Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.

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Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.
Author
Eliot, John.
Publication
London :: Printed by [Richard Field for] Iohn VVolfe,
1593.
Rights/Permissions

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Subject terms
French language -- Conversation and phrase books -- English -- Early works to 1800.
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"Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A21218.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed June 18, 2024.

Pages

La conclusion du parlement des Babillards.

REposons nous icy vn peu soubs l'ombre de ceste arbre: à la fraischeure.

Ie me veux asseoir sur ceste piece du bois.

Et moy vis à vis de toy Antoyne.

Où te mettras tu Pierre?

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* 1.1Moy? ie me mettray sur ceste pierre.

Ostez vous de la: vous m'empeschez de veoir les passants.

Ie voy vne nauire qui faict voile vers nous.

C'est vne Carraque de deux mil tonneaux.

Voyez vous ce petit garçon auec la bannirolle en sa main?

S'il tombe en la mer, il sera noyé.

Non seroit, car il sçait bien nager.

O qu'il glisse par les cordeaux.

Le mast de ce nauire est fort grand & espais.

Ie croy qu'il est creu aux Indes Occidentales.

Comment le sçauez vous? Auez vous esté aux Indes auec les Espagnolz?

Comme si lon ne pouuoit rien sçauoir d'vne region, si on ny a esté? Ie voy bien saint Paul d'icy.

Il y a me semble quelques pigeons sur le sommet du clochier.

Ils sont des hommes, fol & sot garçon, mais ils y semblent à les contempler des corbeaux, ou plustost des moyneaux.

Escoute, on sonne la trompette là dessus, quel sot est cela.

Il sonne vn point de guerre pour les dames de Londres. O que le temps est beau! Il ya a bien du plaisir parmy ces champs verdoyants.

Escoutez moy ceste alouëtte qui chante. O qu'elle monte bien haut iusques aux nuées! Il me souuient asteure du Bartas le Poëte François, qui a composé quatre vers tresexcellents sur son chant:

La gentile Alouëtte auec son tyre-lire Tirel'yre à l'ire, & tiri-lyrant vire Vers la voute du Ciel, puis son volvers ce lien Vire, & desire dire, adieu Dieu, adieu Dieu.

O que la petite chanteresse fait bien trembler sa voix!

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* 1.2Où es tu Line tresdoux musicien auec ton luc d'luoire? Où es tu Amphion tresdocte harpeur de la Grece? où es tu Orpheus, auec ton cystre d'argent? où es tu Arion auec ta musicque qui feist dançer les poissons en la mer? Venezça, apprenez icy des leçons nouuelles. Certes ces quatre qui sont celebrez en tous autheurs Grecs & Latins pour auoir esté tresexcellents musiciens n'ont iamais sçeu contrefaire ceste petite musicienne.

Escoutez, voyla bien vn autre oiseau qui chante aseure.

C'est vn merle ou vn Rossignol.

Le Rossignol ne chante que du soir & matin.

Où est il, ie vous prie?

C'est vn Rossignol ie l'entends bien.

Ne le voy tu pas posé sur vn rameau?

O qu'il chante melodieusement: sans se donner relasche: & ne cesse point!

Il ne se faut point esmerueiller s'il chante doucement, veu qu'il est d'Athenes, où les vagues de la mer flottent aussi contre les riuages par mesure.

Pline escrit qu'il chante deuant les hommes plus longuement & plus soigneusement.

Qu'en est la cause? Ie te la deceleray.

Le Coucou & le Rossignol chantent en mesme saison de l'an, asçauoir, au printemps depuis la mi-Auril iusqu'à la fin de May ou enuiron. Ces deux oiseaux vindrent en different de la douceur de leur chant, on cherche vn iuge, & par ce que la dispute estoit du son, l'asne fut trouué fort commode à ceste cognoissance, lequel plus que toutes les autres bestes a les oreilles grandes. L'asne ayant repoussé le Rossignol, duquel il disoit n' entendre la harmoníe, adiugea la victoire au coucou, le Rossignol en appella par deuant l'homme, lequel quand il le voit, incontinent il meine sa cause, & chante diligemment, à fin de faire sa cause bonne pour se venger du tort que l'asne luy avoit fait.

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* 1.3I'entends maintenant vne chose digne d'vn poete.

Quoy donc? en attendois tu vne digne de philosophe? Demande la à ces nouueaux maistres és arts de l'vniuersité.

Plusieurs d'eux sont philosophes quant aux robes seulement & non pas de cerueau.

Di donc que ce sont docteurs de Valence auec robes longues & courte science.

Mais escoutez encore nostre Rossignol.

Ie vous raconteray quelque chose du chant de Rossignol traduite d'vn bon autheur.

Qui est l'homme au monde (dit il) tant grossier, lourd stupide ou hebeté, qui ne s'estonne, & qui ne soit raui d'vne incroyable delectation, escoutant la melodie, qui sort du Rossignol, & comme vne voix si hautaine & harmonieuse peut issir d'vn si petit tuyau? Outre qu'il perseuere si obstinément en son chant que la vie luy defaudra aussi tost que la voix: de sorte qu'il semble, qu'il ait esté instruit de quelque maistre à chanter en musique, car il contrefait tantost le bas, tantost le haut, tantost la taille, tantost le dessus, & apres qu'il est bien ennuyé de gringoter il contrefait sa voix, & iugeriez que c'est vn autre oiseau qui ne chante plus que le plain chant: puis tout en vn coup il penetre si haut, qu'il se passionne, se pasme, & demeure quasi extatique par vne infinité de melodieux passages, qui rauissent l'ame iusques au ciel, non seulement des hommes, mais des autres petits oiselets, lesquels il charme & arreste de son chant, & les conuie par sa douceur à l'escouter & tascher à le contrefaire, & luy desrober quelque chose de sa melodie. Et non content de cela vous le verrez instruire ses petits, les prouoquer à semblable harmonie, leur apprenant tantost à obseruer leur tons, a les conduire d'vne mesme haleine, les vns en longueur aspirer, les autres tantost courber les notes entieres, soudain les muër par fainctes, puis les distinguer & couper en minimes crochuës, tantost fait trembler sa voix,

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tantost la transforme en tant de sortes,* 1.4 qu'il n'y a artifice humaine qui la sçeust contrefaire.

Ie suis quasi raui certes.

Sans doute les hommes ont apprins la Musique des oiseaux.

Democrite a esté auditeur du Rossignol, tesmoing Aristophane en sa comedíe du chant des oiseaux.

I'ay prins vne saulterelle auec vne main, & vne petite grenouille auec l'autre.

Que ie les voye de grace?

Ie les mettray en ton sein Antoyne.

Ne faites pas, ie vous prie.

Pourquoy t'en fuys tu? Vien ça, te di-ie, ie ne te feray point de mal.

Helas, les pouures prisoniers! laissez les aller, laissez les saulter.

Agard, quel beau sault voylà?

Ilz se sont sauuez pauures animaulx dedans l'herbe.

Ce monceau de terre est plein des fourmis.

Ils me piquent les fesses.

Ilz sont entrez par ma brayette. I'ay plus de mille en mes haut-des-chausses.

Les sentez vous piquer en bonne foy?

I'ay arraché les testes de plus d'vne vingtaine.

Ne les tuez pas, laissez les viure.

C'est vne gentile vermine.

Vous auez troublé messires de leur parlement, qui sont assembléz en ce monceau de terre pour les affaires de leur republique. Ilz se sont faschez contre vous. Ilz vous piqueront à bon escient.

Retyrons nous ailleurs en quelque part.

Mettons nous à l'abri dessoubs ceste muraille.

Ostez vous de là mon frere Nathanaël. Pourquoy?

Ne voyez vous pas la grosse Araignée qui pend par vn petit filet?

O le gros vilain! Il est braue chasseur à mousches & papillons.

N'auez vous iamais veuë le combat entre

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L'araignée & la Mousche?* 1.5

Non: vous n'auez donc iamais veuë la battaille donnée entre Caesar & Pompée.

Pourquoy, sont ils si braues guerroyeurs?

Beaucoup plus que le Rat & la grenouille és Fables d'Aesope.

Regardez ce diable de Tyran. Combien des mousches à miel, des mouscherons & papillons il a tué.

Regardez les corps morts dedans ses rets.

C'est vne chose merueilleuse de la Nature de cest animal.

Contez nous en quelque chose gentil babillard.

C'est vne chose presque monstreuse en nature de la nature de ces Araignées, de qui les fmmes & filles sont disciples, & ont appins d'elles â filer & à faire leur toyles, & les pescheurs à faire leur rets. Mais elles ont beaucoup meilleure grace & plus grand aduantage en leurs industries: La femme & la fille font les toiles & filetz, & le mary chasse d'autre part pour leur nourriture, & est aux aguetz caché dans quelque trou en la muraille pour attendre & surprendre vne beste pour la faire tomber en ses retz: & encore que son corps ne soit gueres plus gros qu'vn pois, il a toutefois tant de viuacité & industrie qu'il prend quelque fois de grosses mousches & petits lezars en ses retz, & si obserue si bien la saison de chasser qu'il semble estre astrologue: il est au contraire de nous qui attendons le beau temps: mais il chasse quand le temps est nubileux, qui nous est vn presage de pluye selon les deux grands Philosophes Aristote & Pline.

Entends tu les grenouilles croquer?

C'est signe de la sayson temperée, ou de la pluye, o de vent, ou de tourmente, ou de rien.

Voyez vous ce chien là, qui pisse contre la muraille?

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* 1.6C'est, comme dit Platon, au second liure de sa Republique la beste du monde plus Philosophe.

Mais veistes vous onques vn chien rencontrant quelque os medullaire: si veu l'auez, vous auez peu noter de quelle deuotion il le guette, de quel soing il le garde: de quelle ferueur il le tient, de quelle police il met ses pieds la dessus, de quelle prudence il l'entamme, de quelle affection il le brise, & de quelle diligence il le succe.

Qui l'a induit à ce faire? Quel est l'espoir de son estude? Quel bien pretend il?

Rien plus qu'vn peu de mouëlle. Vray est que ce peu plus est delicieux que le beaucoup de toutes autres.

La rayson pourquoy? Pour ce que la mouëlle est aliment elabouré à parfection de nature, comme dit Galenus 3. lib. fac. Nat. & 11. de vsu Partium

De toutes les bestes il n'y a pas vne plus sage ny plus subtile que le singe.

O la meschante beste. Il ne fait que s'en mocquer de tout le monde: & montre le cul a tous venans: Il ne garde point la mayson comme vn chien: il ne tyre pas la charruë comme le boeuf: il ne produist ny laict ny laine comme la brebis: il ne porte pas son maistre comme le cheual: il ne porte pas de faix comme l'asne. Ce qu'il faict est tout conchier & desgaster, qui est la caus, pourquoy de tous il reçoit tant des bastonnades & mocque∣ries.

Sçauez vous que m'a dit mon compagnon Maximilien?

Et quoy, ie te prie?

Que Hierosme Pierruche est merueilleusement amouraché d'vne belle fille: & que son frere

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Iean,* 1.7 cestuyla qui ioüa à la fossette auec nous, fait estat de merchandise, ayant quitté les lettres: c'est, que des cheuaulx il est descendu aux Asnes.

Qu'est ce que i'oy.

Ce Hierosme vous l'auez bien cognu gros & gras, d'vn visage vermeil, en bon point, ioyeux, d'vne face luysante, plaisant, raillard: maintenant il est maigre, descoloré, d'vne pasle couleur & comme meurdrié, foible, hideux, songeard, aymant la solitude, & fuyant la compagníe des hommes: tellement que nul d'iceux qui l'auoit veu auparauant ne le sçauroit recognoistre.

O le pouure & miserable ieune homme! D'où luy vient son mal?

D'amour. D'amour? Dites vous?

Maintenant il est enragé: il est fol: souuentes∣fois il se pourmeine tout seul: mais tousiours sans parler, tousiours ou chantrouillant ou gringotant quelque chose, & escrit des carmes en vulgaire à son amoureuse.

O chetif garçon!

Maintenant vous le verrez feindre vne mer des larmes, vn lac des miseres, redoubler ses cris, accuser le ciel, mauldire à la terre, faire vne anatomíe de son coeur, geler, ardre, adorer, idolatrer, admirer, feindre des paradis, forger des Enfers, faire le Sisiphe, iouër l Tantale, contrefaire le Titíe. Tout quant & quant il exalte en ses vers celle Diane qu'il ayme: ses cheueux ne sont autre que fil d'or, ses sourcils arches & voutes d'Ebene, ses yeulx astres iumeaux, ses regards esclairs, sa bouche coral, ses dents perles d'Orient, son aleine basme, ambre, musc, sa gorge de neige, son col de laict, ses mammelles qu'elle a sur l'estomac montagnes ou pommes d'Alabastre.

Tout le reste du corps n'est plus qu'vne prodigalité & thresoir du ciel & de la nature qu'elle auoit reserué pour cōbler de toute parfection sa maistresse & bien-aimée.

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* 1.8Il y a grand dangier qu'il deuiēdra frenetique en la fin.

O que le pauure passionné est bien eclipsé! Tantost vous le verrez tout confit en pleurs & larmes, faire l'air retentir de souspirs, plainctes, murmures, rages, imprecations: l'autrefois s'il a eu quelque bon regard de sa Deesse, vous le verrez gay, esmeraudé & gaillard: les autres fois vous le verrez trauerser, passer & repasser cinq ou six fois le iour par vne ruë, pour espier s'il peut auoir quelque traict d'oeil de celle qu'il ayme mieux.

Que me donnerez vous si ie vous y monstre vnes lettres qu'il escriuist à son amoureuse.

Ie te prie mon mignon, fay moy ce faueur que ie les puisse veoir.

Ie les veux lyre hautement: Escoutez:

Madamoyselle, vostre beauté est tant excellente, tant singuliere, tant celeste, que ie croy que Nature l'a mise en vous comme vn paragon pour nous donner enten∣dre combien elle peust faire, quand elle veut employer toute sa puissance & tout son sçauoir. Ce n'est que miel, ce n'est que succre, ce n'est que manne celeste de tout ce qu'est en vous. C'estoit a vous à qui Paris deuoit adiuger la pomme d'or, non à Venus, non, ny à Iuno, ny à Minerue, car oncques n'y eut tant de magnificence en Iuno, tant de prudence en Minerue, tant d'Elegance en Venus comme y a en vous. O Dieux & Deesses celestes, que heureux sera celuy à qui ferez celle grace de vous accoller, de vous baiser, & de coucher auec vous: Ie ne sçay si ie suis predestiné des Phées: parquoy ie me reccommends à vostre bonne grace & vous baisant bien humblement les blanches maïns, ie vous dis, Adieu sans Adieu.

Il entend desia la Rhetorique courtesane.

Le pouure garçon est aueugle & son bon sens luy default.

Il se remettra vn iour au bon chemin.

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* 1.9Ie seray bien ioieux certes pour l'amour de luy.

Ie me retire à la ville. Car nous aùons trop icy demeuré.

Allons à S. Pol pour veoir les Antiquitéz.

Montons là haut vers le choeur.

Qui est ensepuely dans ceste muraille?

C'est Seba Roy des Saxes qui conquesta ce pais d'Angleterre.

Voyla vn beau tombeau certes. Qui est icy entombé?

Iean de Gand duc de Lancastre, & filz du roy Henry le troisieme.

Voyla sa lance & sa targue de corne.

Quel epitaphe est cecy?

Du Sieur Philip Sidney paragon nompareil des lettres & des armes.

Lisons le, ie vous en prie:

Angleterre, Flandres, les Cieulx, & les Arts, Les Souldarts & le Monde ont fait six parts Du tres-noble Sidney: car nul ne iugera Qu'vn petit mont de terre son corps cachera. Angleterre a son corps, elle le nourrissoit, Flandres son sang, repandu pour son droit: Les Arts son renom, le Ciel tient son ame, Tous preux soldards sa perte, & l'Vniuers sa Fame.

C'est grand' pitíe de la mort de ce ieune gentilhomme.

Il est mort, & c'est trop tard de luy r'appeller des morts.

De qui sont ces armoiries nouuelles?

Du feu milord le grand Chancelier, homme qui meritoit beaucoup, plus que n'en sçaurois dire à present.

Qui est ce noireau-cy?

C'est monsieur Iean Collet qui bastit l'eschole en la cemitíere S. Pol.

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* 1.10Certes ceste Eglise est bien longue.

Elle est plus longue de cinq pas que la Nostre Dame de Paris.

Comment le sçauez vous?

Ie les ay mesuré toutes deux, mais ceste-cy n'est pas si large ny bastie si nettement.

Si est-ce que les Anglois les ont bastíes toutes deux.

Allons promeiner vn peu plus bas en l'eglise.

Quel monument est-cecy si ancien?

C'est, comme lon dit, d'Homfrid due de Glocestre qui est icy enterré?

On dit qu'il a coustumierement son lieutenant icy en S. Pol, pour sçauoir s'il y a des nouuelles de France ou d'autres pais estranges.

Il est vray mon amy, & si a il bien son maistre d'Hostel qui inuite les gens qui apportent ces nouuelles pour prendre la peine à disner chez sa grace.

Tient il maison magnificque?

Maison ouuerte depuis cinq heures au matin iusques à les six du soir.

Mais pour les estrangers ie dis.

Pour les estrangers comme pour ses domestiques, & ceux de la ville.

Voyla trois compagnons qui s'endorment en ce coin là sur vne piece du bois. Ie ne sçay s'ilz sont gens a pied ou voyageurs sans cheuaulx.

Ils sont de train du Duc.

Ce sont cheualiers du posteau.

Vous estes vn bailleur de baliuernes en matieres des cinges▪ verds.

Escoutez, si vous auez affaire de respondant ou caution, pour cinq solz ceux-cy vous presteront vn serment fausse pour vous cautionner s'il fust pour dix mil escus.

Vous estes vn vray Iuif, allez.

Et vous estes vn mangeur des serpents.

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* 1.11Cognoissez vous cest homme qui promeine là vestu de satin? Il a mangé son bled en herbe.

Il a fait donc de belle saulse verde. Regardez comme il taille de l'historiographe. Il est Alquemiste à sa mine, & a tout multiplié en rien. Il a donc bien souflé, & vit asteure comme le poisson de l'air.

Ie m'esbaïs fort d'vne chose, & c'est, qu'il y a tant de faux-monnoyeurs en ce païs-cy & si peu d'Alquemistes.

Les Alquemistes ne sont pas faux-monnoyeurs.

Non, mais les sophisticateurs des mettaulx sont faux compagnons.

Ie soustiens que les Chimiques sont gens de bien.

Ie ne dy ne bien ne mal d'eux, qu'ilz multiplient tant qu'ilz veuillent.

N'auez vous iamais estudié l'Alquemíe?

Non, car c'est vne vanité.

O la belle science! O la riche receipte, pour faire la pierre philosophale.

Comment la pourroit on faire? Ie veux essayer de la trouuer.

Il faudra souffler fort toutes sortes des mettaulx.

Laissez moy faire doncques, est ce le tout de bien souffler?

Pour vous en dire la verité, ce secret a esté descouuert anciennement & de nostre temps aussi, mais par deux ou trois seulement:

Quos Iupiter aequus amauit.

Comment appellez vous ce secret?

On l'appelle sang humain: l'eauë de vie, le dragon, corbeau, Elixir, le mercure des philosophes: l'eau seiche, l'esprit multipliant, le bois de vie, l'eau viue, la semence de l'or, le remede à toutes langueurs.

Dites moy, ie vous en prie, quelles sont les proprietéz de ceste pierre?

Ceste pierre est de telle vertu que si lon en mesle vne part parmi mille parts, voire dix-mille

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parts de vif argent,* 1.12 ou d'estaing, de plomb, de fer, de cuiure bien preparé, elles seront incontinent & en vn instant conuerties en or pur, fin & de meilleur alloy qu'aucun or naturel ou fossile.

N'a elle pas d'autres vertus?

Mille: car en moins de rien elle guerira toutes maladies, empesche celles qui veulent venir: allonge la vie, voire en telle sorte que qui vsera de cest or viura plusieurs centaines d'années comme les Patriarches.

Auez vous cognu quelqu'vn quia sçeu ceste receipte la?

L'empereur tient vn homme prisonier à Prage en Boheme, qui l'a sçeu bien faire. Quoy?

Quoy? L'or, la pierre philosophale, l'elixir, la poudre de proiection, le grand oeuure & secret des chimiques.

Pourquoy est il prisonier donc?

A cause qu'il a faict l'or plus pur par art qu'il n'a esté par nature.

C'est grand dommage certes, mais iasons vn peu ie t'en príe, deuant que nous allons plus auant.

Ie suis content.

Voyez vous cest homme-là? il n'est ni trop petit ny trop grand.

Non, car il est de moyenne stature.

Il est bien galand homme de sa personne, & n'a autre faulte sinon qu'il est larron, beuueur, pippeur, ioueur aux detz, ribbleur, si onques en fust à Londres.

Il a les doigts faits à la main comme Minerue ou Arachné, & a crié le theriacle autrefois, & en somme c'est le plus sin maistre-mousche d'Angleterre, & porte tousiours vn pellican en sa pochette, dont il n'y a porte qu'il ne crochetera, Ne le laissez pas approcher aux coffres de vostre pere, si vous estes sage.

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* 1.13Il a soixante trois manieres de trouuer tousiours argent: mais il a deux cens quatorze de le de∣spendre.

Retournons asteure au logis: nous irons par Cheapsid & par la Bourse.

Nous regarderons en passant les belles faces.

Fi, à pied: ce sera des-honneur à moy qui suis ieune Academicien.

Voyla vne belle fille qui passe. Elle a la face luysante & Angelique.

Ie ne la veux point contempler: car c'est à mon aduis chose des-honorable pourles ieusnes estudiants de s'amuser apres des filles sottes & ineptes.

Vois-tu ceste Croix?

C'est vn des plus beaux monuments de la Ville de Londres.

C'est vn ornament à la grande, large & la plus belle ruë de la Ville. Elle est toute dorée par dehors.

Ie n'ay iamais veu de semblable.

Elle a cousté plus de dix mille escus le bastir & parement.

C'est beaucoup cela. Ie croy que tu ments asteure.

N'as tu pas veu la Pyramide qui est en la cemitiere de S. Pierre à Rome?

Non: car ie n'y fu iamais.

Moy, i'ay esté là, & si l'ay veu: & ie dy que la croix de la Cheapsid apporte plus de beauté & bien-seance à la Ville de Londres que ne fait point la Pyramide de Iulles Caesar à Romme.

Voyez l'Estendard de la Chepsid tout aupres.

Ie le voy bien: C'est vn Conduit d'eau.

On dit qu'il a demeuré cautionneur & pleige pour plusieurs bons compagnons,

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quand ilz ont eu gueres d'argent en la bourse,* 1.14 & peu d'amis pour donner pour eux pleige & caution.

Nous nous sommes rendus à la Bourse asteure.

La Bourse fut bastíe l'an 1567 par le Seigneur Thomas Gressam; qui donna aussi des reuenuz à la ville de Londres pour maintenir vn College, & des Regents pour y lire publiquement les sept Arts liberaulx.

Londres donc sera Academíe.

Cela s'entend. Mais Dieu y sçait quand. Regardez les femmes des merchants qui se pourmeinent icy.

Elles sont alaigres & gracieuses certes.

Cognoissez vous pas la pellerine qui passe-là?

Elle est ieune, frisque, elegante, galante, gracieuse par trop enuers ses voysins: vous n'auez iamais veu vne dame plus docte à la main, & a l'aiguille que ceste-cy.

Regardez la belle medaille d'vn coqu qui l'embrasse.

Vrayement on pourra d'oresnauant prendre les lions par les iubes, les cheuaux par les crins: les ours par les nareaux: les beuffles par les museaux: les loups par les queuës: les oyseaux par les pieds: les asnes par les oreilles: les cheures par la barbe: les hommes par les parolles.

Et par où prendrez vous les boeufs & coronards donc?

Par les cornes.

C'est assez iasé, caqueté, & babillé. Allons de çà: allons de là: allons, allons.

Notes

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