Elle, qui en pareilles occasions ne manquoit pas de Po∣litique, se degagea bient•…•…t des bras de son Amant, & sans s'émouvoir le cacha dans un vieux cuvier vuide, qui ètoit dans un coin de la chambre: cela fait, ouvrant la porte avec furie, elle parla à son mari de cette mani∣ere.
Est-ce ainsi, sot lendore, que tu pourvois aux besoins de ta famille? Et que pendant que tu vas de la sorte les bras croisez il faut que je travaille jour & nuit pour supléer aux besoins où nous sommes reduits par ta pa∣resse? Oh! combien plus heureuse que moy, est ma Voisine Daphné, qui n'a autre chose à faire qu'à se di∣vertir avec ses Amans.
A quoi le mari tout craintif repliqua: & quel grand mal y a-t-il, m'Amie? quoi que mon Maître n'ait point d'ouvrage pour moy d'aujourd'huy, je ne laisse pas d'avoir pourveu à ton Diner. Vois-tu ce vieux cuvier, qui ne sert à rien qu'à embarrasser la chambre? je viens, ma poupone, de le vendre pour quinze Sols & l'homme qui l'a ache•…•…é, va venir ici tout presentement pour l'empor∣ter. Allons, laisse là un peu ton ouvrage, & aide moi à le nettoyer, car je ne voudrois pas pour quoi que ce soit, le lui livrer avant qn'il soit net & en bon état.
Là dessus la Femme se mit à rire de bon appetit, &c l'occasion lui fournissant un Stratageme, elle s'écria Misericorde! voilà un rare Marchand que mon mari▪ qui a seu vendre pour quinze Sols, une chose dont j'ai eu un demi-écu, quoy que je ne sois qu'une femme qui ne sors jamais du logis.
Le mari ravi du marché de sa Femme, lui demanda d'abord qui ètoit le sot qui en avoit tant offert; quel∣que Benet comme vous pouvez croire, reprit la Femme, & pour preuve de cela, c'est qu'il vient de s'y fourrer pour voir le profit qu'il lui en reviendra. A ces Mo•…•…s,