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Monseigneur,
DEux voyages que j'ay été obligè de faire, m'ont empéché de répondre aussi tost que je l'aurois souhaitè a la lettre dont Vôtre Grandeur m'a fait la grace de m'honorer. Comme j'étois sur le point de vous en faire des excuses, Monsieur de L' Angle est arrivè en ceste ville, quime les a fait encor differer, dans l'esperance, qu' il voudroit bien se charger de ma reponse, & qu' elle pourroit par ce moien vous étre plus fidellement rendue. Il est vray, Monsieur, que si j'en croyois mon déplaisir, je la remet∣trois encor a une autre fois; car je ne peux vous ecrire sans un extreme douleur, quand je songe a la matiere surla quelle vous me commandés de vous dire mon sen∣timent. Ie croy que vous le sçavés dejá bien, et que vous ne me faites pas l'honneur de me le demander comme en ayant quelque sorte de doute; vous me faites plus de justice que cela; & vous ne me comprenéz pas au nombre de ceux, qui ont touchant l 'Eglise d' Angle∣terre une si mechante opinion. Pour moy, je n'en avois pas une si mechante d'aucun veritable Anglois, & je ne pouvois pas me persuader qu' il y en eut un seul, qui crût qu'on ne peut éstre dans sa communion sans hasar∣der son propre salut. Pour ceux qui sont engagés dans le parti de l' Eglise Romaine, j'en jugeois tout autre∣ment. Ils ont des maximes particuliers, & agissent par