¶ Seigneur, sai marcher ta puissance
Devant $phraïm, & t'avance
Vers Manasl'é & Benjamin:
Radresse vers $ ous ton chemin,
Afin que parmi ces assauts
Soyons garentis de tous maux.
¶ O Dieu qui vois comme on nous mene,
Fai que ta bonté nous ramene:
Fai luire sur nous de tes yeux
Le regard doux & gracieux:
Et nous voil$ hors de tourment
Par un doux regard seulement.
¶ Jusques à quand, Dieu des armées,
Seront tes fureurs allumées
Contre la priere des tiens?
Tu nous as au lieu de tes biens
Repeus d'angoisses & douleurs,
Tu nous as abreuvez de pleurs.
¶ Tu nous as contre nos plus proches
Mis en quer$lles & reproches:
Nos haincux s'en moquent bien fort,
Rallie nous, ô Dieu tres-fort:
Fai luire sur nous ta clarté,
Et nous serons a sauveté.
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Jadis ta vigne as transportée
Hors de l'Egypte, & l'as plantée
Au lieu dont maint peuple as chassé,
Tu lui as son lieu agencé,
Si que de ces bourgeons tous verds
On a veu les champs tous couverts.
¶ On a veu des monts l'estenduë
Cachée en son ombre epanduë,
Et ses rameaux haut forjettez
Comme les cedres hauts montez,
Et ses jettons loin épandus
Du sleuve à la mer estendus.
¶ D'où vient qu'ayant rompu sa haye,
Tu l'as aux passans mis en proye?
D'où vient que les sangliers des bois
L'ont toute gastée à la fois?
Pourquoi des champs les animaux
Ont ils devore ses rameaux?
¶ O Dieu des armées, retourne,
Et que d'erhaut ton oeil se tourne
Pour cette vigne visiter
Que ta main a daigné planter:
Ce provin, dis-je, cultivé,
Pour rendre ton Nom elevé.
¶ Las! elle est en cen $re reduite,
Elle est entierement destruite,
Tous p$rissent par ton courroux.
Esten ta main, ô Dieu tres-doux,
Sur l'homme à ton bras appuyé,
Et que tu t'es fortisié.
¶ Lors nous n'aurons jamais envie
De te laisser. Ren-nous la vie,
Et nous chanterons ton honneur
Restabli-nous, dis-je, S$igneur:
Fai luire sur nous ta clarté,
Et nous ferons à fauveté.