LETTRE II.
A MADAME de L—(Il la Console de la Mort de son Pere.
Madame,
N'ayant osé par respect vous écrire jusqu'icy, j'ay un ex∣tréme regret d'y étre contraint par une si funeste occasion que celle qui m'y oblige à cette heure. Ie ne dou∣te pas, Madame, qu'ayant perdu Monseigneur vôtre Pere dans le tems que vous receviez le plus, des preuves de son Affection, cette perte ne vous soit infiniment sensible; & que n'étant p•• accoutumée à recevoir de pareïls coups de la Fortune, celui-ci ne vous ait extrémement touchée. Mais j•espere que cette justesse d'esprit qui ne vous a jamais per∣mis de rien faire, ni de rien dire, que dans vraye mésure qu'il le falloit, vous servira en cette rencontre; & que vous reglerez vôtre douleur & vos larmes comme vous avez sû regler toutes les actions de vôtre vie, j'espere aussi, Ma∣dame, qu'une Personne aussi céleste qne vous, s'accommo∣dera aux v•lontez du Ciel: Et qu'ayant tant reçû de lui, vous souffrirez qu'il vous ôte quelque chose. Ie prie Dieu quil veuille calmer les Agitations de vôtre esprit, guerir lui méme la playe quil a faite à vôtre coeur & redonner à to•s ceux qui ont l'honneur de vous connoître la joye que vôtre tristesse leur a ótée. Ie suis,
Madame,
Vôtre, &c.