tous ses gestes glorieux.
¶ Qu'on chante, & qu'on lui psalmodie, Et que ses merveilles on die: S'égay e, dis-je, en son Nom saint, Quiconque l'honore & le craint: Tout coeur cherchant le Tout-puissant, S'éjouïsse en le benissant.
¶ Cherchez Dieu & son excellence, Cherchez sans cesse sa presence: Ses hauts faits ne soient oublie$, Soient ses miracles publiez, Et les jugemens annoncez Qu'il a lui-mesme prononcez.
¶ Vous d'Abraham son serf fidela La semence perpetuelle, Enfans du bon Jacob venu$, Que Dieu pour siens a retenus: C'est nous desquels Dieu est le Dieu, Quoi qu'il seigneurie en tout lieu.
{inverted ⁂} 1
¶ Car il a toûjours souvenance De cette eternelle alliance

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Qu'il a promise de son gré Jusques au milliéme degré: Dont l'accord tel qu'il l'arresta Avec Abraham il traitta.
¶ Je dis l'alliance jurée Avec Isaac, & asseurée A Jacob, tellement qu'elle est Un tres-seur & certain arrest, Et de Dieu avec Israël Un vrai accord perpetuel.
¶ Je ferai, dit-il, estre tienne La region Canaéenne: Ton partage determiné Te sera en elle assigné. Quoi qu'ils fussent en tels dangers, Peu de gens, & tous estrangers.
¶ De lieu en lieu ils cheminerent, Et d'un peuple à l'autre arriverent: Mais Dieu ne soussrit nullement Qu'on les grevast aucunement: Ains pour l'amour d'eux quelquesfois Il a puni jusques aux-Rois.
{inverted ⁂} 2
¶ A mes Oincts, dit-il, ne méfaites, Et ne touchez à mes Prophetes. Puis apres fit venir la saim, Et rompit la force du pain: Mais aux siens à temps il pourveut D'avant-coureur qui leur éleut.
¶ C'est Joseph, par ingratitude Vendu en dure servitude, Et depuis aux ceps enserré, Et bien durement enferré, Jusqu'au au temps & poinct assigné Que Dieu en avoit ordonné.
¶ Puis quand Dieu l'eut à suffisance Eprouvé par son ordonnance, Le Roi mesme de sa maison Envoya jusqu'à la prison, Quoi qu'il fust grand dominateur, Querir de Dieu le serviteur.
¶ Puis de serviteur le fit maistre, Pour tout son domaine connaistre, Et grands aussi bien que petits Tenir sous soi assujettis, Et donner bonne instruction Aux sages de la nation.
{inverted ⁂} 3
¶ Lors fit Israël son entrée En Egypte, & dans la contrée De Cham le bon Jacob logea, Où Dien l'accreut & l'hebergea, Tellement que ses ennemis A son gré lui furent soûmis.
¶ Mais Dieu tout-puissant & tout sage Tourna au rebours leur courage, Afin que d'un coeur animé, Contre son peuple bien-aimé, Ils machinassent mille maux A ses serviteurs plus loyaux.
¶ Sur cela Moyse il envoye, Aaron aussi est mis en voye, Ses serviteurs choisis tous deux, Qui accomplirent sur iceux La charge qu'il leur fit avoir De signes terribles à voir.
¶ Il leur envoya des tenebres Des plus obscures & funebres: Et en rien nul de ces deux-là A sa charge ne rebella. En fang tourna tous leurs ruisseaux, Tua les poissons en leurs eaux.
{inverted ⁂} 4
¶ Il fit des grenoiiilles produire Pour empuantir & détruire Jusques aux chambres de leurs Rois: Fit en parlant tout à la fois Mouches & moucherons divers Voler du païs au travers.
¶ Donna pour la pluye la gresse, Avec la soudre pesse-mesle: Frapa leurs vignes & figuiers, Brisa maint arbre en leurs quartiers. Parla, & vinrent à monceaux Les hannetons & sautereaux.
¶ Ainsi fut toute herbe mangée, Leurs fruits & leur terre rongée: Il a leurs aisnez abbatus, La s$eur de toutes leurs vertus: Et fut à tirer diligent Les siens garnis d'or & d'argent.
¶ Il n'y eut en toute leur bande Foiblesse petite ni grande: Ceux d'Egypte es$oient mesmement Joyeux de leur departement: Car la frayeur qu'ils eurent d'eux Les avoit rendu tous peureux.
{inverted ⁂} 5
¶ Pour leur couverture une nuë Fut parmi le ciel estenduë: Un brandon luisoit toute nuit, Afin qu'Israël fust conduit. Quoi plus? quand Israël voulut Avoir des cailles, il en pleût.
¶ Il les repeut du pain celeste, Et quand la soif leur fust molesse, D'un roc fit rivieres couler, Et par les deserts se rouler: Car de son dire il lui souvint, Et d'Abraham son serf non feint.
¶ Ainsi tira son peuple en joye, Et ses éleus parmi la voye Alloient chantans de ses hauts faits, Tant que de maints peuples défaits Leur donna les possessions, Et le labeur des nations:
¶ Afin qu'ils eurent souvenance De bien garder son ordonnance, Et fussent toûjours curieux D'avoir ces statuts precieux. Soit donques d'un chant solennel A jamais loiié l'Eternel.

PSEAUME CVI.

Pseaume de consolation.
Confitemini Domino, quoniam.

〈♫〉〈♫〉 LOiiez Dieu, car il est benin, 〈♫〉〈♫〉 Et sa bonté n'a point de fin. 〈♫〉〈♫〉 Où est ce∣lui qui la proiiesse 〈♫〉〈♫〉 De l'Eternel recitera, 〈♫〉〈♫〉 Et tous les faits de sa hautesse 〈♫〉〈♫〉

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Entierement nous chantera.
¶ Bien-heureux qui va droitement, Et ne fait rien que justement: O Seigneur, de moi te souvienne, En l'amour que portes aux tiens: Ce salut jusqu'à moi s'en vienne Duquel ton peuple tu soustiens.
¶ Si que les biens je puisse voir, Qu'à tes éleus tu fais avoir, Et du plaisir j'aye l'usage, Duquel ta gent tu fais jouïr: Et qu'avec ton saint heritage Je puisse à plein me réjouïr.
{inverted ⁂} 1
¶ Helas! & $os peres & nous T'avons offensé entre tous: Nos forfaits sont par trop iniques: Commis avons grand' lascheté: De tes faits d'Egypte authentiques Nos peres soigneux n'ont esté.
¶ Consideré n'ont en leur coeur De tes hauts faits la grandeur: Ains Israël fier à outrance Prés de la mer se rebella: Mais Dieu démontrant sa puissance, Pour son Nom les tira de là.
¶ Il tança la mer des roseaux, Dont soudain tarirent les eaux: Au travers des goussres horribles Comme en païs sec les guida, Et malgré les forces terribles De leurs ennemis les garda.
¶ Il les sauva contre l'essort De l'ennemi puissant & fort: Sur les haineux les flots tournerent, Si qu'un seul n'en fut exempté: Les siens creurent lors, & loiierent $on secours experimenté.
{inverted ⁂} 2
¶ Mais ils oublierent soudain Tous les ouvrages de sa main, Et son conseil ils n'entendirent: Ains de concupilcence épris, Mesme au desert ils entreprirent De tenter Dieu par grand mépris.
¶ Alors il leur donna plaisir De manger selon leur desir: Mais leurs corps gourmans en décheurent: Puis sur Moyse de plein gré Au camp par envie ils s'émeurent Et contre Aaron prestre sacré.
¶ Sous Abiram terre s'ouvrit, Et sous Dathan qu'elle couvrit: Flammes dedans leur camp s'éprirent, Le feu les méchans devora. Un veau dans Oreb ils fondirent, Dont chacun l'image adora.
¶ Ainsi changerent le Seigneur (Qui fut leur gloire & leur honneur) En l'image d'un boeuf qui broute: Dieu & ses hauts faits publiez Au travers de l'Egypte toute Furent tost par eux oubliez.
{inverted ⁂} 3
¶ Ils oublierent les hauts faits, Qu'au païs de Cham il a faits, Et mainte merveille terrible Qu'en la mer rouge il declara: Dont émeu de courroux horrible De les perdre il delibera.
¶ Moyse lors son serf éleu, Soudain que ce mal il eut veu, Vient entre-deux devant sa face Cette aspre fureur détourner, Afin qu'un tel mal ne leur fasse. Qui les vienne tous raïner.
¶ Ils ont eu aussi en mépris La region de si grand prix: En son dire n'ont eu fiance: Ils ont murmuré maintefois, Et n'ont rendu obeïssance En oyant du Seigneur la voix.
¶ Et pour ce aussi le Souverain En élevant contr'eux sa main, Fit un grand serment de détruire Eux & leurs enfans és deserts, Et de les épandre en son ire Es païs lointains & divers.
{inverted ⁂} 4
¶ A Baalpeor neantmoins Tost apres leurs coeurs furent joints, Pour manger des morts les ossrandes: Dont en ses indignations Dieu les frapa de playes grandes, Piqué par leurs devotions.
¶ Lors Phinées homme de fait, Vint, & vengeant un tel forfait, Fit cesser l'ire épouvantable: Et lui sut ce fait alloiié Pour chose si juste & notable, Qu'à jamais en sera loiié.
¶ Mais Dieu par eux fut irrité En Meriba, & dépité, Jusques à n'épargner Moyse, Qu'ils tourmenterent jusques-là, Que doutant de son entreprise Trop legerement il parla.
{inverted ⁂} 5
¶ Ils n'ont les peuples ruïnez Que Dieu leur avoit ordonnez: Mais parmi eux ils se mes$erent, Apprenans leurs faits mal-heureux: Et leurs images adorerent, Qui furent un piege pour eux.
¶ Car les cruels & inhumains Sacrifierent de leurs mains Au diable leurs fils & leurs filles: Et firent du sang innocent De leurs miserables familles A leurs idoles un present.
¶ Ces meurtriers rendirent pollu Le païs jadis bien voulu: En leurs damnables entreprises Ils se sont tous contaminez, Suivans leurs fausses paillardises, Où du tout se sont adonnez.
¶ L'ire du Seigneur en fuma, Et contre sa gent s'alluma, Pour haïr son propre heritage: Et pourtant aux mains des Gentils, Et à leurs haineux pleins de rage Les rendit tous assujettis.
{inverted ⁂} 6
¶ Leurs haineux les ont assligez, Ployez sous leur main & rangez: Souvent ils ont eu delivrance: Mais ils ont toûjours resisté,

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Et n'ont eu ni mal ni nuissance Que par leur propre iniquité.
¶ Si a-t'il en affliction Jetté l'oeil sur sa nation, Quand il a leur clameur ouïe: De son accord s'est souvenu, Et sa bonté s'est repentie Du mal-heur à eux avenu.
¶ Il leur a rendu gracieux Leurs detenteurs plus furieux. O nostre Dieu, ta bonté vueille Nous sauver, & pour ton saint Nom D'entre les peuples nous recueille, Pour magnifier ton renom.
¶ Soit le Seigneur Dieu d'Israël Benit d'un los perpetuel, Qui dure à jamais & sans cesse: Soit par le peuple répondu, Ainsi soit. Bref, de sa hautesse Le los soit par tout épandu.

PSEAUME CVII.

Pseaume de doctrine.
Confitemini Domino, quoniam.

〈♫〉〈♫〉 DOnnez au Seigneur gloire, 〈♫〉〈♫〉 Il est doux & clement, 〈♫〉〈♫〉 Et sa bonté no∣toire 〈♫〉〈♫〉 Dure eternellement.
〈♫〉〈♫〉 Ceux qu'il a rachetez, 〈♫〉〈♫〉 Qu'ils chantent sa hau∣tesse, 〈♫〉〈♫〉 Et ceux qu'il a jettez 〈♫〉〈♫〉 Hors de la main d'oppresse.
¶ Les ramassant ensemble D'Orient, d'Occident, De l'Aquilon qui tremble, Et du Midi ardent.
Si d'aventure errans Par les deserts se treuvent, Demeurance querans, Et que trouver n'en peuvent:
¶ Et si l'aspre famine, Et la soif sans liqueur, Les travaille & les mine Et le corps & le coeur:
Pourveu qu'à tel besoin Crians à Dieu lamentent, Subit il les met loin Des maux qul les tourmentent:
¶ Et droit chemin passable Leur montre & fait tenir, Pour en ville habitable Les faire parvenir.
Lors de Dieu vont chantans Les bontez nompareilles, Cà & là racontans Aux hommes ses merveilles.
{inverted ⁂} 1
¶ Il rend l'ame assouvie Qui de soif languissoit, Soulant de biens la vie Qui de faim perissoit.
Ceux qui sont resserrez En tenebres mortelles, Enchainez, enferrez, Et souffrans peines telles.
¶ Pour avoir la parole De Dieu mise à mépris, Et tenu pour frivole Son conseil de haut prix:
Quand par tourmens leurs coeurs Humiliez demeurent, Abbatus de langueurs, Sans que nuls les sequeurent:
¶ Pourveu qu'à Dieu s'adressent. L'invoquans au besoin, Tous les maux qui les pressent Tost il renvoye au loin.
Des prisons les met hors Mortelles & obscures, Rompans leurs liens forts, Cordes & chaines dures,
¶ Les bontez nompareilles De Dieu lors vont chantans, Cà & là ses merveilles Aux hommes racontans:
D'avoir jusqu'aux courreaux Brisé d'airain les portes, Et de fer les barreaux Rompu de ses mains sortes.
¶ Les fols qui les supplices Sentent de leurs pechez, Et qui sont par leurs vices Malades assechez:
Dont le coeur tout repas Et viande abomine, Et qui sont prés du pas De la mort qui les mine:
¶ Pourveu qu'à Dieu s'adressent, L'invoquant au besoin, Tous les maux qui les pressent Tost il renvoye au loin.
D'un seul mot qu'il transmet Leur donne santé telle, Que du tout hors les met De ruïne mortelle.
¶ Les bontez nompareilles De Dieu lors vont chantans Cà & là ses merveilles Aux hommes racontans.
A Dieu d'ardent desir Loiiange sacrifient, Et avec grand plaisir Ses oeuvres magnifient.
{inverted ⁂} 2
¶ Ceux qui dedans galées Dessus la mer s'en vont, Et en grand's eaux salées Mainte trafique font:

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Ceux-là voyent de Dieu Les oeuvres merveilleuses, Sur le profond milieu Des vagues perilleuses.
¶ Le vent, s'il lui commande, Souffie tempestueux, Et s'enfle en la mer grande Le slot impetueux.
Lors montent au ciel haut, Puis aux gouffres descendent, Et d'effroi peu s'en faut Que les ames ne rendent.
¶ Chancellent en yvrogne, Troublez du branlement, Tout leur sens les éloigne, Perdent l'entendement.
Mais si à tel besoin Crians à Dieu lamentent, Subit il les met loin Des maux qui les tourmentent.
¶ Fait au vent de tempeste Sa fureur rabaisser: Fait que la mer s'arreste, Fait ses ondes cesser.
L'orage retiré, Chacun joye demene, Et au port desiré Le Seigneur Dieu les mene.
¶ Les bontez nompareilles De Dieu lors vo$t chantans, Cà & là ses merveilles Aux hommes racontans.
Parmi le peuple bas Le surh$ussent en gloire, Et ne le taisent pas Des grands au consistoire.
{inverted ⁂} 1
¶ Lui qui les eaux prosondes En desert convertit, Et les sources des ondes Asseche & divertit
Lui qui steriles fait Terres grasses & belles, Et tout pour le forfait Des habitans d'icelles.
¶ Qui deserts d'humeur vuides Convertit en grand's eaux, Et lieux secs & arides En sources & ruisseaux:
Et qui là fait venir Ceux qui de faim languissent, Lesquels pour s'y tenir Des villes y bastissent.
¶ Y semer champs se peinent, Et vignes y planter, Qui tous les ans ameinent Fruit pour les substanter.
Là les remplit de bien, Les croist, les continuë, Et leur bestail en rien Il ne leur diminuë.
¶ Puis décroissans de nombre, Viennent à rarité, Par maux & par encombre, Et par sterilité.
Riches, nobles & grands, Méprisez il renvoye, Par deserts lieux errans, Où n'est chemin ni voye.
¶ Et éleve & delivre Le pauvre hors d'ennui: Et force gens fait vivre Comme un troupeau sous lui.
Ce voyans, ont aux coeurs Les justes joye enclose, Et de Dieu les moqueurs S'en vont la boache close.
¶ Qui a sens & prudence Garde à ceci prendra, Lors la grande clemence Du Seigneur entendra.

PSEAUME CVIII.

Pseaume de priere.
Paratum cor meum, Deus.

〈♫〉〈♫〉 MOn coeur est dispos, ô mon Dieu, 〈♫〉〈♫〉 Mon coeur est tout prest en ce lieu 〈♫〉〈♫〉 De te chanter tout la fois 〈♫〉〈♫〉 Cantiques de main & de voix:
〈♫〉〈♫〉 Psalterion réveille toi, 〈♫〉〈♫〉 Harpe ne demeure a recoi: 〈♫〉〈♫〉 Car je veux debout comparoistre, 〈♫〉〈♫〉 Dés que le jour vient à paroistre.
¶ Seigneur, je te celebrerai Entre les gens, & te dirai De toutes mes affections Pseaumes entre les nations.
Car ta grande benignité Plus haut que les cieux a monté: Et ta verité, sans rien seindre, Jusques aux nuës vient atteindre.
¶ O Dieu, leve toi sur les cieux, Montre toi par tout glorieux, Pour tirer les tiens hors d'emoi: Ten moi la main exauce moi.
Mais quoi? Dieu m'a déja ouï, Et de son sainct lieu rejouï: Sichem sera mon heritage, Le val de Succoth mon partage.

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¶ De Galaad la region Sera de ma possession. Et de Manassë tout le bien Sans nulle doute sera mien.
Ephraïm peuple grand & fort Sera de mon chef le support, Et du royaume l'asseurance, Dont Juda sera l'ordonnance.
¶ Les Moabites au surplus Je ne veux estimer non plus, En dépit de leurs mauvaistiez, Qu'un vaisseau pour laver mes pieds.
Contre Edom peuple glorieux Je jetterai mes souliers vieux: Sus, Palestins, faites moi sesse De ma victoire qui s'appreste.
¶ Mais par qui serai-ie en seurté Conduit en la forte cité? Qui est-ce qui me conduira Jusqu'en Edom & guidera?
Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, Qui nous chassois de lieu en lieu, Et n'accompagnois nos armées De tes faveurs accoustumées.
¶ Donne nous ton secours d'enhaut Contre celui qui nous assaut: Car qui n'a que le terrien Pour sa sanvegarde n'a rien.
Dieu nous rendra preux & vaillans Encontre tous nos assaillans, Renversant par sa vertu grande De nos haineux toute la bande.

PSEAUME CIX.

Pseaume de priere.
Deus, laudem meam ne tacueris.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, mon honneur & ma gloire, 〈♫〉〈♫〉 Ne vueilles maintenant te taire: 〈♫〉〈♫〉 Car c'est contre moi que s'adresse 〈♫〉〈♫〉 La bouche méchante & traistresse, 〈♫〉〈♫〉 Et la fausse langue qui ment, 〈♫〉〈♫〉 A parler de moi faussement.
¶ Sans cause ils m'ont pris en querelle, Et m'ont livré guerre mortelle: Pour Pamour que leur ai montrée, Ils ont sur moi haine jurée: Mais la priere m'a esté Pour resuge en adversité.
¶ Pour bien ils ne m'ont sait que peine, Pour amour m'ont rendu la haine: Mets-le, Seigneur, en la puissance D'un méchant rempli de nuisance: L'ennemi plein de cruauté Soit toûjours prest de son costé.
¶ Quand il viendra devant le Juge, Toûjours pour méchant on le juge: Toute sa priere & requeste Tourne en peché dessus sa teste. Meure tost, & lui dépourveu, Soit à son office pourveu.
¶ Sa semence soit orpheline, Sa femme veuve, & par famine Aillent ses fils de porte en porte Cherchans leur vie en toute sorte: Ayans delaissé leur maison, Pauvre & vuide en bonne saison.
¶ L'usurier tous ses biens attrape, A Pestranger rien n'en échappe: Homme vers lui ne se recorde D'estendre sa misericorde: Nul n'y ait qui par amitié De ses orphelins ait pitié.
{inverted ⁂} 1
¶ Soit sa race ostée du monde, Et dés la lignée seconde Soit sa maison toute abolie: Le Seigneur jamais ne s'oublie De ses ayeuls, pour les pechez Dont ils ont esté entachez.
¶ Jamais ne soit la saute esteinte Du mal dont sa mere est atteinte: Ses sor faits & fautes mortelles Soient devant toi perpetuelles: Soit de dessus la terre osté Son nom à perpetu$é.
¶ D'autant qu'il n'a eu souvenance D'aider le pauvre en sa souffrance, Plûtost la personne oppressée, Chetive, lasse, & angoissée Il a tourmentée à grand tort, Jusqu'à lui pourchasser la mort.
¶ Il a aimé la malencontre, Fai done, Seigneur, qu'il la rencontre: La bonne encontre il a haïe, De lui bonne encontre s'enfuïe: Soit de tout mal entortillé, Comme s'il en fust habillé.
¶ Ainsi comme eau dedans son ventre Tout mal-heur découle & y entre, Et comme huile penetrative Jusques dedans ses os arrive, Et soit continuellement Sa ceinture & son vestement.
¶ Tel soit de par Dieu le salaire Des oeuvres de mon adversaire, Et de toute langue maligne Qui va parlant de ma ruïne: Mais toi, mon Dieu, en cét émoi, Pour ton Nom favorise moi.
{inverted ⁂} 2
¶ Sauve-moi, mon Dieu favorable, Par ta bonté tant secourable: Car je suis pauvre & plein d'oppresse, Et mon coeur transi de détresse: Je decline & m'en vais déchoir Ainsi qu'une ombre sur le soir.

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¶ De place en place je sautelle, Ainsi comme une sauterelle: $e sens de mes genoux les jointes De jeusner lasches & déjointes: Mon pauvre corps attenué Est de graisse tout dénué.
¶ Mesmes en ces peines tant dures, Encor me sont-ils mille injures, Et regardans ma peine amere, Branlent la teste en vitupere: Mais aide-moi, mon Dieu, mon Roi, Et par ta bonté sauve-moi:
¶ Afin que leur fasses connaistre Que c'est-ci Poeuvre de ta dextre, Et qu'une telle delivrance Ne vient sinon de ta puissance: Ils me maudiront nonobstant, Mais tu me beniras pourtant.
¶ Levent hardiment leur hautesse, Il faut que honte les abaisse, Et qu'a m'éjouir je m'adonne. Vergogne donc les environne, Et couvre tous entierement Ainsi comme un habillement.
¶ Ma bouche lors en ses cantiques, Voire és assemblées publiques, Chantera de Dieu l'excellence: Qui au pauvre a fait assistance, Et secours contre ceux donné Qui l'avoient à mort condamné.

PSEAUME CX.

Pseaume de doctrine & de prophetie.
Dixit Dominus Domino.

〈♫〉〈♫〉 LE Tout-puissant à mon Seigneur & Maistre 〈♫〉〈♫〉 A dit ce mot, A ma dextre te sieds, 〈♫〉〈♫〉 Tant que j'aurai renversé & fait estre 〈♫〉〈♫〉 Tes ennemis le scabeau de tes pieds.
¶ Le sceptre fort de ton puissant Empire Enfin sera loin de Sion transmis Par l'Eternel, lequel te viendra dire, Regne au milieu de tous tes ennemis.
¶ De son bon gré ta gent bien disposée, Au jour tres-sainct de ton sacre courra: Et aussi dru qu'au matin chet rosée, Naistre en tes fils ta jeunesse on verra.
¶ Car l'Eternel sans changer de courage A de toi seul dit, & juré avec, Grand Prestre & Roi tu seras en tout âge, En suivant l'ordre au bon Melchisedec.
¶ A ton bras droit Dieu ton Seigneur & Pere T'assistera aux belliqueux arrois, Là où pour toi au jour de sa colere Rompra la teste à Princes & à Rois.
¶ Sur les Gentils exercera justice, Remplira tout de corps morts envahis, Et frapera pour le dernier supplice Le chef regnant sur beaucoup de païs.
¶ Mesme en passant au milieu de la plaine, De l'eau courante à grand' haste il boira: Par ce moyen àyant victoire pleine, La teste haut tout joyeux levera.

PSEAUME CXI.

Pseaume d'action de graces.
Confitebor tibi, Domine.

〈♫〉〈♫〉 DU Seigneur Dieu en tous endroits, 〈♫〉〈♫〉 En l'assemblée des plus droits, 〈♫〉〈♫〉 De chanter à Dieu coustumiere,
〈♫〉〈♫〉 La gloire je confesserai, 〈♫〉〈♫〉 Et sa loüange annoncerai 〈♫〉〈♫〉 D'une assection toute entiere.
¶ Du Seigneur sont grands les essets, Et qui bien contemple ses faits, Vrai contentement y rencontre.
Ce n'est que gloire & majesté De ce qu'il fait, & sa bonté Par tout eternelle se montre.
¶ Le Seigneur par ses faits exquis, A jamais un bruit s'est acquis De douceur & de bien-vueillance.
Il a soustenu & soustient Ceux qui l'ont craint & se souvient A jamais de son alliance.
{inverted ⁂}
¶ A son peuple il a fait sçavoir Quel est l'esset de son pouvoir, Leur donnant des gens l'heritage.
Ce n'est que seure loyanté,

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Ce n'est que tres-juste equité Quand il met la main à l'ouvrage.
¶ Tous les mandemens qu'il a faits Sont seurs & fermes à jamais, Faits en verité & droiture:
Il a son peuple delivré, Accord avec lui a juré, Voire un accord qui toûjours dure.
¶ Son Nom est redoutable & saint: Reverer Dieu de coeur non seint, C'est le chef de vraye fagesse,
Sage est celui qui fait ceci, Et se peut asseurer aussi Qu'il en sera loüé sans cesse.

PSEAUME CXII.

Pseaume de consolation.
Beatus vir qui timet Dominum,

〈♫〉〈♫〉 O Bien-heureuse la personne 〈♫〉〈♫〉 Qui craint l'Eternel, & s'adonne 〈♫〉〈♫〉 Du tout à sa Loi tres-entiere: 〈♫〉〈♫〉 Sa race en terre sera forte: 〈♫〉〈♫〉 Car Dieu benit en toute sorte 〈♫〉〈♫〉 Des bons la race droituriere.
¶ D'un tel la maison tres-heureuse En tous biens sera plantureuse, Et la justice perdurable: Dieu de sa clarté belle & pure Eclaire leur nuict plus obscure, Comme doux, bon, & pitoyable.
¶ Le debonnaire donne & preste, Par raison ses affaires traitte, De jamais branler il n'a garde. De l'homme qui fuyant le viçe S'adonne à tout bien & justice La memoire à jamais se garde,
¶ Il ne craint mauvaise nouvelle: Car son coeur jamais ne chancelle, Ayant au Seigneur sa fiance. Sa conscience bonne & sainte Attend fermement & sans crainte Sur ses ennnemis la vengeance.
¶ De ses biens il donne & dispense Aux pauvres en leur indigence: Sa justice dure sans cesse: Sa corne plus elle est grevée, D'autant plus haut est elevée En honneur & toute hautesse.
¶ Les méchans voyans cette chose, De dépit auront bouche close: En grincant les dents de colere, Ils en deviendront tous étiques: Mais eux & leurs desirs iniques Periront, quoi qu'ils sçachent faire.

PSEAUME CXIII.

Pseaume d'action de graces.
Laudate pueri Dominum.

〈♫〉〈♫〉 ENfans qui le Seigneur servez, 〈♫〉〈♫〉 Loüez-le, & son Nom élevez, 〈♫〉〈♫〉 Loüez son Nom & sa hautesse.
〈♫〉〈♫〉 Soit presché, soit fait solennel 〈♫〉〈♫〉 Le Nom du Sei∣gneur eternel, 〈♫〉〈♫〉 Par tout, en ce temps & sans cesse.
¶ D'Orient jusqu'en Occident Doit estre le los évident Du Seigneur, & sa renommée.
Sur toutes gens le Dieu des Dieux Est exalté, & sur les cieux S'éleve sa gloire estimée.
¶ Qui est pareil à nostre Dieu, Lequel fait sa demeure au lieu Le plus haut que l'on sçauroit querre:
Et puis en bas veut devaler Pour toutes choses contempler Qui se font au ciel & en terre?
¶ Le pauvre sur terre gisant Il éleve, en l'authorisant, Et le tire hors de la bouë,
Pour le colloquer aux honneurs Des seigneurs, voire des seigneurs Du peuple que sien il avouë.
¶ C'est lui qui remplit à foison De tres-beaux ensans la maison De la semme qui est sterile:
Et lui fait joye recevoir, Quand d'impuissante à concevoir, Se voit d'enfans mere fertile.

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PSEAUME CXIV.

Pseaume d'action de graces.
In exitu Israël de AEgypto.

〈♫〉〈♫〉 QUand Israël hors d'Egypte sortit, 〈♫〉〈♫〉 Et la maison de Jacob se par∣tit 〈♫〉〈♫〉 D'entre le peuple estrange, 〈♫〉〈♫〉 Juda fut fait la grand' gloire de Dieu, 〈♫〉〈♫〉 Et Dieu se fit Prince du peuple Hebreu, 〈♫〉〈♫〉 Prince de grand' loüange.
¶ La mer le vid qui s'enfuït soudain, Et contre-mont l'eau du fleuve Jordain Retourner fut contrainte? Comme moutons montagnes ont failli, Aussi en ont les costaux tressailli Comme agnelets en crainte.
¶ Qu'avois-tu mer à t'enfuïr soudain? Pourquoi à mont l'eau du sleuve Jordain Retourner fut contrainte? Pourquoi avez, monts, en moutons sailli? Pourquoi, costaux, en avez tressailli Comme agnelets en crainte?
¶ Devant les yeux du Seigneur qui tout peut Devant le Dieu de Jacob, quand il veut, Terre tremble craintive: Je dis le Dieu, le Dieu convertissant La pierre en lac, & le rocher puissant En fontaine d'eau vive.

PSEAUME CXV.

Pseaume de priere.
Non nobis, Domine, non nobis.

〈♫〉〈♫〉 NOn point à nous, non point à nous, Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 Mais à ton Nom donne gloire & honneur, 〈♫〉〈♫〉 Pour ta grace & soi seure. 〈♫〉〈♫〉 Pourquoi diroient les gens en se moquant, 〈♫〉〈♫〉 Où est ce Dieu qu'ils vont tant invoquant? 〈♫〉〈♫〉 Où est-il à cette heure?
¶ Certainement nostre Dieu tout parfait Reside aux cieux, & de là haut il fait Tout ce qu'il veut en somme: Mais ce qu'adore & sert tout autre gent, Idoles sont faites d'or & d'argent, Ouvrage de main d'homme.
¶ Bouche elles ont, sans parler ni mouvoir: Elles ont yeux, & ne sçauroient rien voir: C'est une chose morte. Oreilles ont, & ne sçauroient ouïr: Elles ont nez, & ne sçauroient jouïr D'odeur douce ni forte.
¶ Elles ont mains ne pouvans rien toucher: Elles ont pieds, & ne sçauroient marcher, Gosier, & point ne crient. $els & pareils sont tous ceux qui les sont, It ceux lesquels à leur recours s'en vont, Et tous ceux qui s'y fient.
{inverted ⁂}
¶ Toi Israël, arreste ton espoir Sur le Seigneur, c'est ta force & pouvoir, Bouclier & sauvegarde. Maison d'Aaron, arreste ton espoir Sur le Seigneur, c'est ta force & pouvoir, Lequel te fauve & garde.
¶ Vous craignās Dieu, arrestez vôtre espoit Sur tel Seigneur, car c'est vostre pouvoir, Sous qui l'ennemi tremble. Le Seigneur Dieu de nous souvenir a, Plus que jamais Israël $$nira, Les fils d'Aaron ensemble.
¶ A ceux qui sont de l'offenser craintiss Grands biens a faits, depuis les plus petits Jusqu'à ceux de grand âge. Les biens & dons que pour vous faites il a, Il fera croistre à vous & à ceux-là De vostre parentage.
¶ Puis que benis estes & bien-aimez Du grand Seigneur, qui les cieux a formez, Et terre faconnée. Le Seigneur s'est reservé seulement Les cieux pour soi, la terre entierement Aux hommes a donneé.
¶ O Seigneur Dieu, l'hōme par mort transi Ne dit ton los, ni quiconques aussi En la fosse devale: Mais nous vivans, par tout où nous irons, De bouche & coeur le Seigneur benirons Sans fin, sans intervalle.

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PSEAMUE CXVI.

Pseaume d'action de graces.
Dilexi, quoniam exaudiet, &c.

〈♫〉〈♫〉 J'Aime mon Dieu, car lors que j'ai crié, 〈♫〉〈♫〉 Je sçai qu'il a ma clameur entenduë: 〈♫〉〈♫〉 Et puis qu'il m'a son oreille tenduë, 〈♫〉〈♫〉 En mon dur temps par moi sera prié.
¶ La mort m'avoit en ses pieges surpris, Trouvé m'avoient les mortelles angoisses: J'estois saisi de douleurs & tristesses, Quand à prier par ces mots je me pris:
¶ Las! sauve moi qui suis des plus chetiss: Et je trouvai le Seigneur secourable: Nostre Dieu, dis-je, est doux & pitoyable, Et volentiers garde les plus petits.
¶ Car quād j'estois de langueur tout recreu, Delivré m'a mon Dieu que je reclame: Retourne donc en ton repos, mon ame, Puis que de Dieu ce bien-fait as receu.
¶ Puis qu'as gardé ma vie de la mort, Mes yeux de pleur, & mes pieds de ruïne, C'est devant toi qu'il faut que je chemine Durant ma vie, ô mon Dieu mon support.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ J'ai creu, & pour ce ai-je à parler aussi: Las! ma pauvre ame estoit fort tourmētée, Tant que j'ai dit d'ardeur precipitée, Tout homme est faux, & je le trouve ainsi.
¶ Mais que rendrai-je à Dieu pour ses bien. faits? C'est qu'en prenant de loüange la tasse, Pour témoigner qu'il m'a sauvé de grace, L'invoquerai pour les biens qu'il m'a faits.
¶ A Dieu rendrai dés maintenāt mes voeur, Mesme devant Passemblée ordinaire: Dieu pour certain de tout sien debonnaire Tien le trépas tres-cher & precieux.
¶ Or donc Seigneur, car ton servant je suis, Ton servant, dis-je, & fils de ta chambriere, C'est toi qui as mes liens mis arriere, Dont je te veux offrir ce que je puis.
¶ C'est affavoir loüange d'un franc coeur, En reclamant ton Nom plein d'excellence, Et te rendant mes voeux en la presence Du peuple tien, comme ton serviteur.
¶ Dans ta maison chanterai ton honneur, En ta cité Jerusalem la saincte. Sus donc, venez, chacun, en toute crainte Aveques moi celebrer le Seigneur.

PSEAUME CXVII.

Pseaume d'exhortation.
Laudate Dominum omnes gentes.

〈♫〉〈♫〉 TOutes gens, loüez le Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 Tous peuples, chantez son honneur: 〈♫〉〈♫〉 Car son vouloir benin & doux 〈♫〉〈♫〉 Est multiplié dessus nous, 〈♫〉〈♫〉 Et sa tres-ferme verité 〈♫〉〈♫〉 Demeure à perpetuïté.

PSEAUME CXVIII.

Pseaume d'action de graces & de prophecie.
Confitemini Domino.

〈♫〉〈♫〉 REndez à Dieu loüange & gloire, 〈♫〉〈♫〉 Car il est benin & clement: 〈♫〉〈♫〉 Qui plus est, sa bonté notoire 〈♫〉〈♫〉 Dure perpetuellement.
〈♫〉〈♫〉 Qu'Israël ores se recorde 〈♫〉〈♫〉 De chanter solennellement, 〈♫〉〈♫〉 Que sa grande misericorde 〈♫〉〈♫〉 Dure perpe∣tuellement.

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¶ La maison d'Aaron ancienne Vienne tout haut presentement Confesser que la bonté sienne Dure perpetuellement.
Tous ceux qui du Seigneur ont crainte, Viennent aussi chanter comment Sa bonté pitoyable & sainte Dure perpetuellement.
¶ Ainsi que j'estois en détresse, En invoquant sa Majesté, Il m'ouït, & de cette presse, Me mit au large à sauveté.
Le Tout-puissant qui m'ouït plaindre, Mon parti toûjours tenir veut: Qu'ai je donc que faire de craindre Tout ce que l'homme faire peut?
{inverted ⁂} 1
¶ De mon costé il se retire Avec ceux qui me sont amis: Ainsi cela que je desire Je verrai en mes ennemis.
Mieux vaut avoir en Dieu fiance, Qu'en l'homme qui est moins que rien: Mieux vaut avoir en Dieu fiance, Qu'au Prince & au grand terrien.
¶ Beaucoup de gens, c'est chose seure, M'assiegerent de tous costez: Au Nom de Dieu, ce dis-je à l'heure, Ils seront par moi rebutez.
Ils m'avoient enclos par grand' ire, Enclos m'avoient tous mutinez: Au Nom de Dieu, ce vins-je à dire, Ils seront par moi ruïnez.
¶ Ils m'avoient enclos comme abeilles, Et furent ces fols & hautains, Au Nom du grand Dieu des merveilles, Comme feu d'épines esteints.
Tu as, importun adversaire, Rudement contre moi couru, Pour du tout tiébucher me faire: Mais l'Eternel m'a secourn.
¶ Le Tout-puissant est ma puissance, C'est l'argument, c'est le discours De mes vers pleins d'éjouïssance, C'est de lui que j'ai eu secours.
Aux maisons de mon peuple juste On n'oit rien que joye & confort: On chante, on dit, Le bras robuste Du Seigneur a fait grand essort.
{inverted ⁂} 2
¶ De l'Eternel la main adextre S'est élevée à cette fois: Dieu a fait vertu par sa dextre, Telle est du bon peuple la voix.
Arriere ennemis & envié, Car la mort point ne sentirai: Mais je demeurerai envie, Et les faits du Seigneur dirai.
¶ Chastié m'a, je le confesse, Chastié m'a, puni, batu: Mais point n'a voulu sa hautesse Que par mort je fusse abbatu.
Ouvrez-moi les grand's portes belles Du saint Temple aux justes voijé: Afin que j'entre par icelles, Et que Dieu soit par moi loüé.
¶ Ces grandes portes somptueuses Sont les portes du Seigneur Dieu: Les justes gens & vertueuses Peuvent passer tout au milieu.
Là dirai ta gloire supréme, Là par moi s$ras celebré: Car en adversité extréme Exaucé m'as & delivré.
{inverted ⁂} 3
¶ La pierre par ceux rejettée Qui du bastiment out le loin, A esté ashse & plantée Au principal endroit du coin.
Cela est une oeuvre celeste, Faite pour vrai du Dieu des dieux, Et un miracle manifeste Lequel se presente à nos yeux.
¶ La voici Pheureuse journée, Que Dieu a faite à plein desir: Par nous soit joye demenée, Et prenons en elle plaisir.
O Dieu Eternel, je te prie, Je te prie ton Roi maintien: O Dieu, je te prie & reprie, Sauve ton Roi, & l'entretien.
¶ Benit soit qui au Nom tres-digne Du Seigneur est venu ici: O vous de la maison divine, Nous vous benissons tous aussi.
Dieu est paissant doux & propice, Et nous donne lumiere à gre: Liez le boeuf du facrisice Aux cornes de l'autel sacré.
¶ Tu es le seul Dieu que j'honore, Aussi sans fin te chanterai Tu es le seul Dieu que j'adore, Aussi sans fin t'exalterai:
Rendez à Dieu loüange & gloire, Car il est benin & clement: Qui plus est, sa bonté notoire Dure perpetuellement.

PSEAUME CXIX.

Pseaume de consolation.
Beati immaculati in via, &c.

I. ALEPH.
〈♫〉〈♫〉 BBien-heureuse est la personne qui vit 〈♫〉〈♫〉 Avec entiere & saine conscience, 〈♫〉〈♫〉 Et qui de Dieu les sainctes Loix ensuit.
〈♫〉〈♫〉 Heureux qui met tout soin & di∣ligence 〈♫〉〈♫〉

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A bien garder ses statuts precieux, 〈♫〉〈♫〉 Et qui de lui pourchasse la science.
¶ Certainement ceux ne sont vicieux Qui vont suivans le chemin qu'il ordonne, Et d'aller droit sont toûjours curieux.
Ton vouloir est que chacune personne Par dessüs tout, bien & étroitement A maintenir tes mandemens s'adonne.
¶ A mon vouloir qu'il te pleust tellement Dresser mes pas où ta Loi me convie, Que fourvoyer n'en puisse aucunement:
Car loin sera de deshonneur ma vie Tant qu'aurai l'oeil sur tes Loix arresté, Et que j'aurai de les sçavoir envie.
¶ Alors par moi tu seras exalté D'un coeur tout droit, quand j'aurai peu cō∣prēdre Tes jugemens tous remplis d'équité.
Or à garder tes statuts veux entendre: Mais je te prie qu'en mon infirmité Trop longuement ne te fasses attendre.
II. BETH.
¶ Cōment pourront jeunes gens s'amender Pour vivre mieux? en prenant pour adresse Ce qu'il t'a pleu nous dire & commander.
De toutmon coeur je t'ai cherché sās cesse: Or donc, Seigneur, hors ton cōmandement, Je te suppli', fourvoyer ne me laisse.
¶ Dedans mon coeur & en l'entendement, Tes dits je porte, afin que ne t'offense, Mais que plûtost chemine droitement.
O Eternel, ton Nom plein d'excellence Est à bon droit sur tous magnifié: De tes, edits montre-moi la science.
¶ Mes levres ont presché & publié Les jugemens de ta Loi équitable, Sans que j'en aye un seul point oublié.
Tou témoignage & chemin veritable M'est un plaisir, que ne veux moins priser Que tous les biens de la terre habitable.
¶ De tes edits on m'orra deviser, Et tascherai d'avoir la connoissance De tes sentiers, où je veux droit viser.
En tes statuts prendrai réjouïssance, Et veux si bien en ton dire adviser, Qu'à tout jamais j'en aurai souvenance.
III. GUIMEL.
¶ Espan tes biens dessus moi ton servant, A celle fin qu'aye le don de vie, Pour bien garder ta parole en vivant.
La veuë m'est, helas! toute faillie, Eclaire moi, afin que de mes yeux Vove en ta Loi ta grandeur infinie.
¶ Estranger suis en ces terrestres lieux: Or donc, Seigneur, connoissance me baille De tes edicts, pour toûjours aller mieux.
Et jour & nuit moncoeur tant se travaille A bien sçavoir chacun tien jugement, Que peu s'en faut que force ne me faille.
¶ Tous orgueilleux tu traites rudement, Et sont maudits tous ces mechans courages Qui vont ainsi contre ton mandement.
Chasse de moi tous blâmes & outrages, Et le fascheux mépris où je me voi. Pource que j'ai gardé tes témoignages.
¶ Tous les plus gros en leur siege apperçol Causans de moi, voire tout à leur aise: Mais lors ton sers ne pense qu'à ta Loi.
Ta Loi, Seigneur, est tout cequi m'appaise, C'est le conseil que j'ai autour de moi, Pour en avoir secours en mon mal-aise.
IV. DALETH.
¶ Je suis, helas! comme si j'estois mis Déja en terre, & attaché tout co$tre: Ren moi la vie, ainsi que m'as promis.
En maint affaire & fascheuse rencontre Je t'ai requis, & tu m'as répondu, Répon encor, & tes statuts me montre.
¶ Ton mandement par moi soit entendu, Et lors j'aurai sur ta Loi merveilleuse L'esprit du tout arresté & tendu.
Mon ame helas! est si fort angoisseuse, Qu'elle se fond: vueille me rassurer, Je te suppli, par ta promesse heureuse.
¶ Du chemin tors, Seigneur, vien me tirer: Et par pitié ta sainte Loi m'envoye Qui du danger me vienne retirer.
Car j'ai choisi la seure & droite voye, Et tiens mon oeil toûjours comme attaché Sur tes edits, de peur que ne fourvoye.
¶ Puis donc, Seigneur, que j'ai si prés tasché A ne passer ta divine ordonnance, Fai que ne sois d'infamie entaché.
Lors je courrai de toute ma puissance En tes chemins, quand auras détaché Et mis mon coeur en pleine delivrance.
V. HE.
¶ Je te suppli', Seigneur, vouloir sur tout De tes statuts les droits sentiers m'apprēdre, Pour me les voir tenir jusques au bout.
Ottroye moi esprit pour les comprendre: Lors ne faudrai à ta Loi maintenir De tout mon coeur taschāt à ne méprendre.
¶ Mais condui-moi pour me faire tenir, Sans fourvoyer de tes edits la sante, Car plaisir n'ai qu'à les entretenir.
Ploye mon coeur & toute mon entente A bien sçavoir tout ce qu'as ordonné, En ne permets qu'avarice le tente.
¶ Tourne mon oeil, qu'il ne soit adonné, A faux regards, & mon coeur sortisie En tes sentiers, où l'as acheminé.
A moi ton serf confirme & verisie Ce qu'as promis: voire à moi qui te veux Craindre sur tout, & qui sur toi me fie.
¶ Repousse au loin cét opprobre honteux Que je crains tant: car tu es pitoyable En nous jugeant, plûtost que dépiteux.
Voilà, Seigneur, de ta Loi desirable Sur toute chose est mon coeur convoiteux: Délivre-moi par ta grace amiable.
VI. VAU.
¶ Fai-moi sentir l'esset de ta merci,

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Me preservant des dangers de ce monde, D'autant, Seigneur, que l'as promis ainsi.
A celle fin qu'au pervers je réponde, Duquel je suis blasmé & detesté, Pource que sur ton dire je me sonde.
¶ Fai que toûjours ta pure verité Soit en ma bouche, & pour jamaiss'y tienne: Car à tes droits je me suis arresse.
Et ne sera jamais que ne maintienne Ta sainte Loi, & que de mon pouvoir Tant que vivrai ne la garde & soustienne.
¶ Lors me pourra chacun appercevoir Au large mis, pour autant que je sonde Tes saints edicts, & tasche a les sçavoir.
Devāt les Rois & grāds Seigneurs du mōde Ton témoignage alors j'annoncerai, Sans que jamais vergogne me confonde.
¶ Lors de bon coeur je me delecterai En cette Loi que nous as adressée: Car toûjours l'ai aimée & l'aimerai.
A tes statuts tiendrai l'ame dressée, Et mes deux mains à tes oeuvres mettrai, Pour te servir de fait & de pensée.
VII. ZAIN.
¶ Souvienne toi de tout ce qu'as promis A moi ton sers: car depuis ta promesse Tout mon espoir en toi, Seigneur, j'ai mis.
C'est cela seul qui mes esprits redresse, Qui me preserve & remet en vigueur Incontinent que j'ai quelque détresse.
¶ Les orgueilleux souvent en ma langueur Se sont moquez: mais pour leur arrogance Hors de ta Loi n'ai détourné mon coeur.
J'ai eu plûtost, Seigneur, en souvenance Quel jugement toûjours tu en as fait: Chose qui m'a donné grande allegeance.
¶ Si qu'en pensant au damnable forsait De ces pervers qui ta Loi ont laissée, Je tremble tout de l'horreur de leur fait.
Mainte chanson j'ai bastie & dressée Sur tes statuts, quand trouvé $e me suis Hors mon païs plein de triste pensée.
¶ Je n'ai failli, mesines toutes les nuicts, A t'invoquer, afin que je gardasse Ta sainte Loi en mes plus grands ennuis.
Bref, j'ai de toi toûjours eu cette grace, Que j'ai voulu, & veux tant que je puis, Tes mandemens garder, quoi que je fasse.
VIII. HETH.
¶ O Dieu, tu es ma part & tout mon bien, J'ai proposé de garder ta parole A tout jamais fidelement & bien.
Or donc, Seigneur, ta pitié me console, Je t'en supplie affectueusement, Et ne soit point ta promesse frivole.
¶ J'ai éplusché mes faits soigneusement, Voilà pourquoi mes pieds je viens remettre Au droit chemin de ton enseignement.
Et je n'ai point voulu longuement mettre: Mais tout soudain à toi me suis rangé, Et de tes Loix suis venu m'entremettre.
¶ Les malins m'ont pillé & saccagé: Mais nonobssant leur fureur tant cruelle, Jamais ta Loi de mon coeur n'a bougé.
Je voi tes droits d'une justice telle, Que relever je me veux pour chanter En plein minuict ta loüange immortelle.
¶ Ceux qui tes Loix veulent executer Ceux qui de Dieu en leurs coeurs ont la crainte, Voilà les gens que je veux frequenter.
La terre est pleine & toute son enceintè Des biens, Seigneur, que lui viens pre∣senter: Rempli-moi donc de ta doctrine sainte.
IX. TETH.
¶ Seigneur, tu as de tes biens épandu Sur moi ton serf, en suivant tes promesses: Car je m'y suis de tout temos attendu.
Je te suppli', qu'en bon sens tu me dresses, Et bon sçavoir: car pour certain je croi Que vrayes sont & seures tes adresses.
¶ Avant que d'estre ainsi battu de toi, De bien aller je n'avois soin ni cure: Mais maintenant je chemine en ta Loi.
O Dieu, tu es tout bon de ta nature, Et liberal à tes biens dispenser: Montre moi donc tes droits pleins de droi∣ture.
¶ Les orgueilleux me sont venus brasser Maints faux rapports: mais pourtant je ne cesse De tout mon coeur tes edits embrasser.
Leurs coeurs sont pris & tous figez de graisse: Mais moi, Seigneur, quand plaisir veux avoir, Droit à ta Loi, non ailleurs je m'adresse.
¶ Un plus grand bien n'eusse peu recevoir, Que de sentir ma personne oppressée, Pour acquerir de ta Loi le sçavoir.
D'or ou d'argent grosse somme amassée, N'est rien au prix de ta Loi bien sçavoir, Que tu nous as toi-mesme prononcëe.
X. JOD.
¶ Tes propres mains m'ont fait & façōné, Donne moi donc l'esprit de sçavoir faire Le mandement que tu nous as donné.
Alors ceux-là qui craignent te déplaire, En me voyant sur ton dire appuye, S'éjouïront beaucoup de cét affaire.
¶ Quand par ta main le monde est chastié, Las! je voi bien que la cause est tres-bonne, Et qu'a bon droit tu m'as humilié.
Je te suppli' que ta bonté me donne Quelque secours en mon affliction, Comme ton dire & promesse l'ordonne.
¶ Vienne sur moi ta grand' compassion, Et je vivrai: car en ta Loi & crainte Gist mon plaisir & consolation.
Soient tous consus ceux qui sous couleur feinte Me font du mal, & mon coeur cependant Ne pense à rien qu'à ta doctrine sainte.
¶ Retourne à moi tout homme pretendant Aveques moi te reverer & craindre, Tout homme aussi ta doctrine entendant.
Mon coeur entier sans rien slechir ni feindre Tes Loix ensuive, asin qu'en t'attendant, D'estre confus je ne me puisse plaindre.
XI. CAPH.
¶ De ton salut je suis tant desireux, En attendant de ton dire l'issuë, Que mon esprit en est tout langoureux.
Je suis lassé d'avoir en haut la veuë, Disant, ô Dieu! en qui je me suis fie, Quand m'aideras en ma déconvenuë?
¶ Je suis retrait (tant je suis ennuyé) Comme une peau mise a la cheminée, Et si n'ai rien de tes Loix oublié.
Las! qu'elle espace est encore ordonnéd

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D'entendre bien chacun de tes edits.
Alors j'irai parlant de bonne audace De ta promesse, & dirai rondement Que tes edicts sont droits & sans fallace.
¶ Je te suppli' vouloir tout promptement, Pour me sauver, sur moi ta main estendre: Car j'ai choisi ton saint commandement.
C'est toi duquel je veux salut pretendre: Car je ne puis, Seigneur, aucun plaisir Hors de ta Loi ni pourchasser ni prend$$.
¶ Pour te loüer de vivre j'ai desir: Car de ta grace à moi toûjours montrée Tu ne voudras, Seigneur, me dessaisir.
Helas! je suis la brebis égarée, De me chercher, Seigneur, pren le lois$$ Car en mon coeur ta Loi est demeutée.

PSEAUME CXX.

Pseaume de priere & de complainte.
Ad Dominum cum tribularer.

〈♫〉〈♫〉 ALors qu'affliction me presse, 〈♫〉〈♫〉 Ma clameur au Seigneur j'adresse: 〈♫〉〈♫〉 Car quand je viens à le semondre, 〈♫〉〈♫〉 Jamais ne faut à me répondre.
〈♫〉〈♫〉 Contre ces levres tant menteuses, 〈♫〉〈♫〉 Contre ces langues tant flateuses, 〈♫〉〈♫〉 Vueilles, Seigneur, par ta bonté, 〈♫〉〈♫〉 Mettre ma vie à sauveté.
¶ Vien-ça menteur, quel avantage Te viendra de ce faux langage? En quoi te sera profitable Cette langue ainsi decevable?
Tes mots sont fleches acerées, D'une puissante main tirées: Et tes propos envenimez, Charbons de genevre allumez.
¶ Helas! combien m'est ennuyeuse Cette demeure mal-heureuse, Au dessous des tentes maudites Des Kedarins & Mesechites!
Parmi ces nations cruelles, Qui n'aiment rien que les querelles, J'ai trop sejourné la moitié, Moi qui ne cherche qu'amitié.
¶ J'ai beau leur parler de concorde, Leur coeur jamais ne s'y accorde: Quand je les veux garder de battre, Alors sont-ils prests à combattre.

PSEAUME CXXI.

Pseaume de consolation.
Levavi oculos meos in montes.

〈♫〉〈♫〉 VErs les monts j'ai levé mes yeux, 〈♫〉〈♫〉 Pensant avoir d'enhaut 〈♫〉〈♫〉 Le se∣cours qu'il me faut:
〈♫〉〈♫〉 Mais en Dieu qui a fait les cieux 〈♫〉〈♫〉 Et cette terre ronde, 〈♫〉〈♫〉 Maintenant je me fonde.
¶ Marcher te fera seurement, Et te viendra veiller, Sans jamais sommeiller.
Voici, d'Israël voirement La garde toûjours veille, Mesme point ne sommeille.
¶ Dieu te garde & couvre d'enhaut: Tu as prest & en main Le grand Dieu souverain.
De jour ne sens le Soleil chaud, La Lune morsondante De nuict ne t'est nuisante.
¶ Contre tous dangers desormais Ton ame il gardera: A tes faits baillera
Dés maintenant & à jamais, Et l'issuë & l'entrée Tres-bonne & asseurée.

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PSEAUME CXXII.

Pseaume de consolation.
Laetatus sum in his quae, &c.

〈♫〉〈♫〉 INcontinent que j'eus ouï, 〈♫〉〈♫〉 Sus, allons le lieu vi si ter, 〈♫〉〈♫〉 Où le Seigneur veut habiter, 〈♫〉〈♫〉 O que mon coeur s'est réjouï!
〈♫〉〈♫〉 Or en tes porches entreront 〈♫〉〈♫〉 Nos pieds, & sejour y feront, 〈♫〉〈♫〉 Jerusalem la bien dressée:
〈♫〉〈♫〉 Jerusalem, qui t'en∣tretiens 〈♫〉〈♫〉 Unie avecques tous les tiens, 〈♫〉〈♫〉 Comme cité bien policée.
¶ Là doivent les peuple aller, Les peuples, dis-je, du Seigneur, Et pour celebrer son honneur, Par son mandement s'assembler.
C'est le lieu du siege assigné, Du siege à David ordonné, Et aux siens, pour faire droiture.
Prions qu'en toute seureté Demeure la saincte Cité, Et tous ceux-là qui d'elle ont cure.
¶ Puissent de paix estre munis Tes sorteresses & chasteaux: Tes maisons & palais tant beaux De tous biens se trouvent garnis.
Pource que rangez dedans toi Mes sreres & prochains je voi, Faut que pour toi priere face.
A cause aussi du sacré lieu De la saincte maison de Dieu, Il n'est bien que ne te pourchasse.

PSEAUME CXXIII.

Pseaume de priere.
Ad te levavi oculos meos, &c.

〈♫〉〈♫〉 A Toi, ô Dieu, qui es là haut aux cieux 〈♫〉〈♫〉 Nous élevons nos yeux: 〈♫〉〈♫〉 Comme un servant qui pressé se voit estre 〈♫〉〈♫〉 N'a recours qu'à son maistre, 〈♫〉〈♫〉 Et la servante a l'oeil sor sa maistresse 〈♫〉〈♫〉 Aussi tost qu'on la blesse, 〈♫〉〈♫〉 Vers nostre Dieu nous regardons ainsi, 〈♫〉〈♫〉 Attendant sa merci.
¶ Helas! Seigneur, aye pitié de nous, Aye pitié de nous: Car tellement nous dédaignent les hōmes, Que tous souls nous en sommes: Tāt de brocards les grāds sur nous dégor∣gent, Que nos coeurs en regorgent: Et sommes pleins du mépris odieux De tous ces glorieux.

PSEAUME CXXIV.

Pseaume d'action de graces.
Nisi quia Dominus, &c.

〈♫〉〈♫〉 OR peut bien dire Israël maintenant, 〈♫〉〈♫〉 Si le Seigneur pour nous n'eust point esté, 〈♫〉〈♫〉 Si le Seigneur nostre droict n'eust porté, 〈♫〉〈♫〉 Quand tout le

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monde à grand' sureur venant 〈♫〉〈♫〉 Pour nous meurtrir dessus nous s'est jetté.
¶ Déja fussions vifs devorez par eux, Veu la sureur ardente des pervers: Déja fussions sous les eaux à l'envers: Et tout ainsi qu'un flot impetueux Nous eussent tous abismez & couverts.
¶ Par dessus nous leur gros & sorts tor∣rens Fussent déja passé & repassé. Loüé soit Dieu, lequel n'a point laisse Le peuple sien tomber entre leurs dents Pour le manger, comme ils avoient pen$$.
¶ Comme l'oiseau du silé se defait De l'oiseleur, nous sommes échapez, Rompant le laqs qui nous eust attrape$: Voilà comment le grand Dieu qui a fait Et terre & ciel, nous a developez.

PSEAUME CXXV.

Pseaume de doctrine.
Qui confidunt in Domino, &c.

〈♫〉〈♫〉 TOut homme qui son esperance 〈♫〉〈♫〉 En Dieu asseurera, 〈♫〉〈♫〉 Jamais ne verse∣ra, 〈♫〉〈♫〉 Mais aura si grande asseurance, 〈♫〉〈♫〉 Que Sion montagne tres-ferme 〈♫〉〈♫〉 N'est point plus ferme.
¶ Comme Jerusalem est ceinte De monts de toutes parts, Ainsi que de remparts: Dien autour de sa troupe sainte Est & sera qu'on ne l'offense, Seure defense.
¶ Car ce n'est à toûjours qu'il laisse Les siens entre les mains Des tyrans inhumains: De peur qu'une trop longue oppresse En fin ne les force de faire Mauvaise affaire.
¶ Aide toute bonne personne, Traine, ô Dieu, ces pervers Cheminans de travers, Avec ceux dont le coeur s'adonne A tout mal: & aux tiens accorde Toute concorde.

PSEAUME CXXVI.

Pseaume d'action de graces.
In convertendo Dominus, &c.

〈♫〉〈♫〉 ALors que de captivité 〈♫〉〈♫〉 Dieu mit Sion en liberté, 〈♫〉〈♫〉 Advis nous estoit proprement 〈♫〉〈♫〉 Que nous songions tant seulement:
〈♫〉〈♫〉 Bouches & langues à suf∣fire 〈♫〉〈♫〉 Avoient dequoi chanter & rire: 〈♫〉〈♫〉 Chacun disoit, voyant ceci, 〈♫〉〈♫〉 Dieu fait merveilles à ceux-ci.
¶ A dire vrai, Dieu pour ce coup Des biens nous ottroye beaucoup, Et d'icelui nous recevons Tout le plaisir que nous avons.
Ramene donques toute entiere Ta gent n'aguere prisonniere, Comme arrousant tout au travers Les païs plus secs & deserts.
¶ Ceux qui aveques larmes d'oeil Auront semé, perdront le dueil, Se trouvans joyeux & contens Quand de moissonner sera temps.
Vrai est qu'en douleur bien amere Semeront leur semence chere: Mais tous joyeux ils porteront Les gerbes qu'ils en cueilliront.

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PSEAUME CXXVII.

Pseaume de doctrine.
Nisi Dominus aedificaverit.

〈♫〉〈♫〉 ON a beau sa maison bastir, 〈♫〉〈♫〉 Si le Seigneur n'y met la main, 〈♫〉〈♫〉 Cela n'est que bastir en vain. 〈♫〉〈♫〉 Quand on veut villes garantir, 〈♫〉〈♫〉 On a beau veiller & guet∣ter, 〈♫〉〈♫〉 Sans Dieu rien ne peut profiter.
¶ Quoi qu'avant jour soyez levez, Et bien tard vous couchiez en pleurs, Repeus maigrement en douleurs, Vous-mesines en vain vous grevez: Mais à tout coeur Diea bien-aimant Dieu donne tout comme en dormant.
¶ Voilà, quand l'homme peut avoir Pour heritier quelque enfant sien, C'est de Dieu que lui vient ce bien: C'est Dieu qui lui fait recevoir Par sa grand' liberalité Le guerdon de posterité.
¶ Puis les ensans venus en sleur Deviennent gens rudes & forts, Et si bien dispos de leurs corps, Qa'un traict décoché de roideur D'un bras robuste & bien adroit Ne frape plus fort ui plus droit.
¶ Heureux qui leurs carquois auront De telles sleches bien fournis: Car en estans si bien munis, Jamais consondus ne seront: Mais consondront ouvertement Leurs haineux en plein jugement.

PSEAUME CXXVIII.

Pseaume de doctrine touchant l'estat du mesnage.
Beati omnes qui timent.

〈♫〉〈♫〉 BIen-heureux est quiconque 〈♫〉〈♫〉 Sert à Dieu volontiers, 〈♫〉〈♫〉 Et ne se lassa onques 〈♫〉〈♫〉 De suivre ses sentiers.
〈♫〉〈♫〉 Du labeur que sais faire 〈♫〉〈♫〉 Vivras com∣modement, 〈♫〉〈♫〉 Et ira ton affaire 〈♫〉〈♫〉 Bien & heureusement.
¶ Quant à l'heur de ta ligne, Ta semme en ta maison Sera comme une vigne Portant fruict à soison:
Et autour de ta table Seront tes enfans beaux, Commme un rang delectable D'oliviers tous nouveaux.
¶ Ce sont les benesices Dont sera jouïssant Celui qui fuyant vices Craindra $e Tout puissant.
De Sion Dieu sublime Te fera tant de bien, De voir Jerosolyme En tes jours aller bien.
¶ Et verras de ta race Double posterité, Et sur Israël grace, Paix, & felicité.

PSEAUME CXXIX.

Pseaume d'action de graces.
Saepe expugnaverunt, &c.

〈♫〉〈♫〉 DEs ma jeunesse ils m'ont fait mille assauts: 〈♫〉〈♫〉 Israël peut à cette heure bien dire, 〈♫〉〈♫〉 Dés ma jeunesse ils m'ont fait mille maux, 〈♫〉〈♫〉 Mais ils n'ont pû

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me vaincre ni destruire.
¶ J'en porte encor les marques jusqu'aux os: Tantiqu'à me voir semble qu'une charruë M'ait labouré tout au travers du dos, Trainant le soc sur ma pauvre chair nuë.
¶ Or le Seigneur qui tout fait justement, De ces méchans à coupé lé cordage: Puisse perir ainsi honteusement Quiconque veut à Sion faire outrage.
¶ Tel homme puisse à l'herbe ressembler Qu'on voit croissant dessus quelque muraille, Et y slestrir, sans que pour l'assembler Ni en cueillir quelque fruit on travaille.
¶ Jamais d'icelle on ne vid moissonne$$ S'en retourner aveques sa brassëe, Encore moins emporter le glaneur Dessous son bras quelque reste amassée.
¶ Jamais aussi ceux qui passent par là Ne vont disans, Le Seigneur vous beni$$ Au Nom de Dieu puissiez-vous en cela Belle moisson trouver, & bien fournie.

PSEAUME CXXX.

Pseaume de priere.
De profundis clamavi, &c.

〈♫〉〈♫〉 DU fonds de ma pensée: 〈♫〉〈♫〉 Au fonds de tous ennuis, 〈♫〉〈♫〉 A toi s'est a∣dressée 〈♫〉〈♫〉 Ma clameur jour & nuict.
〈♫〉〈♫〉 Enten ma voix plaintive, 〈♫〉〈♫〉 Seigneur, il est saison: 〈♫〉〈♫〉 Ton oreille ententive 〈♫〉〈♫〉 Soit à mon oraison.
¶ Si ta rigueur expresse En nos pechez tu tiens, Seigneur, Seigneur, qui est ce Qui demeura des tiens?
Or tu n'es point severe, Mais propice à merci: C'est pourquoi on revere Toi, & ta Loi aussi.
¶ En Dieu je me console, Mon ame s'y attend, En sa serme Parole Tout mon espoir s'étend.
Mon ame à Dieu regarde Matin & sans sejour, Plus matin que la garde Assise au poinct du jour.
¶ Qu'Israël en Dieu fonde Hardiment son appui: Car en Dieu grace abonde, Et secours est en lui.
C'est celui qui sans doute Israël jettera Hors d'iniquité toute, Et le rachetera.

PSEAUME CXXXI.

Pseaume de consolation.
Domine, non est exaltatum est cor.

〈♫〉〈♫〉 SEigneur, je n'ai point le coeur fier, 〈♫〉〈♫〉 Je n'ai point le regard trop haut, 〈♫〉〈♫〉 Et a rien plus grand qu'il ne faut 〈♫〉〈♫〉 Ne voulus jamais aspirer.
¶ Si je n'ai fait taire & donté De si pres tout mon appetit, Que je semble à l'enfant petit Qui de sa mere est delaicté:
¶ Si je ne suis, dis-je, rendu Pareil à l'enfant tout foiblet Auquel on a osté le laict, Content suis de n'estre entendu.
¶ Atten du Seigneur le soulas Jusques à perpetuïté: Et d'esperer en sa bonté Israël jamais ne soit las.

PSEAUME CXXXII.

Pseaume de priere.
Memento, Domine, David.

〈♫〉〈♫〉 VUeilles, Seigneur, estre recors, 〈♫〉〈♫〉 De David & de son tourment: 〈♫〉〈♫〉

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Lui qui à Dieu a fait serment, 〈♫〉〈♫〉 Dieu de Jacob, le fort des forts, 〈♫〉〈♫〉 Et fait voeu solennellement.
¶ Voilà que je promets, dit-il, Jamais en ma maison n'irai, Ni sur mon lictine monterai: Je ne clorrai jamais sourcil, Jamais les yeux ne fermerai.
¶ Que je ne trouve un certain lieu Qu'au Seigneur je puisse assigner, Et qu'un lieu ne voye ordonner, Où de Jacob le puissant Dieu Desormais vueisle sejourner.
¶ Or voilà donques nous avons Maintenant entendu où c'est: Sur tous lieux Ephrata te plaist, Et ta demeure nous trouvons Dedans le champ de la forest.
¶ Là nous irons te visiter Deyant le siege où tu veux seoir, De t'adorer ferons devoir. Sus donc, vien pour y habiter, Toi, & l'Arche de ton pouvoir.
¶ Soient de justice en bien vivant Vestus les Prestres de la Loi: Tes Saints soient loin de tout émoi, Soustien pour David ton servant Le Roi oinct & regnant par toi.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Dieu a juré en verité A David, voire & le fera, Disant, En ton trône sera Quelqu'un de ta posterité Que ma main y establira.
¶ Et si mon contract & mes dits, Ainsi que montrez leur seront, Tes enfans gardent, ils auront Encore ce bien, que leurs fils Sans fin en ton trône serront.
¶ Car Dieu a choist & voulu Sion, afin de s'y loger: Je ne veux plus, dit-il, changer: Ce lieu me plaist, je l'ai éleu, Afin de jamais n'en bouger.
¶ Ses pauvres soulerai de pains, De tous biens je les fournirai: Ses Prestres j'environnerai De mon salut & tous ses Saints A plein réjouïr je ferai.
¶ David y steurira par moi, Et sa cornē y élevera: Là dedans posée sera La lampe apprestée à mon Roi, Et sa clarté y donnera.
¶ Je veux de honte & deshonneur Envelopper ses envieux, Faisant sleurir devant leurs yeux Dessus son chef rempli d'honneur Son diadéme precieux.

PSEAUME CXXXIII.

Pseaume de doctrine.
Ecce quàm bonum, & quàm, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Combien est plaisant & souhaitable, 〈♫〉〈♫〉 De voir ensemble en con∣corde amiable 〈♫〉〈♫〉 Freres unis s'entretenir!
〈♫〉〈♫〉 Cela me fait de l'onguent souvenir 〈♫〉〈♫〉 Tant precieux, dont parfumer je voi 〈♫〉〈♫〉 Aaron le Prestre de la Loi.
¶ Et qui depuis la teste vient descendre Jusqu'à Ja barbe, & enfin se vient rendre Aux bords du sacré vestement.
Comme l'humeur se voit journellement Du mont Hermon, & Sion décourir, Et le païs d'embas nourrir.
¶ Ainsi pour vrai cette assemblée heu∣reuse Sent du Seigneur la saveur plantureuse, Voire pour jamais ne mourir.

PSEAUME CXXXIV.

Pseaume de doctrine.
Ecce nunc benedicite Dominum.

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〈♫〉〈♫〉 OR sus, serviteurs du Seigneur, 〈♫〉〈♫〉 Vous qui de nuit en son honneur 〈♫〉〈♫〉 Dedans sa maison le servez, 〈♫〉〈♫〉 Loüez-le, & son Nom elevez.
¶ Levez les mains au plus haut lieu De ce tres-sainc temple de Dieu, Et le los qu'il a merité Soit par vos bouches recité.
¶ Dieu qui a fait & entretient Et terre & ciel par son pouvoir, Du mont Sion, où il se tient, Ses biens te fasse appercevoir.

PSEAUME CXXXV.

Pseaume de doctrine.
Laudate nomen Domini.

〈♫〉〈♫〉 CHantez de Dieu le renom, 〈♫〉〈♫〉 Vous serviteurs du Seigneur: 〈♫〉〈♫〉 Venez pour lui faire honneur, 〈♫〉〈♫〉 Vous qui avez eu ce don 〈♫〉〈♫〉 D'estre habitans au milieu 〈♫〉〈♫〉 Des parvis de nostre Dieu.
¶ Loüez Dieu, car il est bon: Psalmodiez en son Nom, Car il est plaisant & doux. Il a choisi entre tous Jacob, & Israël pris Pour son tresor de grand prix.
¶ Car l'Eternel, sçai-je bien, Est si grand, que tous les dieux Aupres de lui ne sont rien: Qui fait en terre & és cieux, Voire aux goussres de la mer, Ce qu'il lui plaist consommer.
¶ Du bout de la terre en haut Il fait les nuës monter: Les éclairs, quand il le faut, Il fait en pluye éclater. Et sortir de ses tresors Les vents tant rudes & forts.
¶ D'Egypte les premiers nez Il a tué de ses mains, Soit qu'ils fussent les aisnez Du bestail ou des humains. Egypte, il t'a fait sçavoir Choses terribles à voir.
¶ Il a défait Pharaon, Et toutes ses legions, Occis Rois & nations, Témoin le fort Roi Sehon, Og le grand Roi de Basan, Et tous ceux de Chanaan.
¶ A son peuple d'Israël Il a leur païs cedé, Duquel il sut possedé En titre perpetuel. Ton Nom, Dieu plein de bonté, Dure à perpetuïté.
{inverted ⁂}
¶ De Dieu le Nom sleurissant D'âge en âge durera: Car l'Eternel Tout-puissant Son peuple gouvernera, Estant appaise de coeur Vers son pauvre serviteur.
¶ Les images des Gentils Ne sont rien qu'or & argent, Oeuvres d'hommes abrutis, Pour abuser mainte geut. Bouche elles ont sans mouvoir, Et des yeux pour ne rien voir.
¶ Sans ouïr oreilles ont, Et ne peuvent respirer. Tels seront ceux qui les font, Et qui les vont adorer: Et qui est fol jusques-là, De se fier en cela?
¶ Vous du Seigneur les enfans, Chantez le los du Seigneur: Enfans d'Aaron triomphans, Rendez à Dieu tout honneur: Vous de Levi la maison, Loüez-le en toute saison.
¶ Vous tous qui le reverez, Rendez son los solennel Soit haut loüé l'Eternel, Qu'en Sion vous adorez, Et qui veut pour n'en bouger En Jerusalem loger.

PSEAUME CXXXVI

Pseaume d'action de graces.
Consitemini Domino, &c.

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〈♫〉〈♫〉 LOüez Dieu tout hautement, 〈♫〉〈♫〉 Car il est doux & element: 〈♫〉〈♫〉 Et sa grand' benignité 〈♫〉〈♫〉 Dure à per pe tu ï te.
¶ Chantez le Dieu glorieux Elevé sur tous les dieux: Car sa grand' beniguité Dure à perpetuïté.
¶ Donnez gloire & tous honneurs Au grand Seigneur des seigneurs: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Donnez loüange à celui Qui fait grands faits sans autrui: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Il a les hauts cieux formez, Et par grand art consommez: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Il tient estendu sur l'eau De la terre le fardeau: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Es cieux tant bien composez: Les grands stambeaux a posez: Car sa grand' beniguité Dure à perpetuïté.
¶ Du Soleil a fait l'entour Pour dominer sur le $our: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Astres & Lune il conduit Pour dominer sur la nuit: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Ceux d'Egypte il a batus, Et leurs aisnez abbatus: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Il a retiré d'entr'eux Son Israël langoureux: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Par sa main & par l'essort De son bras puissant & fort: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
{inverted ⁂}
¶ De la mer les flots hideux Il a départis en deux: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Et par ses flots entassez $es enfans il a passez: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ En mer a versé le Roi Pharaon & son arroi: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Son peuple ainsi gouverné Par le desert a mené: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïte.
¶ Il a les Rois attrappez, Et pour son peuple trappez: Car sa grand' benignite Dure à perpetuïté.
¶ Il a par ses grands efforts Lui-mesme occis les plus forts: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Sa main a reduit à rien Schon Roi Amorrhéen: Car sa grand' beniguité Dure à perpetuïté.
¶ Il a par un mesme effet Le Roi de Basan défait: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Et le païs tant exquis Il a pour son peuple acquis: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Acquis, dis-je, à Israël En titre perpetuel: Car sa grand' benignité Dure à perpetuité.
¶ Tant plus grand mal nous avient, Tant plus de lui nous souvient: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ Et nous delivre des mains Des ennemis inhumains: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.
¶ C'est lui tout seul qui de fait Nourrit tout ce qu'il a fait: Car sa grand' benignité Dure à perçetuïté.
¶ Bref, du grand Dieu des hauts cieux Loüez le Nom precieux: Car sa grand' benignité Dure à perpetuïté.

PSEAUME CXXXVII.

Pseaume de complainte.
Super slumina Babylonis.

〈♫〉〈♫〉 EStans assis aux rives aquatiques 〈♫〉〈♫〉 De Babylon, pleurions melancoliques, 〈♫〉〈♫〉 Nous souvenan, du païs de Sion:
〈♫〉〈♫〉 Et au milieu de l'habitation, 〈♫〉〈♫〉 Où de

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regrets tant de pleurs épandismes, 〈♫〉〈♫〉 Aux saules verds nos harpes nous pen∣dismes.
¶ Lors ceux qui là captiss nous emmenerēt, De les sonner fort nous importunerent: Et de Sion les chansons reciter.
Las! dismes-nous, qui pourroit inciter Nos tristes coeurs à chanter la loüange De nostre Dieu en une terre estrange?
¶ Or toutefois puisse oublier ma dextre L'art de harper, avant qu'on te voye estre, Jerusalem, hors de mon souvenir:
Ma langue puisse à mon palais tenir, Si je t'oublie, & si jamais j'ai joye, Tant que premier ta delivrance j'oye.
¶ Mais dōc, Seigneur, en ta memoire imprime Les fils d'Edom, qui sur Jerosolyme Crioient au jour que l'on la destruisoit:
Souvienne-toi qu'un chacun d'eux disoit, A sac, à sac, qu'elle soit embrasée, Et jusqu'au pied des fondemens rasée.
¶ Aussi seras, Babylon, mise en cendre, Et tres-heureux qui te sçaura bien rendre Le mal dōt trop de prés nous viens toucher.
Heureux celui qui viendra arracher Les tiens enfans de ta mammelle impure, Pour les froisser contre la pierre dure.

PSEAUME CXXXVIII.

Pseaume d'action de graces.
Confitebor tibi Domine, &c.

〈♫〉〈♫〉 IL faut que de tous mes esprits, 〈♫〉〈♫〉 Ton los & pris 〈♫〉〈♫〉 J'exalte & prise:
〈♫〉〈♫〉 Devant les grands me presenter 〈♫〉〈♫〉 pour te chanter 〈♫〉〈♫〉 J'ai fait emprise.
〈♫〉〈♫〉 En ton saint Temple adorerai, 〈♫〉〈♫〉 Celebrerai 〈♫〉〈♫〉 Ta renommée,
〈♫〉〈♫〉 Pour l'amour de ta grand' bonté 〈♫〉〈♫〉 Et feauté 〈♫〉〈♫〉 Tant estimée.
¶ Car tu as fait ton Nom tres-grand, En te montrant Vrai en paroles.
Dés que je crie tu m'entens Quand il est temps Mon coeur consoles.
Dont les Rois de chacun païs Fort ébahis, T'ont loüé, Sire,
Apres qu'ils out connu que c'est Un vrai arrest Que de ton dire.
¶ Et de Dieu, ainsi que je fais, Chantent les faits A sa memoire:
Confessans que du Tout-puissant Resplendissant Grande est la gloire:
De voir ci bas tout ce qu'il faut De son plus haut Trône celeste:
Et de ce qu'estant si lointain, Grand & hautain Se manifeste.
¶ Si au milieu d'adversitê Suis agité, Vif me preserves:
Sur mes ennemis inhumains Jette les mains, Et me conserves.
Et parseras mon cas tout seur, Car ta douceur Jamais n'abaisses:
Ce qu'une fois as commencé Et avancé Tu ne delaisses.

PSEAUME CXXXIX.

Pseaume de consolation.
Domine, probasti me, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, tu connois qui je suis, 〈♫〉〈♫〉 Tu sçais tout cela que je puis: 〈♫〉〈♫〉

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Soit que sois assis ou debout, 〈♫〉〈♫〉 Tu me connois de bout en bout: 〈♫〉〈♫〉 Et n'ai nul∣le chose conceuë, 〈♫〉〈♫〉 Que n'ayes de loin appercenë.
¶ Soit que je marche ou sois couché Je te voi soudain approché: De ma vie tout le sentier T'est dés long-temps tout coûtumier: Je n'ai pas le mot sur la langue, Que déja tu sçais ma harangue.
Derriere & devant tu me tiens Environné de tes liens: Tu as posé sur moi ta main: Ton sens est pour moi trop hautain: Et ne pourrois de ta sagesse Jamais atteindre la hautesse.
¶ Si ton esprit veut m'attraper, Où irai-je pour échàper? Où m'ensuirai-je devant toi? M'ensuyant aux cieux je t'y voi: Et si dans les abysmes j'entre Je t'y trouverai jusqu'au centre.
¶ Pose que j'attache à mon corps, Afin d'aller jusques aux bords De l'Ocean faire sejour, Les ailes de l'aube du jour: Ta main, s'il te plaist, de l'estendre Viendra m'y poursuivre & m'y prendre.
¶ Si je dis, La nuit pour le moins Me couvrira à tous témoins, Au lieu de jour me servira: La nuit point ne me couvrira: Car la nuit t'est splendeur entiere, Et tenebres te sont lumiere.
¶ Car mes reins jusqu'au plus prosond Sont à toi, qui m'as dans le fond Du ventre dont je suis sorti Couvert toi mesmes & basti: Et certes d'un cas tant estrange A jamais te rendrai loüange.
{inverted ⁂}
¶ Pour vrai merveilleux sont tes faits, Et pour ce austi de tes effets Mon coeur pourchasse le sçavoir: La vigueur que je puis avoir Ne t'est cachée ni secrete, Car en lieu secret tu l'as faite.
¶ Tu m'as tissu & façonné Es cavernes dont je suis né: Tes yeux m'ont veu tout imparfait: Un $eul membre n'en estoit fait, Qu'en ton livre estoit toute écrite L'oeuvre que le temps a produite.
¶ O combien me sont precieux Tes conseils! ô combien d'iceux La somme est sorte à projetter! Car si je les veux tous conter, Il s'en trouvera davantage Que de sablon sur le rivage.
¶ Eucore suis-je apres ton conseil Un chacun jour à mon réveil: O Eternel, quand tu voudras Tuër le méchant par ton bras, Alors, ô toi, bande meurtriere, Tire toi hardiment arriere.
¶ Je dis tes ennemis, Seigneur, Qui ont blasonnné ton honneur, Et qui s'élevent faussement. O Seigneur, je hai voirement Tes haineux: & qui t'est contraire, Ne l'ai-je pas pour adversaire?
¶ Je les hais tous totalement, Et les estime entierement Pour mes ennemis à jamais. O Dieu, pren mon coeur, & le mets A l'épreuve, afin de connaistre Entierement quel il peut estre.
¶ Fai l'experience de moi, Sonde bien mon coeur, & le voi: Voi si je me suis arresté Au chemin de méchanceté: Que ta bonté où me je fonde Me guide és sentiers de ce monde.

PSEAUME CXL.

Pseaume de priere.
Eripe me, Domine, &c.

〈♫〉〈♫〉 O Dieu, donne moi delivrance 〈♫〉〈♫〉 De cét homme pernicieux, 〈♫〉〈♫〉 Preserve moi de la nuisance 〈♫〉〈♫〉 De cét homme malicieux.
¶ Lui & les siens qui lui ressemblent Brassent en leur coeur mille maux, Et me preparent & assemblent Tous les jours combats tous nouveaux.
¶ Leurs fausses langues outrageuses Ils affilent comme un serpent, Et sous leurs levres venimeuses Venin de vipere s'épand.
¶ Garde moi de la main cruelle Du méchant: preserve mes pas De l'outrageux, qui par cautelle Me veut precipiter en bas.
¶ Les orgueilleux m'ont par sinesse. Leurs pieges & rets estendus, Et par la voye où je m'adresse Leurs trébúchets ils ont tendus.
¶ Lors j'ai dit en ferme fiance, Tu es mon Dieu, ô Eternel, Vueilles ottroyer audiance A ma clameur, Dieu supernel.

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¶ Dieu mon maistre & mes fortes armes Pour me garder en tout méchef. C'est toi qui au jour des alarmes As couvert & muni mon chef.
¶ N'ottroye aux méchans qui me grevent, Seigneur, l'esset de leurs desirs: Et ne souffre point qu'ils s'elevent, Amenans à fin leurs plaisirs.
¶ Le chef de cette compagnie Qui m'enclost puisse recevoir Sur soi l'ennui & fascherie Que sa langue m'a fait avoir.
¶ Charbons leur tombent sur la teste, Dieu les abysme tellement Par sa foudroyante tempeste, Qu'ils n'en relevent nullement.
¶ L'homme pervers en son langage Sur terre établi ne sera: L'homme adonné à faire outrage, Le mal qu'il fait le chassera.
¶ Je sçais que Dieu fera justice A celùi qui est affligé: Et qui fait au pauvre injustice Un jour par lui sera jugé.
¶ Pour vrai ton Nom plein d'excellence, Seigneur, les justes chanteront, Et pour jamais en ta presence Les droituriers habiteront.

PSEAUME CXLI.

Pseaume de priere.
Domine, clamavi ad te.

〈♫〉〈♫〉 O Seigneur, à toi je m'écrie, 〈♫〉〈♫〉 Plaise toi donques te haster, 〈♫〉〈♫〉 Et vueilles ma voix écouter: 〈♫〉〈♫〉 Car c'est toi qu'en criant je prie.
¶ Mon oraison à toi se rende Comme le parsum de l'encens: Reçoi mes mains que je te tends, Ainsi que du velpre l'offrande.
¶ Serre, Seigneur, en telle sorte De mes deux levres tout l'enclos, Et retien leur guichet tout clos, Si fermement que mal n'en sorte.
¶ N'encline point mon coeur aux vices Pour commettre méchanceté Avec ces gens d'iniquité, Ou pour gouter de leurs delices.
¶ Que sur moi le juste tempeste, Si me sera-t'il toûjours doux: Et non plus que baume ses coups Jamais ne blesseront ma teste.
¶ Mais quoi? encore quelque espace, Et je verrai ces mal heureux Si miserables, que pour eux Il faudra que priere face.
¶ Quand leurs gouverneurs execrables Du haut en bas seront jettez, Lors seront mes dits écoutez, Comme benins & amiables.
¶ Comme en fendant ou bois ou pierre Tout vole en pieces & morceaux, Ainsi tout joignant nos tombeaux Nos os épars gisent par terre.
¶ Mon Dieu, quelque assaut qu'on me baille Je tiens mes yeux fichez sur toi: Tu es mon espoir & ma foi. Ne permets que le coeur me faille.
¶ Garde moi d'estre pris au piege Que ces mal-heureux m'ont tendu, Et du rets que m'a estendu La fausse bande qui m'assiege.
¶ Mais le Seigneur d'un coup attrape En ces filets tous ces pervers, Et cependant tout au travers, Voire sain & sauf j'en échappe.

PSEAUME CXLII.

Pseaume de priere.
Voce mea ad Dominum, &c.

〈♫〉〈♫〉 J'Ai de ma voix à Dieu crié, 〈♫〉〈♫〉 J'ai de ma voix mon Dieu prié, 〈♫〉〈♫〉 J'é∣pans tout mon coeur devant lui, 〈♫〉〈♫〉 Et lui declare mon ennui.
¶ Quoi qu'en moi de douleur épris S'envelopent tous mes esprits, Tu sçais l'endroit par où je doi Sortir des lieux où je me voi.
¶ Par les chemins où j'ai passé Leur trébuchet ils m'ont dressé: Et quand çà & là j'ai tout veu Nul ami ne m'a reconnu.
¶ Bref, tout moyen me semble osté D'échaper de quelque costé: Et ne se peut un seul trouver Qui ait souci de me sauver.
¶ Seigneur, je t'adresse mon cri, Tu es mon espoir, je le di: En tout le monde il n'y a rien Fors que toi où gise mon bien.
¶ Enten ma clameur, car je suis Tant accablé que plus n'en puis: Garde moi des malicieux Qui sont sur moi victorieux.
¶ Tire moi de cette prison, Afin que je chante ton Nom: Et les bons m'environneront Quand en moi tes biens ils verront.

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PSEAUME CXLIII.

Pseaume despriere.
Domine, exaudi orationem

〈♫〉〈♫〉 SEigneur Dieu, oi l'oraison mienne, 〈♫〉〈♫〉 Jusqu'à tes oreilles parvienne 〈♫〉〈♫〉 Mon humble supplication, 〈♫〉〈♫〉 Selon la vraye merci tienne, 〈♫〉〈♫〉 Répon moi en affliction.
¶ Avec ton serviteur n'estrive, Et en plein jugement n'arrive Pour ses offenses lui prouver: Car devant toi homme qui vive Juste ne se pourra trouver.
¶ Las! mon ennemi m'a fait guerre, A prosterné ma vie en terre, Encor ne lui est pas assez: En obscure fosse il m'enserre Comme ceux qui sont trépassez.
¶ Dont mon ame ainsi empressée De douleur se trouve oppressée, Pensant que m'as abandonné: Je-sens dedans moi ma pensée Troublée, & mon coeur estonné.
¶ En cette fosse obscure & noire Des jours passez j'ai eu memoire: Là j'ai tes oeuvres meditez, Et pour consort consolatoire Les faits de tes mains recitez.
¶ Là dedans à toi je soûpire, A toi je tends mes mains, ô Sire, Et mon ame en sa grand' clameur A soif de toi & te desire, Comme seche terre l'humeur.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Haste toi, sois moi secourable, L'esprit me faut: de moi coupable Ne cache ton visage beau: Autrement je m'en vais semblable A ceux qu'on devale au tombeau.
¶ Fai moi done ouïr de bonne heure Ta grace, car en toi m'asseure: Et du chemin que tenir doi Donne moi connoissance seure, Car j'ai levé mon coeur à toi.
¶ O Seigneur Dieu, mon esperance, Donne moi pleine deliviance De mes poursuivans ennemis, Puis que chez toi pour asseurance Je me suis à resuge mis.
¶ Enseigne moi comme il saut faire Pour bien ta volonté parfaire, Car tu es mon vrai Dieu entier: Fait que ton Esprit debonnaire Me guide & meine au droit sentier.
¶ O Seigneur, en qui je me fie, Restaure moi & vivisie Pour ton Nom craint & redouté: Retire de langueur ma vie, Pour montrer ta juste bonté.
¶ Tous les ennemis qui m'assaillent, Fai par ta merci qu'ils defaillent, Et ren consondus & destruits Tous ceux qui ma vie travaillent, Car ton humble serviteur suis.

PSEAUME CXLIV.

Pseaume d'action de graces.
Benedictus Dominus Deus.

〈♫〉〈♫〉 LOüé soit Dieu ma force en tous alarmes, 〈♫〉〈♫〉 Qui duit mes mains à ma∣nier les armes. 〈♫〉〈♫〉 Et rend mes doigts habiles aux combats: 〈♫〉〈♫〉 Sa grand' bonté est sur moi haut & bas.
〈♫〉〈♫〉 C'est mon chasteau, mon roc, ma delivrance: 〈♫〉〈♫〉 C'est mon bouclier, c'est ma seule esperance: 〈♫〉〈♫〉 C'est lui qui a malgré tous en∣nemis, 〈♫〉〈♫〉 Ce peuple mien à mon pouvoir soûmis.

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¶ Qu'est-ce de l'homme, ô Dieu & de son estre, Que ta bonté le daigne reconnaistre? Qu'est-ce de l'homme & de sa race aussi, Pour l'estimer digne de ton souci?
Tout bien conté, l'hōme est si perissable, Qu'il n'est à rien qu'à un rien comparable: Et ses beaux jours, tous apparensqu'ils sont, Soudain & tost cōme une ombre s'en vont.
¶ Baisse, Seigneur, tes hauts cieux pour de∣scendre, Frape les monts, fai-les fumer & fendre, Lance l'éclair, dissipe ces pervers, Lasche tes traits, romps-les tout au travers.
Ten-moi d'enhaut ta main qui me délivre De ces grand's eaux, ren moi sain & délivre D'entre les mains & terribles dangers De ces enfans bastards & estrangers.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Car de leur bouche ils ont dit menterie, Et leur main est la main de tromperie, Chanson nouvelle, ô Dieu, je te dirai, Sur harpe & luth ton los j'entonnerai.
C'est toi, ô Dieu, qui sauves & qui gardes Les Rois puissans: c'est$toi qui contregardes David ton serf de ces glaives trenchans Qu'avoient sur lui dégainé les méchans.
¶ Délivre-moi, & de la main me garde De cette race estrangere & bastarde, Car de sa bouche elle a dit faussete, Et sa main est la main de lascheté.
Nos fils, Seigneur, soient ainsi que des plantes Dés leur tendreur robustes & puissantes: Nos filles soient des pilliers hauts & droits, Tels qu'on peut voir aux maisons des grands Rois.
¶ De tous anglets toutes especes sortent: Quant aux brebis par milliers elles por∣tent: Et du bessail puissent les legions Par les citez aller par millions.
Nos boeufs puissans tirent tout à leur ai∣se: En nos citez n'y ait aucun mes-aise: Ne soit besoin de sa maison sortir. Nul cri d'essroi n'y puisse retentir.
¶ O bien-heureux le peuple à qui Dieu donne Tranquillité si heureuse & si bonne! Heureux pour vrai se peut bien renommer, Qui pour son Dieu l'Eternel peut nommer.

PSEAUME CXLV.

Pseaume d'action de graces.
Exaltabo te Deus meus.

〈♫〉〈♫〉 MOn Dieu, mon Roi, haut je t'éleverai, 〈♫〉〈♫〉 Et ton Nom saint sans fin je benirai: 〈♫〉〈♫〉 Je veux ton los chacun jour publier, 〈♫〉〈♫〉 Et pour jamais ton Nom glorifier.
〈♫〉〈♫〉 Le Seigneur est tres-grand & admirable, 〈♫〉〈♫〉 Et sa grandeur n'est à nous comprenable: 〈♫〉〈♫〉 De pere en fils ses faits on magnifie, 〈♫〉〈♫〉 Et sa puissance entre iceux se publie.
¶ Penser ne veux qu'à la gloire & splen∣deur De ta hautesse, & à cette grandeur Dont va parlant, ô Dieu tres-glorieux, Tout ton ouvrage exquis & merveilleux.
Tes faits, Seigneur, portent seur témoi∣gnage De ta puissance en maint terrible ouvrage: Moi donc aussi ferai devoir sans cesse De celebrer avec eux ta hautesse.
¶ Du souvenir de ta bonté, Seigneur, Chacun d'iceux est tres-prompt enseigneur, Et tout le cours par eux nous est conté De ta constante & ferme loyauté.
Dieu est benin & de douceur immense, Tardis à ire, & tout plein de clemence, Doux envers tous: & sur toute son oeuvre Ses grand's pitiez à toute heure il decoeuvre.
{inverted ⁂} {inverted ⁂}
¶ Or donc, Seigneur, tout ce que tu as fait Te donne los d'un ouvrier tout parfait: Mais entre tout l'ouvrage de tes mains, Tu es benit & loüé de tes Saints.
De ton royaume ils annoncent la gloire$ Et publians ta puissance notoire, A tous humains ta force ils font connoistre, Et la grandeur de ton regne apparoistre.
¶ Ton regne, ô Dieu, est un regne à to$|jours, Et ton empire à jamais à son cours: Ta main soustient ceux qui s'en vont tōber, Releve ceux qu'on voit ja succomber.
A toi, Seigneur, s'attend ta creature, Et en son temps tu lui donnes pasture: Ouvrant ta main par ta faveur tres-grande, Tous animaux tu fournis de viande.

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¶ Le Seigneur est tres-juste en tous ses faits, Et tres-benin és oeuvres qu'il a faits: Il est prochain de celui qui le quiert, Et d'un vrai coeur l'invoque & le requiert.
A ceux qui l'ont en crainte & reverence De leurs desirs donra l'experience: A leurs clameurs l'oreille il viendra tēdre, Et de tous maux les garder & defendre.
¶ Dieu pour certain garde tous ses amïs, Et destruira ses pervers ennemis. Ma bouche donc sa loüange dira, Et toute chair sans fin le benira.

PSEAUME CXLVI.

Pseaume d'action de graces.
Lauda, anima mea Dominum.

〈♫〉〈♫〉 SUs, mon ame, qu'on benie, 〈♫〉〈♫〉 Le Souverain: car il faut 〈♫〉〈♫〉 Tant que du∣rera ma vie, 〈♫〉〈♫〉 Que je loüe le Tres-haut: 〈♫〉〈♫〉 Et tant que je durerai, 〈♫〉〈♫〉 Pseaumes je lui chanterai.
¶ Ne mettez vostre asseurance En nul Prince terrien, N'ayez en l'homme esperance Qui au besoin ne peut rien: Quand son soussle s'en ira, En terre il retournera.
¶ Avec lui mainte entreprise S'évanouïra soudain. Heureux auquel favorise Du Dieu de Jacob la main, Et qui a pour tout secours A l'Eternel son recours.
¶ C'est lui qui par sa puissance A fait la terre & les cieux, Et la mer & l'abondance De ce qui est en iceux Et maintient sa verité Jusqu'à perpetuïté.
{inverted ⁂}
¶ Ceux ausquels ont fait injure Il vient defendre d'enhaut: Il donne à ceux nourriture Ausquels le vivre defaut: Et par lui sont déliez Ceux qu'on tenoit bien liez.
¶ A ceux-là qui rien ne voyent L'Eternel donne des yeux: De redresser ceux qui ployent L'Eternel est curieux: L'Eternel aime & soustient Qui justement se maintient.
¶ L'Eternel dessous sa garde Defend le pauvre estranger: Garantit & contregarde L'orphelin en tout danger: Envoye aux veuves support, Gardant qu'on leur fasse tort.
¶ Les méchans il sçait destruire Et renverser tous leurs tours: L'Eternel en son empire Est permanent à toûjours. Sion, ton Dieu voirement Demeure eternellement.

PSEAUME CXLVII.

Pseaume d'action de graces.
Laudate Dominum, quoniam, &c.

〈♫〉〈♫〉 LOüez Dieu, car c'est chose bonne 〈♫〉〈♫〉 Qu'à nostre Dieu loüange on don∣ne: 〈♫〉〈♫〉 C'est, dis-je, une chose plaisante 〈♫〉〈♫〉 De le loöer & bien-seante:
〈♫〉〈♫〉 Puis que c'est lui qui de sa grace 〈♫〉〈♫〉 Sa Jerusalem a bastie, 〈♫〉〈♫〉 Il convient aussi qu'il ramasse 〈♫〉〈♫〉 Sa gent çà & là departie.
¶ Il guerira ceux qui defaillent Pour les grands maux qui les travaillent, Et mettra dessus leurs blosseures Bonnes medecines & seures.
Car il $çait mesmes des estoilles Entierement toute la somme:

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Et n'y a pas une d'icelles Que selon leurs noms il ne nomme.
¶ Pour vrai nostre Seigneur & maistre Est le plus grand qui pourroit estre, Et d'une force tres-immense, Et d'une infinie prudence.
L'Eternel consorte & soulage Ceux qu'assliction tient en serre, Et des méchans toute la rage Rabaisse & renverse par terre.
¶ Sus donc, que sa loüange on die, Qu'à nostre Dieu on psalmodie, Qui remplit le ciel de broüées, Et le couvre tout de nuées:
Et puis sa pluye goutte à goutte Dessus les terres en degoutte, Pour faire croistre les herbages Jusques és monts les plus sauvages.
{inverted ⁂}
¶ Au bestail il donne pasture, Aux corbillats leur nourriture, Craquetans en leur nid sans cesse De necessité qui les presse.
Dieu ne prend plaisir à la taille D'un fort cheval pour la bataille: La jambe viste & diligente D'un coureur point ne le contente.
¶ Mais il prend son éjouïssance En ceux qui craignent sa puissance, Et qui totalement dependent De sa clemence qu'ils attendent.
Toi Jerusalem cite sainte, Celebre l'Eternel en crainte: Et de ton Dieu Sion la belle, Chante la loüange immortelle.
¶ Car c'est lui qui munit tes portes De verroux & barres tres fortes, Et mesme au milieu de tes places Fournit tes enfans de ses graces.
C'est lui qui par ses exercites Nourrit la paix en tes limites: C'est lui qui t'emplit & engraisse De tout le plus beau blé qui naisse.
¶ C'est, lui qui sa parole en voye Par la terre, & soudain envoye On voit courir devant sa face Son dire tout plein d'efficace.
C'est lui qui couvre mont & plaine De neige à floquets comme laine, Et qui vient la bruïne épandre Tout aussi menu comme cendre.
¶ C'est lui par sequel sont lancées A gros billots les eaux glacées: Et qui sera de peau si dure, Qu'il puisse endurer sa froidure?
Mais sa glace est soudain fonduë Qu'elle a sa parole entenduë, Et dés la premiere sousslée De son vent l'eau est écoulée.
¶ Quoi plus? c'est lui qui maniseste A Jacob son vouloir celeste, Et de toute sienne ordonnance Donne à Israël connoissance.
Tous peuples du monde habitable N'ont pas un traittement semblable, Car ses ordonnances sacrées Il ne leur a point declarées.

PSEAUME CXLVIII.

Pseaume d'action de graces.
Laudate Dominum de coelis.

〈♫〉〈♫〉 VOus tous les habitans des cieux, 〈♫〉〈♫〉 Loüez hautement le Seigneur: 〈♫〉〈♫〉 Vous les habitans des hauts lieux, 〈♫〉〈♫〉 Chantez hautement son honneur.
〈♫〉〈♫〉 Anges, chantez sa renommée: 〈♫〉〈♫〉 Loüez-le, toute son armée, 〈♫〉〈♫〉 Lune & Soleil, loüez son Nom: 〈♫〉〈♫〉 Esto$les, chantez son renom.
¶ Loüez-le vous cieux les plus hauts: Loüez-le, nuës pleines d'eaux: Bref, tout l'ouvrage supernel Louë le Nom de l'Eternel.
Car apres sa parole dite, Cette oeuvre fut faite & construite, Et le tout il a mesuré D'un cours à toujours asseuré.
¶ Il en a fait un mandement Qui se garde infailliblement: Balaines aussi avec eux, Loüez-le au prosond de vos creux.
Feux, gresle, neige, & glaces froides. Vents de tempeste forts & roides, Executans sa volonté, Preschez le los de sa bonté.
¶ Loüez son Nom, monts & cossaux, Arbres fructiers, cedres tres-hauts, Bestes sauvages sans raison, Et tout bestail de la maison.
Bestes sur la terre rampantes, Bestes parmi le ciel volantes, Rois & peuples de toutes parts, Princes & Gouverneurs épars.
¶ Filles, enfans, jeunes & vieux Chantez son los à qui mieux mieux: Car son seul Nom est haut levé, Et sur terre & cieux eleve.

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De ses Saints la corne a haussée, Dont leur loüange est avancée: D'Israël, dis-je, par exprés, Peuple qui lui touche de prés.

PSEAUME CXLIX.

Pseaume d'action de graces.
Cantate Domino canticum.

〈♫〉〈♫〉 CHantez à Dieu chanson nouvelle, 〈♫〉〈♫〉 Et sa loüange solennelle, 〈♫〉〈♫〉 Des bons parmi la compagnie 〈♫〉〈♫〉 Maintenant soit ouye.
〈♫〉〈♫〉 Israël s'égaye en son coeur 〈♫〉〈♫〉 De l'Eternel son Createur: 〈♫〉〈♫〉 Et d'un tel Roi soient triomphans 〈♫〉〈♫〉 De Sion les enfans.
¶ Son Nom sur la slute s'entonne, Qa'au tambour chanson ou lui sonne. Et dessus la harpe accordante Sa loüange se chante.
Car Dieu en sa gent prend plaisir, Laquelle il a voulu choisir: Et les petits honorera Des biens qu'il leur fera.
¶ Un jour auront ses debonnaires Plaisirs & joyes ordinaires, Voire en leurs licts chanter de joye Il faudra qu'on les oye.
De Dieu en leur gosier auront Les loüanges: & porteront Dedans leur main, chantant leurs chants Un glaive à deux tranchans:
¶ A sin de destruire & defaire T$ute nation adversaire, Et punir leur outrecuidance D'une juste vengeance.
Voire pour mener prisonniers Leurs Rois & Princes les plus fiers, Et dedans leurs seps bien serrez Les tenir enserrez:
¶ En les punissant de la sorte Que leur sentence écrite porte, Telle est de ses Saints l'excellence Et la magnificence.

PSEAUME CL.

Pseaume d'action de graces.
Laudate Dominum in sanctis.

〈♫〉〈♫〉 OR soit loüé l'Eternel 〈♫〉〈♫〉 De son saint lieu supernel: 〈♫〉〈♫〉 Soit, dis-je, tout hautement 〈♫〉〈♫〉 Loüé de ce firmament
〈♫〉〈♫〉 Plein de sa magnificence. 〈♫〉〈♫〉 Loüez∣le tous ses grands faits: 〈♫〉〈♫〉 Soit loüé de tant d'effets, 〈♫〉〈♫〉 Témoins de son ex∣cellence.
Soit joint avecques la voix le plaisant son du haut-bois: Psalterions à leur tour, Et la harpe & le tambour
Haut sa loüange resonnent. Phifres éclatent leur ton, Orgues, musette, & bourdon D'un accord son los entonnent.
¶ Soit le los de sa bonté Sur les cymbales chanté, Qui de leur son argentin Son Nom sans cesse & sans sin
Fassent retentir & bruire, Bref, tout ce qui a pouvoïr De souster & se mouvoir, Chante à jamais son empire.
FIN DES PSEAUMES.
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