Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.

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Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.
Author
Eliot, John.
Publication
London :: Printed by [Richard Field for] Iohn VVolfe,
1593.
Rights/Permissions

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Subject terms
French language -- Conversation and phrase books -- English -- Early works to 1800.
Cite this Item
"Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A21218.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed May 27, 2024.

Pages

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Dialogue 3.

MOnsieur Noe-Ionas-et-Ely, ie suis bien aise de vous veoir en bonne santé!

Granmercy mon bon amy.

Comment vous portez vous?

Fort bien, à vostre comman∣dement & seruice.

Et moy au vostre certes.

Combien est-ce que nous fumes ensemble à Paris?

Il y a pour le moins sept ou huictans.

Il n'est pas tant, à mon aduis.

Ie m'abuse autrement, car c'estoit au commencement que le Duc de Guise levast les armes pour ceux de la Ligue.

Ie m'esbahï fort de vostre partement que fut si sodain de Paris.

Que disoit on de grace, entre mes amis & cognoissance?

Ma foy lon disoit que vous estiez rendu Moyne de l'ordre de S. Benoist.

O pauure homme, i'estoye bien mari pour vous.

Il est vray qu'apres le premier an ie laissay mon habit.

Vous n'auez pas iettéle froc és ortics?

Non par ma foy: ie

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sorti de l'abbaie auec congé en homme de bien.

Vous feistes les trois voeux de chasteté, pauureté, & obedience.

Sauu e vostre grace:

Ie n'en fei rien, vous di-ie, car i'estois reçeu seulement que pour vn ieune Moyne, ou comme vous dites en Anglois pour vn Novice.

Mais de grace où auez vous esté depuis ce temps là?

Tout par tout: en Italie, en France, en Espaigne.

Ne vous mocquez vous pas?

Non certes, pourquoy me mocqueray ie?

De Paris quelle routte prinstes vous?

De Paris ie m'acheminay vers l'Italíe.

Auez vous demeuré à Rome?

I'y fei quelque residence.

Quelles nouuelles me direz vous de ces quartiers-là?

Il y a depuis fept ans en ça quatre ou cinq papes morts.

N'auez vous pas passé plus auant qu' à Rome?

Si ay: iusques a Naples.

Comment feistes vous pour ne tomber point és mains des Inquisiteurs?

Ie me suis habillé en pellerin.

O le fin pellerin que voyci!

Comment auez vous eschappé l'inquisition? dites moy de grace.

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Il n'y a point de dangier pour vn qui est papal & du nombre des Catholics.

Comment fera donc celuy qui est de la religion pour passer par l'Italíe iusques à Rome?

Il luy faudra dissimuler.

Ie le nye, il n'en a point de besoing. Quoy donc?

Il luy conuient seulement faire la bonne mine, car passez vne fois Venise, l'In∣quisition y est par tout.

Auez vous vescu à Venize, Padouë, Pauie, Milan, Mantouë, Cremone, Pise, Sienne, Vrbìne?

Non, ie passay par là seulement.

Auez vous veu Florence, Ferrare, & Boulongne?

Ie les ay veu & visité.

Auez vous passé à Lyon?

Signor si, sur les ponts, & sur le paué.

Estes vous venu par Orleans?

Ouï monsieur.

Auez vous traficqué à Paris?

Oui à boire & manger.

N'auez vous pas hanté à Roan?

Ien'y fu iamais.

Auez vous seiourné à Amyens?

Quelques quatre ou cinq iours.

Puis que vous auez veu tant des belles villes en ces deux contrées;

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contez nous aussi quelque chose d'Hespaigne.

En Espagne les villes capitalles sont Siuille, le magazin des Indes pour la diuersité des merchandises que lon apporte là.

Il y a encore Saragosse, Grenade, Valedolit, Medine des champs, Pampelone en Nauarrois, & Lisbone en Portugal: où il y a aussi Conimbres, academíe fort renommée.

Quelles autres belles villes y a il en Espagne?

Il y en a tant, que ie ne les peux nommer toutes.

Quantes vniuersitez ont ilz la.

Il y en a plusieurs: ie nommeray seulement Sala∣manque, vniuersité où lon estudie en Droict, Medecine, & és sept Arts liberaux.

Le Roy Philip où tientil sa court?

Pour la plus part à Madril, ou à l'Esquireal, où il a basti le plus magnific palais de toute l'Europe, estant la mansion du Roy Catholic, & c'est le plus beau bastiment que ie vei onques de ma vìe.

A vostre aduis donc c'est le plus beau, superbe & sumptueux bastiment qu'on sçauroit imaginer.

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C'est vn manoir enrichi de grans iardins, parterres, & vergers de plus rares fruicts qu'on pourroit sou∣haiter.

Quelle est son assiette?

Sur vn belle riuiere.

De quelle forme est ce bastiment?

Il est fait en figure exagone: & les pilliers en diametre.

A vostre conte les palais du Pape, du Cardinal Medicis, & tant d'autres en Rome ne sont comparables à cestuy-ci.

Il est cent fois plus magnific que ceux-là, ou tous les autres en Italie, nommez en tant que voudrez.

Certes ce Palais est vn Paradis terrestre, tel que promet Mahomet en son Alcoran à ses Musselmans.

O mon amy, le Roy d'Espagne a plus de vingt nauires qui retournent toutes les années des Isles de las Perlas, de Peru, de Mexicque, & Cannibales, chargées de lingots d'or & d'argent, de Perles, & pierrieres, & de la soye cruë en grand quantité.

Ie m'esbais donc pourquoy il n'a pas paué son palais dix lieuës à lentour auec fines pierreries, escarboucles̄,

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rubiz, diamans, saphiz, esmeraudes, turquoises, gre∣natz, agathes, berilles, perles & autres vnions d'excellence.

Il a bien d'autres moyens pour les y employer. Certes ie croy que vous auez descrit vn palais à plaisir & parlé par hyperbole. Car vous auez vn priuilege vous autres voyagers de parler à plaisir, quand bon vous en semble.

Ie parle à bon escient.

Si parlez à bon escient, ie vous responds, que sa maiesté d'Angleterre, a ses palais autant beaux, bien fondez, gentilment parez, autant sumptueux, & non moins magnifiques que tous ceux que sçauriez nommer ou en Espagne, ou en Italíe: & en voyci six que ie vay nommer: premiere∣ment le palais Royal de Greenwich: puis apres la mayson S. Iaques, apres sa mansion dela halle blanche, & de Richmonde, le manoir d'Anton-cour, sa mayson Nompareille, & le chasteau d'Oinsoir, tous assis dans le contour de quinze lieuës sur la belle riuiere de Tha∣mise: palais, ou (pour mieux & plus proprement dire) Paradis de salubrité,

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amenité, serenité, commodité, delices & tous honnestes plai∣sirs dignes d'vn Prince sans mentir en vn seul mot.

Sans aller pluz auant, dites moy ie vous prie, que vous semble de ceste ville de Londres? N'est-elle pas belle, & bien peuplée?

Elle est belle certes, & me plait fort bien. Mais ie ne vous en sçauray rien dire en∣core, car depuis quatre jours, que ie suis icy arriué, ie n'ay bougé de ma cham∣bre, estant las & rompu de tant cheminer & courir la poste.

Vous n'auez pas esté donc plus auant au pais?

Non pas, mais si plait à Dieu ce printemps cy j'iray veoir tout le païs, & les meilleures Villes.

Vous verrez donc vn beau pais, fort plantureux, bien fertile, & d'vn air bien tem∣peré, abondant en viures, plein de belles dames, fort courtoises & gracieuses, & vne Isle enuironnée de mer.

N'ont ils pas du vin icy, me semble qu'on y boit de l'eauë?

Sauf la vostre, mons on y boit de la biere qui est vn breuuage faict de-l'orge

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& de l'eau, boullies ensemble, estant vn buisson fort sain & selon le naturel de nous autres Anglois.

Vous autres François, vous buuez du vin, vous en trou∣uerez du vin icy en grande abondance.

D'ou vient il?

Il y en a qui vient de la France, d'Espagne, de Candie & vin du Rhin tant que voulez.

Quelles sortes des vins ont ils?

Ils ont du claret, du rouge, du sec, du moscadel, & de la maruoisie.

Est il cher ou à bon marché?

Le claret, rouge & blanc se vendent pour cinq sols la quarte, le sec pour huict solz, le moscadel & la maruoisie pour dix.

Il n'est pas trop cher.

Non vrayement: c'est honestement vendu, & à prix raysonnable.

Il est plus cher de vray en plusieurs endroits de la France.

Londres, est ce vne ville fort merchande?

Ouy-dea: fort merchande.

Quelle merchandise y a il là?

De toutes sortes qu'on peut sou-haiter.

Les merchants, où font

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ils trafficque?

Par tout le monde: en France: en Italie: en Espaigne: en Bar∣barie: en Guinée: en Bresille: és Indes Occidentales, & Orien∣tales, és terres du leuant:

  • en Turquíe, en l'Arabíe:
  • en Perse, en Tartarie,
  • en Russie, en Pologne,
  • en Boheme, en Hongrie,
  • en Alemaigne, en Frize,
  • en Flandres, en Dannemarc,
  • en Escosse,
  • en Irlandres, par toute
  • l'Asie, l'Europe, l'Afrique
  • & la nouuelle Amerique.

De quelle marchandize trafficquent ils?

Le meilleur estain du monde se trouue en An∣gleterre: la meilleure laine, les meilleurs draps & carisées; toutes sortes des mettaulx, comme l'or, l'argent, du plomb, estain, cuivre, fer, acier, bronze, le meilleur saffran que soit, grande quantité de cuirs, de bleds, force bois & bestail, comme cheuaux, hackenées, boeufs, vaches, brebis, de Iumēts, Il y a bien peu de cheures.

Il n'y a point de loups, Ours, lyons, ny serpents,

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si lon n'en apporte d'ail∣leurs.

Quel esbat prennent ilz les festes?

De toutes sortes de passe∣temps, comme à veoir Come∣dies, & Tragedies, à saulter, danzer, eux d'escrime, la chasse d'ours, tirer de l'arc, courir, tirer de l'ar∣quebuze, pourmeiner aux champs, monter en batteaux sur l'eaué.

Y a il quelque belle riuiere à Londres?

Vne fort belle & grande.

Apporte elle de grands vais∣seaux?

Elle est bien nauigable, pleine de toutes sortes des poissons, em∣bellie sur l'vne & l'au∣tre riue de beaux edi∣fices, de belles villes, villages & chasteaux, & la Court de la Rynne y est quasi tousiours à l'entour.

Comment appellez vous la Riuiere?

On l'appelle la Thamise.

Descend-elle à la Mer?

Oui, elle s'embouche en la grande mer Oceane.

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Les viures sont-ils à bon marché?

Aucunefois ilz sont chers assez: autrefois à bon marché: car la Thamise y apporte grand'partie des com∣modités de la vie, en des nauires & basteaux de charge.

Il y a tousiours grande abondance du pain, de la chair, fromage, beurre, poisson sallé, gibbier, &c.

Combien dVniuersitez y a il par deça?

Il n'y en a que deux: celle de Cantabrigíe, & ceste d'Oxoníe.

Y a il gran nombre des Escholiers?

Assez.

Et des gens sçauants?

Ouy dea, il y en a, & qui ont grand vogue.

Ont ilz de beaux Colleges?

Fort beaux & sump∣tueux, bastis de pierres de taille, & de grands fraiz.

Sont ilz de grande antiquité?

Les histoires en font mention de plus de mille

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huict cens & trois ans.

Auez vous veu les Colleges & Vniuersitez de là la mer: sont ilz beaux?

I'ay esté en plusieurs academies, les plus renommées de l'Europe, & premierement en celles d'Italie: comme en Romme: en Pise: à Bolongne: en Padouë en Turin: & puis apres en celles de la France: comme à Paris: en Orleans: à Bourges: à Rheims en Champaigne: à Pontamusson: à Verdun: à Geneue: à Tournon: en Poictiers: en Angiers: à Tholouse: & a Montpelier: En Alemaigne ie n'en ay veu nulles: bien peu en Hespaigne: mais en Romme il n'y a que quatre beaux Colleges: c'est assçavoir: le College Romain, dit le Seminaire de Iesuistes: Cestuylà des Allemans: le College des Grecs: & l'autre dit l'hostel, ou College des Anglois, tout aupres, qui s'appelle

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autrement, la casa Ingleze situé en la ruë du peuple, pres le marché des Iuifs. En Paris vous auez vne belle academíe, où il ya plusieurs beaux Colle∣ges: comme les Colleges de Sorbonne: de Nauarre: de Montaigu: de Bour∣gongne:: de Damuille: de Calui: de Iustice: de Tours: de Beauuais: de Presles: de Lisieux: de Rheims: de Boncourt: des Lombards: des Thre∣soriers: de Narbonne: de la Merci: des Ber∣nardins: de Clugny: de Premonstré, des Cholets: du Cardinal le Moyne: du Plessis: de Mar∣monstier: d'Autun: de Fortet: de la Marche: de Saincte Barbe: du Mans: de Harcourt: de Laon: des bons enfants: de Tournay: de Boisi: de Bayeux, Coqueret, Mignon, de S. Denis: de maistre Geruais: de S. Michel, des trois Euesques, ou de Cambray, où se font les leçons publiques des professeurs du Roy.

Il y en a encor quelques

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autres mais i'ay marqué seulement les principaux, delaissant les Abbaies, & moyneries.

Ces Colleges sont ils magniicques, bien bastis, parez & ornez? Ils sont Colleges trestous: mais non pas pour faire comparaison aux Col∣leges d'Oxford, a l'Eglise de Christ le miracle du Monde: ny au College Nouueau: ny à vn S. Iehan: ou à Toutes Ames: aux Colleges de Merton & Magdaleine, en Oxonie lesquelz sont de grande antiquité, bien fondus trestous & semblent plustost des palais royaulx, que des Escholes pour instruire les Arts liberaulx, & pour entre∣tenir des pauures escholiers.

Et qui les vouldroit paragonner à ceux de Cantabrigie, comme au College de la Trinité, à vn S. Iean: aux Colleges du Roy, de la Royne, d'Emmanuel, de Caïus & de plusieurs autres, où les pensionaires ont leur reuenuz pour les entretenir annuellement,

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ie diroye que ce seroit quelque pauure aueu∣gle, qui n'entend rien du tout: & qui meriteroit d'estre ietté és tenebres Cym∣meriennes, les fers aux iambes pour si grosse ignorance.

Orsus Monsieur, qui gouuerne en Londres?

C'est mi-Lord Maieur, qui est Lieutenant pour sa Ma. auec ses freres les Escheuins de la Ville.

Quelle police ont ils?

Belle: les coustumes du pais sont en plus grand vogue.

I'ay entendu dire qu il y a grand nombre de mal-faicteurs, comme larrons, assassins, & escumeurs de Mer.

Il y en a assez: Encor que tous le jours on en pend.

On n'en pend pas tous de ceste race?

Quelques vns tous∣jours s'eschappent.

N'ont ils pas autre mort pour les mal∣faicteurs?

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Non pas: sinon pour les trahïstres qui sont tirez à quatre cheuaux iusques à la place de la iustice, & esquartelez.

C'est vne grande chose que vous me dites, y a il tant de tra∣hïstres là?

Non pas: car la iustice les chaslie si bien qu'ilz n'osent complotter ny brasser aucune trahison.

Dieu veuille per sa saincte grace garder la Royne ELIZABETH, & luy doint longue vie & prosperité, rompant les desseings de ses ennemis, & luy concede heureux succes de tous ses saincts desirs.

La Rynne vient-elle souuentes fois à la ville?

Bien peu: mais elle se tient tous-jours auec sa Court aux enuirons.

Toutes Nacions estran∣geres admirent certes les grandes vertuz & preud∣hommie de sa maiesté.

Pour vous y confesser la verité, il ny a langue suffisante pour exprimer ses louanges: Car elle

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est en liberalité, magnificence, courtoisié, prudence, gracieu∣seté, beauté, noblesse, sçauoir, gentilesse & sapience l'vnique Phoenix du monde; ornée de toutes les plus belles vertus, dont les plus belles Roynes & plus fameuses és histoires des Grecs & Latins ont esté reuestuës. Elle se peut plustost dire Ange celeste que crea∣ture terrestre.

Tient-elle grande Court?

Tres-grande & magni∣ficque certes.

Aime elle les Estrangiers?

Elle les aime bien.

Parle elle plusieurs langues?

Elle en parle huict, pour le moins: assçauoir, la langue Grecque, Latine, l'Italienne, Françoise, Espaignolle, Escos∣soise, Flamande, & l'Angloise: Ie ne puis exprimer les autres belles vertus dont elle est de tout point accomplie: & pourtant ie vous mettray en auant ce que le tresexcellent Poëte François G. de Saluste, le Sieur du Bartas a escrit en sa louange.

Ceuxcy sont ses vers, comme ie le les ay traduits en An∣glois,

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Mais quel nouueau soleil me donne sur les yeux? Suis-je fait tout d'vn coup heureux bourgeois des cieux▪ O quel'auguste Port! quelle royale grace? Quels yeulx doux-foudroyans! quelle Angelique face? Filles du souuerain, doctes Soeurs, n'est-ce pas, La grand'Elizabet, la prudente Pallas, Qui fait que le Breton, desdaigneux, ne desire Changer au male ioug d'vne femme l'Empire? Qui tandis qu'Erynnis lasse d'estre en Enfer, Rauage ses voisins & par flamme & par fer, Et que le noir effroy d'vn murmurant orage Menace horriblement l'Vniuers de naufrage: Tient en heureuse paix sa Prouince où la Loy Venerable fleurit auec la blanche foy. Qui n'a pas seulement l'opulence faconde Du maternel langage: ains d'vne bouche ronde Peut si bien sur le champ haranguer en Latin, Grec, François, Hespagnol, Tudesque & Florentin, Que Rome l'Emperiere, & la Grece & la France Le Rhin & l'Arne encor plaident pour sa naissance. Claire perle du Nort, guerriere, domte-Mars, Continue à cherir les Muses & les Arts, Et si iamais ces vers peuuent d'vne aile agile Franchissant l'Ocean voler iusqu'a ton Isle, Et tomber, fortunez, entre ces blanches mains, Qui sous vn iuste frein regissent tant d'humains, Voy les d'vn oeil bening, & fauorable pense Qu'il faut pour te louër, auoir ton eloquence.

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Certes ce du Bartas estoit homme de rare esprit.

Il est vray est que ceste Princesse a gouuerné son Royaume en grande prosperité depuis trent & quatre ans en çà durant les trou∣bles & ruines des autres païs, ayant esté auec son peuple garantíe d'infinis dangiers: & a les langues mentionnées par le Poëte bien à commandement: & d'aduantage auiourd'huy, par vne singuliere faueur de Dieu, est recognuë pour la perle du Septentrion, pour vne heureuse guer∣riere; les victoires & heureux succes d'icelle, memorables en toutes sortes, meritent vne histoire entiere que la posterité reuerera a tout iamais.

Dieu la tienne en sa saincte garde, la benie & prospere longuement, selon son bon plaisir.

Monsieur il est temps que ie me retire à mon logis.

Ie me recommande donc.

Ie vous baise les mains, Adieu.

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