Le Sens MORAL.
LEs Ingrats rendent ordinairement le mal pour le bien, et toute Nature declame sans cesse contre enormité de leur Crime, Car ce∣luy qui manque de recognoissance enuers son Bien-facteur, n' est pas capable d'en tesmoigner aucune à Dieu, à ses Parens, ny à se Patrie. Nous lisons à ce propos, qu' encore qu' Alexandre et Caesar se fussent rendus recommandables, à tout le monde par leur clemence, si est ce, qu' ils ne pardonnoient jamais à ceux qu' on auoit manifestement con∣vaincus d' Ingratitude. Les Annales sont toutes pleines de semblables cruautez, Je li des enfans qui s' opposent mes chantement à leurs Peres, et qui desirent la mort de celuy qui les a mis au monde, voire mesme qui les a comblez de bien faits; Je voy des freres qui font inhumaine∣ment la guerre à des freres officieux, Je voy des Seruiteurs reuoltez contre leurs maistres, O vile, et deplorable Condition des hommes! O Engeance pire à pluspart du temps que les Bestes brutales! Car quand nous vsions pas d' Ingratitude les vns enuers les autres, nostre vie qu' est elle autre chose qu' vne perpetuelle mesconnoissance enuers Dieu? Et en effet qu' y à t' il de plus execrable en ce qui re∣guarde les Demons que ceste Circomstance d'auoir esté meconnoissant des bienfaits de Dieu, qui les auoit creez si lumineux, et si beaux.