Logick, or, The key of sciences, and the Moral science, or, The way to be happy the former directing our understanding how to reason well of all things, and the latter guiding our will to an honest and vertuous life : both very useful to learn French and English / by Peter Berault.

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Title
Logick, or, The key of sciences, and the Moral science, or, The way to be happy the former directing our understanding how to reason well of all things, and the latter guiding our will to an honest and vertuous life : both very useful to learn French and English / by Peter Berault.
Author
Berault, Peter.
Publication
London :: Printed by Thomas Hodgkin,
1690.
Rights/Permissions

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Subject terms
Logic -- Early works to 1800.
Ethics -- Early works to 1800.
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http://name.umdl.umich.edu/A27445.0001.001
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"Logick, or, The key of sciences, and the Moral science, or, The way to be happy the former directing our understanding how to reason well of all things, and the latter guiding our will to an honest and vertuous life : both very useful to learn French and English / by Peter Berault." In the digital collection Early English Books Online 2. https://name.umdl.umich.edu/A27445.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed June 18, 2024.

Pages

Des Arguments Captieux, ou Sophismes.

Tout ainsi que pour combatre sans dan∣ger, il ne suffit pas d'avoir des Armes of∣fensives, comme Epée, Pique, Pistolet & Mousquet, mais il faut aussi avoir des de∣fensives, comme Bouclier, Cuirasse, & Casque: De même pour bien raisonner, il ne suffit pas de sçavoir tous les Preceptes de faire de bons Arguments, pour convaincre les autres, il faut encore sçavoir les moyens de se deffendre des surprises, & tromperies de nos Adversaires.

Q. Combien y a t-il de sortes d'Argu∣ments Captieux?

R. Il y en a de plusieurs sortes, par E∣quivocation, par Amphibologie, par Con∣jonction,

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par Division, par Diction, & par Consequence ou Conclusion.

Q. Qu'est ce qu'un Argument Captieux par Equivocation?

R. C'est quand on se sert d'un Terme, qui signifie plusieurs choses; comme

Le chien jappe,

Un Astre est un chien,

Donc un Astre jappe.

Q. Qu'est ce qu'un Argument captieux par Amphibologie?

R. C'est quand le sens est douteux, & confus, comme

Aio te, Aeacida, Romanos vincere posse.

On ne peut pas dire par ce vers qui sera victorieux.

Q. Qu'est ce qu'un Argument Captieux par Conjonction?

R. C'est quand nous colligeons une Con∣jonction fausse des choses qui sont vrayes pri∣ses separement; comme

Annibal est mauvais,

Annibal est Capitaine,

Donc Annibal est mauvais Capitaine.

Q. Qu'est ce qu'un Argument trompeur par Division?

R. C'est quand on attribue aux choses divisées, ce qui ne leur convient que pendant leur union; comme

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Trois & quatre sont nombre pair & im∣pair,

Trois & quatre sont sept,

Donc Sept est un nombre pair & impair.

Q. Qu'est ce qu'un Argument captieux par Diction?

R. C'est quand les mots Signifient autre chose dans la Conclusion, qu'ils ne font dans l'une des Propositions precedentes, passant d'un genre à un autre; comme

Ce que vous avez acheté vous l'avez mangé,

Vous avez acheté de la chair crue,

Donc vous avez mangé de la chair crue.

Q. Donnez moy des Exemples des Argu∣ments captieux par la Consequence, ou Con∣clusion.

R. Il ne faut point faire d'Images pour les adorer,

Donc il ne faut point faire d'Images.

Il ne faut point aller à l'Eglise pour ne∣gocier,

Donc il ne faut point aller à l'Eglise.

Ces Arguments sont faux, parce qu'il n'y a pas tant en la Conclusion, que dans la Proposition precedente.

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Qui te dit être Animal, dit vray,

Qui te dit être Asne, te dit Ani∣mal,

Donc qui te dit etre Asne, dit vray.

Cette conclusion n'est pas bonne, parce∣qu'Animal est plus étendu qu'Asne.

Tu ne sçais pas ce que je te veux de∣mander,

Je te veux demander ton nom,

Donc tu ne sçais pas ton Nom.

Cette Conclusion n'est pas bonne, car quoyque je ne sçache pas determinement ce que tu me veux demander, avantque tu me le demandes, touttefois je le puis sçavoir.

Cette Esclave est tienne,

Cette Esclave est Mere,

Donc cette Esclave est ta Mere.

Cette Conclusion ne vaut rien, d'autan∣que ces accidents conviennent au Sujet sepa∣rément, mais non conjointement; & par∣ce que de deux Propositions Particulieres, on ne peut rien conclure de vray.

Ange n'a que deux Syllabes,

Lucifer est Ange.

Donc Lucifer n'a que deux Syl∣labes.

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Animal est Genre,

L'homme est Animal,

Donc l'homme est Genre.

Ces Conclusions ne sont pas bonnes, parcequ' homme & Animal sont pris dans un sens dans la Majeure, & dans un autre dans la Mi∣neure.

Ces deux Tableaux sont egaux en largeur, & inegaux en longueur,

Donc ces deux Tableaux sont egaux & inegaux,

Alexandre êtant yvre est furieux,

Alexandre êtant sobre est Sage,

Donc Alexandre est furieux, & sage.

Ces Conclusions sont bonnes, sub diverso respectu, sed non sub eodem. C'est à dire sous un different respect, mais non sous le même. Cette fallace s'appelle fallacia Compositionis & Divisionis.

Q. Qu'est ce que la Fallace a dicto se∣cundum quid ad dictum simpliciter?

R. C'est quand on attribue absolument à quelqu'un ce qui ne luy convient qu'en par∣tie, comme

Le More a les dents blanches,

Donc il est blanc.

Q. Qu'est ce que la fallace, qu'on appelle Petitio Principii, ou Petition de Principe?

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Q. C'est quand on suppose pour vray, ce qui est en question; comme

La nature des choses pesantes est de ten∣dre au Centre du Monde,

Les choses pesantes tendent au Centre de la Terre,

Donc le Centre de la Terre, est le Centre du Monde.

Où vous voyez qu'il ya dans la majeure de cet Argument une manifeste petition de Prin∣cipe.

Q. Qu'est ce que le Sophisme qu'on apelle non causa pro causa?

R. C'est quand on donne une raison pour une chose qui n'en est pas la veritable raison, comme

Les vases pleins d'eau se fendent à la gelée, Parceque l'eau se ressere, Donc il ya du vuide dans la Nature.

Les vases ne se fendent pas à cause qu'il y a du vuide, mais parceque l'Eau êtant gelée, occupe plus de place qu'auparavant, ce qui est la cause que les vases se fen∣deut.

Q. Qu'est ce que la Fallace, qu'on appelle fallacia Accidentis?

R. C'est lorsqu'on tire une raison sans restriction, de ce qui n'est vray que par ac∣cident; comme

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Il ya des Personnes qui abusent de la Saincte Ecriture,

Donc il ne faut pas la lire.

Q. Qu'est ce que Methode?

R. C'est un Art de bien disposer ce que nous avons pensé, ou pour découvrir la ve∣rité, quand nous l'ignorons, ou pour la prouver aux autres, quand nous la connois∣sons dêja.

Q. Cette Methode est elle une quatrieme Action de nôtre Esprit?

R. Il y a des Autheurs qui le veulent ainsy; pour moy je croy que non, parceque la Methode n'êtant qu'un raisonnement de nôtre Esprit, qui juge que les choses qu'il a pensé auparavant doivent être ainsy di∣sposeés, pour les raisons qu'il se forme, elle doit être consequemment reduite à la troisieme operation de notre Entendement.

Q. Comment faut il faire pour bien di∣sposer les choses que nous avons penseés?

R. Il faut commencer par les plus ge∣nerales & les plus simples, avantque d'en venir aux particulieres, & composeés; expli∣quer ce qui appartient au Genre, avantque de passer à ses Especes; diviser (autant que l'on peut, & qu'il est propre à nôtre Sujet) le

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tout en ses Parties, & chaque difficulté en tous ses cas.

Q. Pourquoy dites vous, autantque l'on peut, & qu'il est propre à notre Sujet?

R. C'est parcequ'il arrive beaucoup de rencontres, où on ne peut, & on ne doit pas observer toutes ces choses à la rigueur; soit à cause que nôtre Esprit est borné, soit par∣ceque nôtre Sujet ne le demande pas; & ainsy la Prudence, le Jugement, & la Raison sont fort necessaires pour nous faire voir ce qu'il faut prendre, & ce qu'il faut laisser.

Q. Comment divisez vous la Methode?

R. Dans la Methode de Resolution, qu'on appelle Analyse, & dans la Methode de Composition, qu'on nomme Synthese.

Q. Quelle difference mettez vous entre ces deux methodes?

R. L'une commence par les choses gene∣rales, avant que d'en venir aux particulieres; & l'autre explique les particulieres avant que d'en venir aux generales.

Q. Comment faut il faire, pour bien re∣pondre à une Question?

R. Il faut, avant que d'y repondre, la bien concevoir; & si elle contient quelque Equivoque, il faut la distinguer, & l'ex∣pliquer;

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autrement vous ne tomberez ja∣mais d'accord avec celuy qui a proposé la question, vous ne vous entendrez pas l'un l'autre, vous disputerez long temps, & ne prouverez rien.

Ce petit Traité suffira à quiconque est desireux d'apprendre la Philosophie.

Fin de la Logique.
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