Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.

About this Item

Title
Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language.
Author
Eliot, John.
Publication
London :: Printed by [Richard Field for] Iohn VVolfe,
1593.
Rights/Permissions

To the extent possible under law, the Text Creation Partnership has waived all copyright and related or neighboring rights to this keyboarded and encoded edition of the work described above, according to the terms of the CC0 1.0 Public Domain Dedication (http://creativecommons.org/publicdomain/zero/1.0/). This waiver does not extend to any page images or other supplementary files associated with this work, which may be protected by copyright or other license restrictions. Please go to http://www.textcreationpartnership.org/ for more information.

Subject terms
French language -- Conversation and phrase books -- English -- Early works to 1800.
Link to this Item
http://name.umdl.umich.edu/A21218.0001.001
Cite this Item
"Ortho-epia Gallica Eliots fruits for the French: enterlaced vvith a double nevv inuention, vvhich teacheth to speake truely, speedily and volubly the French-tongue. Pend for the practise, pleasure, and profit of all English gentlemen, who will endeuour by their owne paine, studie, and dilligence, to attaine the naturall accent, the true pronounciation, the swift and glib grace of this noble, famous, and courtly language." In the digital collection Early English Books Online. https://name.umdl.umich.edu/A21218.0001.001. University of Michigan Library Digital Collections. Accessed June 15, 2024.

Pages

Le Braggard. Chap. 20.

SAint George, çà qu'on m'apporte ma lance, mon espée à deux mains, & mon corps de cuyrasse, ie veux estre armé de pied en cap.

Vrayement il y a de la belle besongne taillée icy pour gens de guerre. Asteure qu'il fallust marcher contre ce chien de Thrace, Mahumet Dieu des Turcs & des Arabes, nous en sommes semonduz en France pour donner secours au roy de France contre ces Saracins des Ligueux. O pleust à Dieu que Charles le quint fust en víe.

O que teste martiale! O quel Roland furieux! Ie debvrois esté honestement discipliné és affaires militaires, ayant commandé vingt cinq ans capitaine general entre les Hongres & Polonois, & hasardé ma propre personne en plus de trente sanguineuses batailles.

çà, çà armures de malice, ie dis, de milice.

Le preux soudart ne doibt estre moms armé d'aduis que des armures.

Où ie ne puis preualoir du cuir de Lyon, i'appliqueray la peau de Renard.

Considerez les cas de hasard sagement, iamais il ne les fault pas poursuiure iusques à leur periode: car il conuient a tous cheualiers reuerentement traicter leur bonne fortune sans

Page 136

la molester ny gehenner.* 1.1

Tousiours deuant que marcher ie delibere de ce qu'est à faire▪ à sin que ie ne ressemble aux Atheniens qui ne consultoyent amais, si non apres le cas faict.

Ie suis sage. Vous l'estes.

Ie suis cheualeureux & preux soudard. Vous l'estes.

Ie suis courageux, vertueux, magnanime.

Vous l'estes.

Ie suis resolu, noble, genereux & magnific.

Vous l'estes.

Ie suis loyal, honorable, bien armé, haut-monté, bien deliberé, hasardeux, audacieux, heroïque, fin, & cauteleux comme le serpent qui tenta Eue.

Vous l'estes.

Ie suis extraict de race noble. Car m'entendez vous bien, il y auoit vn certain Chalbrot, qui engendra Sarabrot, le beau-pere de Nembrot, non pas de celuy qui bastit la tour de Babel, ains d'vn autre de la race de Gallafre, le cousin de Bruslefer, qui fut frere à Maschefain, l'ayeul de Sortibrant de Conymbres, le nepueu d'Atlas, qui auec ses espaules garda le ciel de'tomber: iceluy Atlas estant né & naitif de Marocco en Barbaríe, (vous autres messires l'auez bien cognu) fut cousin germain à Gemmagog qui auec ses deux mains mist, il y a long temps, les deux montaignes de croye aupres de Cantabrige, vniuersité tres-fameuse en Angleterre, afin que les escholiers y allassent quelques fois passer leur temps là, cestuy-ci fut compere à Fierabras, duquel escrit Merlin Coccaïe en son liure de la patrie des Demons, qu'il fut le premier de ce monde qui ioua aux detz auec ses besicles au nez. Dont descendirent apres le grand geant Oromedon, le pere du

Briaire qui auoit cent mains, & Offot le fillieul de Corinée, duquel vous pouuez voir l'image au Palais de Londres, qui m'est parent de loing:

Page 138

car de son noble lignage i'en suis descendu.* 1.2

I'ay leu de voz ancestres és gestes de quatre fils d'Aymon.

Ne trouuez vous pas qu'ilz ont esté tres-illustres par leurs horribles faits d'armes?

Ilz ont faits de belles prouësses certes contre les Sarrasins.

I'enrage Diables, i'enrage, tenez moy, Diables, tenez moy.

Hau viet-daze grand Diable d'Enfer, esueillez tes endormis Cyclopes: Toy Vulcan qui clopes, auec tes cousins Asteropes, Brontes, Steropes, Polypheme & Pyracmon. Ie vous y mettray en besongne. Ie m'en donne à cent pipes de vieulx Diables, en cas que si ne voulez pas combatre, si ie ne vous y face manger les deux oeufs de Proserpine.

Vrayement Hercules n'est rien à vous, qui estant au berceau tua les deux Serpents: car les dits Serpents estoyent bien petits & fragiles.

Ou est ce tant furieux Hercules? Ie le vouldrois combatre pour vn petit quart d'heure.

Il vous feroit chier vinaigre deuant out le monde.

Où est Hector ce garçon Troyen? I'ay grand enuíe de rompre vne lance contre sa cuyrasse.

Où est Alexandre le grand yuurongne de Grece?

Ie le feray boire d'autant. A gens de guerre ne faut bon vin espargne.

Où est Achilles le Gre Capitaine des Myrmidoniens? i'enuoyeroye son ame quant & quant en Enfer.

Où est ce petit compagnon Vlysses? Il me feroit vn message à I'luton.

Où est ce peureux & chetif couard Iulles Caesar? Ie luy cheuaucheroye à grand coup▪ de picque & de Lance.

Page 140

* 1.3Vous contez sans vostre hoste.

I'ay grand peur que devant qu'il soit nuict, on vous estrillera à grand coup de Musquette & d'Arquebouse.

Hon! que ie ne suis roy de France pour quatre vingts dix ou cent ans: par Dieu ie vous mettrois en chien courtaut messieurs les fuyarts de Pauíe.

Ie hay plus que poyson vn homme qui fuist quand il faut iouër des cousteaux.

Ie crains la mort non plus qu'vn Papillon, ou la morsure d'vne pulce à l'aureille: & quant a moy ie ne crains pas de combattre à vne armée entiere, si ce n'est de ces mescreants Tartres, Cannibales, Indiens, & Moscouites, qui tirent à tort à trauers, deçà de là, par cy par là, de long de large, dessus dessoubs.

A la verité les prouësses de Camille, Scipion, Pompée, Caesar & Themistocles ne sont pas si grandes que les vostres.

Ie tuë les gens comme Diomedes tuoit les Thraces, & comme Vlyxes ie mets les corps és pieds de mes cheuaux, ainsi que raconte Homere.

Ie suis pourtant d'aduis que si les ennemis se rendent que les y preniez à mercy & rençon. Car clemence est vne vraye vertu royale.

Ho mord boeuf, sang boeuf. Par la vertu mon amy si ie ne boute tout a feu & à sang ie reníe ma víe.

Vous m'effrayez à ainsi iurer.

Tu es vne beste de la montagne.

Ce ne sont que parolles heroiques & couleur de la Rhetorique martiale pour aorner mon langage.

De leur mettre tous à fil d'espée: c'est chose trop cruelle cela.

Ie suis homme martial, que voulez vous? çà, çà, çà, combien sont ces, canailles, racailles?

Page 142

* 1.4Par la mort d'vn veau ie les estime moins qu'vn Chappon rosti, car:

Ce ne sont que bragards de France, Hardis à la bouteille & fuyards à la Lance.

Mon amy ie choque si rudement sur les ennemis, que ie les renuerse comme porcs: aux vns quant & quant i'escarbouille la ceruelle, aux autres ie romps les bras, aux autres ie taille les nez, poche les yeux, fends les maschoires, enfonce les dens en gueule, & si aucun se veult sauuer en fuyant, à iceluy ie fay la teste voler en cinq cens quatre vingts & neuf pieces.

Si quelcun crie Saint George: Ie luy mets le pied sur la gorge: S'il crie Saincte Barbe, ie luy arrache la barbe. Si nostre Dame de Lorrette: ie luy taille la teste.

Mettez vous en ordre, les ennemis s'approchent.

Ie suis armé à l'aduantage, la lance au poing, monté comme vn Sainct George.

Voyez le camp des ennemis. Ils sont campez sur vne montaignette. O ce n'est qu'vn microcosme des mousches ou guespes.

Ilz ne sont pas en si grand nombre comme auoit Xerxes, sont ilz?

Il auoit, si croyez à Herodote & Troge Pompée, trente cent mille combattants, & toutes-fois Themistocles à peu des gens les desconfist.

Baste, ie les vous y rendray à rostir ou bouïllir, à fricasser ou mettre en paste. Or escoute le tambour: le camp des ennemis n'est gueres loing.

Les battailles sont rengées: le combat martial commence pesle-mesle.

L'artilleríe commence à foudroyer les murailles.

Voylà vn coup de canon qui a emporté l'auant∣garde au Diable.

L'alarme commence à s'eschauffer. Les trompettes sonnent à la retraicte.

Page 144

* 1.5L'Infanteríe est toute quasi desfaicte.

Les guidons des cheuaux legiers se retyrent.

Ils prennent carriere vers moy: O que pluye de plomb! O que fumée de foudre & de feu? Ie fuiray par Dieu.

Demosthenes dit que l'homme fuyant combattera derechef. I'ay grande peur d'estre tué & massacré a ce coup.

Qu'est ce fuiart là? Qu'est-ce couard-là?

Courage, courage, pourquoy tremblez vous?

Ie crainds de mourir.

Cà, çà, çà, tuëz, tuez.

O messieurs sauuez moy la víe. I'ay le mot de guet: ie suis de vostres. Ie suis amy.

Qui estes vous? D'où estes vous? Que faites vous icy?

Ie suis le Seigneur Cocodril. Ha! que dis tu?

Messieurs ie suis pauure Diable, ie vous requiers qu'ayes de moy mercy: i'ay encores quelqu'escu pour payer ma bien-uenuë.

Vous estes vn espion, ie vous couperay la gorge.

Ha Mons. mon amy, c'est moy, ie me rends à vous.

Il te sera bien force te rendre vilain, car ensemble tu rendras l'ame à tous les Diables.

Helas! Ie suis cruellement nauré, ie suis mort, tué, massacré. Ie m'en vay reprendre le chemin du premier hospital.

Notes

Do you have questions about this content? Need to report a problem? Please contact us.